Bonjour Johanna,
Tu es au début du très long chemin du deuil.... 3 mois ? A 3 mois j'étais une "zombie", l'ombre de moi-même, je fonctionnais seulement en mode robot, mon énergie sur une échelle de 0 à 10 était à 2... J'avais l'impression d'évoluer dans un monde parallèle, complètement en décalée par rapport à la vie qui continuait. J'avais l'impression d'être KO debout. J'ai perdu mon mari brutalement suite à un accident de la vie comme on dit... Annonce brutale, état choc, sidération cela a duré à peu près 4 mois : aide d'une psychothérapeute spécialisée dans les "traumas" car même si je n'étais pas présente avec lui mon cerveau imaginait la scène, j'avais des flashs, des images... Elle a aussi accompagné mes enfants. Je n'ai pas pu voir son corps cela n'était pas possible. Comme toi j'ai récupéré l'urne avec ses cendres. Etape extrêmement dure qui à la fois m'a permis et aux enfants aussi d'intégrer psychiquement le fait qu'il ne reviendrait plus jamais, que sa mort était bien réelle. Les premières semaines après sa mort que l'on y croit ou pas énormément de phénomènes étranges dans la maison (surtout électrique), on était 3 à être témoin ... pour moi il y a des énergies qui circulent quoi qu'on pense. C'est pas un "délire". Je précise qu'AVANT j'étais plutôt quelqu'un de très terre à terre sur ce genre de choses MAINTENANT je l'ai vécu et certaines de mes certitudes ont évolué.
Les premiers mois je me suis dis comme toi que je n'arriverais pas à vivre sans sa présence à mes côté aujourd'hui en ayant traversé plusieurs périodes de profond désespoir, le manque et la tristesse font partie de moi, de ma vie quotidienne et je suis encore là debout, a petit à petit avancer dans la suite de ma vie. La raison pour laquelle j'ai pu continuer à me lever chaque matin , à faire un pas chaque jour est la présence de mes enfants.
Pour eux, on s'accroche même s'il est très difficile d'être un parent solo dans un contexte de deuil, de perte d'un mari et du père de ses enfants.
Comme beaucoup ici c'était l'amour de ma vie. C'était mon homme, mon complice, j'aimais son grain de folie, son côté électron libre, son intelligence, sa créativité dans sa passion de la montagne. Il me manque à chaque seconde, minute mais malgré tout je suis là.
Je vis au présent, je ne fais plus de plan pour mon futur, je laisse venir, je laisse faire la vie. Je rencontre de nouveaux amis, je vois moins les anciens. Je transforme la maison. J'accompagne du mieux que je peux mes enfants au quotidien avec des hauts et des bas aussi pour eux.
C'est un long chemin absolument pas linéaire. Il y a des sourires, des rires et des larmes.
Chacun sa route, son chemin en fonction de ses propres ressources internes, psychiques, expériences de vie. Pas de recette miracle, on fait comme on peut pour faire face à cette blessure que l'on garde à vie et qui nous transforme.
Je ne suis plus aujourd'hui la même personne qu'il y a bientôt trois ans.
Courage à toi Johanna, les avis tempêtes sont fréquents et violents les premiers mois, première année. Ce sont des étapes à passer. Comme le dit le Docteur Fauré il faut l'user cette douleur encore et encore et petit à petit sans que l'on s'en rende compte tout de suite il y a des moments plus doux et plus longs.
Douces pensées