FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: cris le 18 juillet 2012 à 04:47:42
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Mon Amour tu m'as quitté. Tu nous as tous quitté. Tu es parti comme tu avais vécu, entouré d'amour. Tu te seras battu jusqu'au bout. Huit heures avant, tu te battais encore.
J'enrage. Pourquoi un homme comme toi, si bon, si grand, si généreux peut-il partir si tôt ?
Pourquoi, toi, aimé de tous (je ne connais personne qui ne t'aimais pas) tu n'as pas eu le droit de vivre sereinement et pleinement ton Grand Amour ?
Pourquoi un homme qui a mis sa vie de côté pour aider les autres, n'a pas eu le droit de vivre la sienne et de réaliser ses rêves quand le temps, pour lui est arrivé de le faire ?
Ne répondez pas à ces questions, aucune de vos réponses ne me satisferont.
Claude, mon Chéri, mon Amour, tu me manques tellement, tous ces petits gestes du quotidien, la façon qu’on avait de se prendre la main quand on se promenait, ton regard, parfois complice, parfois admiratif, toujours tendre et amoureux. Merci d'être entré dans ma vie. Merci de m'avoir donné tout cet amour inconditionnel. Merci de m'avoir permis de te connaître. Merci de m'avoir fait découvrir cet amour si complice, si simple, si beau... Ce fut un privilège et un honneur pour moi que tu entres dans ma vie. Mais pourquoi fallait-il que ce soit si court ? Pourquoi la vie sépare ceux qui s’aiment ? Pourquoi nous avoir fait-nous rencontrer si c’est pour mieux nous faire souffrir en nous enlevant notre couple, la seule chose au monde que nous aurions souhaité garder ? Comment allons-nous le vivre chacun dans un monde ?
Tu étais mon alter-égo, mon double au masculin. Je ne pensais pas rencontrer un jour quelqu'un qui me ressemblerait tant. On pensait pareil, on avait les mêmes goûts, les mêmes idées, les mêmes croyances. Avec toi, je pouvais être moi-même, sans aucun jugement. La moindre de mes niaiseries niaiseuses te faisait rire, et quel rire, quel sourire ! Tu avais un sourire si heureux, on ne pouvait pas rester triste quand on voyait ton sourire. Qu’est-ce qui va calmer mes pleurs et ma tristesse maintenant ?
Avec toi, je me suis sentie aimée en entier, pour mes qualités et mes défauts. Tu aimais tout en moi, même ma tête de cochon et mon front de bœuf.
Ce ne sont pas nos grands rêves que nous n'avons pas eu le temps de réaliser qui vont me faire le plus mal, ce sont toutes nos petites complicités du quotidien, tout ce qui faisait que notre vie à deux, malgré les combats et les pleurs, je ne la laisserais à personne d'autre.
Ce qui m'enrage le plus, c'est que nous étions arrivés à deux pas de la ligne d'arrivée, il ne nous restait que quelques pas à parcourir pour la franchir et te sauver la vie, mais j'ai vu la maladie nous prendre de vitesse et te terrasser dans mes bras.
Je suis enragée, je n'accepte pas, je n'y crois pas. Je veux me réveiller de ce mauvais rêve et découvrir que tu es tranquillement en train dormir près de moi, d'un sommeil serein. Je voudrais que quelqu'un appuis sur le bouton rewind, et là, je saurais quoi faire et quand pour te sauver la vie.
Si on me proposait de revenir 4 ans en arrière, je signe tout de suite, je suis prête à les revivre encore et encore jusqu'à ce qu'on arrive à te sauver la vie.
C'est trop injuste qu'un homme comme toi, qui n'a pas une once de méchanceté, qui est foncièrement bon, avec un cœur plus grand que quiconque au monde, un homme qui aimait tant la vie et qui avait enfin trouvé son grand amour, soit privé de tout ce qui faisait son bonheur. Tu ne méritais pas ça. Tu t'es réellement battu jusqu'à ton dernier souffle. Lundi après-midi, je te voyais encore t'accrocher à la vie, te tenir à tout ce qui te tombait sous la main, te battre pour ne pas partir. D'ailleurs, tu n'es pas vraiment parti, tu es toujours avec moi, je reçois des messages de ta part depuis la seconde où tu es parti. Mais tu me manque en maudit, tu étais tellement plein de petites attentions continuelles, que chaque secondes qui passent, il y a quelque chose qui te rappelle à moi. C'est dur, trop dur, je n'ai jamais rien vécu d'aussi dur, même la perte de mon bébé n'était pas aussi dure.
Tu te seras battu comme un lion jusqu'au bout, tu as été un valeureux soldat. J'admire le courage et la détermination avec laquelle tu as livré bataille. Tu n'es pas parti en lâche, mais avec tous les honneurs. Tu es, et tu resteras un exemple pour moi.
Ces 4 années passées ensemble me laisseront un goût de trop peu, merci de me les avoir offertes, mais j'en aurais reprit des dizaines avec toi.
Tu ne souffres plus, merci, mais c'est pour nous que la souffrance et l'enfer commence. Si tu avais eu le droit à un mois de plus ou deux, je suis convaincue que le nouveau traitement aurait fonctionné et que tu ne souffrirais plus non plus, mais la différence aurait été énorme, tu aurais été encore vivant.
Je me suis tellement battue pour toi, avec toi, j'y ai tellement mit toutes mes énergies, qu'est-ce que je vais faire maintenant ?
Je suis désolée, mais je suis incapable de te dire au revoir, pas encore, c’est trop dur
Je t'aime Mon Amour !
Ce texte, je le lui ai écrit quelques jours après son départ. Je ne pouvais pas commencer à écrire ici en parlant de Claude à la troisième personne, il fallait que je commence par m'adresser à lui. Aujourd'hui, ça fait deux mois qu'on s'est mariés. Ça c'est passé sur son lit d'hôpital, 4 jours avant que la maladie ne l'emporte. Maudit cancer. On s'est tellement décarcassé pour trouver une solution au c..... de cancer. On a remué ciel et terre. Mais il s'est fait avoir en traitre. Après 3 ans de combat, il est parti en 9 jours, mais on en a eu que 5 pour se préparer, et nous n'avons pas été capable de nous dire au revoir.
Samedi. ça fera 2 mois, j'ai reprit le travail à temps partiel, ça fait du bien, mais c'est dur. Je ne suis pas capable de ne rien faire d'autre, le ménage ? C'est au compte-gouttes, les papiers ? À la dernière minute, d'ailleurs, je viens de me rappeler que j'ai publié de payer la facture d'électricité, dormir ? Le sommeil se cache, et quand je le trouve, il ne reste plus beaucoup d'heures pour ça, même les pilules du médecin ne sont pas efficaces. J'ai l'impression de vivre dans un brouillard. La journée, c'est pas si pire, il y a le travail, la télé, l'ordi, les livres, les amis, tout ce que je peux trouver pour ne pas penser, mais dès l'heure du coucher, il n'y a plus rien pour occuper mes neurones et là, le hamster se met à galoper dans sa roue cérébrale, et ça tourne, ça tourne, ça tourne, et moi, j'en fais autant dans mon lit, je pleure, je crie dans mon oreiller...
