Banjoure tout le monde.
Comme vous tous je vogue sur mon radeau ivre, il peut bien faire ce qu' il veut, m' en fout, tanguer de tous les côtés, j' écope quand l' eau remonte, sinon je contemple l' horizon, pasque je ne veux plus regarder derrière et que le présent je ne le regarde qu' au présent instamment et pas plus. L' avenir? Il est où l' avenir? Ah, pasque vous pensez qu' on en a un? Merci! Je vais en faire quoi?
Comme le coucou qui va faire son nid chez les autres, je viens squatter l' espace vital des autres afin de ne pas ouvrir un post que pour moi. Conformément au psychiatre qui me suit je me défais progressivement de toutes les affaires de mon mari afin que ma maison ne soit pas un sanctuaire ni ma vie. Je dois vivre ma vie, lui ne reviendra pas, donc les affaires qui lui appartiennent et qui n' intéressent pas mes héritiers, hop, on donne, on vend, on débarrasse. Curieusement ça fait mal au début, pendant deux jours j' oscille entre regrets-chagrin puis au final je me dis que j' ai très bien fait.
Aujourd' hui je vais franchir l' étape ultime sur un bien qui va clôturer la totalité de notre passion commune, un lieu où je n' ai jamais remis les pieds, ni mes enfants d' ailleurs, depuis le 7 août 2015. Je le vends. Je vais chez le notaire à 10h. Pas plus que je n' irai après malgré l' invitation soutenue de son futur acquéreur, c' est mon fils qui se chargera de tout lui montrer. Ce lieu de villégiature je n' y suis jamais allée seule sans mon mari, lui oui, il y allait bricoler à l' occasion mais moi non, donc je n' y retournerai pas. Il faut savoir partir, passer à autre chose, alors je romps les amarres. Cela me serait trop dur et garder un bien en attendant d' aller mieux pour y aller des années plus tard c' est accepter d' en payer les charges et qu' il se détériore, donc, puisque les enfants n' en veulent pas, allé oust!
Voilà, il restera de lui les outils au garage car mon fils bricole, quelques vêtements qui peuvent dépanner autour de moi, quelques petites affaires de ci de là mais tout cela ne devrait plus alourdir ma peine. Alléger sa peine c' est énorme au regard de la souffrance endurée qu' est le deuil, je ne demande pas d' aller bien, c' est impossible mais d' aller moins mal.
Allé, je vais me préparer, ici dans le sud comme chaque année fin avril, nous avons un vent à décorner les taureaux, hier au jardin je me suis reçue une volée de figues vertes et dures que la bourrasque m' a envoyée sur le crâne au point que je croyais qu' il y avait quelqu' un dans l' arbre qui me faisait une blague.
Recevez toute mon amitié, bisous à tous.