FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Pervenche le 04 août 2012 à 21:18:27
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Bonsoir,
Je croyais que j'allais mieux et ce soir, j'ai l'impression que cette fois je n'ai plus rien au monde.
Je suis allée voir ma grand tante de 94 ans qui est actuellement seule sur Paris et en fin de vie. Ma fille a souhaité venir avec moi. C'était très gentil et cela nous a fait plaisir à ma tante et à moi même.
En ce moment, ma fille ne va pas très bien. Son alternance en entreprise ne se passe pas bien, sa vie amoureuse non plus. Elle a mal supporté ma séparation d'avec son père, elle m'a aidée depuis la mort de Bruno. Mais là, elle est à cran et s'énerve de tout.
Et en rentrant nous nous sommes disputées. Pour une fois, je ne me suis pas laissée faire. Au sujet d'argent, d'une phrase malheureuse que j'ai eue ou plutôt qu'elle a mal interprétée. Le ton est monté. Elle n'a pas voulu que je la ramène en voiture et elle est partie en me disant qu'elle ne voulait plus entendre parler de moi.
J'ai toujours cédé dans ma vie. Avec ma mère, avec le papa de ma fille, avec ma fille. J'ai toujours fait les premiers pas. Par peur de perdre leur amour. Seul Bruno avait su se comporter avec moi en égal.
Ce soir, je n'ai plus rien. Ma fille me rejette et je pense qu'elle ne reviendra pas car elle a un caractère très fort. Je me sens si seule ! Les crises de larmes sont revenues et je ne vois plus à quoi ca sert de continuer. Je voudrais vraiment mourir. J'ai trop mal c'est trop dur cette vie de M...
je ne pensais pas mériter une telle souffrance. Je voudrais tellement que ca s'arrete.
pardonnez moi mais je n'en peux plus ce soir. Je ne voulais pas me laisser aller mais je ne sais plus quoi faire.
merci de m'avoir lu
Claire
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Yohann,
je n'ai pas pu attendre demain. j'ai envoyé un texto en lui disant que je trouvais débile de se disputer pour des bêtises. Et que même si on ne se comprend pas on s'aime et qu'elle est ce que j'ai de plus cher au monde.
Elle a répondu un texto assez agressif.
J'ai renvoyé un mail ou je lui explique que je comprends que pour elle c'est difficile, qu'elle a certainement raison mais qu'il faudrait peut être aussi qu'elle le fasse. Il me semble qu'elle ne veut pas entendre non plus certaines vérités.
Mais peu importe. Je pense que la vie est déjà un tas de m.... et difficile. alors, c'est vrai, je suis une mère inquiète, pesante, tout ce qu'elle peut penser. Je suis pas la mère idéale et je ne cherche pas à l'être. Je suis moi et elle est elle. Nous sommes deux personnes différentes. Avec des sentiments différents. des caractères différents. Un vécu différent.
Je pense qu'il faut admettre ces différences et ne pas vouloir changer l'autre.
Ce qui me fait de la peine, c'est la vision qu'elle a de moi. J'ai l'impression qu'elle ne me connait pas. D'un côté elle me voit comme une cruche naive et d'un autre côté elle pense que je suis intéressée par l'argent. Elle dit que j'ai un rapport bizarre avec. Ce à quoi j'ai répondu que pour moi, l'argent n'a d'importance que s'il peut l'aider. Le reste, du moment que j'ai ce qu'il me faut sans de nouveau galérer ca me va. Je n'aurais pas voulu qu'elle rate la chance de faire ses études pour des questions de fric. Moi j'ai été obligée. C'est tout.
Je pense juste que lorsque l'on aime ses enfants, on ne veut pas qu'ils galèrent comme on l'a fait soi même.
Maintenant je conçois qu'on puisse penser autrement mais alors, il ne faut pas vouloir faire croire autre chose. (je précise que cela a un rapport avec la séparation d'avec son papa)
Je lui dis aussi que je ne rejette aucune faute dessus. Qu'elle fait tout ce qu'elle peut à tout point de vue et je suis fière d'elle. Elle s'assume m'a soutenue durant ces derniers mois au delà de ce qu'une jeune fille doit faire pour sa mère. Je l'ai remerciée en lui disant qu'il faut qu'elle fasse des choses de son age, et qu'elle se reconstruise aussi.
Je lui dis que je crois qu'elle ne va pas très bien au delà de nos relations et cela me fait de la peine. et que j'essaie juste de lui montrer que je l'aime mais parfois elle est très dure. Je n'ai ni sa facilité d'expression ni sa vivacité d'esprit.
Je n'ai que ce que je suis et quoi qu'elle puisse penser, et elle est tout pour moi.
Voilà ce que lui disait mon mail... j'espère qu'elle va elle aussi cette fois faire un pas. Je souffre tellement mais je sais qu'elle est malheureuse aussi de cette situation.
Que c'est difficile. Je n'ai tellement pas envie de conflits !
Avec Bruno tout était tellement simple. Lorsqu'on était en désaccord, pas de heurts juste une conversation. Parfois, chacun gardait la même opinion qu'en début de conversation. Mais le respect de l'autre était là. Je n'avais jamais vécu cela avant. Qu'il me manque. C'était un vrai gentil. J'ai tellement peur de ne plus connaitre de bonheur. C'était la première fois de ma vie que j'ai vécu un rapport harmonieux. Cela me changeait tellement de mon ex mari et de ma fille.
J'aime tant la douceur. J'ai un si grand besoin de tendresse et là je me sens si seule. Surtout dans des situations de conflits comme aujourd'hui.
Je suis désolée de vous embêter avec mes histoires mais je me demande pourquoi Dieu s'il existe me punit autant ? Suis je vraiment si mauvaise ?
Claire
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Claire,
Apres un tel drame, nous sommes "à fleur de peau" et il est normal que la moindre remarque, dispute ou autre prenne des proportions plus importantes qu'on ne l'aurait souhaité, et c'est ce qui s'est sûrement passé ce soir avec ta fille. Ses paroles ont certainement dépassé ses pensées.
Fais le premier pas si tu penses qu'elle ne le fera pas elle même et rappelle la dès ce soir afin d'avoir une conversation plus sereine avec elle. N'attends pas, autant "crever l'abcès tout de suite".
Mais je t'en prie, bannis de ton vocabulaire "je voudrais m....". Je ne te dis pas que ça ne m'a pas aussi parfois effleuré l'esprit dans des moments de découragement, mais non, finalement, la vie reprend le dessus, et nous sommes la claire, à tes côtés.
Essaye peut-être ce soir une petite séance d'hypnose pour te relaxer ;)
Je reste en ligne si tu as besoin de parler.
Je t'embrasse très fort
Karine
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Oh Karine,
Comme d'habitude j'ai fait le premier pas.
Elle vient de me répondre. C'est horrible je ne vois plus quoi répondre à son mail. Il met une fois de plus un terme à notre relation. Elle est sèche et dit vouloir se protéger. Que nous nous reverrons car il est difficile de faire autrement mais que nous nous en "tiendrons au strict minimum"
Elle ne veut plus que je lui verse tous les mois ce qu'il l'aide à vivre et me demande un rib pour me rembourser d'un prêt que j'avais fait l'année dernière pour ses études mais dont elle n'avait pas eu besoin pour cela et que je pensais qu'elle l' avait utilisé pour survivre ce qui était normal.
J'ai le moral à zéro. Je me fous de l'argent. Déjà avant le départ de Bruno alors maintenant....
Elle doit téléphoner demain pour ses petites bêtes que je dois garder pendant ses vacances. J'espère que petit à petit les choses s'arrangeront mais elle est si dure !
Je n'ai pas sa force de caractère. Je manque beaucoup d'assurance. Une des "pertes secondaires" du départ de Bruno est cela : il était ma force, il me soutenait. Il savait comment ma fille peut être dure.
Comme si, dans l'état où je suis, j'avais besoin de ça. Mais pour elle tout à l'heure elle m'a dit "c'est trop façile de ramener tout à Bruno".
