Oui je vois ce que tu veux dire Orphila. Durant les premiers mois, les premières semaines surtout, j'avais toujours les automatismes de me dire, par exemple: "Tiens, je vais acheter tel plat pour Pierre et moi pour ce soir, ça lui fera plaisir", ou "Tiens, elle est belle cette musique, il faudra que je la fasse découvrir à Pierre", ou encore: "Tiens, C'est marrant ce que je viens d'entendre, il faudra que je raconte ça à Pierre" etc et, un infime instant je me réjouissais déjà de partager ces petits plaisirs simples avec lui, je voyais déjà son sourire, voire même son rire, je souriais moi-même...Puis je me rappelais, et mon sourire se figeait. C'est encore plus difficile après coup.
Et bien sûr, on continue de regretter ces petites joies: l'odeur du café qu'il préparait alors que j'ètais encore au lit, odeur rassurante et appéttissante du quotidien, accompagnée de la musique qu'il mettait en route en même temps. J'ètais encore au lit et ce parfum, ce bruit annonçaient une belle journée qui allait commencer; je me sentais choyée par l'homme que j'aimais, encore à moitié endormie, heureuse...
Cela dit maintenant, outre le manque, j'éprouve une émotion, une nostalgie très douces-la plupart du temps-en évoquant ces petits moments, et l'odeur du café, les musiques du matin ont un goût de Madeleine de Proust. Mon petit coin de paradis perdu, mais de paradis quand même...
Il faut du temps pour en arriver là, mais un jour jour c'est possible.