Ma famille est loin... sur un autre continent, la sienne... à 900 km d'ici, nos amis... ils sont bien gentils, mais ils ne savent pas se que je vis réellement, il y en a une peut-être qui comprend plus, elle observe beaucoup et voit des choses que les autres ne voient pas, mais on n'en parle pas beaucoup. Il ne savent pas comment réagir, ils sont mal à l'aise, et je ne veux pas les faire fuir, ils comptent trop pour moi, pour toute sorte de raisons.
Je ne sais pas quoi faire, à part continuer la vie qu'on s'était tracée, mais seule. Je ri encore, mais il me semble qu'il manque du sel dans tout. La vie est si fade sans lui.
Comme je le disais dans le texte que je lui adresse, le plus dur à part le moment du coucher, c'est toutes les petites choses du quotidien qui provoquaient des réactions prévisibles de sa part. Réactions que j'attends et qui ne viennent pas, qui ne reviendront plus jamais. Toutes ces petites complicités à jamais disparues sauf dans ma mémoire, elles font mal, mais en même temps, j'ai peur, un jour, de réaliser que je ne les attends plus, qu'elles aussi m'ont quittée, qu'elles ne font plus partie de ma routine, de mes attentes.
Ma tête sait qu'il est parti, qu'il a quitté son corps, ce monde, mais mon cœur n'y croit pas et je ne veux pas qu'il y croit un jour.
Je crois que je vais m'arrêter là pour ce soir. Je pourrais continuer toute la nuit, mais... Désolée pour la longueur de ce post.
Merci à ceux qui vont me lire, merci à ceux qui vont répondre. Merci à ceux qui ont créer ce forum, ça fait plusieurs jours que je vous lis, et de savoir que mes réactions sont les mêmes que les vôtres fait du bien, je suis normale, si on peux appeler ce que nous vivons ''normal''.
Bon courage à tous, et bonne nuit.
Christelle.
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Bonjour Christelle,
Tu n'as pas à être désolée pour la longueur de ton post,ce forum est là pour çà ,pour nous permettre de "vider notre sac"bien trop lourd à porter, en partageant le lourd fardeau qu'il représente sur nos épaules avec les autres.
Je trouve que c'est un très bel hommage que tu rends à ton amour et que c'est un honneur que tu nous fais de partager votre histoire avec nous.
Le départ de ton mari est encore très récent,la révolte gronde,l'absence est immense mais pour avoir même cru mourir après la mort de ma fille, je peux me permettre de te dire que le temps est un de nos meilleurs alliés et qu'en faisant son oeuvre il nous amène des sourires aux lèvres voire des rires.Certes le manque,la souffrance sont toujours là mais nous apprenons à en faire des compagnons de route...
Tendrement
Claudia
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Merci Claudia pour ta réponse.
Je suis désolée pour ta fille. Le temps tu dis, oui, le temps... je suis ambigüe face à cette notion de temps qui cicatrise les blessures. J'aimerais parfois que le temps passe plus vite pour me permettre d'aller mieux, et recommencer à vivre ma vie pleinement (est-ce possible ça ?), et en même temps, je voudrais que le temps s'arrête, pour être certaine de garder son souvenir vivant, émotionnellement parlant, je ne sais pas si vous comprenez. en fait, je ne veux pas, non seulement oublier notre histoire et tout ce qui le concerne, mais je veux pouvoir continuer de ressentir l'émotion de chaque souvenir, je sais que c'est humainement impossible, vu que l'émotion ne peut se vivre que ''live''...
Et tant qu'à arrêter le temps, pourquoi pas le faire remonter en arrière pour pouvoir refaire le chemin différemment, mais ça aussi c'est impossible. Maudit que j'haïs ce mot, impossible...
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Ce matin, je me suis réveillée avec une furieuse envie de pleurer et de ne faire rien d'autre, seulement, je devais aller travailler. Un coup de rush en fin de journée m'a permis de pensée un peu à autre chose, pour réaliser par la suite que j'étais sereine. Mais ce fut une sérénité de courte durée quand j'ai compris, qu'en fait, j'avais hâte de rentrer à la maison le retrouver, d'ouvrir la porte et l'entendre dire, du l'autre bout de l'appartement, un sourire lumineux dans la voix : ''Bonjour Chérie, tu as passé une bonne journée ?'' J'ai alors réalisé que plus jamais je n'entendrais sa belle voix grave où j'entendais tant d'amour ! Mon cerveau s'est alors emballé, me rappelant tout les autres ''plus jamais'' qu'il y aurait pour le restant de mes jours : Plus jamais ses bras autour de moi, plus jamais ma tête au creux de son épaule, plus jamais ses lèvres sur les miennes, plus jamais ses ''je t'aime'' à mon oreille, plus jamais nos soirées lectures, nos discussions, nos soupers en tête-à-tête, nos regards complices, ses sourires amoureux, ses compliments, ses mots d'amours, nos encouragements l'un envers l'autre face à son combat contre la maladie, plus jamais l'espoir, la tendresse, les rêves... Tout ce que nous avions remis à plus tard parce que son corps ne le lui permettait plus et qu'on n'accomplirons jamais...
Tout cela, ce soir me pèse. Ce soir, j'ai pleuré, j'ai crié, j'ai fait peur à mon chien par mes sanglots...
Comment vais-je pouvoir continuer sans toi mon Amour ? Comment vais-je faire sans ton amour, ta tendresse, sans la complicité, la simplicité et la sérénité de notre vie à deux malgré le combat que nous menions côte-à-côte, avançant tout deux de front dans la vie, tellement certains que notre amour serait plus fort que tout. Que nous avons été présomptueux de croire que nous serions plus fort que la maladie et que nous pouvions, tout les deux ensembles faire des miracles. La mort s'est bien chargée de nous ramener à la réalité et nous remettre les pied sur terre.
Malgré tout, les 4 années qui nous ont été accordées ont été les plus belles de toute ma vie, les plus heureuses, les plus sereines.
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Ce soir, je ne suis plus capable, je suis complètement dépassée par les évènements. Je ne sais plus par quel bout prendre ma vie. Personne à qui parler, parce que personne pour comprendre. J'ai trouvé ce forum, j'ai lu, ça m'a fait du bien, mais ce n'était plus assez, j'ai écrit, mais rien, juste une réponse. J'ai essayé de répondre à d'autres, de leur apporter le réconfort donc j'ai moi-même besoin, mais je suis incapable de trouver les mots, je ne les trouve déjà pas pour moi. Où dois-je m'adresser pour avoir un minimum de soutien, réconfort, écoute... ou n'importe quoi qui me fasse ne serait-ce qu'un tout petit peu de mieux ? Je pensais qu'ici, était LA place pour ça, mais, je n'y ai rien trouver de tout ça, en tout cas pas pour moi. Je ne sais plus où me tourner.
