Bonsoir à toutes et tous
Je me joins ce soir à votre communauté. Pour partager surtout
Ça fera deux ans le 5 décembre que mon compagnon Franck est décédé. Il a fait un AVC le 1er décembre2012. Et y a succombé quelques jours plus tard.
Je me retrouve donc seule à élever nos filles âgées de 8 ans 1/2 et 6 ans.
J'ai beau être très bien entourée,  c'est dur.
Car malgré tout ce soutien moral, je me sens seule.
Quelquefois j'ai l'impression que ça fait une éternité  qu'il n'est plus  là. D'autres fois que ça ne fait que quelques secondes.
Je ne suis pas croyante, je ne me raccroche pas à un paradis. J'aimerais me dire que Franck est encore là, quelque part. Je cherche des signes...

Bonjour Lina
Je ne viens pas beaucoup sur le forum en ce moment car suite au décès de mon mari, j' ai dû déménager et je n' ai pas encore récupéré ma connexion internet. Là, j' ai une clé qu' Orange m' a prêtée pour pouvoir me connecter un minimum.
Je te comprends d' autant mieux que mon mari est décédé aussi d' un AVC le 9 août. Il a fait l' AVC le 4 en l' espace de quelques minutes. Thrombus sur le tronc cérébral, au pire endroit possible. Impossible de faire une thrombolyse car on lui avait fait un triple pontage quelques semaines plus tôt et c' était trop risqué. On l' a mis en service de réanimation, en sommeil artificiel et il n' a jamais repris conscience. Le vendredi, après un dernier scanner de contrôle, les médecins ont décidé d' arrêter les traitements et il est décédé le lendemain matin, d' un arrêt cardiaque. Ses filles et moi avions demandé qu' il ne soit pas réanimé. S' il avait survécu, ça aurait été dans un état végétatif. ll a été enterré le jour de ses 66 ans.
Comme un malheur n' arrive jamais seul, 3 mois jour pour jour plus tard, c' est ma mère de 85 ans qui a fait aussi un AVC. Elle s' en est sortie, mais dans quel état! Elle est toujours hospitalisée, le côté gauche paralysé. Elle dort en permanence. Ma soeur et moi passons nos après-midis à l' hôpital à la regarder inerte dans son lit. Vendredi de cette semaine, ils la sortent de l' hôpital pour l' envoyer en rééducation. Je me demande quelle rééducation on va bien pouvoir lui faire dans l' état où elle est.
Je sais bien que ça ne va pas te consoler , mais tu vois, tu n' est pas seule. Quelque soit la cause, on est toutes dans la même galère et la souffrance est la même pour nous toutes.
Je t' embrasse bien fort
Jocelyne

Bonjour Lina,
Ton titre est très accrocheur, Putain d' AVC  effectivement.
Je me retrouve en bien des points dans ton parcours.
Ton mari a  fait son AVC  un  jour  avant mon conjoint, nous avons donc été  frappées à la même période, le samedi pour toi, le dimanche pour moi.
Le mien n'est jamais revenu à lui, ils l'ont quand-même maintenu jusqu'au lendemain bien qu'il ait été  déclaré cliniquement mort le jour même. Mort subitement, sans aucun signe avant coureur.
2 ans que je me bats avec mes démons.
C'est difficile, mais on avance, avec des  hauts et des  bas.
Je me sens beaucoup plus apaisée, je pleure moins, même si les  crises  me submergent encore.
Je pense que  dans notre situation, il faut veiller à bien faire  son  travail de   deuil, ne  pas  brûler les  étapes, être patient et  évacuer  au maximum ce trop plein de   douleurs au moyen de tout ce dont on dispose.
Dans mon cas, j'ai beaucoup évacué par les  pleurs, oh oui j'ai trop pleuré, ça contribue certainement à mon apaisement d' aujourd'hui.
J'ai beaucoup parlé,...  psy, ....2 bonnes  copines qui même si  je  les saoulais, ne  le  montraient pas,   elles  étaient  à l'  écoute.
.....Des collègues très à l'écoute qui m'ont permis et me permettent encore d' évoquer mon  histoire, de parler de   lui,  sans me  juger,  bien  au  contraire, elles  participent et donc, je  parle encore souvent de  mon homme et  ça me console.
....J'ai beaucoup écrit,  forum et directement à lui au moyen des emails que je lui envoie( je lui ai ouvert un dossier où sont dirigés tous les messages que  je  lui écris) et je le fais encore, .......et  j'ai lu et lis encore  beaucoup de  témoignages.
Je vis à mon rythme,  je  ne   sors  pratiquement que pour aller travailler,  j'accepte néanmoins depuis peu de déjeuner avec  des amis.
Je m'adapte à ma nouvelle vie,  j'aime être chez  moi seule, ça  ne  me  dérange pas.
Il y'a quelques mois encore  je  disais que  je   n'allais jamais y  arriver,  aujourd'hui,   je   pense pouvoir dire que je vais y  arriver, différemment certes, n'étant plus la même femme.
Mon homme me  manque toujours  autant,  mais c'est ainsi,  je  n'y peux  rien,  j'ai intégré ce fait,  et   comme je  ne  suis pas  suicidaire (même  si  cette idée  a  pu me traverser  l'esprit), pas le choix, je  vis  cette nouvelle vie telle qu'elle se présente à moi, c'est à dire aujourd'hui, sans aucune joie, sans aucune saveur. Chaque chose en  son temps, un  jour  peut-être ?
Tu vois,   2 ans  après, tu  n'es pas  seule  dans cet état, le deuil,   je  pense pouvoir dire que c'est à vie,  avec  des  moments d'accalmie.
Reçois toute ma  sympathie

