Auteur Sujet: nouvelle descente dans l'enfer  (Lu 10640 fois)

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alsy

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #15 le: 05 août 2012 à 14:38:41 »
Merci Claire...
ben voilà... tu vois ! ;)
fô pas se précipiter..; c'est sûr que ça  fait mal au coeur
à son ptit coeur qui aurait  besoin tant de tendresses et d'amour..... ????????????? ::)
et ta fille a ses soucis aussi et ses problèmes... et peut être pas à l'aise  de voir sa maman malheureuse....
et un ptit conseil...ne jamais dialoguer quand on est en colère ... par SMS c'est Alain qui me disait cela et il avait raison !
ça n'apporte jamais rien  de bon !
et ma maman... je lui pardonne... l'âge.. le temps...s'occuper de mon père qui n'a plus toute sa tête ! même si elle n'oublie pas tout ... pour  les autres ! mais il y a bien longtemps que je n'attends plus rien....
C'est vrai.. qu'ils nous manquent tous... nos hommes...horriblement ! .j'espère qu'ils nous gardent  une place... là haut...
pas facile.. la vie... pour celles et ceux qui restent...
Mon Alain m'avait dit une phrase la dernière semaine... " on aurait mieux fait de ne pas se rencontrer.. maintenant c'est toi qui va être malheureuse" !
lui avait déjà vécu cela et il savait ce que c'était ! et moi je ne savais pas l'enfer qui m'attendait.... sans lui !!
mais je n'ai jamais regretté de l'avoir rencontré 10 ans auparavant... au contraire ... il m'a apporté  tant de choses....
l'Amour est plus fort que tout Claire... Pour  ta fille... pour ton Bruno....
Courage.
Bisous
 :-*Sylvette

Mammj

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #16 le: 05 août 2012 à 15:05:20 »
Je trouve les réponses des uns et des autres franchement  merveilleuses...
Continuez à croire à la force qui est en vous.... mais aussi à la force de l'amour pour vos êtres si chers  disparus
et l'amour que vous portez à ceux plus ou moins  présents autour de vous...
Et au besoin, si vous n'avez encore rien entrepris, sachez que l'UNAFAM qui m'a écoutée plus
d'une fois... peut vous répondre sur "écoute-famille" au 01.42.63.03.03, voire  par mail !
Moi, dans ma détresse, j'ai appelé de partout...
Pas plus tard qu'hier, je suis tombée" sur  une excellente écoutante de SOS amitié... (de Tours,  à l'antipode de ma région )
ce qui  n'est pas toujours le cas --et il vaut mieux le savoir-- ; toutefois,  je persévère...  car je tiens à tenir debout pour ma dignité face à deux petits-enfants !
Y parviendrai-je ? je n'en sais strictement rien... sachant que  je cherche surtout  à prouver que leur maman a sombré dans le désespoir, qu' elle a lutté pour eux pendant deux ans, qu'elle les aimait  plus que tout,... qu'elle ne pouvait prévoir que  ses forces l'abandonneraient ! Allez leur expliquer cela à ces deux gosses  qui ne comprennent rien à rien  parce qu'il ne savent rien étant donné que,  pour les protéger, on les a tenus à l'écart de tout !!! Que de questions ils ne seront pas sans se poser plus tard...
Mes encouragements et mes affectueuses pensées à toutes et tous.
Mamm'j
« Modifié: 05 août 2012 à 18:41:10 par Mammj »

Hors ligne Marina Saboya

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #17 le: 05 août 2012 à 17:44:59 »
Merci de vos messages.

Oh, je n’aurais sans doute pas parlé de ce « détail » de ma vie, si Claire n’avait eu ce gros gros coup de cafard au même moment. Nous avons vécu la même soirée !
Cela m’a semblé opportun de faire un rapprochement entre la vie avec une grande ado (de nos jours on ne sait même plus à quel âge ils deviennent adultes !) et la vie avec d’anciens ados qui en ont de nouveau tous les travers. Je me suis dit qu’elle se sentirait moins seule.

Le grand mot de ces deux catégories d’âge: JE.
Et le seul moyen d’accepter, et de supporter : l’Amour.