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Bonjour Christelle,
Ici tu as ta place, seulement actuellement tu te sens tellement mal, que tu as l'impression d'avoir ta place nul part, pour avoir vécu ce que tu décris, ce sentiment irréel qui te submerge, le manque à crever, ce gout de trop peu....il faut absolument que tu saches , que ce que tu ressens fait parti des 1ers ressenti du deuil, et c'est normal, ne te décourage pas s'il te plait, je sais que c'est dur, trés trés dur, que tu n'as plus beaucoup d'espoir, que tu penses que toute ta vie, tu vas vivre avec cette peine immense...je sais aussi que si je te dis qu'à force, tout doucement, tu vas aller un peu mieux, tu vas certainement pas me croire.
Pour ma part, il m'aura fallu 10 mois aprés le décés de Marc, pour que je craque réellement, que je touche les abimes de la souffrance et que celle ci se révèle être encore plus cruelle avec moi qu'au départ, bien qu'au début je n'arrivais plus à m'alimenter, je pèse actuellement 52kg et j'étais descendue à 44kg, je voulais me laisser mourir de chagrin, que cette sensation horrible que je ressentais s'arrète...une bonne fois pour toute, ensuite j'ai eu quelques mois cahin-caha à vivre avec des angoises monstrueuses, vraiment terrible et au bout de 10 mois à la mort de mon petit bouledogue français (Roméo) de 7 ans mort d'une tumeur au cerveau inopérable alors que Marc est décédé d'une mort encéphalique, alors là, j'ai craquée, craquée de la même façon que les 1ers temps, j'en ai voulu au "bon dieu" de s'amuser à ma torturer de la sorte, d'être la 'survivante' de ce que nous étions...tu vois il m'aura fallu cela pour que je me décide à consulter un psy et enfin être sous antidepresseurs, si je te raconte cela, c'est simplement pour te faire comprendre que certaine fois, tu vas te dire que tu ne vas pas 'gagner', que cette situation est inextricable, tu vas être à bout, au bout de tes forces et ça aussi malheureusement c'est normal...mais ne te décourage surtout pas, l'être humain est capable de bien des choses et le temps est notre meilleur allié.
Je vais penser trés fort à toi et je t'envoie du courage.
Christelle dit choupinette.
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Bonjour Christelle....
Quelques mots en attendant que d'autres, qui partagent votre douleur, prennent le relai... La mienne c'est la perte de ma fille
qui laisse deux enfants... Je suis inconsolable depuis un an, comme foudroyée ! Comme vous je ne sais où me tourner..... Avez-vous déjà écouté les vidéos que le site traverserledeuil.com met à disposition dans "être accompagné" ? Quand je suis au fond du désespoir je les réécoute... pour un moment d'apaisement... une fois par mois j'assiste à un groupe de paroles et chaque semaine je vois une
psy, tout ceci pour essayer de tenir debout afin de ne pas -dans l'immédiat- ajouter de peine à deux petits-enfants sans maman...
Il y a aussi la lecture du livre "Vivre son deuil" qui peut vous éclairer sur ce que vous ressentez et, pour Québec, peut-être pouvez-vous trouver un groupe de paroles ou une ligne d'écoute pour exprimer encore et encore votre souffrance ! Essayez d'aller sur le journal de Caroline3 de Québec et à son retour de vacances, peut-être pourra-t-elle vous communiquer quelques adresses ou autres références ? Persévérez surtout...
Pensées chaleureuses. Mamm'j
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Bonjour cris
Quel cri de désespoir... Ce cri dans lequel, souvent, je me reconnais... On se pose tous la même question, comment survivre dans ce monde qui n'a maintenant plus aucun sens, aujourd'hui que la personne pour laquelle nous vivions n'est plus là, n'y sera plus jamais, ou puiser la force de continuer encore, comment « oublier » ou au moins trouver suffisamment de force pour continuer sans elle ou lui ?
Ces questions, aucun de nous n'y a vraiment réponse, aucun livre, aucun manuel de survie, n'est adapté et n'apporte la vraie démarche permettant de trouver la force de surmonter la violence d'un moment qui nous semble insurmontable. Viennent alors les certitudes, les « je n'y arrive pas, je n'y arriverais jamais » et autres qui nous assaillent surtout le soir, la nuit, quand le lieu dans lequel nous partagions notre quotidien se referme sur nous et nous fait sentir tout le poids d'une absence.
Et pourtant, nous continuons...
Chaque soir, je suis moi-même assaillit par les souvenirs des derniers instants, par le moment ou elle a rendu son dernier souffle, et j'ai beau chercher le réconfort des bons moments passés ensemble, c'est ce souvenir là qui s'impose systématiquement à moi. C'est sans doute le seul moment qui me fait comprendre qu'elle ne sera plus jamais là, même la tombe sur laquelle je me rend souvent n'a pas cette force destructrice. Sans doute parce qu'elle est encore anonyme, parce que la photo d'elle que j'ai choisit pour la symboliser n'est pas encore en place. Mais là bas, j'arrive à lui parler, la nuit les sanglots m'en empêchent aussi surement qu'ils m'empêchent de fermer les yeux et m'obligent à chercher tous les palliatifs imaginables pour tenter de changer l'image qui court dans ma tête.
Les amis apportent des conseils, des paroles qu'ils pensent douces mais ne trouvent jamais vraiment les mots justes. Quoi de plus normal quand on comprend enfin que seul le fait d'avoir vécu un tel moment permet d'imaginer la violence, le choc, que ce moment représente ? Ils tentent, souvent maladroitement, de nous réconforter, de nous soutenir... Mais c'est cette incompréhension qui nous empêche de pouvoir leur dire ce que nous avons sur le coeur, de vider notre sac, ou du moins de le partager pour le rendre moins lourd, parce que cette incompréhension, tout à fait logique, nous la ressentons parfaitement, et cette crainte d'être jugé sur des critères autres, du fait de cette incompréhension, nous empêche le dire.
J'ai compris cela comme nous le comprenons tous rapidement, et je ne cherche plus chez eux que ce qu'ils sont capable de nous donner : une présence. Pour les mots, pour les sortir et pouvoir enfin exprimer la peur, la violence, la tristesse que j'ai sur l'âme, je me suis tourné vers une psychothérapie, vers une personne extérieure qui, elle, ne me juge pas, dont je me fout du jugement, d'ailleurs. Ce forum aussi me permet de commencer à parler aussi. Je sais que je n'y serait pas jugé, que mes mots et mes maux, d'autres les partagent. Ne pas avoir ce visage de compassion m'aide aussi à pouvoir dire les choses, alors j'en profite.
L'aide chimique est présente aussi chez moi. Seroplex et Alprazolam sont mes compagnons des repas, une béquille sur laquelle m'appuyer pour non pas me permettre de passer ce moment, mais me permettre de le supporter.