Bonsoir et merci pour ces témoignages de soutien
Je n'ai pas tendance à m'épancher auprès de ceux qui m'entourent. Donc je préfère écrire. Je commence par ce forum, mais je vais sans doute recommencer à écrire un journal. C'est ce que j'avais fait lorsqu'une de mes sœurs est morte d'une leucémie quand j'avais 13 ans... Puis quand mon père est mort d'un cancer généralisé trois ans plus tard... J'ai détruit ces écrits quelques années plus tard.
Maintenant me voilà 'veuve' à 40 ans. Je n'étais pas faite pour le bonheur...
Je n'ai pas voulu que mes filles soient en souffrance comme j'ai pu l'être.  J'ai trouvé une psychothérapeute géniale dans la petite ville où je travaille. Elle a fait un super travail sur ma "grande" fille de 8 ans qui a perdu son papy et son papa à 6 mois d'écart. Tous les deux à cause d'un AVC. Puis sur la plus jeune qui a été dans le déni pendant  cinq mois...
J'essaie de faire en sorte qu'elles grandissent aussi normalement que possible. Elles sont scolarisées dans une petite école où les institutrices et le personnel en général veille sur elles. Et ça, ça n'a pas de prix...

Bonjour Lina, j ai lu avec émotions ton témoignage.  Je ne peux que comprendre ta douleur, ta souffrance. J aimerai te dire que le temps, ce temps dont tu as du entendre parler encore et encore, fera son oeuvre. Mais je ne sais pas s il est suffisant à lui même.  Je crois que notre histoire avec cette personne qui nous a accompagné,  qu elle que soit la durée de notre vie ensemble, l intensité de l amour vécu,  partagé font que notre "deuil" est ou sera plus difficile à faire, à traverser. Nous ne pouvons me semble t il qu user notre chagrin en écrivant,  en nous lisant, en nous soutenant à notre manière,  avec empathie, douceur, respect...
Il y a tout juste 2 ans que mon amour de 33 années est décédé dans un accident de moto. Je suis encore très tourmentée,  j ai toujours du mal à accepter ce terrible drame, beaucoup de mal à vivre les petits bonheurs de la vie (pourtant il y en a, j ai 3 enfants et 2 petits-enfants) sans souffrir d une culpabilité qui me colle à la peau (pourquoi moi je dois profiter de tous ces bonheurs alors qu il n est plus là,  lui, pour en profiter  ) ?
Je suis entourée,  j ai des amis très attentionnés,  des enfants présents...mais lui me manque, encore et toujours, partout où je suis. Je garde l espoir toutefois qu un jour, ce chagrin, cette douleur laisseront la place à de la douceur faite de son souvenir.
Je pleure beaucoup, beaucoup encore deux ans après.  C est ainsi et je crois que tant qu il y a des larmes, il faut les laisser couler. Laisse aller ton chagrin Lina, laisse sortir toutes ces émotions qui t envahissent.  C est important, il le faut. Ca peut aider à aller mieux pour quelque temps...même si ça reviendra, irrémédiablement.  Je te souhaite beaucoup de courage.
Amitiés.  Béa

Ça a fait deux ans et sept mois... Il y a eu des périodes de "mieux", mais actuellement j'ai l'impression de rechuter. Parce que l'été était SA saison.... J'évite de me promener à l'endroit où nous continuons d'habiter mes filles et moi (une station de ski) car j'ai toujours l'impression / l'espoir qu'il va réapparaître au détour d'une des activités proposées et qui faisait partie de son travail d'été...
J'ai dû laisser mes filles à ma belle-mère cette semaine, puis samedi nous partons nous oxygéner en bord de mer. Ensuite deux semaines de ressourçage total dans ma famille... Je devrais aller mieux en me disant que je vais être en congés, mais malheureusement ce n'est pas le cas...