Parfois, il y a révolte, rébellion, nous aussi on a envie de dire JE.
Alors il y a accrochage.
Après il y a chagrin, chagrin pour certains mots qui nous ont été jeté à la figure - on dit que la vérité s’exprime dans la colère-, chagrin pour cette injustice, chagrin pour une agression supplémentaire.
Et aussi remord, parce qu’on n’aime pas être fâchés, parce que la plus belle des victoires c’est de savoir pardonner.
Et puis tentative de raccommodage.
Mais c’est une nouvelle blessure à cicatriser, sur un corps déjà meurtri.

Et puis, cela nous tire de nouveau vers le fond, plus l’énergie de tenir la tête hors de l’eau.
Plus d’énergie du tout d’ailleurs.

Oui, Véro, depuis quelques mois, mes parents ayant été prévoyants, nous avons mis en place un planning d’auxiliaires de vie qui viennent de 9 :00 à 22 :00.
Cela m’a changé la vie, car enfin, je peux baisser ma garde et ne pas être sous tension 24/24, comme avant.
Quand à « sortir » de la maison et avoir des instants à moi !!!
Vous n’allez pas me croire, mais mes parents sont devenus mes enfants, ils sont dans un stress pas possible s’ils ne peuvent pas me localiser une seconde, que ce soit dans la maison ou à l’extérieur.
Si je m’échappe (le terme est choisi volontairement) pour aller faire le plein à Carrefour, ils calculent le temps aller-retour-courses et me téléphonent pour savoir où je suis et quand je rentre ! C’est un véritable drame s’ils tombent sur ma messagerie. Les auxiliaires sont présentes, mais ils m’en veulent de prendre mes distances et d’aller respirer ailleurs.

Je rappelle que je vais sur mes 55 ans ! Et que d’après mon père, je suis indépendante, autoritaire, … et acariâtre. Va savoir pourquoi ?

Enfin, s‘il n’y avait pas de l’amour réciproque cela serait invivable. Mais cela reste cependant parfois difficile à vivre au quotidien.
Nous avons tous « nos quotidiens », des jeunes enfants qu’ils faut porter vers la lumière et le bonheur, tandis que l’on a le cœur déchiré, des ados, ingrats et exigeants qui ne connaissent que la première ligne des conjugaisons « Je », des petits-enfants que l’on aimerait voir plus souvent, la solitude d’une maison soudain silencieuse, ou des parents, qui sont dans leur monde comme tu le dis Sylvette, et ne veulent surtout pas aborder le notre, trop douloureux…

Fin de journée.
Une journée monacale pour moi.
Nous nous sommes croisés, trois mots échangés.
Ambiance lourde.
Dehors, la pluie n’est pas loin.
Dedans, vivement ce soir que je puisse me retrouver dans notre chambre, dans notre grand lit…

Douces pensées à vous tous.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

mariej

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #18 le: 05 août 2012 à 19:29:09 »
Bonsoir Marina,

Ton histoire avec tes parents me parle beaucoup car c'est mon travail. Je m'occupe d'un service de soins pour les personnes âgées dépendantes vivant à leur domicile, et je vois beaucoup d'"enfants", vivant auprès de leurs parents âgés qui se lassent eux aussi....

C'est important de t'accorder des moments de répit, avec des aides à domicile, mais tes parents doivent aussi comprendre que tu peux sortir sans être en perdition et eux aussi... Quelquefois c'est difficile de leur faire comprendre, mais tu n'es pas à leur service 24h/24 et ils peuvent comprendre, si tu veux tenir dans la durée, il faut les habituer.  Mais peut être se font-ils du souci pour toi depuis le décès de ton mari et qu'ils n'osent pas en parler ? Ce serait bien que lorsque tu iras mieux tu puisses leur parler pour leur dire ce que tu ressens. Ce ne sont pas des enfants, mais bien des adultes, tes parents, et dans mon travail je me bagarre souvent avec cette idée que " lorsque nos parents vieillissent nous devenons à notre tour, leurs parents" !!! Non et non, ils restent nos parents, ils sont adultes, et nous restons leurs enfants. S'ils ont besoin d'aide c'est normal de les aider, mais pas de se mettre à leur service entièrement; tu as ta vie, ils ont la leur...