Et puis je fuis, beaucoup, ce lieu chargé de souvenir. A droite à gauche, je cherche à « oublier » ce que je sais ne jamais pouvoir oublier. Quelques pétages de plombs, achats compulsifs (que vais-je bien pouvoir faire des 6 kilos de viande qui trônent maintenant dans mon congélateur? De ces chemises surnuméraires ? De cette tablette tactile flambant neuve et inutile?), et autres moments que je ne comprend même pas, n'étant naturellement pas matérialiste... Mais je change de cadre... J'en passe, comme tous, par des moments de doute énormes, par des creux de vague qui font ressembler le plus grand tsunami à un clapotis de mare à canard. Mais je continue, encore, prenant chaque jour l'un derrière l'autre. Je connais les phases que nous traversons tous, y compris ces phases de désespoir intense. Ça ne m'aide pas à les traverser, non, juste à savoir que d'autres phases, y compris des phases euphoriques suivrons, à savoir que ces phases là sont on ne peux plus normales.
C'est mon vécu, pas le tien, et ce vécu n'est pas transposable à toi, mais cette compréhension, et la possibilité, sachant que les creux de vague sont « normaux », et la possibilité de les exprimer ici auprès de ceux qui eux aussi comprennent parce qu'ils en passent par les mêmes phases m'aident.
A toi maintenant de puiser chez les autres, ici comme ailleurs, la petite étincelle nécessaire à notre survie, à ta survie... Nous, nous te comprenons, nous partageons ta douleur et tes doutes, nous les traversons aussi, et chacun d'entre nous à une petite part de la solution qui, mit bout à bout, te permettra de passer ces moments difficiles. N'hésite pas à puiser chez nous ce qui pourra t'aider, tu sais que nous serons à tes côtés parce que notre petite communauté triste te comprend.
Si tu le permet, je t'embrasse, te souhaitant de trouver le courage nécessaire pour te soutenir, t'en apportant un peu aussi.
Patrice
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Christelle,
Et bien, effectivement, je viens de m'apercevoir que tes premiers messages avaient reçu peu de réponses. Il y a eu très certainement un "loupé" de notre part car je peux t'assurer que tu trouveras toujours ici quelqu'un à ton écoute.
Mais nous allons nous rattraper :)
En ce qui concerne les autres "lieux"où tu pourrais trouver du réconfort et te sentir comprise, si ce forum ne te satisfait pas entièrement, ce que je peux comprendre puisqu'il n'est que "virtuel", sont en premier lieu pour moi la lecture (voir le fil "lectures" dans lequel tu trouveras bon nombre de références), une association, une ligne d'écoute, un groupe de paroles, un psy ...
Prends soin de toi
Karine
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Chère Christelle,
Comme beaucoup, je me reconnais dans la description de ta souffrance, dans ce cri d'amour, de manque de ton amour.
Tout ces petits riens qui étaient notre quotidien. Quand tu parles de Claude, de sa gentillesse, je retrouve la description mon Bruno. C'étaient des vrais gentils.
Les regards tournés vers nous, les petites attentions de tous les instants, la tendresse, l'amour, la complicité, les moments où l'on sait prévoir l'attitude de l'autre. Celui pour qui on était belle, pour qui on était tout.
Nous avons eu cette chance mais trop peu de temps.
Le sommeil qui nous fuit. Se coucher sans la douceur de la présence de celui qu'on aime. Ne plus savoir ni pour qui ni pour quoi vivre. Etre amputée de partie de soi. Etre en décalage avec le reste du monde et cette solitude comme avenir qu'on ne peut imaginer.
Oui Christelle, en plus tu as dû lutter avec lui contre le cancer, vous n'avez pas eu assez de temps pour vous dire au revoir. Mais pour cela, a t'on jamais assez de temps ?
Je partage ta peine Christelle mais même si tu ne peux pas l'imaginer aujourd'hui, je te promets que cette peine s'adoucit. Elle reste blottie au creux de toi. Avec des hauts et des bas. Beaucoup de bas au début.
Je suis moi-même sous seroplex et stressam depuis le débranchement de Bruno. Il m'a fallu ces presque mois et demi pour sortir un peu de ce marais gluant qui nous appelle vers le fond.
Les vidéos et ce forum m'ont vraiment aidée car je suis seule aussi. Ma famille (ma fille, une tante et une cousine) et sa famille (ses enfants, sa mère et sa soeur) me soutiennent le plus possible, je les soutiens comme je peux.
Mais chacun a sa vie. Pour sa famille, qui est en province, surtout sa maman, c'est une horreur. Mais pour moi, il était mon quotidien. La douleur n'est pas comparable bien sur. Mais chaque instant est rempli du manque de nos compagnons.
Il faut que tu parles, racontes le plus possible de Claude, des moments heureux, de la maladie, de son décès. Raconte et raconte encore. Nous sommes là pour nous tenir la main.
Bien sûr, nous avons tous nos hauts et nos bas mais ta place est bien ici avec nous. Ici tu peux déposer ta douleur, la partager.
Même si à un moment précis, il n'y a pas de réponse, cela ne veut pas dire que tu n'es pas lue. En ce qui me concerne par exemple, il me faut parfois un temps avant de pouvoir répondre. Parce que ca fait mal de voir une telle souffrance. Parce qu'à ce moment précis je voudrais trouver les mots mais mon propre chagrin reprend le dessus et je pense que je ne serai pas une aide.
Christelle, reste avec nous, reviens sur ce site autant que tu en as besoin. regarde les vidéos. dis ta douleur, ta solitude encore et encore. Comme le dit le Dr Fauré dans sa conférence "user et user encore et encore" ta douleur.
J'espère ne avoir été trop longue...
Je pense bien à toi, tu verras, la douleur s'atténue. promis.
Je t'embrasse Christelle
Claire
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Merci à tous, sincèrement. Depuis que je me suis levée ce matin, je pleure, tout ce que je fais, je le fais en pleurant.
Quand j'ai découvert tout vos messages, j'ai pleuré plus fort, mais ça fait du ''bien'', ça vide.
Yohann, je n'avais pas réalisé que vous pouviez interpréter cette petite phrase pour vous, parce que ce texte, je le lui ai écrit dans les premiers jours qui ont suivi son départ, je l'avais mit sur sas page fb, et elle s'adressait en fait à tous les biens intentionnés qui m'aurait dit toutes ces phrases niaiseuses sensées être réconfortantes, qu'on a tous entendu et qu'on ne veux surtout pas entendre. C'est quand je t'ai lu que je l'ai compris. Je ne suis pas vraiment vite du cerveau ces derniers mois.
Claire, c'est vrai que nos deux histoires d'amour se ressemblent. Je l'avais remarqué en lisant tes posts, mais je n'avais pas voulu le dire, parce qu'à ce moment-là, je ne voulais pas admettre que quelqu'un d'autre avait eu un lien aussi unique, je nous voulais, Claude et moi, unique, peut-être pour pouvoir crier plus fort à l'injustice d'avoir séparer un couple comme nous. Tous le monde nous le répétait, même notre travailleuse sociale nous avait dit que nous étions chanceux, que peu de couple comme le notre avait la chance d'exister, qu'elle nous enviait et qu'on était un modèle pour elle. Sur le coup, nous nous étions dit qu'elle nous passait de la pommade pour nous aider dans un moment de découragement, mais quand Claude est parti, j'ai tellement voulu croire à notre unicité, que j'ai été incapable de te le dire.
