Quand je vous lis sur les discours conventionnels qu'on peut subir je retrouve bien ce que j'entends depuis 15 mois que ma femme est partie. Heureusement j'ai connu des psychiatres et psychologues compréhensifs mais pour ce qui est de la fréquentation des gens lambdas... Rien que la question "comment ça va" me paraît idiote de la part de mon entourage, et encore plus stupide le fait de s'étonner si je ne rétorque pas que ça va bien. J'ai eu droit à pas mal de conneries comme si je sortais d'une grippe.
Bref... chacun est différent, comme chaque relation est différente, comme chaque amour entre deux personnes est différent... Certains se complètent, d'autres sont fusionnels, d'autres explosifs, passionnés, aventureux, calmes...
Peut-être que le type de relation peut jouer dans la difficulté à avancer pour le veuf ou la veuve (je ne parle pas de faire le deuil moi je ne sais pas ce que ça veut dire : passer à autre chose ? moins souffrir ? Etre capable de rencontrer quelqu'un d'autre ? ). Sans compter que c'est une expression tellement galvaudée aujourd'hui (on fait le deuil de son travail, de son chien, de sa vieille voiture...). Vient ensuite le caractère de chacun : après la période d'intenses souffrances et de tout ce qui va avec, certains recommencent une vie presque normale en respectant la mémoire de leur conjoint(e), d'autres continuent à sombrer, d'autres bricolent quelque chose...
Moi j'avance, je crois, mais ma femme était, est et restera mon grand amour, rien à faire des "mais tu es encore jeune" ou des "mais on ne vit pas avec les morts" des "mais tu es beau gosse quand même" etc... Je construis mon truc dans mon coin et ma femme tient une très grande place dans ma vie, tant pis si ce n'est pas ce qu'on attend de moi.
Comme Loma l'a dit on appartient au monde des morts et à celui des vivants.
D'ailleurs je suis bien mieux à passer du temps à penser à ma femme, à faire comme si elle était là qu'à écouter des guignols parler d'un match de football ou de politique. Ça ne m'empêche pas d'être un peu dans le monde des vivants... des fois...
Mais je ne suis sans doute pas le bon exemple à suivre...