A cette heure où j'écris aujourd'hui,
il y a tout juste 3 mois, mon Fanou était là,
à 1 m de l'endroit où je suis assise pour écrire,
dans son lit médicalisé, qu'il ne quittait plus depuis février.
A cette heure, nous ne savions même pas encore qu'il avait le COVID, et que cela lui serait fatal,
Forcément, mon Fanou avait déjà fort à faire avec sa maladie de Charcot qui ne lui laissait pas de répit. Il respirait grâce à une VNI et était tétraplégique.
La nuit avait été compliquée, à cause des mucosités qu'il n'arrivait pas à expectorer.
On avait passé la soirée à aspirer cela avec la machine, jusqu'à 2 h du matin.
Et puis un peu de répit, Fanou s'était endormi.
On ignorait que c'était sa dernière nuit.
Mais ce dont on était sûr, c'est que le temps était sacrément compté coté Charcot.
La déglutition devenait très difficile, depuis une semaine et les fausses routes se succédaient.
le repas de midi, qui ,avant, restait un moment de plaisir, était devenu un moment de crainte
Oui mon Fanou était condammé, nous le savions dès l'annonce de la maladie
Oui nous savions qu'il restait peu de temps, mais même 15 jours cela nous semblait encore bon à prendre pour essayer de préparer le départ, pour essayer qu'il y ait le moins de souffrance possible, au moins physique.
Il y a 3 mois, à cet instant, l'infirmière était en train de tester Fanou
On allait savoir, mais pas réaliser ce que cela signifiait
Je crois que l'infirmière, elle, a compris, je l'ai vu dans ses yeux quand elle a annoncé le résultat du test.
Il y a 3 mois, à cette heure où j'écris aujourd'hui, mon Fanou était encore à mes cotés pour quelques heures.
Paisibles, autant que cela était possible, jusqu'à 21h30
Les choses se sont compliquées après.
Cette nuit, à 2h30, cela fera 3 mois que Fanou a respiré , difficilement, très difficilement, pour la dernière fois.
Mon désespoir est indescriptible.
Kty