Je te choque peut être, mais l'âge n'autorise pas tout, et dans mon travail je vois des situations qui deviennent dramatiques pour certains enfants (je vois aussi des situations inverses...)

De tout coeur avec toi, Marina

Pervenche

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #19 le: 06 août 2012 à 11:57:40 »
Chère Marina,

toi qui as toujours une attention particulière pour chacun de nous, de la douceur et des mots justes, j'aimerais soulager ta peine.
Il est normal que tu te révoltes de temps en temps par rapport à la conduite des tes parents qui sont, sans le vouloir, devenus tyranniques.

Ils dépendent de toi et la situation est difficile surement pour eux à accepter. Ton père devait être autoritaire certainement avant ?
Oui c'est bien d'essayer de faire des tentatives de raccommodage après les accrochages. Mais je suppose que tu culpabilise tellement que c'est toujours toi...

Tu fais tout ce que tu peux et c'est en cohérence avec la personnalité que je découvre au fil des conversations. Tu es à fleur de peau, mais je pense que tu as par nature une grande sensibilité. Je trouve généreux de ta part de nous en faire bénéficier et de te livrer. Tu nous fais un cadeau de confiance, et c'est d'autant plus magique pour moi, qui comme tu me l'as écrit "j'ai la froideur dûe à la peur de m'effondrer". Je me retranche souvent derrière les faits pour ne pas me laisser submerger par mes émotions, parce que j'ai toujours peur des autres, peur d'être blessée à nouveau.

 
Le grand mot de ces deux catégories d’âge: JE.
Et le seul moyen d’accepter, et de supporter : l’Amour.

Parfois, il y a révolte, rébellion, nous aussi on a envie de dire JE.
Alors il y a accrochage.
Après il y a chagrin, chagrin pour certains mots qui nous ont été jeté à la figure - on dit que la vérité s’exprime dans la colère-, chagrin pour cette injustice, chagrin pour une agression supplémentaire.
Et aussi remord, parce qu’on n’aime pas être fâchés, parce que la plus belle des victoires c’est de savoir pardonner.
Et puis tentative de raccommodage.
Mais c’est une nouvelle blessure à cicatriser, sur un corps déjà meurtri.



Comme ces phrases sont vraies. A t'on eu le droit de dire JE dans notre vie ? oui avec Bruno, et toi surement avec Pierre. C'est parce qu'avec eux, nous étions respectées, aimées.

Tu as 55 ans. J'en ai 48. Pas tant de différences. J'ai recommencé à me re maquiller bien après ma reprise du travail. Moi qui m'habillait toujours en noir, pour paraître moins grosse, avant la mort de Bruno,  j'ai acheté un peu de couleur.

Maquillage et habits de couleur pour mettre à l'aise les autres. Parce que mes yeux gonflés et ma tristesse se voyaient. Cela les faisaient fuir. Certains qui ne savaient pas mon deuil, ont même eu des phrases "ca n'a pas l'air d'aller, tu as l'air fatiguée,tu as mauvaise mine, tu es malade ?" très délicat ! Maquillage parce que Bruno aimait. Parce que, dans ma vie, je n'étais jamais venue travailler sans avant le décès.

Pour rassurer la famille, ma fille, les collègues. Bref encore me mettre de côté, parce que moi je n'avais pas envie. Et puis, l'habitude est revenue. Je remets les habits qui me plaisent même s'ils sont noirs.

Il faut que tu gardes une part d'indépendance. Ca va être difficile au début. Mais il faut l'imposer pour te reconstruire et dire à tes parents que c'est aussi pour eux. Mais que tu ne t'éloignes pas. Tu es là mais il y a des moments où il faut que tu fasses autre chose.

Essaie de leur expliquer un jour où "ca va"...

Je te laisse car je suis au travail. Je reviendrai un peu plus tard si je peux
gros bisous
Claire

Hors ligne Marina Saboya

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #20 le: 06 août 2012 à 15:55:08 »
Bonjour Marie,

Merci de tes conseils de « pro ».