Quand nous nous sommes rencontrés, nous sortions tous les deux d'une relation destructrice. Nous nous étions soutenu pendant des mois, nous nous étions écouté, conseillé, réconforté. nous avions reprit le goût de vivre ensemble, remit nos vies sur les rails et étions finalement tombés amoureux de la personnalité de l'autre. Il a fallu alors nous rencontrer. Ça c'est fait à Montréal, le 4 juillet 2008. Une ville qu'il ne connaissait pas, une ville que je connaissais à peine. J'ai alors découvert qu'il avait un énorme défaut, il n'avait aucun sens de l'orientation ! Il n'a jamais trouvé notre lieu de rendez-vous ! C'était dans un ''Tim Horton'' et tous les québécois pourront le confirmer, un ''Tim Horton'' c'est pas dur à trouver, surtout quand il se trouve à deux pâtés de maison ! Une chance, j'ai le sens de l'orientation pour deux ! J'ai trouvé l'adresse où il restait pour l'été. Il n'était pas là. Je n'avais pas fait 1h30 de route pour rien, il allait savoir ma façon de penser avant que je ne rentre chez moi. Quand je l'ai vu arriver, tout piteux, les pieds pleins d'ampoules d'avoir arpenté les rues de Montréal pendant plus de deux heures, en gougounes, mon cœur a fondu. Je n'ai pas ressenti les affres de la passion, pas de papillons dans le ventre, pas de picotis dans la nuque, rien de ce que tous le monde, moi la première à l'époque, décrit comme les signes qu'on est amoureux. Mais l'amour que je ressens pour cet homme a grandi un peu plus chaque jour, et cela continu. On avait une grande complicité, on avait les mêmes goûts, les même valeurs, les mêmes pensées, les mêmes objectifs dans la vie,... je pourrais en citer encore pleins d'autres. En même temps, nous avions nos différences, en fait, nous étions complémentaires ET identiques. C'est compliqué à expliquer.
Claire, quand tu dit : ''Celui pour qui on était belle'', ça me fait penser à une anecdote. Souvent, quand je m'habillais et que je n'étais pas sûre du bon choix que j'avais fait, je lui demandais ce qu'il en pensait, et il me répondait toujours : ''Wow, chérie, t'es belle !'' et quand je réalisais ce qui me dérangeais dans l'assemblage de linge, je le lui disais : ''De toute manière, pour toi, même habillée avec un sac à patates, je serais belle''. Et lui répondait : ''Un rien t'habille Chérie !'' De toute façon, même le matin au réveil, les cheveux en bataille, les yeux pochés, grippée, il me trouvait belle.
Quand il y avait une décision à prendre, on en discutais pour la forme, juste pour nous rassurer que c'était la bonne décision, parce qu'on savait d'avance qu'on serait d'accord, on pesait tout de même les pour et les contre, les différentes options possibles, et on tombait toujours d'accord. On a eu très peu de disputes, c'était plus pour la forme, pour détendre les tensions que la vie nous imposait (ou quand il était copilote !!!). Et là, j'ai plus personne pour détendre l'énorme tension que la vie vient de nous imposer. J'ai l'impression que l'élastique va finir par péter et me revenir en pleine face. Je l'attend avec peur et angoisse, comment je vais me relever ?
J'ai vu les modules vidéos, il m'ont aidé un temps, mais je trouve maintenant que ça tourne en rond, c'est sur, c'est toujours les mêmes mots que j'entends ! Est-ce que les écrits du Dr Fauré se trouve sur un site, ou on ne les trouve que dans le livre ? J'ai lu des feuilles que m'a remit ma TS écrit par le Dr Michel Lemieux, ça à l'air que, sans être sorti du stade du déni, je viens de rentrer de plein fouet, la tête la première dans celui de la désorganisation. Et toute une désorganisation !
J'ai voulu rejoindre un groupe de paroles, mais il n'y en a aucun en ce moment, ils reprennent en septembre, ils sont tous en vacances ! Ça à l'air que le deuil prend des vacances ! Personnellement, chez moi, il a décidé de prendre ses vacances à la maison !
Vous parler de Claude, de notre rencontre, de nous, m'a fait du bien. Je vais m'arrêter là pour le moment, avant de retourner dans les paroles et les souvenirs qui font pleurer, mes larmes se sont calmées depuis quelques minutes, je vais profiter de ce répit pour essayer de faire autre chose !
Merci à tous d'être là !
Christelle.
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Merci Yohann, je vais regarder ça. :)
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Christelle,
moi aussi j'avais hésité à te dire que nos histoires se ressemblaient... elles étaient tellement belles qu'on les aurait voulu unique !
N'est ce pas ce que tous les amoureux du monde ressentent ? Nous non plus nous n'avons pas eu beaucoup de disputes. Mais que j'aimerais pouvoir me disputer avec lui, cela voudrait dire qu'il est là !
Merci à Yohann pour les liens sur l'hypnose, j'irai voir...
gros bisous à tous
Claire
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Oui, Claire, c'est vrai qu'elles étaient belles. Jamais je n'aurais cru pouvoir vivre un amour aussi simple, aussi complice. Il n'y avait tellement pas de jugement entre nous, que je pouvais dire ce qui me passait par la tête sans peur de ce qu'il aurait pu penser. N'importe quelles niaiseries, il la trouvait drôle, et même si c'était vraiment niaiseux, que même-moi, je me disais : ''Ben, celle-là, c'était vraiment pas fort !'' Lui, il me souriait avec amour et me disait en riant : ''On ne peux pas toute les réussir, la prochaine sera meilleure !'' Et si ma niaiserie était vraiment bonne, il me disait, avec le même regard amoureux : ''T'es drôle, chérie !''
Qu'est-ce que je ne ferais pas pour entendre à nouveaux ces petits mots...
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Chère Christelle,
juste un petit mot pour te dire que je suis certaine qu'il entendra les blagues que tu lui raconteras même maintenant.
Moi je parle à Bruno, et dès qu'il m'arrive une petite tuile, du genre : j'arrive avec le poivre dans la cuisine, j'ouvre la porte du frigo et là je me dis "quelle tarte je fais, ranger le poivre dans le frigo, t'es pas bien ma pauvre fille !" à ce moment je vois que j'ai rangé ma serviette de table dans le frigo !
alors je rigole toute seule et je parle comme si Bruno était là, je lui raconte pour qu'il rigole avec moi.
C'est niais mais nous aurions ri ensemble de cette bêtise.
Nous aussi on en faisait des pas très drôles mais cela l'était pour nous.
bises de France
Claire
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Je vous lis et vous me touchez profondément. J'aimerais répondre à ceux qui viennent me chercher au plus profond de moi-même, mais les mots à mettre sur ces émotions ne viennent pas. Pardonnez-moi.
