Salut, Nora,
Je faisais comme toi quand je me présentais, ou que je papotais dans une salle d'attente, sur un quai de gare: je parlais de ce deuil à des inconnus qui faisaient une tête plus ou moins "de circonstance" ...
C'était plus fort que tout, ce besoin de "dire", de me définir au travers de ces mots: mon neveu s'est suicidé, il n'avait que 14 ans ...
Il m'arrivait souvent, au moment de passer à la caisse au magasin, de pas être fichue de faire entrer la bonne carte bancaire à l'endroit dans le bazar, et je m'excusais de " on a eu un suicide de jeune dans la famille" ...
A la véto, au moment de me faire part du fait qu'il fallait que je me prépare à faire euthanasier un chat malade, j'avais répondu sans réfléchir "oh, c'est pas grave, chez mon frère, ils ont perdu un fils de 14 ans y a 3 semaines..."
Demain je penserai à toi, j'ai rendez-vous pour un bénévolat dans un centre de classes vertes pour enfants handicapés, je vais essayer de faire comme si mon deuil ne se voyait pas sur mon front ...
Oh, ça me rappelle une histoire rigolote!
Quand on était petits, on s'amusait à coller nos étiquettes de fruits sur notre front ...
Un jour, je me promène dans Florenville avec ma bonne copine, on croise ma soeur devant la librairie, on se fout à rire en la voyant, elle se fâche: vexe: "Quoi?"
On n'arrivait plus à se ravoir, elle avait gardé une étiquette "Chiquita" sur son front !
A bientôt, Martine.