Que cela peut faire mal. Les gens extérieurs nous blessent mais les plus grandes blessures nous sont faites par nos proches...
J'ai pris 1/2 lyxanxia exceptionnellement car je me sens vraiment très très bas. Je me sentais mieux ces derniers jours. Et là tout à coup j'ai l'impression d'être revenue en arrière.
je n'arrête pas de repleurer.
que tout cela s'arrête
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Effectivement, vos relations houleuses étant plus anciennes que je ne le pensais, il sera effectivement plus difficile de trouver rapidement "un terrain d'entente".
Alors, pour ce soir, Claire, ne penses qu'a toi, ménages-toi, ton cachet aidant, tu trouveras peut-être le sommeil plus rapidement, et après une bonne nuit de repos, tu pourras réfléchir peut-être demain plus sereinement à la relation avec ta fille.
Que c'est frustrant de ne pouvoir t'aider que par écrit !
Attention ! J'attends de tes nouvelles demain matin...
Prends soin de toi. Je t'embrasse très fort
Karine
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Merci Karine,
Je vais essayer de dormir un peu.
bonne nuit à toi
Claire
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Claire,
La soirée était électrique hier, moi, c’est avec mon père que j’ai eu une grosse grosse dispute.
Et je me suis couchée, ruisselante de larmes … avec un Lysanxia entier. Et ce matin, mes yeux ressemblent à de vilaines saucisses à apéritif que l’on aurait oubliées dans le micro onde et j’ai la tête pleine de coton.
Dimanche, dure journée le dimanche.
Pour petit rappel, mes parents, octogénaires vivent avec nous depuis plus de 4 ans, et avec moi seule depuis le départ de Pierre, il y a 2 ans. Maman, seule était en fauteuil roulant au départ, mais en avril, papa a fait une mauvaise chute et à son tour a trouvé le fauteuil roulant à son gout. Le corps médical assure qu’une bonne kiné et un peu d’effort suffiraient pour qu’il remarche, mais non, aucun effort. J’ai du faire appel à des aides, 2 fauteuils, 2 exigences, 2 surveillances… Je ne parviens pas à retrouver un sommeil normal, car la nuit ils m’appellent pour telle ou telle chose, font des cauchemars ont des besoins urgents… bref j’ai l’oreille aux aguets.
Tout cela est très fatiguant mais normal. Que je m’occupe de mes parents n’est pas de l’héroïsme comme toi, tu t’occupe de ta fille.
Cependant, il y a des limites à l’abus de faiblesse.
Ta fille et mes parents, sans doute « immatures » et surtout égoïstes, ont bien compris que ne pas s’inquiéter des autres et en particulier de nous, était payant, que notre manque d’Amour, notre fragilité, notre besoin de contact affectif étaient une aubaine, nous mettant aussitôt dans la position de demandeur, prêts à accepter tout en échange d’un peu de tendresse.
Oh, c’est inconscient, certes, mais bien réel. Dans la nature, si la nourriture vient à manquer, on sacrifie le plus faible pour nourrir les autres. Bon, j’en conviens, je fais dans le grossier, mais ma dispute d’hier n’est pas passée. Et ta phrase : « Les gens extérieurs nous blessent mais les plus grandes blessures nous sont faites par nos proches... » m’a interpellée sérieusement.
Oui, tu as raison.
Mon père m’a dit hier : Mon Dieu, que tu as changé, tu es devenue acariâtre et aigrie! On ne peut rien te demander, c’est toujours « non ». Et comme je lui disais que j’avais du mal à gérer ma propre vie depuis le départ de Pierre, et que j’avais besoin qu’ils m’aident au lieu de me compliquer la vie, il m’a répondu : Trop facile de tout ramener à la mort de Pierre. Cela ne te rappelle pas quelque chose, Claire ?
Comme toi, Claire, hier soir en prenant mon Lysanxia, je me suis dit, tiens, pourquoi ne pas terminer la boite. Propre, net et sans bavure.
Comme toi, avec Pierre, nous pouvions être en désaccord, il y avait discussions, échanges, parfois passionnés, pour tenter de convaincre l’autre et au pire, nous gardions chacun notre opinion, sans disputes, sans rancune.
Il était ma force et quand je ne parvenais pas à faire quelque chose il venait à la rescousse et tout était simple. Il me conseillait, me stimulait, me rendait belle et heureuse.
Bon, et bien ce matin, le soleil s’est encore levé. Il va falloir assumer. Alors, on va assumer, toi, comme moi, comme tous les autres qui sont en souffrance. Et attendre un mieux.
Marina
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Marina,
J'ai honte de me plaindre quand je vois la situation que tu dois affronter chaque jour. Comment fais tu pour t'en sortir ? ne serait ce que physiquement cela doit être tellement éprouvant. Alors si en plus il y a l'aspect moral...
Moi aussi la boite entière m'a fait un clin d'oeil... mais j'ai réfléchi hier. Ce n'est pas la bonne solution. En plus avec le peau que j'ai, je me retrouverai encore une fois avec un tuyau dans la gorge et on me sauverait !
Je sais que je suis faible en effet et qu'il suffit de rien pour me rabaisser et me blesser. j'ai eu une mère méchante et j'ai choisi de ne pas reproduire le shéma. J'ai eu du mal à avoir un enfant. C'est peut être pour cela que je l'ai élevée en ayant toujours peur de la perdre.
Alors après une nuit où curieusement j'ai dormi un peu moins mal que d'habitude (merci lyxanxia qui me permet de fuir), j'ai répondu par mail.
Et là, comme par hasard, le mail n'arrive pas à sa destinataire. Je le recopie et l'envoie en textos. Puis, je regarde de plus près pourquoi ca n'a pas marché. Il parait parmi mes nombreux défauts que je suis mytho, que je l'accuse à tord (c'est vrai c'est arrivé une fois !) de choses comme regarder sur mon ordi (car elle a les clés de la maison)...
et là, je vois que dans sa barre adresse 'expéditeur' de sa réponse hier un "_" a été modifié en "-"
curieux non ? alors en effet quand j'ai fait répondre, ça n'a pas pu marché. Tant pis, après le texto, j'ai renvoyé le même message.
Dans ce message je lui dit :
"Quel gâchis et que de temps perdu ! Mais je ressens combien ta souffrance est grande. Si je t'ai blessée je te demande de m'en excuser. Je ne me justifie en rien car je n'ai pas à le faire. Je ne justifie pas, j'explique mon ressenti. Tu me dis le tien et je le respecte.
Je prendrai les relations comme tu les voudras parce que le plus important pour moi est que tu sois heureuse. Alors, si c'est une manière de te protéger de moi, je l'accepte tout en restant celle que je suis, mère imparfaite mais mère au fond des tripes.
Il est normal qu'une maman s'inquiète de son enfant, notamment sur la route mais aussi sur tout ce qui peut t'arriver.
Quoi que tu puisses penser, je t'aime, peut être trop, sûrement mal. Tu as été désirée et tu resteras toujours la personne la plus importante pour moi.
Je t'embrasse tendrement."
C'est la seule chose dont je me sens capable. Pouvoir aimer malgré tout. Je suis gênée de livrer des choses aussi personnelles à des inconnus. Mais ai-je bien fait ? Ma réponse est elle apaisante ?
Mes yeux sont aussi très gonflés ce matin. Mais malgré tout, je peux me regarder dans la glace. Je m'en fiche un peu de paraitre faible et de ne pas riposter aux attaques.
Je pense qu'elle est vraiment mal et cela me fait tellement de peine. Je voudrais qu'elle soit heureuse mais tout semble si compliqué avec elle.
Je sais que la force de mon amour s'épuise à force de tyrannie. Il parait que c'est moi qui me pose en victime. Peut être. Mais il me semble que les "jeux" instaurés dans les relations se créent de part et d'autre des protagonistes.
Je ne peux plus supporter d'être un jouet. Alors je vais maintenir mon cap en espérant qu'un jour, l'amour et la douceur me seront retournés.
Bruno était ainsi. Doux, constant dans ses sentiments. C'est notamment pour cela que je l'aimais.
