Deux semaines la nuit prochaine, vers deux heures du matin, que tes yeux se sont fermés pour toujours. Que cette douleur est insupportable mon amour. Et je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi la vie a quitté ton corps subitement, comme ça. Certes, tu luttais depuis deux ans contre cette saleté de cancer, mais tu allais bien, tu vivais presque normalement, en dehors des chimios. Tu étais volontaire, actif. Puis d'un coup, en deux jours, tout s'est effondré. Si vite. Si vite que je n'ai pas compris. Et toi ? as tu compris ce qui se passait ? je n'en sais rien. Je ne sais pas si tu as su, si tu as eu peur. Le carcans des urgences nous a volé ces derniers instants. Quand ils sont venus me chercher, tu étais déjà dans le coma, cinq minutes après tu n'étais plus là. Et tout est douleur, terrible douleur. Tu me manques tant. Je ne fais que ressasser cette terrible soirée, qu'est-ce qui a cloché ? pourquoi ne nous a-t-on rien dit. La veille nous sommes allés aux urgences une première fois, On t'a laissé sortir, disant que tu serais mieux à la maison. Mieux pour quoi ? A croire que c'était un fatalité, une évidence pour eux. Mais pas pour nous. Pour eux tes analyses de sang étais bonnes, et cette douleur violente allait se calmer avec les médocs. j'ai le sentiment que l'on ne t'a pas écouté, et que l'on ne m'a pas écouté quand je disais que ton ventre était gonflé. pour eux il était normal, mais moi je le voyais tous les jours. j'ai vu la maladie le creuser, mois après mois. Et là, il n'était pas comme d'habitude. Je ne sais pas si on t'aurait sauvé, mais ce sentiment de banalité m'est chaque jour plus insupportable.
Pendant six jours, je suis allée te voir quotidiennement, je t'ai parlé, embrassé, caressé, âpreté, comme si je pouvais suspendre l'évidence. Je voyais ton sourire, ta bouche entrouverte, des expressions sur ton visage, que je connaissais si bien. Je n'ai pas voulu qu'on touche à ton visage, il était parfait comme ça. J'ai pleuré avec nos enfants, Nos si merveilleux trois enfants. Je suis si en colère qu'ils soient privés de leur papa. Je ne sais pas comment je vais pouvoir les aider, et je vais devoir pourtant être forte. Mais je vois tant de souffrance dans ce forum, tant de difficultés, des mois après, que ça me terrifie. Je veux être là pour eux. Tu as tellement souffert de l'absence de ta mère quand ton propre père est parti. Je ne sais pas comment faire mon amour. je ne sais vraiment pas.