Bonjour,
Je remercie toutes les personnes ayant été à l'initiative de ce site internet qui est remarquable.
Je ressens l'envie d'écrire mon histoire....
Le mercredi 11 mars 2020 mon mari rentre à l'hôpital pour subir une chirurgie laparoscopique robotisée de la prostate ayant été détecté du cancer de la prostate quelques mois auparavant. Nous étions confiants. Il s'agissait d'une opération curative.
Je peux rester près de lui le soir de son opération et je reste à son chevet toute la journée du lendemain.
Le vendredi 13 mars, l'accès à sa chambre m'est interdit vu le début du confinement en Belgique. Nous nous voyons quelques minutes et puis, je dois me séparer de lui et retourner à la maison.
J'étais restée à l'hôtel pour être près de lui et me voilà de retour chez moi, déboussolée.
Le samedi 14 mars nous allons le chercher et nous nous retrouvons heureux. Je suis prête à le soigner et le cajoler. Mais, je dois faire très attention car il ne faut absolument pas que le coronavirus nous atteigne.
Une convalescence et revalidation semblent démarrer correctement.
Toutefois, lundi 16 mars il se sent très faible et il restera au lit toute la journée.
Le mardi 17 mars, je dois appeler notre médecin généraliste car il présente une hémorragie interne.
Notre médecin de famille fait appel au 112 et voilà que mon mari retourne à l'hôîtal en urgence.
Nous sommes séparés pendant 11 jours, sans contact physique vu le confinement.
Il sera soigné pour l'hémorragie et pourtant le samedi 21 mars, il subit à nouveau une forte hémorragie et doit se faire opérer en urgence.
Tous les 21 de chaque mois, nous célébrons notre anniversaire de mariage qui était le 21 décembre. Le 21 est toujours un jour de fête. Là, il se fera opérer le soir. Je ne l'apprends que durant la nuit du 21 au 22 car l'urologue m'en informe qu'à 23h52. Mon mari a échappé à la mort....
Les jours qui suivent sont très durs car il hallucine et me prévient que s'il se fait opérer une 3ème fois il mourra. Il a vu toute la scène. Alors, il ne veut qu'une chose à présent, c'est me retrouver et rentrer à la maison.
La semaine se déroule par des moments pénibles où il est très faible et doute du futur, des moments de solitude et d'abandon car nous ne pouvons pas nous voir. N'étant pas intéressé par les gsm, il ne possède qu'un simple gsm donc nous ne pouvons pas utiliser les applications actuelles de vidéo.
Puis, l'hôpital estime qu'il peut rentrer à la maison le samedi 28 mars.
Nous sommes heureux d'apprendre la nouvelle.
Son filleul va le chercher (je ne possède pas de voiture et également interdiction d'être à plus de 2 dans une voiture) et mon mari est un zombie quasi inconscient.
Nous réussissons à le mener dans son lit. Nous passerons un moment ensemble. Il est très angoissé et je dois être près de lui pour le rassurer. Nous aurons le temps de nous déclarer notre amour . Il faut savoir que nous étions un couple fusionnel, 24h sur 24h ensemble et nous avions vraiment du bon temps.
La soirée se passe. Je le trouve vraiment fort faible mais je veux garder l'espoir.
Nous passerons notre dernière nuit ensemble, Il essaie de se mettre sur le côté pour être près de moi enfin vu les blessures et la sonde, ce n'est pas facile pour lui.
A 2h45 du matin, il me réveille car il se sent mouillé, sa sonde est pleine ? Non... je découvre une étendue de sang.
Je suis horrifiée car je suis obligée d'appeler les 112. Il ne voulait pas retourner à l'hôpital vu la prémonition vécue....
Et pourtant, ... Je pourrai encore lui donner un baiser sur le front et lui caresser la jour avant de le voir à nouveau s'élever dans les airs avec les pompiers et partir à l'hôpital. (La chambre étant au 2ème étage, c'est une expédition incroyable)
Le lendemain matin, dimanche 29 mars, nous nous entendons et l'espoir revient. Cela va mieux. Nous y croyons.
La nuit du 28 au 29 mars, nous fêtions nos 27 ans de vie commune et l'échange de notre premier baiser....
27 ans plus tard, ce fût l'échange de notre dernier baiser.
Le lundi 30 mars, il doit subir encore un scan pour vérifier que les cicatrices tiennent le etc... Début d'après-midi, un docteur me prévient qu'ils ont trouvé des traces du Covid19 et ils vont envoyer mon mari aux soins intensifs pour le mettre sous respirateur et l'endormir.
Je peux lui téléphoner encore une dernière fois. Il se sent condamné et j'ai beaucoup de mal à comprendre ses paroles car l'anesthésie fait son effet. J'ai enregistré nos conversations et je n'arrive toujours pas à capter ses messages. Je ne voulais pas céder à l'idée de la mort, je lui dirai encore et encore de persévérer et de se battre pour rentrer à la maison.
Lundi après-midi son état s'aggrave. Je fais appel à la famille et aux amis pour lui envoyer des tonnes d'énergie positives. A 22h30 le docteur m'informe qu'il est stabile. Il survivra la nuit.
Mardi 31 mars, je suis obligée d'aller à l'hôpital avec son filleul pour aller chercher ses affaires du service d'urologie où il était car ... tout est contaminé !? Quelle impression détestable de se trouver devant l'hôpital où mon mari est entubé, troué de toutes parts et inatteignable et injoignable.
Pourtant je suis envahie à ce moment d'un positivisme débordant. J'y crois. J'ignore d'où cela me venait mais je ressentais un profond sentiment que tout allait bien se passer pour lui.
A 13h30 je préviens un ami que je le recontacterai à 14h car je dois manger... je ne mange jamais à midi. Là, je devais absolument manger.
Ma dernière bouche entamée, je reçois l'appel d'un docteur m'informant que durant la matinée, mon mari rejetait le traitement et son coeur s'est arrêté définitivement malgré les essais de le réanimer. Il est mort à 13h25....
Vu le confirnement, son corps a été directement évincé de l'hôpital. Les pompes funèbres l'ont directement envoyé au crématorium. Samedi matin, je recevais l'urne.
Je suis atteinte de polyarthrite rhumatoïde donc je suis considérée à risque et suis devenue ainsi une pestiférée qui porte éventuellement la maladie. Donc, je suis en quarantaine. Heureusement, je suis restée en bonne santé.
J'ai reçu et je reçois énormément de soutien moral et bien entendu virtuel de ma famille, amis et voisins.
Je prépare petit à petit les obsèques qui auront lieu dans X semaines ou X mois.
Je me sens forte en puisant une énergie intérieure qui me pousse à me lever et à marcher ! Je travaille dur dans mon jardin et dans la maison que j'ai du désinfecter entièrement.
Puis, le matin principalement, je me sens abattue de chagrin et j'extériorise mes émotions sans retenue.
Ensuite, je me relève.
Et je suis heureuse d'avoir découvert votre site internet ! Cela me donne déjà tant d'espoirs vu la qualité de vos propos.
Barbara