Pour toi, Marina, c'est si difficile. Mais ton papa semble aussi jouer de son handicap. Il est tellement plus facile de retourner la situation et de dire que cela vient de toi. Et là pour eux, la "preuve" est trouvée : nous sommes égoistes puis que nous ramenons tout à nous.
Ma fille m'a toujours dit que c'est moi qui inverse les rôles !
Alors, je ne vais plus me battre, parce que ca n'en vaut pas la peine. Je prendrai ce qu'il y aura. C'est tout.
La vraie raison de la vie ne doit pas être dans ces futilités. Ce n'est pas possible. Mais comme c'est une blessure supplémentaire.
Le soleil est là. Alors, j'ai mis du mascara sur mes yeux gonflés, du blush pour avoir bonne mine... je vais laver ma voiture et prendre l'air. Faire comme si tout allait bien, afficher un sourire puisque tout le monde me trouvait toujours souriante... sauf ma fille et mon ex mari évidemment !
Je te souhaite beaucoup de courage Marina. Je sais que ce n'est pas facile. Il faut te ressourcer. Tu t'épuises à trop aider les autres. Mais il faut et je le comprends que tu restes fidèle à ce que tu es, que tu puisses ne pas culpabiliser de ne pas avoir fait, te pouvoir te regarder dans une glace.
Je suis certaine que tu le peux. Parce que tu as des valeurs, et tu es fidèle à ces valeurs.
je t'embrasse.
Claire
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Claire,
Ma vie n’est pas plus et pas moins lourde à porter que la tienne ou celles des autres.
Il y a des jours où l’injustice me parait insupportable. Parents, enfants, relations, amis, tous savent mieux que nous ce que nous devons faire, aucun ne cherche vraiment à se mettre à notre place. Il faut dire qu’elle n’est pas envieuse notre place !
Comme toi, une fois encore, je sais que je suis loin d’être parfaite, mais je fais le maximum. C’est comme cela. Je tente de faire mieux, mais j’ai mes limites.
Nuit agitée malgré le Lysanxia, maman a eu des cauchemars.
Levée tôt pour moi et effet « stress », depuis ce matin, je range, jette et fais des cartons « à donner », ou à la décharge...
Maman réveillée, je l’ai installée, préparé son petit dej et demandé comment elle avait dormi. Un mot en réponse : mal.
J’aurais bien aimé un : Et toi, ma chérie ?
Papa se réveille, je vais l’aider à s’installer. Pas un mot, pas bonjour, rien.
Je me contenterais donc de cela.
Je sens que je vais faire plusieurs voyages à la décharge aujourd’hui ! Pas de mascara et pas de rouge à joues. D’ailleurs je n’en n’ai plus chez moi.
Tiens bon Claire.
Marina
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Bonjour Pervenche, bonjour à tous,
Permettez-moi de vous dire que le mail que vous avez adressé à votre fille me paraît extra de la part d'une maman qui veut le bien
de sa fille... En italien (j'ai vécu en italie) on ne dit pas je t'aime mais "ti voglio bene" -je te veux du bien- ça me paraît plus clair !
Souvent fusionnelles les relations mère-fille... Une relation que J'ai connue en d'autres temps, après un divorce qui n'a rien arrangé car notre enfant a souvent été prise à partie par son père et sa belle-mère.... Bien compliquées de telles histoires pour des jeunes qui démarrent dans la vie, j'étais très jeune moi-même, il me fallait remonter la pente et je me dis que j'aurais pu faire autrement pour la dégager d'histoires d'adultes trop lourdes, démoralisantes, qui ne la concernaient pas....
Dès l'âge de 15 ans, elle a commencé à m'en vouloir, ne m'épargnait pas, tout en m'aimant beaucoup, j'ai gardé toutes ses lettres... Une fois mariée, je la voyais peu... j'en ai souffert énormément... Elle désirait être à sa vie bien à elle et oublier ce qui avait été un traumatisme pour elle...
Un jour j'ai écrit, à peu de choses près, ce que vous avez écrit en lui demandant juste... le respect... que je regrettais de l'avoir encombrée, souvent sans le vouloir, de mes problèmes, mais qu'en tant que mère elle pouvait compter sur mon aide si elle en avait besoin .J'ai compris trop tard qu'elle devait avoir des "troubles de l'humeur" qui la rendaient hypersensible et que son attitude était un moyen de se protéger, un bouclier ! Il m'aurait fallu garder mon calme dans les moments où je percevais son attitude "comme agressive" que j' attende qu'elle s'arrête d'elle-même, mais je ne savais pas !
Et puis 22 ans plus tard, elle m'annonce son divorce et me dit que "tout se passera bien ne t'inquiète pas".... Je pense qu'elle a revécu quelquechose qu'elle n'avait pas dépassé... qui lui a fait peur... qu'elle a accepté trop de choses pour protéger ses deux enfants, ce qui n'a fait que l'enfoncer.... Ces deux enfants en deux ans ont connu la séparation de leurs parents puis la perte de leur maman....
Pour être guidée dans l'attitude à adopter avec ses petits j'ai trouvé une psychologue dans un service d'entraide qui m'aide pour eux... ce qui m'est extrêmement difficile étant donné que moi je ne pense qu'à ma fille, qu'à sa souffrance qu'à mon chagrin... Il faut pourtant que j'y parvienne.... Je la reverrai le mois prochain pour les enfants, je ne veux pas me tromper avec eux... bien qu'ils
connaissent ma douleur... Pour moi-même, j'assiste à un groupe de paroles et je vois une psy qui m'écoute généreusement qui sait être aidante dans ses interventions...
Plus le temps passe plus je me dis que la vie de nos enfants doit être bien distincte de la nôtre... que tôt ou tard on compose avec une histoire dont on hérite qu'on aurait préférée plus légère... nous comme eux !
Ce n'est que mon humble point de vue de mère et de grand-mère qui continue à tâtonner...
C'est surtout le manque de votre Bruno qui vous fait souffrir... et ici nous savons de quoi vous parlez nous comprenons ce que vous éprouvez...
Votre fille ira à sa propre vie mais n'oubliez jamais qu' elle vous sera reconnaissante de lui faire confiance, qu' elle vous aime.
Chaleureusement.
Mamm'j
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Coucou mes pôv chérie,
C'est vrai non seulement, il faut gérer la souffrance et la douleur de l'être aimé, mais en plus pour certains les situations changent et peuvent être difficile et laborrieuse..
On change , on est plus les mêmes et non, un peu de nous, un peu de lui ou elle et beaucoup d'une autre personne qui est en train de naître: nous..
Notre entourage ne comprends pas "mais qu'est-ce qu'il leur arrive??"
Mais que peut-il encore nous arriver comme catasrophe??: ça c'est la question qu'on se pose..
Comme je disais dans un autre poste , on est en décallage...
Marina : réclame pour toi le merci, le bonjour, et un je t'aime ..
Ce n'est pas humain de subir la mauvaise humeur même de quelqu'un qui souffre je sais de quoi je parle...
Surtout si tu aides..
Tu es fortes, dévoués, gentille, rendante service, à l'écoute et tu accours ..
prends soin de toi, et toi Claire, laisse faire ta fille, elle est vivante en bonne santé et elle râle tout va bien...
Elle a besoin de toi, elle regimbe parce que tu te défends, c'est tellement facile d'être dur avec le demandeur et de refuser une main tendue, c'est bien plus facile que de la tendre...
Toutes les 2 vous vivez des choses difficiles en plus de cette douleur à gérer..
Je vous envoie plein de force et de tendresse..
Pascale la Louve
J'ai envoyé pas mal de choses et de gens dingués et curieusement ils sont revenus.... ;-)
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Chères Marina, Pascale et Mammj,
Merci beaucoup pour vos mails réconfortants et plein de sagesse malgré la douleur que vous vivez vous aussi.
Avant la mort de Bruno, je suis allée voir une psy parce que je pense que mon problème de poids est psychologique. Après quelques séances elle m'a dit que je n'avais pas de problème pouvant être résolu par la thérapie comportementale cognitive.
