Je suis une de vos soeurs de douleur, et c'est difficile pour moi de me présenter, même si je suis déjà intervenue sur quelques files.
En guise de présentation, je vous donne ce que j'ai écrit et lu, il y a presque un mois, lors de la dispersion des cendres au jardin du souvenir.
Je suis allée aujourd'hui dans le jardin rendre visite, comme presque chaque jour, à mon amour. Le jardin est paisible, fleuri, parcouru par les oiseaux. C'est un lieu apaisant., ou je me ressource. Aujourd'hui les cendres avaient presque disparu, le vent et la pluie avaient fait leur oeuvre... Puisse le temps faire son oeuvre aussi dans mon coeur...
Mon amour,
Je voudrais te remercier, merci d'avoir été auprès de moi toutes ces années, merci de m'avoir permis de faire un bout de chemin avec toi, merci pour tout ce que tu m'as donné, tout ce que tu m'a appris.
Merci de m'avoir permis de connaître un grand amour avec toi.
Tu étais un être libre, entier, exigeant, un peu coléreux, fier, mais toujours attentif aux autres, sensible, à l'écoute, plein d'empathie, loyal, plein de délicatesse, discret.
Tu as été pour moi, en plus de mon grand amour, mon compagnon, mon ami, mon frère, mon père, mon protecteur. On se disait souvent qu'on faisait une sacré équipe tous les deux, on nous voyait rarement l'un sans l'autre, nous étions un tout, inséparables.
Nous étions souvent seuls, tous les deux, mais cette solitude à deux était choisie, voulue, recherchée. Nous étions bien ensemble, tout simplement.
Tu as toujours veillé sur moi, cherché à me protéger, de moi et des autres, tu m'as ouvert l'esprit, tu m'as toujours encouragée, tu m'as aidée à garder confiance en moi, tu m'as donné de la force. Avec toi j'ai eu la vie que je souhaitais, nous étions libres, nous ne prenions pas au sérieux, nous étions heureux.
Bien sûr, nous eûmes des orages… parfois violents, des interrogations, des remises en question du couple que nous formions. Mais ces orages, plutôt que le briser, ont à chaque fois renforcé notre lien.
Tu aimais la vie, tu avais des passions que tu vivais pleinement, tu étais curieux de tout, inventif, tu connaissais une foule de choses, tu avais des solutions pour tout … La maladie t'a terrassé alors que tu avais un projet, que tu préparais - que nous préparions - un nouveau départ, une nouvelle vie. Tu avais toujours dit qu'à chaque fois que tu avais un projet un évènement venait l'anéantir.
Cette fois c'est la maladie qui ne t'a laissé aucune chance de le réaliser.
A l'annonce de ta maladie, tu as décidé de te battre, de toutes tes forces, mais tes forces t'ont abandonnées tout au long de ces 4 mois. Tu n'as pas eu un moment de répit, rien ne t'a été épargné, la maladie s'est acharnée sur toi. Tu ne comprenais pas pourquoi..
Tu as suscité l'admiration de tout ton entourage, les proches, les amis, le personnel soignant, par ton courage, ta fierté, ton envie de vivre. Même dans les pires moments tu disais que tu allais « très très bien », ou « de mieux en mieux « comme la veille de ta mort, alors que ta faiblesse était immense et que ta respiration devenait si difficile.
Je suis très fière de toi, cela ne sert à rien de te le dire, et j'ai aussi eu tellement mal pour toi. J'espère que tu es bien maintenant, en paix, là où tu es.
Pendant ta maladie, j'ai essayé de t'accompagner comme j'ai pu. Je sais que j'ai été maladroite, souvent, que j'ai eu des moments d'énervement, parfois, que je n'ai pas toujours su faire ce qu'il fallait … pardonne moi pour tout cela. J'aurais voulu faire mille fois plus que ce que j'ai fait, comme tu l'aurais fait pour moi si les rôles avaient été inversés
Je sais que tu ne voulais pas que je souffre, toi qui a toujours tout fait pour me protéger.
Mais comment veux tu que je ne souffre pas, alors qu'en te perdant j'ai perdu une partie de moi et que là, maintenant, je ne peux pas imaginer la vie sans toi ?
Mais je vais continuer, je te promets que je vais essayer d'être forte, aussi forte que toi, pour que tu ne sois pas triste, pour que tu ne sois pas malheureux, et que tu sois fier de moi, si tu me vois, de là bas, de l'autre côté.