Chronique d'une mort annoncée, encore.
Il y a un an.
Depuis quelques jours déjà tu savais, le médecin te l'avais annoncé, sans ménagements. Plus de traitements possibles, profiter du temps qui reste, voir des amis, ou ne pas les voir, faire ce dont on a envie, dès que vous souffrez trop vous appelez, nous vous ferons hospitaliser, vous ne souffrirez pas, augmentation des doses de morphine, bla bla bla bla....
" On se revoit dans, disons un mois. Madame, vous pouvez passer voir ma secrétaire pour prendre un RDV "
Un regard du médecin pour moi, dans lequel j'ai compris que c'était inutile. Dans un mois il ne serait plus là.
Les quelques jours suivants... .
Tu ne pouvais plus bouger de ton lit, trop faible, j'augmentais tous les jours les doses de morphine pour te soulager. Nous parvenions à avoir quelques échanges malgré tout, à plaisanter un peu. Tu dormais beaucoup, délirais un peu. Tes forces te lâchaient.
Une nuit tu as hurlé de douleur, tes os détruits par les métastases s'étaient brisés.
Le médecin appelé en urgence a décidé l'hospitalisation, il fallait te soulager, t'opérer peut être, le moindre mouvement, le moindre contact était une torture. Augmentation encore des doses de morphine en attendant ...
Oui, je sais, je t'avais promis que je te garderais à la maison, que plus jamais tu retournerais à l'hôpital, oui, je sais ...
Lorsque tu as compris, tu t'es mis à hurler, je te trahissais, je t'avais promis, je te laissais tomber ... un moment je suis sortie de la chambre pour appeler un ami à l'aide pour te raisonner et tu en as profité pour appeler la police, tu criais que tu voulais porter plainte contre ta femme, qui voulait se débarrasser de toi ...J'ai expliqué à la police...
Puis tu t'es endormi, épuisé.
Lorsque l'ambulance est arrivée, j'avais préparé tes affaires, j'ai attendu que l'ambulance parte pour prendre ma voiture pour te rejoindre à l'hôpital. Installé dans l'ambulance, avant la fermeture de la porte, ton dernier regard pour moi a été un regard de haine.
Ce regard envers moi ne t'a pas quitté pendant les quelques jours suivants, jusqu'au 12 février.
Il faut maintenant que je vive avec ça.
Je sais, ce n'était pas lui, la dose massive de médicaments son jugement avaient modifié son jugement, l'approche de la fin de vie accentuait sa révolte. Je sais que ce n'était pas dirigé contre moi, réellement ...
Mais LUI a vécu, pensé cela, ressenti cela .