Point d'étape : Fatigue et découragement.
Ces trois dernières années j'ai eu l'impression d'avoir avancé, fait de mon mieux, traversé bravement les épreuves .
Il le fallait. Il fallait faire avec le chagrin. Malgré lui , malgré la souffrance, il a fallu assurer le travail, le tri des affaires, le déménagement, subir le désistement des connaissances, le désintérêt des proches, se forcer pour faire des activités, prendre sur soi pour sortir, faire des rencontres, ne pas s'isoler.
Pleurer sur les échecs, se réjouir des petites victoires, prendre du plaisir à partager, avoir des déceptions.
Tomber, se relever, tomber encore, être relevée.
Etre seule, se sentir seule, souffrir d'être seule.
Tout cela - pas le coeur vaillant, non - mais avec force, fierté, combativité, courage, espoir aussi . Il y aurait des jours meilleurs, il le fallait, on m'en avait fait la promesse.
Et maintenant, que reste - t-il ? Rien . L'impression d'avoir fait le tour, d'être au bout du bout .
Je vais mieux, c'est vrai, ou je vais moins pire. J'ai appris à ne plus avoir peur de mon chagrin, de ces vagues de souffrance qui me submergent encore , souvent, tout le temps.
Mais je sais maintenant que cette profonde tristesse ne me quittera pas, jamais, elle fait partie de moi, elle est tapie au fond de moi, ancrée.
Je sais qu'il faudra que je compose avec elle.
Je ne sais pas encore si elle m'empêchera de retourner vers la vie.
Je sais que je ne pourrai pas la dissimuler, par honnêteté.
Je sais que je n'ai jamais su faire les choses à moitié.
Je pense à vous
Nora