Merci, merci à tous pour vos petits mots, cela réchauffe le coeur.
Je perds pied, et j'ai peur, et pourtant je sais qu'il faut passer par là, que cette douleur est " nécessaire ". Il faut s'y confronter, y faire face, pour la connaitre, l'apprivoiser, en faire sienne, la défier.
A la fin elle deviendra une amie, qui sait, elle m'accompagnera. Au moins je sais qu'elle ne me laissera pas tomber, je peux avoir confiance en elle.
Avez vous lu " Catharsis " de Luz ? Cette boule au ventre, qui ne le quitte pas après les évènements de Charlie Hebdo, il l'a appelée Ginette. Je ne sais pas encore comment je vais appeler la mienne, et pourtant, je sais que je vais faire un sacré bout de chemin avec elle.
J'aimerais pouvoir " écouter, parler, échanger, comprendre ". Mais avec qui ?
J'aimerais pouvoir retrouver moi aussi mon âme d'enfant en m'amusant. Mais avec qui ?
Nous étions 2 éternels adolescents, plus jeunes dans notre tête que n'importe quel trentenaire installé. J'ai l'impression d'avoir cent ans, je n'ai plus personne avec qui tourner en dérision cette vie. Elle s'est vengée, cette vie, chienne de vie qui m'a pris mon amoureux. Pourtant nous ne faisions de mal à personne en n'étant pas sérieux.
Liberté, je revendique moi aussi ce droit à la liberté. A 55 ans je n'ai rien, et je n'ai plus personne. C'était un choix de vie, de ne pas faire partie ce de ce monde, de ne pas avoir intégré les codes de cette société, d'avoir refusé toute forme d'asservissement, toutes contraintes.
Je ne supporte les bien pensants, les juges, les " sentenceurs ", les hypocrites, les mielleux, les tiédasses...
Avec qui maintenant partager ces valeurs, puisqu'il n'est plus là.
Les évènements en Turquie, son pays, me bouleversent, me révoltent. Heureusement aucun membre de sa famille n'est touché. Mais j'ai l'impression qu'on le mutile encore un peu plus.
Je voudrais faire disparaitre les images de sa fin de vie de ma tête, mais elles sont là, elles tournent en boucle, elles ne me quittent plus, je suis traumatisée à vie par la douleur de celui que j'ai aimé si intensément, par sa détresse.
Ma douleur du manque de lui n'est rien à côté de la sienne. Comment me défaire de ces images, vont elles me poursuivre toute ma vie ?
J'embrasse tous ceux qui passent par là, merci de m'avoir lue, et excusez moi pour ces mots ...
Nora