Je souhaitais tout de même vous dire à quel point vos mots me rejoignent, mais quand le temps de vous les exprimer individuellement, les miens restent coincés dans de le fond de ma gorge. Ce n'est pas mon habitude pourtant, mon Chéri me disait souvent que je trouvais toujours les bons mots pour réconforter, mais depuis qu'il est parti... plus rien. Peut-être plus tard.
Courage à tous.
Christelle.
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Véro, c'est le décalage horaire ! Je suis au Québec, rajoutes 6h00 à l'heure affichée.
Merci de t'en inquiéter. En fait, c'est le contraire, j'ai bien dormi (endormie tard, mais une fois endormie, le sommeil a été profond), ça fait 2 nuits que je rêve de Claude. Des rêves apaisant, ça fait du bien ! Aujourd'hui, je suis plus sereine que je ne l'ai été depuis son départ. Je savoure cet état le temps qu'il est là. J'ai tout de même eu une petite vague d'émotion ce midi, mais j'ai réussi à passer au travers. Une journée comme ça, ça fait du bien.
Christelle.
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Ah oui, tu as raison, Christelle, des journées comme ça, où tout paraît plus facile, on en revoudrait ...
Bises
Karine
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Christelle
juste un petit mot pour te dire que je partage ta peine, j'ai perdu mon mari il y a 4 semaines, avec notre petit garçon de 8 ans nous essayons de nous en sortir.
Je sais que ce ne sont que des mots mais ce que tu ressens je le ressens au plus profond de mon être.Seules les personnes qui vivent ces moments peuvent comprendre la douleur, le manque.
Nous nous sommes battu pendant 1 an contre ce maudit cancer et malgré la volonté de mon mari et sa force, ce f... cancer à gagné.
J'ai réussi à garder mon mari à la maison et il est mort dans mes bras.Et maintenant il n'y a personne le soir pour partager des discussions une fois que le petit est couché; prendre sa main , l'embrasser, son odeur, sa voix enfin tu ce que tu connais ne sont maintenant plus possible, tout a été trop vite, si vite.
voici un petit poème qui peut aider:
L'Ennui
Depuis mon départ,
c'Est ce qui te fait le plus souffrir, l'ennui,
L'Ennui de ne plus entendre ma voix ,ou mes pas t'annonçant que je rentre
L'Ennui de pouvoir te réfugier dans mes bras
qui t'entourent et te consolent,
L'Ennui de mon sourir, de mon humour, de mon amour !
Dans ces moments là
Rappelle-toi que je suis avec toi,
Que je suis ta vie pas à pas et que je veille sur toi.
Ne reste pas dans le passé ni dans ma mort.
Je suis avec toi plus que jamais.
Avance doucement sur le chemin de ta guérison.
De jour en jour,
L'ennui se dissipera
Jusqu'à ce que tu arrives à penser à moi en souriant.
Ce jour-là
je serai l'être le plus heureux du Paradis
(M.Caron)
Ton temoignage m'a fort touché, nous sommes tous dans le même bateau, j'essaye de survivre, j'ai la chance d'avoir un enfant et c'est mon moteur sinon je crois que je baisserais les bras.
Je pense à toi et partage ta douleur même si tu as l'impression que tu es seule dans cette douleur
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Bonjour Catyam,
Oui, nous sommes tous dans le même bateau. Ton poème est très réaliste de ce que nous ressentons tous, merci de nous l'avoir partagé.
Je vous admire, vous, les mères et les pères, qui, malgré votre profonde douleur, trouvez encore la force de vous occuper de vos enfants. Avec Claude, nous avons essayé d'en avoir au moins un, nous avons même été en clinique de fertilité quand il a commencé les traitements de chimio, nous croyions tellement à sa guérison, même le médecin nous avait dit la première fois qu'on l'a rencontré : ''Nous allons vous guérir Mr C.'' Puis, quand il a été évident que la partie serait plus difficile qu'on ne l'avait cru au premier abord, on s'est demandé que faire. On se disait qu'un bébé serait un moyen pour moi de me maintenir la tête hors de l'eau s'il perdait son combat, mais l'idée de mettre au monde un enfant qui ne connaîtrait pas son père était égoïste. Maintenant, je me dit que ce fut une bonne décision, parce qu'avec le mal que j'ai a prendre soin de moi-même, je me demande comment j'aurais fait avec un enfant. Vraiment vous avez toute mon admiration !!!
Parfois, je me demande si Claude n'aurait pas été mieux à la maison pour ses derniers jours, mais je le personnel ayant été tellement formidable, prévenant, attentif à nos moindre besoins, que j'ai pu passer avec lui un temps d'un qualité qu'il n'aurait peut-être pas eu s'il était resté à la maison. Je n'avais que nous à penser, pas de ménage, de cuisine ou quoi que ce soit d'autre à penser. Je suis resté jours et nuits auprès de lui, allongée contre lui, ou assise près de son lit à lui parler, lui faire la lecture du livre qu'il n'aurait pas eu le temps de finir. Nous nous sommes remémorer nos plus beaux souvenirs, nos bons moments, je l'ai prit dans mes bras, nous nous sommes dit je t'aimes, encore et encore, on ne le dit jamais assez ! Ce sont des moments qui ne reviendront jamais, et après, on regrette de ne pas avoir dis ceci ou cela, quoiqu'on fasse ou dise, il y aura toujours quelque chose qu'on aura oublié, alors j'ai fais et dis le maximum. J'aurais du lui dire au revoir, lui donner la permission de partir, mais, je n'en ai pas été capable, je ne le regrettes pas, parce que, même aujourd'hui, je ne suis toujours pas capable de le lui dire, et je le lui ai dit. Je lui ai dit : '' Je suis désolée mon Chéri, il me disent qu'il faut te dire au revoir, mais je n'en suis pas capable.'' Il m'a répondu, que lui non plus ne l'était pas. Mais au moins, on l'a verbalisé, le mot a tout de même été prononcé, et c'est ''bien'' comme ça.
Je lui ai aussi demandé de veiller sur moi après, et je sais que la perspective de m'être encore utile, de ne pas me quitter tout à fait, lui a fait du bien. Je lui ai demandé de faire entrer dans ma vie des gens qui me voudraient du bien, et de sortir à coup de pieds dans le derrière (pour être poli, je ne l'ai pas dit comme ça, et il me l'a promis en riant) ceux qui me voudraient du mal. Je lui ai aussi demandé de prendre dans ses bras mon bébé comme je l'aurais fait moi-même si je l'avais pu, il m'a répondu qu'il s'en occuperait comme s'il était son père et qu'ils attendraient sa mère ensemble quand mon temps sera venu. C'était encore le temps de se rappeler les bons souvenirs et de faire des projets d'avenirs, même si c'est dans deux mondes différents. Ces derniers moments ont été les derniers moments de tendresse pures, d'émotions et d'intimité que avons pu avoir, et ceux sont les plus précieux.
