Vous savez, Malibai, j'ai fait trois ou quatre grosses crises lors de lesquelles je revoyais ma femme hurler, suffoquer et mourir dans mes bras comme ça s'est passé (je revoyais la scène en boucle). Ces crises étaient très violentes, on les appelle post-traumatiques.
Je me voyais devenir littéralement fou, mon esprit disjonctait, les gens autour de moi ont même cru qu'il s'agissait de crises d'épilepsie. C'était encore autre chose que les crises de tristesse abominable qu'on peut vivre en période de deuil, aussi horribles (ce n'est pas une question d'échelle dans la douleur), mais différentes.
Bref, lors de ces moments où je me roulais par terre en hurlant qu'on allait tous mourir, ce n'est que lorsque j'ai appelé ma femme à l'aide que j'ai pu m'en sortir.
J'entendais sa voix qui me donnait des instructions, parfois des trucs débiles comme : "vas devant l'ordinateur, sur utube, cherche belinda de claude françois, trouve les paroles et chante !".
Ça paraît ridicule, d'autant qu'elle n'était pas fanatique de Claude François, mais il fallait un tout petit lien vers le réel, un fil à suivre aussi stupide soit-il pour sortir de ce tourbillon de folie furieuse. Ce fil m'a été donné par une voix qui était celle de ma femme, pas par mon entourage complètement dépassé à me coller des claques ou par un médecin.
Bien plus tard, ma femme s'est mise à me parler pour me guider dans la vie, les choses qu'elle me dit sont toujours très perspicaces, trop construites pour sortir de mon cerveau ravagé depuis sa mort. Je passe sur certains signes que je crois sincèrement qu'elle m'a envoyés.
Je n'étais pas du tout spirituel autrefois, je ne croyais qu'au néant après la mort et j'étais matérialiste à fond.
Fantôme je ne pense pas, construction de mon subconscient je ne crois pas non plus, âme, énergie, peut-être, je n'en sais rien...
Alors quand vous dites que vous entendez votre mari et qu'il est venu dans votre ventre, moi je vous crois.
Faut-il le laisser repartir ou le garder, je n'en sais rien.