J'avais mis ma vie à nu. J'ai compris que même si j'ai un comportement qui provoque chez ma mère, ma fille et mon ex mari un comportement qui me détruit, je ne suis pas la seule fautive.
Je pense être toujours à me remettre en cause. Mais, eux ont leurs "problèmes comportementaux" et peuvent être vampiriques, ou toxiques, destructeurs. Aucun ne veut reconnaitre que le problème peut venir d'eux, de leur égoisme. Ma fille a un comportement tyrannique sans sans rendre compte. Elle ne le fait pas exprès.
Elle ressent une grande souffrance et j'aurais aimé lui effacé toute peine avec un bisou magique... mais ma magie de maman n'opère plus depuis longtemps.
Quand nous ne rentrions pas dans son jeu avec Bruno, Elle m'a reproché de ne jamais l'écouter, de ne pas pouvoir me parler !!!
Elle veut la première place, être mon centre d'univers et puis, après elle veut que je sois comme elle veut. Disponible quand elle a besoin. Pas présente quand elle a mieux à faire !
La psy m'a dit que j'étais tjours dans le respect de l'autre avec Bruno et ma fille. que c'est ca le lacher prise.
alors comment faire à part laisser là aussi le temps faire son oeuvre. Malheureusement, je pense qu'elle s'en rendra compte quand j'aurais disparu. Et j'aurais tellement voulu qu'elle ne souffre pas à ce moment là. Les relations fusionnelles sont destructrices.
Pascale, j'espère que le creux de ma vague est passé pour toi. Mammj, je suis certaine que vous faites tout ce qu'il faut avec vos petits enfants. Ils ont bien de la chance ! Marina, courage, peux tu dire à ton père avec un grand sourire :" oui, merci j'ai bien dormi, et toi, je suis contente de constater que tu es comme d'habitude de bonne humeur " ?
Je vous embrasse bien fort
Claire
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Yohann,
j'ai pris connaissance de ton post au moment où j'envoyais le mien.
Je te remercie. Tu as tout à fait raison. Je vais simplement prendre ce qu'il y a à prendre. Il m'est difficile de "prendre" la mauvaise humeur de ma fille. Cette mauvaise humeur est quasi permanente depuis quelques temps. Rien ne fonctionne comme elle veut. Elle se rend malheureusement compte qu'elle ne peut pas tout régenter car les autres ne se laissent pas faire.
Alors, cela une fois de plus s'est retourné contre moi et je rentre tête baissée dans les perches tendues.
Mais je vais prendre sur moi, montrer que ce n'est pas grave, que je l'aime mais que je ne peux pas me changer. Je lui dirai simplement que je comprends mais que je ne "prends" pas sa mauvaise humeur. Je sais un peu comment elle fonctionne mais elle est tellement dure qu'elle est capable de ne plus me parler pendant plusieurs mois comme il y a quelques années.
Elle a 23ans .
Dans son mail elle dit notament :
"- nous continuerons a nous voir car il nous est difficile de faire autrement mais il est evident que nous ne seront pas aussi proche que tu le dis car cette ambiance instable pres de toi est nefaste pour moi et la encore j imagine que tu ne comprendras pas en quoi car tu ne t estime pas instable, or oui tu l es je suis dsl de ne pas trouver les mots pour te le dire en face a face ce qui conduit toujours a un conflit. Et comme je te l avais dis lors de la derniere situation similaire je prefere ne pas avoir de lien que de maivais liens comme il nous est difficile et surtout qu il es ridicule de s eviter nous nous en tiendrons au strict minimum."
Je précise que j'ai toujours été là pour elle. Que je me suis retrouvée seule avec elle lorsqu'elle avait 18 mois jusqu'à 4ans. (ensuite son papa qui nous avait mis à la porte est revenu et nous nous sommes mariés).
J'ai toujours tout accepter pour elle. Aujourd'hui, j'accepterai ce qui lui convient pour qu'elle soit heureuse mais dans le respect de moi.
Le 8 Bruno aurait eu 48 ans. Il n'est plus là et tout remonte. Il me manque. Il était mon soutien. Lui aussi avait des problèmes avec un de ses fils... celui avec lequel ma fille est sortie...
maintenant c'est terminé mais nous pensions Bruno et moi, qu'elle essayait de s'identifier à moi.
La psy m'a dit qu'en effet, les faits que je lui ai raconté dans le comportement, montrait qu'il y a bien un problème de ce coté là.
J'espère ne pas vous avoir saouler avec mes problèmes qui doivent vous paraitre bien futiles.
Nous sommes si fragiles. Un rien nous bouleverse. Je vais me reprendre.
Bises
Claire
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Oh la.... climat houleux.... Marina et Claire....
Comme dirait Yohann... laissez faire le temps....
Pour toi Claire... ta fille reviendra... ne t'inquiète pas... bien sûr les paroles font mal.. mais j'ai eu le même problème avec ma fille...et elle est bien revenue ... et je sais qu'on s'aime très fort...
Marina...les parents !! tu sais dans quel monde ils vivent dans "leur monde à eux " dans leur bulle avec leur égoîsme et leurs exigeances....
NOUS on ne compte pas de la même façon à leurs yeux... et malheureusement ce qui nous est arrivé....on a l'impression que c'est déjà oublié !!mais nous ne sommes plus les mêmes ... plus jamais !
hier ma mère me demandait le jour de "mon" anniversaire... parce qu'elle se souvenait "vaguement" qu'il y avait un anniversaire !! mais ne savait plus le jour ??? ??? :o:c'était le 24 juillet ! du passé donc !!
j'adopterais la méthode de Yohann...parler... demander... et parler... un peu beaucoup de respect aussi ils te doivent.... avec ce que tu fais pour eux....
bon courage à toutes les deux.... je suis avec vous... je pense à vous...
bisous bisous :-* :-*
Sylvette
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Sylvette,
merci de ton soutien.
entretemps, texto plein d'humour de sa part : "lors de la livraisons de ces demoiselles un forfait manucure leur sera offert"
Ma fille parle de ses cochons d'inde que je vais garder pendant ses vacances.
Nos petites bêtes ont souvent été une manière détournée pour reprendre contact...
Depuis, plusieurs textos échangés pour déterminer l'heure, donc tout semble aller ! c'est incroyable. Je n'ai jamais pu m'habituer aux sautes d'humeur. Je me dis que j'ai eu raison de ne pas rentrer dans la lutte mais de dire mes sentiments.
Ce n'est vraiment pas facile.
Que la constance de Bruno me manque, J'aimais tellement sa douceur. Il est la première personne proche à se conduire avec moi avec respect, sans jouer avec les sentiments. Il avait des défauts bien sur mais si peu !
Je te souhaite un bon anniversaire très en retard Sylvette. Ce n'est certainement pas de la faute de ta maman si elle a oublié, peut être a t'elle des pertes de mémoire ? Je suis sure qu'Alain te protège.
Je crois que c'est vrai, pour les autres, la perte de nos compagnons, c'est déjà de la vieille histoire. Mais nous nous sommes marqués pour toujours. J'ai du mal à concevoir que je pourrais revivre un jour autre chose surtout avec une personne n'ayant pas connu cette situation.
Bisous
Claire
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Merci Claire...
ben voilà... tu vois ! ;)
fô pas se précipiter..; c'est sûr que ça fait mal au coeur
à son ptit coeur qui aurait besoin tant de tendresses et d'amour..... ????????????? ::)
et ta fille a ses soucis aussi et ses problèmes... et peut être pas à l'aise de voir sa maman malheureuse....
et un ptit conseil...ne jamais dialoguer quand on est en colère ... par SMS c'est Alain qui me disait cela et il avait raison !
ça n'apporte jamais rien de bon !
et ma maman... je lui pardonne... l'âge.. le temps...s'occuper de mon père qui n'a plus toute sa tête ! même si elle n'oublie pas tout ... pour les autres ! mais il y a bien longtemps que je n'attends plus rien....
