Bonsoir Faïk,
Il n'y a pas de chronologie dans le chagrin d'un deuil. Il est là, bien présent, et çà fait tellement mal qu'on n'est pas assez fou pour se l'imposer délibérément. La plupart des gens qui en jugent aussi superficiellement soit n'ont jamais subi un tel drame, soit ont pu tourner la page rapidement, et je m'interroge sur la profondeur de leur amour. Tant mieux pour eux s'ils ont moins souffert, mais ce n'est pas une raison pour accabler ceux qui ont moins de chance. Ton ressenti est légitime, ta souffrance encore présente l'est aussi, tout ce qui se passe par amour est par delà le bien, le mal, et le jugement. Nos aimés disparus laissent en partant une plaie béante dans nos cœurs, un trou noir dans nos têtes et une douleur infinie, qui ne s'éteindra jamais, même si le temps "fait son œuvre" en nous enseignant comment mieux la supporter. Mon mari est parti il y a dix semaines, et je crains déjà les réactions de mon entourage plus ou moins proche d'ici six mois, un an, ou plus.
Nous devons gérer notre douleur, nos vies bouleversées, et les réactions des autres face à notre peine qui leur fait peur, parce qu'ils ont repris le cours de leurs vies et qu'ils veulent tourner la page, nous retrouver "comme avant". Nous ne serons plus jamais comme avant. Avant, on était deux. Maintenant tous seuls. Alors nous avançons du mieux que nous le pouvons, avec des pas en arrière ou de côté quand c'est trop dur ou impossible d'avancer.
Tu est comprise sur ce site, comme nous nous comprenons tous, hélas.
Je te souhaite de rencontrer des humains compréhensifs, comme çà a été le cas pour moi dimanche.
Très amicalement, courage.
Mariemo33