Lorsque nous avons proposé à mes parents de s’installer avec nous, la dépendance de maman devenant ingérable pour papa, nous ne pensions pas que la vie nous réservait d’autres douloureuses surprises.
De l’avis général, nous faisions une grosse erreur, en les faisant entrer au milieu de notre vie, de notre couple, perdant ainsi liberté, intimité… Et c’est vrai que cela ne fut pas simple. Mais comment faire autrement ?
Nous vivons en milieu rural et les auxiliaires de vie ne se bousculaient pas pour répondre à nos annonces.

Et puis, la maladie de Pierre et son départ…

Là, il a bien fallu trouver des aides et à force d’essai, d’échecs  et de bouche à oreille, une bonne équipe s’est formée. Mais mes parents restent très … soudés à moi, et ils ont pris de mauvaises habitudes, je règle tout ce qu’ils ne veulent ou ne peuvent pas faire, j’organise, je soigne, je prends les décisions, … mais je dois aussi leur laisser leur liberté !

Non, ils ne se font pas de souci pour moi depuis le départ de Pierre.
La dernière semaine de vie de Pierre, je l’ai passée à son chevet, 24/24. Mes parents avaient été acceptés dans un centre de rééducation, ensemble pour leur différentes pathologies. Moins d’un semaine après l’enterrement de Pierre, ils m’ont reprochée mon absence auprès d’eux et m’ont déclarée que je les avais exclus de ma vie et la mort de Pierre.
La psy des soins palliatifs m’a expliquée qu’à 80 ans, le temps passe différemment et que l’on n’a plus de temps à perdre, il faut vivre vite et ne pas s’attarder.
Mon père, d’ailleurs, un soir où je pleurais m’a dit : Oh, arrête avec tes larmes de crocodile, cela fait maintenant 1 mois, çà va bien !
Non, ils ne se font pas de souci pour moi.

Ils ont vieilli, ne pensent plus qu’à eux, simplement et il parait que c’est normal.

Ce ne sont pas des enfants, dis-tu ?
Pour moi, si. Ce sont des enfants.
Mêmes attentes insensées, mêmes caprices, mêmes peurs, mêmes exigences, mêmes dépendances, mêmes propos, mêmes sujets de disputes, même égoïsme et je ne parle pas de la dépendance physique, des blessures partout, avec tous objets, des chutes par inattentions, des prises risques inconsidérés, des actions dangereuses. Et les à cotés, sans danger mais qui ramènent encore à l’enfance. Non, ce ne sont plus des adultes.

Je ne me vois pas cependant les « abandonner ». Ils sont et ont été des parents formidables, et il y a beaucoup d’Amour entre nous, mais parfois, je craque.
Oui, je dois reprendre un peu d’indépendance et je vais le faire, à présent que nous avons trouvé une équipe sérieuse et solide d’auxiliaires de vie.

Merci pour tes conseils, Marie.
Ils me confortent dans l’idée que trop en faire n’est bon pour personne.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #21 le: 06 août 2012 à 15:55:59 »
Bonjour Claire,

Merci de ce long message.
Pour tout dire, hier soir encore, mon père s’est de nouveau « déchainé » contre moi, cherchant délibérément à me faire mal. Bien sûr, j’imagine bien les raisons à cette violence verbale. Oui, tu as raison, il a toujours été autoritaire, le patriarche, décidant plutôt, nous lui laissions croire qu’il décidait !
L’âge et la dépendance venant, ses décisions sont devenues incohérentes voire dangereuses et nous avons dû le contraindre bien des fois à y renoncer. Il vit mal cette nouvelle situation et cette « privation de liberté ». Cependant, la méchanceté n’est pas pardonnable. Et oui, je suis à fleur de peau et même si je sais qu’il a de l’Amour, un immense Amour, je suis profondément blessée.

Ce matin, j’avais donc décidé d’être « absente, » hors de sa vue, dans le bureau ou dans notre chambre, l’auxiliaire du matin prenant la maison en charge. Ne pas le voir pour ne pas avoir à l’affronter une fois de plus. Mais il m’a demandé de venir… pour me présenter des excuses pour son attitude de ce week-end.
Alors, exit les mots durs et blessants. On s’embrasse et on fait semblant d’oublier.