C'est vrai.. qu'ils nous manquent tous... nos hommes...horriblement ! .j'espère qu'ils nous gardent une place... là haut...
pas facile.. la vie... pour celles et ceux qui restent...
Mon Alain m'avait dit une phrase la dernière semaine... " on aurait mieux fait de ne pas se rencontrer.. maintenant c'est toi qui va être malheureuse" !
lui avait déjà vécu cela et il savait ce que c'était ! et moi je ne savais pas l'enfer qui m'attendait.... sans lui !!
mais je n'ai jamais regretté de l'avoir rencontré 10 ans auparavant... au contraire ... il m'a apporté tant de choses....
l'Amour est plus fort que tout Claire... Pour ta fille... pour ton Bruno....
Courage.
Bisous
:-*Sylvette
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Je trouve les réponses des uns et des autres franchement merveilleuses...
Continuez à croire à la force qui est en vous.... mais aussi à la force de l'amour pour vos êtres si chers disparus
et l'amour que vous portez à ceux plus ou moins présents autour de vous...
Et au besoin, si vous n'avez encore rien entrepris, sachez que l'UNAFAM qui m'a écoutée plus
d'une fois... peut vous répondre sur "écoute-famille" au 01.42.63.03.03, voire par mail !
Moi, dans ma détresse, j'ai appelé de partout...
Pas plus tard qu'hier, je suis tombée" sur une excellente écoutante de SOS amitié... (de Tours, à l'antipode de ma région )
ce qui n'est pas toujours le cas --et il vaut mieux le savoir-- ; toutefois, je persévère... car je tiens à tenir debout pour ma dignité face à deux petits-enfants !
Y parviendrai-je ? je n'en sais strictement rien... sachant que je cherche surtout à prouver que leur maman a sombré dans le désespoir, qu' elle a lutté pour eux pendant deux ans, qu'elle les aimait plus que tout,... qu'elle ne pouvait prévoir que ses forces l'abandonneraient ! Allez leur expliquer cela à ces deux gosses qui ne comprennent rien à rien parce qu'il ne savent rien étant donné que, pour les protéger, on les a tenus à l'écart de tout !!! Que de questions ils ne seront pas sans se poser plus tard...
Mes encouragements et mes affectueuses pensées à toutes et tous.
Mamm'j
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Merci de vos messages.
Oh, je n’aurais sans doute pas parlé de ce « détail » de ma vie, si Claire n’avait eu ce gros gros coup de cafard au même moment. Nous avons vécu la même soirée !
Cela m’a semblé opportun de faire un rapprochement entre la vie avec une grande ado (de nos jours on ne sait même plus à quel âge ils deviennent adultes !) et la vie avec d’anciens ados qui en ont de nouveau tous les travers. Je me suis dit qu’elle se sentirait moins seule.
Le grand mot de ces deux catégories d’âge: JE.
Et le seul moyen d’accepter, et de supporter : l’Amour.
Parfois, il y a révolte, rébellion, nous aussi on a envie de dire JE.
Alors il y a accrochage.
Après il y a chagrin, chagrin pour certains mots qui nous ont été jeté à la figure - on dit que la vérité s’exprime dans la colère-, chagrin pour cette injustice, chagrin pour une agression supplémentaire.
Et aussi remord, parce qu’on n’aime pas être fâchés, parce que la plus belle des victoires c’est de savoir pardonner.
Et puis tentative de raccommodage.
Mais c’est une nouvelle blessure à cicatriser, sur un corps déjà meurtri.
Et puis, cela nous tire de nouveau vers le fond, plus l’énergie de tenir la tête hors de l’eau.
Plus d’énergie du tout d’ailleurs.
Oui, Véro, depuis quelques mois, mes parents ayant été prévoyants, nous avons mis en place un planning d’auxiliaires de vie qui viennent de 9 :00 à 22 :00.
Cela m’a changé la vie, car enfin, je peux baisser ma garde et ne pas être sous tension 24/24, comme avant.
Quand à « sortir » de la maison et avoir des instants à moi !!!
Vous n’allez pas me croire, mais mes parents sont devenus mes enfants, ils sont dans un stress pas possible s’ils ne peuvent pas me localiser une seconde, que ce soit dans la maison ou à l’extérieur.
Si je m’échappe (le terme est choisi volontairement) pour aller faire le plein à Carrefour, ils calculent le temps aller-retour-courses et me téléphonent pour savoir où je suis et quand je rentre ! C’est un véritable drame s’ils tombent sur ma messagerie. Les auxiliaires sont présentes, mais ils m’en veulent de prendre mes distances et d’aller respirer ailleurs.
Je rappelle que je vais sur mes 55 ans ! Et que d’après mon père, je suis indépendante, autoritaire, … et acariâtre. Va savoir pourquoi ?
Enfin, s‘il n’y avait pas de l’amour réciproque cela serait invivable. Mais cela reste cependant parfois difficile à vivre au quotidien.
Nous avons tous « nos quotidiens », des jeunes enfants qu’ils faut porter vers la lumière et le bonheur, tandis que l’on a le cœur déchiré, des ados, ingrats et exigeants qui ne connaissent que la première ligne des conjugaisons « Je », des petits-enfants que l’on aimerait voir plus souvent, la solitude d’une maison soudain silencieuse, ou des parents, qui sont dans leur monde comme tu le dis Sylvette, et ne veulent surtout pas aborder le notre, trop douloureux…
Fin de journée.
Une journée monacale pour moi.
Nous nous sommes croisés, trois mots échangés.
Ambiance lourde.
Dehors, la pluie n’est pas loin.
Dedans, vivement ce soir que je puisse me retrouver dans notre chambre, dans notre grand lit…
Douces pensées à vous tous.
Marina
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Bonsoir Marina,
Ton histoire avec tes parents me parle beaucoup car c'est mon travail. Je m'occupe d'un service de soins pour les personnes âgées dépendantes vivant à leur domicile, et je vois beaucoup d'"enfants", vivant auprès de leurs parents âgés qui se lassent eux aussi....
C'est important de t'accorder des moments de répit, avec des aides à domicile, mais tes parents doivent aussi comprendre que tu peux sortir sans être en perdition et eux aussi... Quelquefois c'est difficile de leur faire comprendre, mais tu n'es pas à leur service 24h/24 et ils peuvent comprendre, si tu veux tenir dans la durée, il faut les habituer. Mais peut être se font-ils du souci pour toi depuis le décès de ton mari et qu'ils n'osent pas en parler ? Ce serait bien que lorsque tu iras mieux tu puisses leur parler pour leur dire ce que tu ressens. Ce ne sont pas des enfants, mais bien des adultes, tes parents, et dans mon travail je me bagarre souvent avec cette idée que " lorsque nos parents vieillissent nous devenons à notre tour, leurs parents" !!! Non et non, ils restent nos parents, ils sont adultes, et nous restons leurs enfants. S'ils ont besoin d'aide c'est normal de les aider, mais pas de se mettre à leur service entièrement; tu as ta vie, ils ont la leur...
Je te choque peut être, mais l'âge n'autorise pas tout, et dans mon travail je vois des situations qui deviennent dramatiques pour certains enfants (je vois aussi des situations inverses...)
De tout coeur avec toi, Marina
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Chère Marina,
toi qui as toujours une attention particulière pour chacun de nous, de la douceur et des mots justes, j'aimerais soulager ta peine.
Il est normal que tu te révoltes de temps en temps par rapport à la conduite des tes parents qui sont, sans le vouloir, devenus tyranniques.
Ils dépendent de toi et la situation est difficile surement pour eux à accepter. Ton père devait être autoritaire certainement avant ?
Oui c'est bien d'essayer de faire des tentatives de raccommodage après les accrochages. Mais je suppose que tu culpabilise tellement que c'est toujours toi...
Tu fais tout ce que tu peux et c'est en cohérence avec la personnalité que je découvre au fil des conversations. Tu es à fleur de peau, mais je pense que tu as par nature une grande sensibilité. Je trouve généreux de ta part de nous en faire bénéficier et de te livrer. Tu nous fais un cadeau de confiance, et c'est d'autant plus magique pour moi, qui comme tu me l'as écrit "j'ai la froideur dûe à la peur de m'effondrer". Je me retranche souvent derrière les faits pour ne pas me laisser submerger par mes émotions, parce que j'ai toujours peur des autres, peur d'être blessée à nouveau.