C'est peut-être un peu décousu ce que je viens d'écrire, mais ce que je veux dire, c'est que pour nous, même s'il aurait probablement été mieux dans ses affaires, nous n'aurions probablement pas eu la possibilité de faire et de se dire tout ce que je viens de vous raconter.
Bon courage à tous.
Christelle.
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Christelle
Mon mari a eu un accident de travail au mois de juillet 2011.
Le stress a provoqué (sans doute)le début de son cancer qui a été très rapide estomac et métastases au foie en stade 4, dès que nous avons appris cela nous avons décidé de faire de notre combat une compétition
Et puis son papa est décédé et là nouveau stress et la maladie à progressé.
Il a dévelloppé suite aux chimios (très forte car mon mari était très jeune) une polynévrite (atteinte des nerfs) suite à cela il ne se déplaçait qu'en fauteuil roulant, il ne savait plus marcher, écrire utiliser ses mains, c'était vraiment une déchéance pour lui, il devenait totalement dépendant de moi .
Cette année n'a pas été facile, j'ai arrêté de travailler pour m'occuper à plein temps de lui, il ne voulait pas d'infirmière et de notre petit garçon qui a vécu la maladie, la déchéance et la douleur, cela l'a fait grandir et comme il dit:" le passé c'est le passé, papa ne souffre plus", il me donne la force de continuer.
.Aujourd'hui je n'arrive pas à pleurer, de temps en temps quand j'entend une musique j'ai une larme mais j'aimerais tellement pouvoir pleurer.
Aujourd'hui je dois apprendre à me reconstruire, car cette année a été éprouvante pour nous je me suis oubliée un peu moi même, j'ai perdu 15 kilos
J'ai accompagné mon mari jusqu'au bout , j'ai su lui dire de partir, de lacher ma main afin qu'il trouve la paix, 20 minutes après il a rendu son dernier souffle dans mes bras.Je garderai ce souvenir toujours au fond de mon coeur, à ce moment je me suis dit c'est fini et je garde l'image paisible de la mort
Nous nous sommes dit des "je t'aime à ne plus finir , nous avons parlé bcp de l'avenir de notre fils, il a réussi à me laisser une lettre à moi et une pour mon fils, il a réussi à préparer son enterrement (il avait laissé ses volontés et même la musique, une destinée à moi et une pour son fils je ne sais pas où il a trouvé la force de le faire mais il était très fort)il m'a demandé de continuer ma vie , que si une occasion se présentait je ne devais pas restée seule .
-J'allais tous les jours le voir aux pompes funèbre, c'était comme un premier rendez vous , je pouvais encore l'embrasser , le toucher; le jour de l'enterrement je l'ai couvert dans son cercueil et j'ai mis le vis et les clous moi même il fallait que cela soit ainsi jusqu'au bout....
Le jour leplus dur de ma vie a été d'annoncer cela à mon fils, cela a été 4 jours de violence , de révolte, il ne voulait plusm'écouter il mettait ses mains sur ses oreilles quand je parlais.Et puis est venu le jour de l'incinération, nous avion décidé de garder les cendres à la maison dans un endroit bien à nous sans expositions,(la pelouse étant trop impersonelle et le columbarium trop froid, il nous fallait un endroit réel pour notre fils.Nous sommes rentrés à la maison avec les cendres et mon fils à dit" voilà maman on est de nouveau ensemble à la maison même si je sais qu'il n'est plus vraiment là celame rassure" et du jour au lendemain mon fils est redevenu souriant , blagueur comme avant.La seule chose c'est qu'il peut lui parler de son papa maisil n'accepte pas que les autres en parle (je suis cela de très près avecla psy)
J'ai mis des photos de lui partout.je sens toujours sa présence et puis je reçois des signes, ( je lui avait demandé avant qu'il parte )au début je pensais à des coincidences mais trop c'est trop, les infirmières disaient que mon mari était en protection pour nous et je sais que de là haut il veille sur nous et guide mes choix
L'accompagnement d'un être aimé permet d'avoir de vrais moments d'intimités même si parfois il était devenu très difficil et exigent (la chimio bouffe tout) mais on se disaient mon fils et moi ne disons rien c'est la maladie, j'ai passé des heures à le masser, le relaxer cuisiner en essayant de trouver ce qu'il aimait (la chimio détruisant le goût de la nourriture).
Aujourd'hui nous n'arrivons pas à manger à table, il y a une place vide , il manque quelqu'un, en faisant le ménage , je trouve des objets lui appartenant, en repassant je tombe sur son t-shirt, je dors toujours avec le t-shirt qu'il a porté la dernière fois avec son parfum, je porte sa montre mais j'éssaye de continuer, lamaiosn ,le jardin mon fils, tout l'administratif qui chez nous en Belgique est éprouvant.
la pièce où je me sens le mieux est notre chambre et pourtant c'est dans cette pièces que toutes les choses les moins gaies se sont faite et où il est mort, mais je ressens une plénitude dans notre lit comme si il m'entourait de ses bras.
je ne me résigne pas à me séparer de ses vêtement mais un jour il faudra bien mais je me laisse le temps.
Je viens de découvrir que cela fait du bien de parler à d'autres personnes qui sont aussi désorientées que moi, j'ai perdu mon guide,mon ami mon amant , mon mari, le père de mon enfant, l'homme qui m'a appris tellement de choses, qui m'a fait évolué, qui a accepté les nombreux traitement que j'ai subit pour avoir notre fils.
Soyons solidaires afin de s'aider à traverser ce long tunnel qui nous menera où l'avenir nous a préparé une place.
nos maris seront toujours dans nos coeur partout où nous allons.
je te souhaite une bonne soirée et je pense à toi
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Yohann,Véronique
Vos messages s'adressent à Chris ou à moi catyam alias catherine ?
De toute façon il nous font du bien à toutes les deux ,nous savons que nous trouvons ici des oreilles et de épaules pour nous écouter et nous porter.
Merci d'être là.
catherine
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Catherine, j'allais justement poster le même message que toi à peu de chose près, quand on m'a dit que pendant que j'écrivais, un autre message avait été posté !
Merci Yohann et Véronique pour vos mots, personnellement, je ne voyais pas ça comme ça. C'est notre vécu à Claude et moi, et ce que j'ai fait, je l'ai fait par amour, cela me paraissait, après coup comme la seule chose à faire. Avec vos commentaires, je me suis relue, avec des yeux plus extérieurs, et c'est vrai que j'ai eu la ''chance'' de pouvoir vivre ses derniers moments d'intimité. Je compatis énormément à ceux qui n'ont pas pu accompagner leur amour, parce que le départ a été trop brutal. Catherine, je ''t'envie'' un peu d'avoir pu le tenir dans tes bras au moment de son départ, nous, même s'il m'avait promis de partir dans mes bras, il a attendu les 5 minutes où je suis sortie parler à l'infirmière. Par contre, je suis fière d'avoir pu lui permettre de réaliser son plus grand rêve. On avait décidé de se marier une fois qu'on aurait gagner ce combat, mais quand la vie a décidé qu'on le perdrait, j'ai décidé de lui permettre de vivre cela. Quatre jours avant son départ, je suis allée voir le prêtre de l’hôpital, et le soir même, il nous mariait. C'est sûr qu'il n'y a rien de légal dans ce mariage, il n'y avait pas d'église, pas de cloches, de fleurs ni de grande robe blanche, mais il y avait nous, notre amour, nos meilleurs amis et Dieu. Pendant tout le temps que ça a duré, j'ai vu tellement d'émotions et d'amour dans son regard, de bonheur dans son sourire, les jours qui ont suivit, chaque fois qu'une nouvelle infirmière se présentait et lui demandait si j'étais sa conjointe, il répondait en me regardant, un large sourire sur les lèvres, le regard fièr : ''Non, c'est MA femme !'' C'est le plus beau cadeau que je pouvais lui faire.
