je vous partage un texte qui me touche ;
color=green]"Où s’en vont ceux qui nous manquent ? Nous accompagnons leurs corps jusqu’en terre et puis nous fleurissons leur mémoire, nous leur parlons comme
s’ils étaient encore là, quelque part, inaccessibles mais présents, bienveillants
et sages. Que ne donnerait-on pour une réponse, un conseil
de leur part, un mot pour dire… « Je veille sur vous » ? Et il nous suffit
de les évoquer pour qu’ils nous sourient dans notre plus beau souvenir,
de leur visage le plus lumineux. Nos absents nous accompagnent.
On ne peut rien leur cacher puisqu’ils nous regardent avec nos
propres yeux. C’est une étrange et intime conviction que l’on ne peut
partager qu’avec ceux que l’on aime, dans la confiance de n’être pas
raillé, mais, au contraire, conforté.
Ceux qui nous manquent remplissent le vide de leur absence par une
présence silencieuse et tendre. Toujours disponibles, ils sont auprès
de nous, derrière nos paupières closes, dans les moments de doute
ou de peur, dans les joies profondes.Dans la douleur de les avoir perdus,
il y avait cette impuissance à les retenir, à les aider, à les accompagner.
Dans le chagrin de leur absence, on a le sentiment d’être guidés
par eux, de leur conférer un rôle qu’ils n’ont ainsi jamais perdu.
En fermant les yeux, ils nous laissent leur regard, à la façon d’une
boussole. Peut-être ont-ils besoin eux aussi de nos pensées, de nos
lumières pour éclairer leur route ? Le chagrin n’est que le revers de
l’amour.Mais c’est encore de l’amour. Qu’il serait «triste de n’être plus
triste sans eux… »Au Panthéon de nos coeurs, nos absents ont toujours raison. Si l’on devait faire le portrait du bonheur, il aurait parfois le visage du chagrin,[
et la quiétude bienveillante de ceux qui nous ont quittés mais qui
veillent sur nous tendrement. C’est une image apaisante pour s’endormir,
pour s’orienter, ou se perdre dans leur sourire. Il y a un peu
d’infini dans cet amour-là. Ceux qui nous manquent semblent si sereins,
si proches, comme en apesanteur… Est-ce qu’ils trouvent en
nous leur chemin vers ailleurs ? Alors les vivants deviendraient la maison
de ceux qui les ont aimés. Et si un jour ils n’existent plus pour personne,
auront-ils vraiment disparu ? Se sentir aimé de son vivant, c’est
savoir qu’il existe quelque part un après, un moyen de poursuivre la
route ensemble. L’absence n’est pas qu’un vide. C’est aussi de l’amour
qui nous accompagne. Servir encore, être utile à quelqu’un… Un beau
destin pour nos absents…(Yves Duteil)[/color]