Le grand mot de ces deux catégories d’âge: JE.
Et le seul moyen d’accepter, et de supporter : l’Amour.
Parfois, il y a révolte, rébellion, nous aussi on a envie de dire JE.
Alors il y a accrochage.
Après il y a chagrin, chagrin pour certains mots qui nous ont été jeté à la figure - on dit que la vérité s’exprime dans la colère-, chagrin pour cette injustice, chagrin pour une agression supplémentaire.
Et aussi remord, parce qu’on n’aime pas être fâchés, parce que la plus belle des victoires c’est de savoir pardonner.
Et puis tentative de raccommodage.
Mais c’est une nouvelle blessure à cicatriser, sur un corps déjà meurtri.
Comme ces phrases sont vraies. A t'on eu le droit de dire JE dans notre vie ? oui avec Bruno, et toi surement avec Pierre. C'est parce qu'avec eux, nous étions respectées, aimées.
Tu as 55 ans. J'en ai 48. Pas tant de différences. J'ai recommencé à me re maquiller bien après ma reprise du travail. Moi qui m'habillait toujours en noir, pour paraître moins grosse, avant la mort de Bruno, j'ai acheté un peu de couleur.
Maquillage et habits de couleur pour mettre à l'aise les autres. Parce que mes yeux gonflés et ma tristesse se voyaient. Cela les faisaient fuir. Certains qui ne savaient pas mon deuil, ont même eu des phrases "ca n'a pas l'air d'aller, tu as l'air fatiguée,tu as mauvaise mine, tu es malade ?" très délicat ! Maquillage parce que Bruno aimait. Parce que, dans ma vie, je n'étais jamais venue travailler sans avant le décès.
Pour rassurer la famille, ma fille, les collègues. Bref encore me mettre de côté, parce que moi je n'avais pas envie. Et puis, l'habitude est revenue. Je remets les habits qui me plaisent même s'ils sont noirs.
Il faut que tu gardes une part d'indépendance. Ca va être difficile au début. Mais il faut l'imposer pour te reconstruire et dire à tes parents que c'est aussi pour eux. Mais que tu ne t'éloignes pas. Tu es là mais il y a des moments où il faut que tu fasses autre chose.
Essaie de leur expliquer un jour où "ca va"...
Je te laisse car je suis au travail. Je reviendrai un peu plus tard si je peux
gros bisous
Claire
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Bonjour Marie,
Merci de tes conseils de « pro ».
Lorsque nous avons proposé à mes parents de s’installer avec nous, la dépendance de maman devenant ingérable pour papa, nous ne pensions pas que la vie nous réservait d’autres douloureuses surprises.
De l’avis général, nous faisions une grosse erreur, en les faisant entrer au milieu de notre vie, de notre couple, perdant ainsi liberté, intimité… Et c’est vrai que cela ne fut pas simple. Mais comment faire autrement ?
Nous vivons en milieu rural et les auxiliaires de vie ne se bousculaient pas pour répondre à nos annonces.
Et puis, la maladie de Pierre et son départ…
Là, il a bien fallu trouver des aides et à force d’essai, d’échecs et de bouche à oreille, une bonne équipe s’est formée. Mais mes parents restent très … soudés à moi, et ils ont pris de mauvaises habitudes, je règle tout ce qu’ils ne veulent ou ne peuvent pas faire, j’organise, je soigne, je prends les décisions, … mais je dois aussi leur laisser leur liberté !
Non, ils ne se font pas de souci pour moi depuis le départ de Pierre.
La dernière semaine de vie de Pierre, je l’ai passée à son chevet, 24/24. Mes parents avaient été acceptés dans un centre de rééducation, ensemble pour leur différentes pathologies. Moins d’un semaine après l’enterrement de Pierre, ils m’ont reprochée mon absence auprès d’eux et m’ont déclarée que je les avais exclus de ma vie et la mort de Pierre.
La psy des soins palliatifs m’a expliquée qu’à 80 ans, le temps passe différemment et que l’on n’a plus de temps à perdre, il faut vivre vite et ne pas s’attarder.
Mon père, d’ailleurs, un soir où je pleurais m’a dit : Oh, arrête avec tes larmes de crocodile, cela fait maintenant 1 mois, çà va bien !
Non, ils ne se font pas de souci pour moi.
Ils ont vieilli, ne pensent plus qu’à eux, simplement et il parait que c’est normal.
Ce ne sont pas des enfants, dis-tu ?
Pour moi, si. Ce sont des enfants.
Mêmes attentes insensées, mêmes caprices, mêmes peurs, mêmes exigences, mêmes dépendances, mêmes propos, mêmes sujets de disputes, même égoïsme et je ne parle pas de la dépendance physique, des blessures partout, avec tous objets, des chutes par inattentions, des prises risques inconsidérés, des actions dangereuses. Et les à cotés, sans danger mais qui ramènent encore à l’enfance. Non, ce ne sont plus des adultes.
Je ne me vois pas cependant les « abandonner ». Ils sont et ont été des parents formidables, et il y a beaucoup d’Amour entre nous, mais parfois, je craque.
Oui, je dois reprendre un peu d’indépendance et je vais le faire, à présent que nous avons trouvé une équipe sérieuse et solide d’auxiliaires de vie.
Merci pour tes conseils, Marie.
Ils me confortent dans l’idée que trop en faire n’est bon pour personne.
Marina
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Bonjour Claire,
Merci de ce long message.
Pour tout dire, hier soir encore, mon père s’est de nouveau « déchainé » contre moi, cherchant délibérément à me faire mal. Bien sûr, j’imagine bien les raisons à cette violence verbale. Oui, tu as raison, il a toujours été autoritaire, le patriarche, décidant plutôt, nous lui laissions croire qu’il décidait !
L’âge et la dépendance venant, ses décisions sont devenues incohérentes voire dangereuses et nous avons dû le contraindre bien des fois à y renoncer. Il vit mal cette nouvelle situation et cette « privation de liberté ». Cependant, la méchanceté n’est pas pardonnable. Et oui, je suis à fleur de peau et même si je sais qu’il a de l’Amour, un immense Amour, je suis profondément blessée.
Ce matin, j’avais donc décidé d’être « absente, » hors de sa vue, dans le bureau ou dans notre chambre, l’auxiliaire du matin prenant la maison en charge. Ne pas le voir pour ne pas avoir à l’affronter une fois de plus. Mais il m’a demandé de venir… pour me présenter des excuses pour son attitude de ce week-end.
Alors, exit les mots durs et blessants. On s’embrasse et on fait semblant d’oublier.
Mais comme je l’ai dit cela ne s’efface pas sans laisser de trace. Une autre cicatrice, un bobo qui guérira, mais laissera une marque.
Avec Pierre, oui, comme avec Bruno, « JE » était le mot le plus important… en dehors des mots d’Amour ! -. Lorsque l’un de nous disait JE, l’autre était attentif et prêt à dire : d’accord, pas de problème, on y va, on fait, …
Parce qu’aimer, c’est rendre l’autre heureux en priorité. Parce que, quand l’autre est heureux, on est tellement heureux !
C’est lui donner la place au soleil, s’il aime le soleil, à l’ombre s’il préfère l’ombre, c’est se mettre en cuisine parce qu’il a envie d’une daube, lui donner le morceau de viande qu’il aime, le fruit le plus mûr, le plus juteux, le couvrir quand il s’endort et que la fraicheur tombe, ranimer le feu tout doucement pour qu’il sente la chaleur, lui préparer un plateau-gouter avec brioche au beurre et confiture.
C’est veiller à ce qu’il mette un chapeau quand il travaille au jardin, lui apporter une citronnade pour le rafraichir.
C’est le rassurer quand il est inquiet, le soutenir quand il se sent agressé, le protéger contre la terre entière.