Mais comme je l’ai dit cela ne s’efface pas sans laisser de trace. Une autre cicatrice, un bobo qui guérira, mais laissera une marque.

Avec Pierre, oui, comme avec Bruno, « JE » était le mot le plus important… en dehors des mots d’Amour ! -. Lorsque l’un de nous disait JE, l’autre était attentif et prêt à dire : d’accord, pas de problème, on y va, on fait, …
Parce qu’aimer, c’est rendre l’autre heureux en priorité. Parce que, quand l’autre est heureux, on est tellement heureux !
C’est lui donner la place au soleil, s’il aime le soleil, à l’ombre s’il préfère l’ombre, c’est se mettre en cuisine parce qu’il a envie d’une daube,  lui donner le morceau de viande qu’il aime, le fruit le plus mûr, le plus juteux, le couvrir quand il s’endort et que la fraicheur tombe, ranimer le feu tout doucement pour qu’il sente la chaleur, lui préparer un plateau-gouter avec brioche au beurre et confiture.
C’est veiller à ce qu’il mette un chapeau quand il travaille au jardin, lui apporter une citronnade pour le rafraichir.
C’est le rassurer quand il est inquiet, le soutenir quand il se sent agressé, le protéger contre la terre entière.
C’est connaitre sa taille de chaussures, de caleçon, de pantalon …
C’est se forcer à aller à la communion de sa nièce, au mariage d’un cousin, c’est l’accompagner au chevet de son père mourant et l’aider à surmonter son chagrin, le consoler comme on console un enfant, grand corps de 100kilos qui sanglote sans retenue… C’est aussi le soigner, croire avec lui que tout va bien, rire dans sa chambre d’hôpital et pleurer dans le couloir, dormir dans un fauteuil auprès de son lit, sa main dans la notre, lui trouver meilleure mine alors qu’il a perdu 20 kilos…

C’est bien, Claire, que tu es le respect des autres au point de faire des efforts de présentation. Je ne travaille plus et vis à la campagne, mais depuis le départ de Pierre, mon apparence physique ne me concerne plus du tout. Ma famille se désespère de me voir « goumarée », fagotée comme l’as de pique, avec ce qui me tombe sous la main en sortant de la douche.

Je suis contente que tu te sois réconciliée avec ta fille. Nous sommes si fragiles les uns et les autres, tout le monde nous dit de prendre soins de nous, de nous ménager, mais peu savent prendre soins de nous, comme « lui » ou « elle » le faisait.

Merci Claire, à te lire encore.
Je t’embrasse.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

HIRONDELLE

  • Invité
Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #22 le: 06 août 2012 à 18:46:33 »
Bonsoir Marina,

je n'interviens que rarement sur le forum mais depuis près de 4 mois, je vous lis chaque jour et cela m'apporte du réconfort et un soutien.

Ce qui m'interpelle, c'est ce que tu vis avec tes parents. Je suis à 60 Km de chez mes parents enfin de ma mère (âgée de 88 ans ) puisque mon père est décédé le 15 juin ( à 91 ans). Je ne suis pas allée les voir pendant les 7 mois de la maladie de mon mari qui était hospitalisé à la maison et invalide ( cancer moelle osseuse)
Jamais, ils ne m'ont fait de reproches et bien au contraire mais  ils étaient encore autonomes et valides.

Le fait de devenir dépendant d'une autre personne même de sa fille, transforme les gens et leur perception devient très différente
Par Contre pendant 10 ans, nous avons eu mon beau-père invalide et c'était un homme adorable qui est devenu agressif avec ma belle mère qui pourtant a fait tout ce qu'elle a pu jusqu'au bout. je comprends comment ce peut être difficile pour toi d'assumer , seule, cette charge émotionelle.
Il est difficile de voir ses parents devenir "autres " à cause du grand âge et de la maladie.

