Pour moi aussi ce n'est pas imaginable de ne pas pouvoir vieillir avec mon trésor. Lorsque nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre il y a dix sept ans, une des premières phrases qu'il m'a dite et qui m'a tellement troublée était "j'aimerais vieillir avec toi". Et nous aussi, nous regardions avec bienveillance et même un bonheur anticipé et partagé, les couples de "petits vieux" pleins de tendresse, en nous imaginant à leur place dans quelques années, même des décennies. Je l'ai aimé éperdument, et je l'aime encore au delà de tout. Et comme toi Philippe, j'ai accompagné mon amour, jusqu'au bout, et nous avons choisi ensemble que c'était l'heure pour lui de partir et cesser cette souffrance ici bas. Comme toi aussi, son dernier souffle a été un soulagement, une libération, parce que quand on aime un être comme j'ai aimé mon homme, c'était encore plus inhumain d'accepter qu'il continue à endurer cette souffrance qui ne menait à rien. Et après ça, vient la douleur de l'absence, du manque, les souvenirs, la dualité entre la réalité et le rêve ; parce que moi au bout de bientôt dix semaines, je crois que par moments je n'ai pas toujours conscience que c'est un voyage sans retour. J'essaie autant que je peux de ne pas penser à l'avenir ; de vivre un jour après l'autre. Pour le moment c'est ce qui me permet de survivre.
Je comprends ce que nous vivons tous, et ce partage est réconfortant.
Noëlle