C’est connaitre sa taille de chaussures, de caleçon, de pantalon …
C’est se forcer à aller à la communion de sa nièce, au mariage d’un cousin, c’est l’accompagner au chevet de son père mourant et l’aider à surmonter son chagrin, le consoler comme on console un enfant, grand corps de 100kilos qui sanglote sans retenue… C’est aussi le soigner, croire avec lui que tout va bien, rire dans sa chambre d’hôpital et pleurer dans le couloir, dormir dans un fauteuil auprès de son lit, sa main dans la notre, lui trouver meilleure mine alors qu’il a perdu 20 kilos…
C’est bien, Claire, que tu es le respect des autres au point de faire des efforts de présentation. Je ne travaille plus et vis à la campagne, mais depuis le départ de Pierre, mon apparence physique ne me concerne plus du tout. Ma famille se désespère de me voir « goumarée », fagotée comme l’as de pique, avec ce qui me tombe sous la main en sortant de la douche.
Je suis contente que tu te sois réconciliée avec ta fille. Nous sommes si fragiles les uns et les autres, tout le monde nous dit de prendre soins de nous, de nous ménager, mais peu savent prendre soins de nous, comme « lui » ou « elle » le faisait.
Merci Claire, à te lire encore.
Je t’embrasse.
Marina
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Bonsoir Marina,
je n'interviens que rarement sur le forum mais depuis près de 4 mois, je vous lis chaque jour et cela m'apporte du réconfort et un soutien.
Ce qui m'interpelle, c'est ce que tu vis avec tes parents. Je suis à 60 Km de chez mes parents enfin de ma mère (âgée de 88 ans ) puisque mon père est décédé le 15 juin ( à 91 ans). Je ne suis pas allée les voir pendant les 7 mois de la maladie de mon mari qui était hospitalisé à la maison et invalide ( cancer moelle osseuse)
Jamais, ils ne m'ont fait de reproches et bien au contraire mais ils étaient encore autonomes et valides.
Le fait de devenir dépendant d'une autre personne même de sa fille, transforme les gens et leur perception devient très différente
Par Contre pendant 10 ans, nous avons eu mon beau-père invalide et c'était un homme adorable qui est devenu agressif avec ma belle mère qui pourtant a fait tout ce qu'elle a pu jusqu'au bout. je comprends comment ce peut être difficile pour toi d'assumer , seule, cette charge émotionelle.
Il est difficile de voir ses parents devenir "autres " à cause du grand âge et de la maladie.
Maintenant que mon beau-père n'est plus là depuis 3 ans, je ne pense plus aux mauvais moments et je ne me rappelle que des bons souvenirs d'un homme convivial et cultivé . Plus tard, j'espère que tu arriveras à ne te rappeler que les bons souvenirs de tes parents
En attendant, je ne peux que te souhaiter beaucoup de courage pour affronter cette situation délicate. Je ne sais si au stade de mon deuil, j'aurais la force que tu as et que tu as eu jus qu'à maintenant
Je t'embrasse Marina
Hirondelle
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Merci Hirondelle,
Je n'ai même pas besoin de réfléchir pour te dire que tous les moments difficiles seront oubliés... ils le sont déjà, au fur et à mesure que les réconciliations succèdent aux disputes.
Je sais que pour eux, même si nous faisons le maximum, la vie n'est pas amusante.
Mais parfois, je me dis que je m'éteins doucement avec eux, dans cette ambiance de tristesse infinie.
Heureusement, depuis peu, les auxiliaires viennent animer nos journées, avec parfois leurs enfants, avec un gateau surprise, un jeu de cartes... Ce sont des filles formidables et elles me redonnent, par leur joie, leur enthousiasme et leurs rires, des envies... de vivre.
Je t'embrasse Hirondelle.
Prends soin de toi.
Marina
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Chère Marina,
J'ai eu peu de possibilités de me reconnecter en journée au bureau pour te répondre. C'est curieux, le fait d'échanger nos émotions sur ce site ont éloigné un peu mon obsession de Bruno. J'ai pensé à toi, à ta vie, à tes parents que tu soutiens avec un dévouement magnifique.
Je sais que tu ne peux pas faire autrement. Ce n'est pas dans ta conception et dans ton caractère.
Je pense que tu as eu raison de t'éloigner un moment. Ton père t'a demandée et présenté des excuses. J'imagine qu'il a dû ruminer avant de le faire.
Mais cela prouve qu'il est un adulte, même si sa conduite est celle d'un enfant. Mais ne sommes nous pas tous enfants par moment ? il sait que sa conduite n'est pas juste. Je pense que tu dois lui faire comprendre que lorsque tu "t'éloignes", ce n'est pas une punition mais que tu te ressources pour mieux l'aider par la suite.
Que fais tu de tes journées ? Que faisais tu lorsque Pierre était là ? travaillais tu ? qu'aimais tu faire ?
Tu sais, je te propose une chose : essaie juste de prendre un tout petit peu plus soin de toi. Pour le souvenir de Pierre. Pourrais tu t'habiller comme il aimait ? essayer juste par mémoire et par amour de lui, ou te maquiller un peu si tu le faisais avant. Tu pourrais par exemple, choisir une date, t'y préparer. Une date ou un jour de la semaine qui représentait quelque chose pour vous deux.
Et puis, c'est l'été. Tu me dis que tu habites en province... Pourquoi ne pas faire une grande promenade comme si tu avais rendez vous avec lui. Respirer, t'allonger dans l'herbe et regarder l'immensité, car même si tu ne le vois pas, il est là et souhaite que tu te reconstruise. Il t'aimait et n'aurait pas voulu que tu vives si longtemps dans cette souffrance.
Chère Marina, tu as en toi tellement de bonté. Ne te laisse pas blesser continuellement. Tu mérites le respect et l'amour. Je sais bien que pour les personnes agées, le temps n'est pas le même et que c'est la personne qui fait le plus pour eux qui est celle sur qui ils peuvent exercer leur "agressivité".
Si c'est ce qui se passe souvent, ce n'est pas quelque chose de normal. L'amour ne permet pas tout. Il faut te préserver et ne pas "t'éteindre avec eux, dans cette ambiance de tristesse infinie"
Ce n'est pas la vie. Il faut que tu prennes soin de toi, s'il te plait. Ici, tu es un exemple, nous avons tous besoin de toi et nous sommes tous avec toi dans ta douleur.
je te serre fort dans mes bras
Claire
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Chère Marina, tu as toute mon admiration, je ne ferais pas ce que tu fais pour tes parents. Pour mon mari, mon enfant oui. Mais si les parents sont agressifs ou désagréables, je crois qu'après le vécu de la mort de ton être aimé, ce serait un choix très conscient que je ne pourrais pas assumer.
Tu es donc fantastique chère Marina, et j'espère tellement que tu as du soutien (moral aussi) autour de toi, c'est vraiment trop lourd tout ce travail, toute cette charge émotive, en plus de ton deuil à réaliser.
Tu écris: Moins d’un semaine après l’enterrement de Pierre, ils m’ont reprochée mon absence auprès d’eux et m’ont déclarée que je les avais exclus de ma vie et la mort de Pierre.
La psy des soins palliatifs m’a expliquée qu’à 80 ans, le temps passe différemment et que l’on n’a plus de temps à perdre, il faut vivre vite et ne pas s’attarder.
Mon père, d’ailleurs, un soir où je pleurais m’a dit : Oh, arrête avec tes larmes de crocodile, cela fait maintenant 1 mois, çà va bien !
Non, ils ne se font pas de souci pour moi.
Ils ont vieilli, ne pensent plus qu’à eux, simplement et il parait que c’est normal.
Je me demande si tu arrives ou non à penser à toi?
Je t'embrasse et t'envoie toute une panoplie de bonnes et douces ondes,
Caroline
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Bonjour tout le monde...
Je vous lis et je m'aperçois que la relation parent/enfant est vraiment compliqué...
J'ai une relation "compliqué" avec ma mère, aprés 2 ruptures, la 1ère 1an1/2 et la seconde de quasiment 3 ans, je viens à nouveau de mettre fin à la relation une semaine avant la fête des mères...j'avoue pas terrible, terrible...mais bon...il fallait, je vous explique....