Maintenant que mon beau-père n'est plus là depuis 3 ans, je ne pense plus aux mauvais moments et je ne me rappelle que des bons souvenirs d'un homme convivial et cultivé . Plus tard, j'espère  que tu arriveras à ne te rappeler que les bons souvenirs de tes parents

En attendant, je ne peux que te souhaiter beaucoup de courage pour affronter cette situation délicate. Je ne sais si au stade de mon deuil, j'aurais la force que tu as et que tu as eu jus qu'à maintenant

Je t'embrasse Marina

Hirondelle


Hors ligne Marina Saboya

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #23 le: 06 août 2012 à 19:11:36 »
Merci Hirondelle,

Je n'ai même pas besoin de réfléchir pour te dire que tous les moments difficiles seront oubliés... ils le sont déjà, au fur et à mesure que les réconciliations succèdent aux disputes.

Je sais que pour eux, même si nous faisons le maximum, la vie n'est pas amusante.
Mais parfois, je me dis que je m'éteins doucement avec eux, dans cette ambiance de tristesse infinie.

Heureusement, depuis peu, les auxiliaires viennent animer nos journées, avec parfois leurs enfants, avec un gateau surprise, un jeu de cartes... Ce sont des filles formidables et elles me redonnent, par leur joie, leur enthousiasme et leurs rires, des envies... de vivre.

Je t'embrasse Hirondelle.
Prends soin de toi.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Pervenche

  • Invité
Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #24 le: 06 août 2012 à 21:48:46 »
Chère Marina,

J'ai eu peu de possibilités de me reconnecter en journée au bureau pour te répondre. C'est curieux, le fait d'échanger nos émotions sur ce site ont éloigné un peu mon obsession de Bruno. J'ai pensé à toi, à ta vie, à tes parents que tu soutiens avec un dévouement magnifique.

Je sais que tu ne peux pas faire autrement. Ce n'est pas dans ta conception et dans ton caractère.
Je pense que tu as eu raison de t'éloigner un moment. Ton père t'a demandée et présenté des excuses. J'imagine qu'il a dû ruminer avant de le faire.

Mais cela prouve qu'il est un adulte, même si sa conduite est celle d'un enfant. Mais ne sommes nous pas tous enfants par moment ? il sait que sa conduite n'est pas juste. Je pense que tu dois lui faire comprendre que lorsque tu "t'éloignes", ce n'est pas une punition mais que tu te ressources pour mieux l'aider par la suite.

Que fais tu de tes journées ? Que faisais tu lorsque Pierre était là ? travaillais tu ? qu'aimais tu faire ?

Tu sais, je te propose une chose : essaie juste de prendre un tout petit peu plus soin de toi. Pour le souvenir de Pierre. Pourrais tu t'habiller comme il aimait ? essayer juste par mémoire et par amour de lui, ou te maquiller un peu si tu le faisais avant. Tu pourrais par exemple, choisir une date, t'y préparer. Une date ou un jour de la semaine qui représentait quelque chose pour vous deux.

Et puis, c'est l'été. Tu me dis que tu habites en province... Pourquoi ne pas faire une grande promenade comme si tu avais rendez vous avec lui. Respirer, t'allonger dans l'herbe et regarder l'immensité, car même si tu ne le vois pas, il est là et souhaite que tu te reconstruise. Il t'aimait et n'aurait pas voulu que tu vives si longtemps dans cette souffrance.

Chère Marina, tu as en toi tellement de bonté. Ne te laisse pas blesser continuellement. Tu mérites le respect et l'amour. Je sais bien que pour les personnes agées, le temps n'est pas le même et que c'est la personne qui fait le plus pour eux qui est celle sur qui ils peuvent exercer leur "agressivité".

Si c'est ce qui se passe souvent, ce n'est pas quelque chose de normal. L'amour ne permet pas tout. Il faut te préserver et ne pas "t'éteindre avec eux, dans cette ambiance de tristesse infinie"

Ce n'est pas la vie. Il faut que tu prennes soin de toi, s'il te plait. Ici, tu es un exemple, nous avons tous besoin de toi et nous sommes tous avec toi dans ta douleur.

je te serre fort dans mes bras
Claire

Caroline3

  • Invité
Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #25 le: 06 août 2012 à 22:01:34 »
Chère Marina, tu as toute mon admiration, je ne ferais pas ce que tu fais pour tes parents. Pour mon mari, mon enfant oui. Mais si les parents sont agressifs ou désagréables, je crois qu'après le vécu de la mort de ton être aimé, ce serait un choix très conscient que je ne pourrais pas assumer.

