Bonjour,

27 décembre, ça y est Noël a été fêté.
Pourquoi se faire autant de mal à vouloir se souvenir, chaque minute, à se remémorer des instants qui ne se reproduiront jamais? J'ai décidé il y a plusieurs semaines d'éviter ce comportement. Mon histoire m'appartient, mais les conversations avec les autres, de toutes façons n'aboutissent à rien d'autre qu'à de la souffrance et de la frustration.
Mon histoire est donc à l'intérieur de moi m^me, ni dissimulée ni occultée, mais elle n'est qu'à moi. Je ne cherche pas à évoquer la mémoire d'Olivier, je n'encombre pas les vies des autres avec la mort de celui que j'aime, je ne les mets pas dans une situation de compassion pour laquelle ils ne sont manifestement pas prêts. Et croyez-moi, la peine est moins lourde.
Quand je lis que certains appellent les téléphones, s'entourent de photos...comment faites-vous?...C'est insupportable rien que d'y penser...
Quand j'étais petite ma mère disait, "fais deux colonnes dans ta tête, celle des choses pas marrantes et celles des choses que tu aimes ou aimerais". J'ai reproduit le schéma. J'ai rempli à ras bord la seconde colonne.
Je vous souhaite toute la force possible,
Je rentre chez moi aujourd'hui, avec l'intention de changer de lit, de décor, de coiffure et d'humeur!
Bizàtous,
Je vous rejoins dès que possible,
Caroline

ça y est je l'ai trouvée en branle bas de combat...
Banzaï...

Cher Yohann,

Je crois que le travail de deuil n'exclue nullement ma façon de réagir. Je te le dis: je n'occulte rien, n'oublie aucun moment, reste consciente de ce qui est MAIS la vie m'attire, les enfants me demandent et le monde tourne. Il est probable aussi que mon caractère m'interdit l'illusion d'une quelconque présence, d'une vie "après", de retrouvailles improbables. NON. Olivier a préservé ma liberté et mon libre-arbitre, il n'est pas mort pour m'en priver.
Pourquoi chercher des raisons à tout? Pourquoi tout rationaliser version Fauré? Je suis au moins d'accord sur un point, les émotions cohabitent parfaitement parfois même jusqu'au chaos! Je suis abattue par le chagrin, désœuvrée de solitude mais je reste moi-même, je reconstruis ma vie avec ce qui me reste de meilleur. Je ne vais ni trop vite ni pas assez, d'ailleurs par rapport à quoi?! QUI, dis moi Yohann, peut comparer sa souffrance à une autre?
J'ai peur, vraiment, mais je suis confiante. La vie sera telle que je la mettrai en place, au moins du mieux que je pourrai.
Je lis tes messages et je sens que tu es très mal, mais Yohann, fais toi confiance! Arrête de consulter ces références...regarde toi intérieurement et accorde toi le droit à la vie. Monique est partie, tu es là. Encore une fois, la richesse de votre vie à deux t'a fait tel que tu es, ne gâche pas! Je vais être violente: à quoi servent tes remords? Pour toi ou les autres les remords sont des parasites de l'âme. Ils ne produisent que frustration et culpabilité. Arrête, remplis ta seconde colonne, et si ton imagination te fait défaut je te donne des idées: la générosité, la gentillesse, l'écoute, le vélo (aïe!!), l'émotion, les enfants, les passions et tutti quanti!
Je ne suis pas un cas à part, la confiance ça se partage alors tiens! attrape!
Caroline

Bonsoir Suzy, je suis contente de t'entendre, ça n'est pas fréquent.

Quand je suis arrivée sur ce site, perdue, paniquée, tu as été une des premières à me répondre, avec Pascale. Maintenant le temps a passé mais je sais que si j'ai tenu tous ces mois, c'est aussi à toi que je le dois.

J'espère que tu vas vite chausser tes raquettes en pensant à nous ( ici, sortie du métro..), et te trouver une minuscule tricoline pour te réchauffer. Avec un bon feu en prime.. ( ici, chauffage au sol, pas de cheminée à l'horizon.)

Je t'embrasse Suzy, donne des nouvelles.


