Alors voilà.
Parce que la tension monte sur Mexico à l'approche des prochaines cérémonies, parce que chacun a l'impression que son coeur est tellement gros qu'il va exploser ce jour là.
Parce que Bruxelles retient son souffle.
Parce que la tristesse, le chagrin vont être au premier plan les jours prochains, et l'émotion, et les larmes, et la colère aussi.
Je vais vous raconter l'histoire de J. C'est une histoire triste.
J. est - J. était - une femme d'environ 60 ans. Elle vivait depuis des années dans des toilettes publiques sur une place en plein centre de la ville.
Elle vivait là, assise dans l'eau, l'urine, parfois, dans les odeurs épouvantables, juste une porte battante qui la heurtait, les gens qui l'enjambaient presque.
Oui, J. était sans doute tapée-tarée, il était impossible de la déloger de cet endroit. Parfois elle acceptait que nous allions lui apporter un café, un peu à manger. Elle nous disait toujours d'une voix douce qu'elle allait bien, qu'elle n'avait pas à se plaindre, qu'il y avait plus malheureux qu'elle.
Il y a quelques jours, elle a commencé à cracher, puis à vomir du sang. Ses amis de la rue l'ont poussée à aller aux urgences, elle ne voulait pas. Contre son gré, ils ont appelé les pompiers, elle a d'abord refusé de monter dans le camion, puis elle s'est laissée convaincre.
J. est morte 2 jours plus tard à l'hôpital. Au moins elle est morte dans un lit, entourée du personnel soignant, mais pas de ses amis de la rue, qui la pleurent aujourd'hui.
Dans quelques jours nous irons, accompagnés de leurs amis, fleurir les tombes de ceux qui sont morts dans la grande précarité, les gens de la rue, les SDF, les isolés, les cabossés de la vie.
Nous apporterons un bouquet à J. où elle repose maintenant, dans le " carré des indigents ", et nous aurons une pensée pour elle, et pour eux, ceux qui meurent seuls.
Je sais, cette histoire est triste, mais elle me touche, et j'avais envie de la partager avec vous.
Bien à vous
Nora