Tu es donc fantastique chère Marina, et j'espère tellement que tu as du soutien (moral aussi) autour de toi, c'est vraiment trop lourd tout ce travail, toute cette charge émotive, en plus de ton deuil à réaliser.

Tu écris:
Citer
Moins d’un semaine après l’enterrement de Pierre, ils m’ont reprochée mon absence auprès d’eux et m’ont déclarée que je les avais exclus de ma vie et la mort de Pierre.
La psy des soins palliatifs m’a expliquée qu’à 80 ans, le temps passe différemment et que l’on n’a plus de temps à perdre, il faut vivre vite et ne pas s’attarder.
Mon père, d’ailleurs, un soir où je pleurais m’a dit : Oh, arrête avec tes larmes de crocodile, cela fait maintenant 1 mois, çà va bien !
Non, ils ne se font pas de souci pour moi.

Ils ont vieilli, ne pensent plus qu’à eux, simplement et il parait que c’est normal.

Je me demande si tu arrives ou non à penser à toi?


Je t'embrasse et t'envoie toute une panoplie de bonnes et douces ondes,

Caroline

choupinette

  • Invité
Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #26 le: 06 août 2012 à 23:51:45 »
Bonjour tout le monde...

Je vous lis et je m'aperçois que la relation parent/enfant est vraiment compliqué...
J'ai une relation "compliqué" avec ma mère, aprés 2 ruptures, la 1ère 1an1/2 et la seconde de quasiment 3 ans, je viens à nouveau de mettre fin à la relation une semaine avant la fête des mères...j'avoue pas terrible, terrible...mais bon...il fallait, je vous explique....
Marc, avant de décédé est resté 15 jours dans un coma médicamenteux, mes parents ne sont venus le voir.
Ensuite si je voulais les voir, il fallait que MOI, je me déplace...dans l'état ou j'étais...
La tombe a été installée le 20 juillet 2011...le jour de mon anniversaire...à l'heure d'aujoud'hui ils ne l'ont encore pas vu.
La '1ère' date anniversaire de son décés était le 17 Mai 2012, pas un coup de fil, pas un ptit chèque ou virement pour que je m'occupe de le fleurir pour eux...rien.
Là, la colère m'a prise et je leur ai dis ce que j'avais sur le coeur....j'ai été reçu....à les écouter je suis égocentrique, pas raisonnable, je me regarde le nombril parce que je ne comprends pas qu'eux aussi ont des soucis....je rève...enfin bref...

Tout ça pour vous dire, que quelque soit notre vie, quoiqu'il nous arrive, les notres, ne sont pas forcément tendres avec nous, je partage réellement votre peine, parce que franchement dans cette situation, on a pas besoin de ça...
Je suis fille unique...c'est con quand même que ça se passe de cette maniére...mais bon, je vais garder les ressources qu'il me reste pour mettre à profit le fait de faire mon travail de deuil comme il se doit et tant pis pour eux....

Si quelqu'un veut de moi, je suis à l'adoption  :P

J'espère que mon humour n'est pas décalé dans ce poste, parce que je sais que j'ai le don des fois.

Bises à vous tous.
Je vous envois plein de tendresse.

Christelle- Choupinette

Caroline3

  • Invité
Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #27 le: 07 août 2012 à 02:34:53 »
Bah non, Choupinette, ne t'en fais pas. Aujourd'hui même, ma soeur a eu 50 ans, c'est l'aînée de la famille. Cette soeur est une personnalité limite, agressive, centrée sur elle-même. Ma mère n'a pas voulu la voir et ne veux pas la voir.

Je crains tellement que pour plus tard, ma fille me rejette... je tente de trouver des solutions pour qu'elle se sente libre, malgré le fait qu'on soit si soudée l'une à l'autre (elle a 9 ans). Mais il faudra peut-être aussi passer par cette étape.

Bon courage à toutes!

Caro xx

thierryv88

  • Invité
Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #28 le: 07 août 2012 à 08:59:46 »
Bonjours a tous

je lis et relis vos messages ,comme vous etes courageuses,encore une belle leçon de vie pour moi....