Salut Caroline, je suis attentivement vos échanges avec Yohann, c'est encore mieux que les débats télévisés  . Yohann se torture pas mal ( mais il a très probablement des raisons pour ça qui lui appartiennent), et toi tu sembles avoir pris résolument le parti de vivre sans te poser trop de questions.
D'après ce que j'ai compris, Olivier n'est pas mort des suites d'une longue maladie, comme on dit ( ou je me trompe.) Pour moi ça fait une différence, évidemment ni plus ni moins difficile, juste différent. C'est vrai que moi aussi je suis parfois hantée par ces mois de luttes, d'espoirs toujours déçus, de paroles qu'on s'est dites avec l'homme que j'aime et que j'aurais voulu dire autrement. Le souvenir de son visage creusé, de ses yeux fiévreux, des moments où j'aurais pu dire à l'équipe médicale : arrêtez tout et laissez-le tranquille, et je ne l'ai pas dit, ça me poursuit encore 9 mois après. Ces images qui sont gravées je n'y peux rien, j'y pense tous les jours.
Lui qui n'avait, comme toi, pas la moindre illusion sur d'éventuelles retrouvailles ou le moindre "après", il m'a demandé, une semaine avant de mourir, si je l'aimerais toute ma vie (je l'ai déjà écrit mais ça continue de me poursuivre). J'ai répondu oui, mal à l'aise. Il a dit: moi aussi mais je ne sais pas si on se reverra ( il l'a écrit, il ne pouvait plus parler.)

Ce n'est pas si simple de retrouver confiance en la vie après cette longue, très longue descente. Quand on apprend la mort de celui ou celle qu'on aime de manière brutale, j'imagine que c'est tout aussi difficile. Mais le gourou ne dit pas un mot sur les circonstances de la mort, et peut-être que les suites sont vécues différemment. Je ne sais pas.

Bises à tous  :-*Lauren

Bonjour Pascale, Lauren, Caroline et vous tous,
Je lis vos échanges : optimisme résolu pour toi Caroline, volonté de croire en l'avenir, ouvrir les yeux sur ces portes qui s'entrouvrent et s'offrent à nous, et toujours beaucoup de souffrances parfois plus contenues mais toujours présentes...
L'aimer toujours, c'est une certitude, mais garder cet amour pour moi seule, sans l'extérioriser, c'est ce que je tente de faire actuellement. C'est très nouveau mais jusqu'à maintenant je n'ai que survécu. Il faut apprendre à présent à "revivre"... Il le voudrait, ça je le sais, mais c'est un difficile chemin et qui sera long encore. Début de la phase de reconstruction, dirait Christophe Fauré ? Peut-être. Je l'ignore encore. Nous verrons bien mais une chose est sûre : je ne veux plus me torturer en me posant mille questions sur ce que sera l'avenir sans lui. Comme un enfant qui apprend à marcher, les pas sont incertains. Je vais trébucher encore mais il faut avancer coûte que coûte. Pour vous tous, je vous offre cette chanson "La vie continue"
http://www.youtube.com/watch?v=8LkUmbu-g0c
Courage et douces pensées.
Christine

Bonsoir Laureen,
Ta réponse m'a fait infiniment plaisir...Ca m'a fait du bien de savoir que les paroles que je t'ai dites lorsque tu es arrivée sur le forum ont su te réconforter et t'ont aidée à avancer. C'est vrai que je ne viens plus trop sur le forum. Il y a quelques temps, il m'arrivait de me sentir presque "bien", j'étais très occupée et je n'avais plus vraiment besoin du forum...Mais bon, un peu de surmenage, la date anniversaire du décès qui approchait...la date de l'anniversaire de mon amour...la préparation des fêtes de Noël avec mes élèves...la fébrilité des gens autour de moi...ce Noël que je ne voulais pas fêter...et finalement la mort de mon chat ...tout cela a eu raison de moi et me revoici encore une fois au creux de la vague...Moi qui me sentais si forte il y a quelques semaines, je me rends compte que je ne suis qu'un être humain... Mais tu as raison Laureen de me dire de chausser mes raquettes...il fait si beau dehors, la nature va m'aider. J'ai aussi rallumé mon feu de cheminée hier soir et j'ai pensé à ma tricoline et au dernier regard qu'elle m'a lancé avant qu'elle ne ferme les yeux...il y avait comme de la reconnaissance dans ce regard...Elle souffrait tellement...Et elle ne s'est jamais habituée au départ de mon Jean-Da. Alors, je me console en me disant qu'elle l'a sûrement rejoint...mais je ne pourrai pas en reprendre une tout-de-suite, car en juillet prochain, je vais prendre un congé sabbatique d'un an pour partir dans l'humanitaire en Afrique. Il faudrait que je songe sérieusement à préparer cette année, mais pour l'instant, je n'ai juste aucune énergie...J'aurais juste envie de me mettre en boule sous la couette et dormir jusqu'au 7 janvier...
Grosses bises à vous toutes
Suzie