Bonjour Muriel,
Après le décès de mon mari ( pas par suicide, mais de maladie ), j'ai eu à prendre un grand nombre de décisions.
Des décisions qu'il n'a pas eu le temps de prendre, et sur lesquelles nous n'avons pas eu le temps d'échanger car sa maladie a été foudroyante, mais qui concernaient des éléments très importants pour lui.
Pour chacune j'ai tenté ( je dis bien "tenté " ) d'agir en fonction de ce que je pensais qu'il aurait fait. Cela a été difficile, douloureux. Cela m'a demandé un grand engagement, dans des moments où le chagrin et la colère m'atteignaient fortement et faussaient mon jugement, et j'ai parfois eu envie de baisser les bras.
Avec le recul de 2 ans et demi, je sais si j'ai bien fait, ou pas. Je me sens sereine avec certaines décisions prises, alors que penser à d'autres me tord le coeur, parce que je sais que je me suis trompée, ou que j'ai eu recours à la facilité.
Il y a deux points dans la demande que tu fais ici :
" Dois je engager la procédure de reconnaissance du suicide de mon mari en accident du travail, le faut-il vraiment, le voulait-il, en aurai-je la force ? " : je crois que tu as déjà la réponse. Je t'ai lue, et je sens en toi la force, le respect, l'honnêteté et une volonté profonde. Tu vas faire ce qui te semble le mieux, pour tes enfants, en souvenir de lui, et pour ne rien avoir à regretter.
Le deuxième point concerne la faisabilité et les chances de réussite de la procédure. Je ne suis pas juriste, mais à la lecture des éléments apportés par KPS , il me semble clair que dans le cas d'un suicide sur le lieu de travail, c'est à l'employeur de prouver que l'acte a été dicté par une motivation personnelle étrangère aux conditions de travail.
La charge de la preuve lui incombe, et il faut donc savoir s'il est susceptible d'avoir des éléments dans ce sens.
Au cas présent, le mail, même non signé, n'a pas la charge de preuve et est un élément en ta faveur.
Voici mes sentiments " à chaud " après la lecture de ton post.
(et je le répète, je ne suis pas juriste : un avocat spécialiste en ces affaires pourra te renseigner. S'il le faut, change d'avocat ...)
Amicales pensées.
Nora