Hors ligne Marina Saboya

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Re : nouvelle descente dans l'enfer
« Réponse #29 le: 07 août 2012 à 09:55:59 »
Mes amis,

Même si vos nombreux messages de soutien et de tendresse me vont droit au cœur, jusqu’à me faire verser ces larmes qui restent encore si présentes, j’ai un peu honte de m’être laissée aller ainsi à étendre ma vie, qui n’est pas un enfer, loin s’en faut et me plaindre.

La balance a pratiquement toujours pesée du bon coté pour moi et la chance semblait ma compagne, fidèle. Cela m’a toujours paru un peu injuste, d’ailleurs. Mon tempérament faisait que souvent, je me forçais à remettre les pieds sur terre : attention, il y aura forcement un moment où cela va s’arrêter. D’où mon envie sans cesse de tenter d’aider ceux, moins heureux que moi. Et je dois avouer que parfois, porter la souffrance d’autrui est aussi lourd que de porter la sienne.
Mais, contrairement à l’adage, le bonheur ne rend pas égoïste, il peut rendre inquiet et généreux… Enfin, égoïste, si, car mon bonheur ne peut être parfait si je vois la douleur et la peine autour de moi.
Je me souviens d’un départ en vacances avec Pierre. Le merveilleux moment de la route vers le soleil, les bagages faits, les envies de, les projets, la vie devant nous… A quelques kilomètres, en traversant une ville, une mamie, toute vieille, toute tordue, avec une méchante canne faite d’un vilain bâton, un affreux cabas rafistolé au bras et qui, péniblement, pas à pas, traversait la rue. Le silence est lourdement tombé dans l’auto. Pierre, comme moi, avons ressenti les blessures de cette vieille dame, au plus profond de nous.

Non, ma vie n’est pas un enfer. Du moins, mon quotidien. Dans ma tête…
J’ai surmonté ma stérilité grâce, une fois encore, à Pierre. Je l’ai acceptée, à force de me dire que je ne pouvais pas tout avoir. Et puis, j’en ai fait une force, en en parlant librement, un rien provocatrice. Et un jour, j’ai reçu un courrier d’une relation de bureau. Elle m’annonçait qu’elle attendait un bébé… grâce à moi ! Non, je n’étais pas le père ! J’avais simplement, parait-il débloqué un verrou psychologique chez elle, elle, dont les sœurs avaient eu de nombreux enfants, terrorisée de ne pas pouvoir assurer une descendance à un mari en attente, considérait sa stérilité comme une maladie honteuse. Je l’avais, me disait-elle, décomplexée. Alors, cet enfant, je l’ai eu, par procuration !

La relation parents-enfants n’est en effet pas simple, même lorsqu’il y a beaucoup d’amour. Sans aucun doute le fossé des générations, la notre, plus libre et spontanée, la leur a qui on a appris à « encaisser » et à se taire. La notre qui attend, espère, et se désespère, la leur qui rumine en silence et ne laisse rien voir… La notre qui hurle sa souffrance, la leur tellement enfermée dans le silence.

La maladie et le départ de Pierre, c’est la pire chose qui pouvait nous arriver. Je me doutais bien qu’un jour, la vie se compliquerait et que le rose virerait au gris. Mais pas çà. Comme pour chacun de vous, c’est l’épreuve ultime.

Mais pour ceux qui mettent de l’espoir dans le temps qui passe, je veux dire que oui, le temps et ce que nous en faisons, est un sérieux allié. Comme le dis si bien Yohann, le temps seul ne peut rien. Regarder les aiguilles tourner et les jours passer ne suffit pas. Vivre le chagrin et la douleur, s’y vautrer parfois, se houspiller ensuite, se cacher du monde pour mieux l’affronter ensuite, se ratatiner dans un fauteuil avant d’aller tondre, débroussailler ou rentrer du bois. Et peu à peu faire seul(e) ce que nous faisions ensemble… Oui, je peux dire que si on veut y arriver, c’est possible. C’est une lutte au quotidien. Et peu à peu, les doux souvenirs remontent du fond de l’abime, et viennent nous aider et nous porter.

Infiniment merci à vous tous.
Je vous sers dans mes bras, bien fort.
Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.