Bonjour Sophie.
J'ai lu cette conversation et je tenais à te dire merci. Un peu plus tôt, tu disais ne pas te sentir en accord avec certaines choses exprimées sur le forum et tu t’apprêtais à mettre un point final à tes contributions: je suis contente que tu ne l'ais pas fait et que tu ais pris le temps de nous livrer ta façon de vivre le départ de ton chéri.
Ça me touche beaucoup... Ce que tu exprimes me parle, fait écho en moi... Me secoue aussi, un peu... je dois bien l'admettre. Mais j'accepte que ce qui me secoue me met au travail et vient pointer du doigt des choses qu'il me faut encore questionner, mettre en lumière... Ton discours me fait beaucoup penser à celui de mon chéri. A sa force, sa confiance... Un discours parfois mal compris, car plein d'une assurance susceptible d'effrayer à une époque où, par peur de l'embrigadement, on a tendance à faire du doute une valeur suprême.
Pourtant, ton discours, comme le sien, ne parle que d'amour.
Aucun ordinateur n'aura une police de caractère assez forte pour imprimer un A aussi grand que ce que j'ai vécu.
Ta phrase m'a fait sourire. Elle lui ressemble tellement.
.. Être capable d'aimer ainsi, sans se restreindre par peur de la chute... parce qu'on sait déjà qu'on parviendra à se nourrir de cette chute pour avancer... je trouve que c'est beau.... A travers ton discours, tu incarnes un idéal de Liberté, de sagesse.... LA liberté évoquée dans tous les livres de philo et les textes sacrés.
Souvent, quand on ose incarner un message aussi fort, on peut être perçu de manière un peu suspecte, car on renvoie des choses très fortes aux autres, et donc susceptibles d'être reçues violemment. On les renvoie à leurs limites, leurs faiblesses... et ça peut être vécu comme de la malveillance ou de la suffisance. Je te dis ça car j'ai déjà expérimenté cette vérité de part et d'autre.
Je me trompe peut être, je ne fais que livrer un ressenti.
Je trouve entre ton discours et celui de mon chéri beaucoup de similitudes, et j'ai pu observer que son discours, pourtant tellement bienveillant (mais aussi très exigeant) attisait souvent l'incompréhension et une forme d'hostilité.
Moi même j'ai ressenti cette hostilité à son encontre à de moments, ce qui était douloureusement paradoxal du fait de la force de mon amour. Mais c'est justement cet amour qui m'a permis de mettre ce ressentiment au travail, de mieux le comprendre....
Je crois qu'une des raisons est la suivante: Lorsque l'on souffre, on ressent instinctivement qu'il faut se protéger de toute souffrance supplémentaire. Ne pas rajouter de la peine à la peine. Et se questionner sur la responsabilité qui est la notre dans cette vie, la responsabilité de vivre encore lorsque ceux que nous aimons sont partis... Cette responsabilité qui est intimement liée à notre libre arbitre: cette liberté fondamentale qu'on revendique autant qu'elle nous fait peur... Et bien ce questionner sur ça, c'est prendre le risque d'ajouter de la souffrance à la souffrance. De s'accabler, de se sentir responsable de son malheur. De se sentir responsable de ses échecs... Alors les discours qui traitent de la résilience, de "se prendre en main", dans ces moments là, peuvent être vécus comme des agressions.
Je connais bien ces sentiments, car je les ai explorés et qu'ils continuent de m'assaillir, certains jours. Une attitude liée à ce que tu nommes "égo" et qui nous enchaine. Et en même temps, c'est aussi cet égo qui nous "individualise". Qui nous permet d'exister en tant qu'êtres humains séparés, différents, même si fondamentalement unis.
J'aimerais juste encore une fois te dire merci, car oser cette parole sincère qui est la tienne, même quand elle va à l'encontre du ressenti dominant, c'est une belle preuve d'amour je trouve. Amour de ton chéri, amour de toi-même, et amour des autres, à qui tu cherches à faire partager une expérience sans être dans l'attente d'un retour ou d'un encouragement positif... Je trouve ton discours emprunt d'une vraie sagesse, et cela ne discrédite en rien le vécu des autres personnes qui viennent témoigner ici, avec humilité, des obstacles qu'elles rencontrent, de leurs souffrances, même "égotiques". Il y a toujours des choses à puiser dans les expériences des uns et des autres, et je trouve que c'est la richesse de ce forum.
En tous cas, c'est ce que la lecture de tes messages m'a inspiré, et je tenais à le partager.
Prenons toutes et tous soin de nous, et soyons à l'écoute de notre rythme.
Je vous embrasse.