Les mots d'Ephémère pourraient être les miens ; je me suis trouvée exactement dans la même situation. Mon amour s'est battu, au-delà du supportable pour lui, afin de rester le plus longtemps possible avec moi parce qu'il savait que sans lui, ma vie serait un enfer.
Un soir, les infirmières nous ont clairement dit, à mon fils et moi, de ne pas rester une nuit de plus avec lui. Elles ont utilisé nombre d'arguments : "il était mieux", "nous devions nous reposer", "les calmants allaient être renforcés et il allait passer une bonne nuit", "nous ne devrions pas nous sentir coupables s'il partait hors de notre présence", "les malades voulaient souvent être seuls pour partir", "nous devions bien lui exprimer toutes nos pensées avant de le quitter", etc.
Des messages que nous avons entendus, dont nous avons perçu le sens, mais sans vouloir y croire, comme dans un état second. Comment croire au pire ?
Le coeur dévasté, écartelés, nous ne sommes pas restés et... il est parti dans la nuit.
Avec le recul, je sais que nous avions compris... sans vouloir comprendre. Un déchirement indescriptible. Un méli-mélo d'émotions.
Je me suis longtemps sentie coupable de n'avoir pas été près de lui. Peu à peu, la psychologue des soins palliatifs m'a fait admettre que nous lui avions rendu service, parce que nous lui avions permis de nous quitter, de cesser de lutter et de souffrir. Mais qu'il est difficile de vivre ces moments terribles. Encore aujourd'hui, je me demande si j'ai bien fait. Je me dis que j'aurais dû rester à proximité.
Alors Poetjebobble, je suis avec toi et ton épouse de tout coeur.