Bonsoir,
J'ai 38 ans, je vis en région parisienne. Ma femme est morte subitement, il y a bientot 5 mois, le 18 juillet 2012.
On s'est connu à 17 ans. Elle était tout pour moi, mon amie, mon amante, ma confidente, ma femme. On s'est construit ensemble, sans un accroc pendant plus de 21 ans. Elle est devenue aussi la mère de mes 2 filles, bientot 9 et 4 ans. Ce triste jour, je me suis senti comme amputé, comme physiquement amputé d'une partie de mon corps.
Elle était mon rayon de soleil, toujours gaie, et compréhensive pour tous. Moi qui suis plutôt ours, elle adorait être entourée, toujours à l'écoute de ses amis. L'ensemble de notre vie sociale, c'est à elle que je la dois.
Après l'horreur de la nouvelle, l'extrême douleur de l'annonce à nos filles, et l'organisation des obsèques, a suivi une période intense. Nous avions loué pour les vacances une grande maison à la mer, avec ma belle sœur, son mari et son fils, et ma belle mère. C'est ma femme qui avait choisi cette maison avec vue sur mer. Pour les enfants, nous avons décidé d'y aller quand même. Cette période m'a permis de beaucoup discuter avec mes filles, qui vont plutôt bien, et surtout arrivent à parler librement de la mort de leur maman. Ce sont elles qui m'ont fait, et me font tenir. Les enfants sont forts, avec des ressources étonnantes.
C'est aussi la période, vous le savez, très chargée administrativement, avec tous les dossiers à remplir, mais aussi gérer pour mon boulot, préparer la rentrée des filles, trouver une nounou dans l'urgence...
Avec du recul, cette période, d'environ 3 mois, a été stressante, fatigante, épuisante, mais moralement "supportable" car on n'a pas le temps de cogiter.
Mais depuis toussaint, c'est devenu beaucoup plus dur. La période toussaint-fêtes de fin d'année est particulièrement dure : la météo maussade, les jours plus courts, la joie, plus ou moins forcée tout autour, sont autant de circonstances aggravantes de la solitude. La charge routinière quotidienne devient lourde. Mes filles sont tout pour moi, je les aime du plus profond du cœur, et pourtant je sens que j'ai besoin d'air.
Ma famille, celle de ma femme, mes amis ont été très présents, le sont toujours bien sur, mais la vie reprend, surtout pour les amis, et c'est normal.
Je me sens très seul. Cette situation est émotionnellement très complexe. Un mélange de colère, douleur, tristesse, abattement, mais aussi espoirs devant le sourire de mes filles, liberté devant cette situation nouvelle, soudaine, brutale de célibat. Je dois avouer, avec un fond de culpabilité, que je me surprends à être troublé par certaines amies, forcément proches, car souvent dans l'écoute et la confidence. Je n'ai pas franchi le pas. Je me sais fragile, ce besoin de tendresse et d'amour, peut me faire mal interpréter certaines attitudes, certains gestes des femmes, et pourtant je m'interroge, avec déjà l'envie de plaire, certainement pour combler un grand vide. L'humain n'est pas fait pour être seul, il a besoin de tendresse, d'être serré dans des bras chaleureux et compréhensifs, du soutien permanent et quotidien de quelqu'un.
J'aimerai toujours ma femme, et il sera difficile, voire impossible à une autre d'avoir autant d'importance pour moi. Pourtant, je pense parfois déjà à d'autres.
Et ça me torture...
Désolé pour ce premier message très (trop?) long. Merci de m'avoir lu.
Douce nuit, si possible...