Bon, voilà que j'ai à nouveau perdu le fil de ce que je voulais dire au départ. À chaque fois que je commence un message, je perd le fil de mon idée, et fini par parler de lui ! Au final, j'ai oublié ce que je souhaitais dire au départ !
Catherine, moi aussi j'ai énormément de signes de Claude, Je le lui avais aussi demandé, et certaines choses, venant personnes improbables ne me permettent pas de douter. Même si dans certains cas, je peux me demander si c'est mon imagination, il y en a d'autres où le doute n'est plus permis. Et ces signes, pour moi, sont d'une importance capitale, ils me font énormément de bien, ils me prouvent que nos projets d'avenirs dans deux mondes différents n'étaient peut-être pas aussi chimériques qu'on pourraient le croire ! Lui aussi, m'avait demandé de ne pas rester seule après son départ, et je lui avait répondu : ''Où veux-tu que j'en trouve un autre comme toi ? Après t'avoir connu, aucun autre homme ne pourra combler le vide que tu laisseras dans ma vie.'' Et il m'avait répondu :''Je ne suis pas unique, je te le trouverais et je te l'enverrais !'' Il était tellement inquiet que je m'arrête de vivre et me renferme après lui. Malgré tout, parler de ça nous faisait mal, et nous ne sommes jamais revenu sur le sujet.
Il me manque tellement.
Courage à tous.
Christelle.
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Véronique, cette petite phrase : ''Mon mari est mort aussi brutalement qu'une lumière qu'on éteint et pourtant ce moment d'intimité ultime couchée à ses côtés dans notre lit fut un hymne à l'amour.'' dit beaucoup en quelques mots. J'en retire que peu importe le temps que la vie nous accorde avec nos amours, que les derniers moments d'intimités, qu'ils durent quelques secondes ou quelques jours sont si précieux et si forts qu'ils suffisent pour se transmettre l'un à l'autre tout ce que l'amour est, pour donner à l'autre ce qu'on est et le recevoir tout entier une dernière fois.
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Yohann, je ne sais que dire, à part que je suis impressionnée par le courage qu'il t'as fallu pour lui cacher la vérité et lui offrir 3 semaines de vie normale, alors que tu savais pertinemment que tu allais la perdre. Je ne suis pas sûre que j'en aurais été capable.
En ce qui concerne les 2 mn, je ne suis pas certaine que tu sois arrivé trop tard, je peux me tromper, mais je pense que rendue-là, elle avait compris et t'as probablement entendu rentrer et, elle a décidé de t'épargner son départ. C'est ce que Claude a fait avec moi, il m'avait promis de partir dans mes bras, mais quand j'ai su que le moment arrivait, je ne l'ai pas quitté, je suis restée des heures à son chevet, attendant et, en même temps, espérant encore un miracle. Je me suis absentée 5 mn pour parler avec l'infirmière dans le couloir, et c'est le moment qu'il a choisit. À l'hôpital, il m'ont dit que ça arrive souvent, comme s'ils préféraient être seuls à ce moment-là, nous épargner ce dernier souffle... Je ne sais pas, ça restera un mystère pour moi et pour beaucoup d'entre nous, mais ça réconforte un peu de savoir que même dans ce dernier moment, ils ont prit une décision envers nous, celle de nous protéger, même si nous préférions qu'il en soit autrement. Pour moi, ça prouve la force de leur amour pour nous.
Courage.
Christelle.
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Cher Yohann,
Comme ces deux minutes te minent... Je comprends que même si votre fille était là et que Monique n'était pas seule, tu voudrais pouvoir avoir eu ces deux minutes.
Si je pouvais, j'aimerais te les donner et même des heures entières.
Monique a eu raison d'avoir confiance en toi. Tu l'aimes et ça, c'est le plus beau cadeau du monde.
Deux minutes pour l'éternité, deux minutes pour que tu retrouves un peu de sérénité...
Claire
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Et si c'était elle qui était partie, pour ne pas te voir souffrir? Si elle avait senti, au-delà de la conscience, que ces dernières minutes étaient bien à elle.
Je ne vois pas ça comme ça, c'est vrai. C'est-à-dire que je ne me sens pas coupable de ne pas l'avoir bien accompagné, ni de ne pas avoir eu droit à ses dernières minutes conscientes, quoique peut-être que j'y étais, mais je ne saurai jamais. Je ne lui ai pas dit "Good bye", mais lui et sa fille ont pu se le dire.
Entre l'annonce et la fin, on a eu 49 jours... c'est court, et toi, doublement court, Yohann.
Hier, mon doc m'a dit (alcool) de manière très légère "Tu te bats donc contre tes démons"... Et toi, Yohann, aurais-tu le démon de croire que ces dernières minutes auraient dû vous appartenir, à vous deux?
Enfin, ton histoire restera à jamais marquée dans mon coeur, tout comme celle de Marina. Tout ça, c'est tant et tant de souffrance...
Je souhaite de tout mon coeur que tu puisses te reconstruire une vie douce et bonne, pour toi, et qui sait pour d'autres autour de toi, qui profiteront eux-aussi, tout comme Monique, de ta grande force intérieure et ta vive intelligence.
Douces pensées, Caroline xx
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Est-ce que tu parles de cette vidéo, Yohann?
http://www.youtube.com/watch?v=yN07ziqQya4
Je l'ai écoutée (et suivie la séance d'hypnose, sans pourtant rentrer en "transe"), c'était bien - au début, je n'étais pas très à l'aise... - mais je sais les bienfaits de l'exercice. Par contre, après, je me suis endormie pour une heure...
À +
Caroline
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Hé, à Québec, c'était l'après-midi (- 6H par rapport à la France)
OK, je le referai l'expérience plusieurs fois, quoique j'ai fait une fixation sur le mot "transe". Ici, quand on est en transe, on tremble et l'écume sort de notre bouche...
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Yohann, ce qui est bizarre, c'est que cette nuit, j'ai dormi... 10 heures! En plus de l'heure après la première séance d'hypnose. Normalement, je dors au gros maximum 9 heures...
Je vais réessayer ce soir, sinon, je rate une heure durant le pm et ça m'assomme ;)
Caro