Marc, avant de décédé est resté 15 jours dans un coma médicamenteux, mes parents ne sont venus le voir.
Ensuite si je voulais les voir, il fallait que MOI, je me déplace...dans l'état ou j'étais...
La tombe a été installée le 20 juillet 2011...le jour de mon anniversaire...à l'heure d'aujoud'hui ils ne l'ont encore pas vu.
La '1ère' date anniversaire de son décés était le 17 Mai 2012, pas un coup de fil, pas un ptit chèque ou virement pour que je m'occupe de le fleurir pour eux...rien.
Là, la colère m'a prise et je leur ai dis ce que j'avais sur le coeur....j'ai été reçu....à les écouter je suis égocentrique, pas raisonnable, je me regarde le nombril parce que je ne comprends pas qu'eux aussi ont des soucis....je rève...enfin bref...
Tout ça pour vous dire, que quelque soit notre vie, quoiqu'il nous arrive, les notres, ne sont pas forcément tendres avec nous, je partage réellement votre peine, parce que franchement dans cette situation, on a pas besoin de ça...
Je suis fille unique...c'est con quand même que ça se passe de cette maniére...mais bon, je vais garder les ressources qu'il me reste pour mettre à profit le fait de faire mon travail de deuil comme il se doit et tant pis pour eux....
Si quelqu'un veut de moi, je suis à l'adoption :P
J'espère que mon humour n'est pas décalé dans ce poste, parce que je sais que j'ai le don des fois.
Bises à vous tous.
Je vous envois plein de tendresse.
Christelle- Choupinette
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Bah non, Choupinette, ne t'en fais pas. Aujourd'hui même, ma soeur a eu 50 ans, c'est l'aînée de la famille. Cette soeur est une personnalité limite, agressive, centrée sur elle-même. Ma mère n'a pas voulu la voir et ne veux pas la voir.
Je crains tellement que pour plus tard, ma fille me rejette... je tente de trouver des solutions pour qu'elle se sente libre, malgré le fait qu'on soit si soudée l'une à l'autre (elle a 9 ans). Mais il faudra peut-être aussi passer par cette étape.
Bon courage à toutes!
Caro xx
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Bonjours a tous
je lis et relis vos messages ,comme vous etes courageuses,encore une belle leçon de vie pour moi....
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Mes amis,
Même si vos nombreux messages de soutien et de tendresse me vont droit au cœur, jusqu’à me faire verser ces larmes qui restent encore si présentes, j’ai un peu honte de m’être laissée aller ainsi à étendre ma vie, qui n’est pas un enfer, loin s’en faut et me plaindre.
La balance a pratiquement toujours pesée du bon coté pour moi et la chance semblait ma compagne, fidèle. Cela m’a toujours paru un peu injuste, d’ailleurs. Mon tempérament faisait que souvent, je me forçais à remettre les pieds sur terre : attention, il y aura forcement un moment où cela va s’arrêter. D’où mon envie sans cesse de tenter d’aider ceux, moins heureux que moi. Et je dois avouer que parfois, porter la souffrance d’autrui est aussi lourd que de porter la sienne.
Mais, contrairement à l’adage, le bonheur ne rend pas égoïste, il peut rendre inquiet et généreux… Enfin, égoïste, si, car mon bonheur ne peut être parfait si je vois la douleur et la peine autour de moi.
Je me souviens d’un départ en vacances avec Pierre. Le merveilleux moment de la route vers le soleil, les bagages faits, les envies de, les projets, la vie devant nous… A quelques kilomètres, en traversant une ville, une mamie, toute vieille, toute tordue, avec une méchante canne faite d’un vilain bâton, un affreux cabas rafistolé au bras et qui, péniblement, pas à pas, traversait la rue. Le silence est lourdement tombé dans l’auto. Pierre, comme moi, avons ressenti les blessures de cette vieille dame, au plus profond de nous.
Non, ma vie n’est pas un enfer. Du moins, mon quotidien. Dans ma tête…
J’ai surmonté ma stérilité grâce, une fois encore, à Pierre. Je l’ai acceptée, à force de me dire que je ne pouvais pas tout avoir. Et puis, j’en ai fait une force, en en parlant librement, un rien provocatrice. Et un jour, j’ai reçu un courrier d’une relation de bureau. Elle m’annonçait qu’elle attendait un bébé… grâce à moi ! Non, je n’étais pas le père ! J’avais simplement, parait-il débloqué un verrou psychologique chez elle, elle, dont les sœurs avaient eu de nombreux enfants, terrorisée de ne pas pouvoir assurer une descendance à un mari en attente, considérait sa stérilité comme une maladie honteuse. Je l’avais, me disait-elle, décomplexée. Alors, cet enfant, je l’ai eu, par procuration !
La relation parents-enfants n’est en effet pas simple, même lorsqu’il y a beaucoup d’amour. Sans aucun doute le fossé des générations, la notre, plus libre et spontanée, la leur a qui on a appris à « encaisser » et à se taire. La notre qui attend, espère, et se désespère, la leur qui rumine en silence et ne laisse rien voir… La notre qui hurle sa souffrance, la leur tellement enfermée dans le silence.
La maladie et le départ de Pierre, c’est la pire chose qui pouvait nous arriver. Je me doutais bien qu’un jour, la vie se compliquerait et que le rose virerait au gris. Mais pas çà. Comme pour chacun de vous, c’est l’épreuve ultime.
Mais pour ceux qui mettent de l’espoir dans le temps qui passe, je veux dire que oui, le temps et ce que nous en faisons, est un sérieux allié. Comme le dis si bien Yohann, le temps seul ne peut rien. Regarder les aiguilles tourner et les jours passer ne suffit pas. Vivre le chagrin et la douleur, s’y vautrer parfois, se houspiller ensuite, se cacher du monde pour mieux l’affronter ensuite, se ratatiner dans un fauteuil avant d’aller tondre, débroussailler ou rentrer du bois. Et peu à peu faire seul(e) ce que nous faisions ensemble… Oui, je peux dire que si on veut y arriver, c’est possible. C’est une lutte au quotidien. Et peu à peu, les doux souvenirs remontent du fond de l’abime, et viennent nous aider et nous porter.
Infiniment merci à vous tous.
Je vous sers dans mes bras, bien fort.
Marina
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Ah, Marina, quelle douce réponse, elle me va droit au coeur. J'ai lu goulûment chacun de tes mots, j'en avais besoin.
Comme le dis si bien Yohann, le temps seul ne peut rien. Regarder les aiguilles tourner et les jours passer ne suffit pas.
Dans ma tête, la suite aurait dû être "Parce qu'il faut être active"!
Un de mes démons, c'est de me sentir coupable de ne "rien faire". Étant égal à: ne pas travailler, ne pas finaliser les travaux de la maison, ne pas être plus active que cela, me morfondre, oui, pleurer, faire ma "victime". Tout ça me dit: "T'es moche Caro".
Et là, tu ajoutes (et ça me sauve):
Vivre le chagrin et la douleur, s’y vautrer parfois, se houspiller ensuite, se cacher du monde pour mieux l’affronter ensuite, se ratatiner dans un fauteuil avant d’aller tondre, débroussailler ou rentrer du bois. Et peu à peu faire seul(e) ce que nous faisions ensemble… Oui, je peux dire que si on veut y arriver, c’est possible. C’est une lutte au quotidien. Et peu à peu, les doux souvenirs remontent du fond de l’abime, et viennent nous aider et nous porter.
Non, je ne fais pas rien. Je m'y vautre, oui, la plupart du temps, seule... puis je regarde autour de moi, et je trouve de quoi à faire: le linge à laver, à plier, un livre à lire, vous écrire, laver la vaisselle, me préparer à manger, arroser les plantes des amies parties en vacances. Payer mes factures...
C'est peu mais je tente de me dire que je suis rendue à ce moment-là.
Kiss Marina et bon courage pour demain :)
Caro xx