Je vous lis depuis quelques temps.
Demain, cela fera 4 mois. 
Il est parti dans la journée, le jour de son anniversaire et après 35 ans d'une vie à 2 puis à 3 puis à 4 puis à 5 et depuis quelques temps avec l'arrivée de "p'tits nains"  comme il aimait les appeler. Une vie si riche, si pleine , si heureuse mais une vie imparfaite aussi car c'était une vraie vie.
Il n'a rien vu, enfin j'espère, je ne sais pas, c'est ce qu'on m'a dit et nous, pendant ces poignées d'heures, on a attendu, espéré, cru en sa force, son appétit de vivre, son énergie, sa foi en la vie, sa solidité, sa bonne santé....
Au-delà de la douleur et du vide et de la solitude malgré les enfants, les petits-enfants, les amis, la famille et tout leur amour; il y a tous ces sentiments que je lis ici et que je ne peux pas partager dehors parce qu'il n'y a qu'une personne vivant la même horreur qui peut comprendre et surtout je ne veux pas les inquiéter davantage. 
Cette envie par moment de tout lâcher,  de tout abandonner, ce désespoir qui submerge, cette culpabilité de vivre, de respirer, de sentir.
J'ai peur de demain, de l'avenir.
Moi non plus , je ne faisais rien dans la maison, cette maison si grande qu'il a entièrement rêvée, transformée. Je ne sais pas si je vais y arriver.
Je l'aime ma maison,  je m'y sens bien, protégée, même si la douleur est là, à chaque fois que j'arrive, que je me gare à côté de son scooter, que je passe devant son camion.
Depuis 4 mois, je n'ai pas rêvé une seule fois de lui, en tout cas, je ne m'en souviens pas. Les enfants, eux, rêvent pratiquement  toutes les nuits. Je ne sais pas si ça me manque en fait, parce que quand je dors, c'est le seul moment de la journée où  je suis apaisée.
Et même si j'arrive à être forte, à avancer, à construire ma carapace, pour aller travailler ; dedans, j'ai l'impression d'être  en miettes.
Tous se font du souci pour moi et veulent que j'aille voir un psy mais moi, j'ai pas envie.
Je n'ai pas envie de me raconter, je préfère partager, en tout cas, j'essaie, ici.
Parce qu'à part le temps, qui peut faire quoi?

Bonjour Jackie,

4 mois si longs et pourtant c'est comme si c'était hier, 4 mois de souffrances, de questionnement , la culpabilité et le déni en prime.....

Pour moi cela fait 28 mois, mais je n'ai rien oublié de ces premiers mois, des larmes de chagrin, de colère et de rage, et des supplications vaines, pour qu'il revienne, je croyais encore que c'était possible, ou bien je voulais y croire pardessus tout, puis la culpabilité a fait son chemin, pourquoi n'avais je rien vu, pourquoi n'ai je pu rien faire, et la douleur s'amplifie...

Désolée de te compter parmi nous, c'est un crève cœur, ici comme le dit Pitchounette tu pourras dire, écrire, crier si tu le souhaites, sans jugements, dans la compréhension.

Le chemin est long, pentu, caillouteux, on avance, et on recule, puis on avance encore des creux horribles si profonds , et des mois durant on cherche un sens à ce qui nous arrive, à notre vie sans eux, on tente de se reconstruire avec cette cicatrice à jamais là et comme tout cela fait mal....

Mais on finit par entre apercevoir une lueur, puis la lumière, si , si crois moi, et on s'habitue doucement , mais surement, à cette solitude, à faire des choses dans la maison que l'on avait jamais fait avant, pareil avec la voiture, on prend le relais, par force et obligation ....

Mais il en faut du temps , encore et encore....

Je t'embrasse.

zabou

Merci de vos réponses. En effet, vous lire m'aide même si ca ne soulage en rien la douleur. J’arrive à travailler quand je pars de la maison mais quand je suis à la maison comme cette semaine, je n'arrive plus à me concentrer. Je tourne, je range, j'ai l'impression de brasser du vent et j'ai un tel mal de crâne! Je n'arrête pas de penser à tous nos projets, à tout ce qu'il va rater, à tous ces jours qui vont passer et où il ne sera plus là.  A notre vie qui a disparu, d'un seul coup, en quelques heures. Je n'arrive toujours pas à y croire, par moment, oui, je suis dans la réalité de son absence et puis par moment j'arrive à le mettre de côté. Ça n'est pas arrivé. C'est peut-être pour ça aussi que je ne peux pas bouger ses affaires, ça me rassure que tout soit à sa place, comme si rien n'était arrivé. Parfois, j'ai l'impression de perdre la tête. Je vous écris et il me semble que ce n'est pas moi, que je rêve, que je joue un rôle.

Cela fera 5 mois le 7 et ses affaires sont toujours là. Il nous faut du temps oui, par forcément le même à tous mais c'est ainsi.

Merci de ces pensées. Je m'aperçois que je pense à vous à de nombreux moments dans la journée et ça me soutient.
Dur moment que ce vendredi soir où la semaine est terminée et où il va falloir affronter le week-end.  Tous ces projets qui n'existent plus,  ce week-end qu'on adorait  parce qu'on allait avoir du temps pour nous et  maintenant il n'y a plus rien.
Hier, ça a fait 4 mois et je n'arrive toujours pas à y croire. Pourquoi il a fallu que ça arrive? Pourquoi tu n'es plus là mon chéri, si fort, si rassurant, si aimant? Pourquoi je vais devoir affronter tous ces jours sans toi?
Je sais qu'il n'y a pas de réponse mais j'ai encore besoin de le dire. Je te veux, je veux tes mains, je veux tes bras, je veux ta voix. Je ne veux pas passer le reste de ma vie sans toi.
Merci à ce forum de me permettre de l'écrire et d'être entendue par des personnes qui comprennent ce que je vis et ce que je ne vis plus.

oui merci à ce forum
oui les WE l'horreur sauf quand on arrive à remplir ces vides de choses qui nous évitent de passer le temps à souffrir et pleurer mettre quelques heures de choses distrayantes de la douleur ...
pour mieux supporter ces heures si longues alors qu'avant ça passait si vite !
oui redire le manque ... le murmurer, l'écrire ici oui le manque dure très longtemps ...
Jacky tu es au bon endroit ...