Philippe,
Un message d'amour à garder précieusement et à te redire, encore et encore.

Pour le moment la colère, l'amertume et les regrets occupent toute la place.

Il faut puiser en toi, au fonds de toi, les quelques forces encore présentes pour ne regarder que cet amour partagé.

Amour bien trop court, mais que reste -il d'autre pour supporter l'idée de rester en vie, seul, sans elle   ?

Une fois son mal accompli, le cancer est l'horrible et hideux compagnon de celui - ou de celle - qui survit. Il ne faut pas lui donner le droit de salir les quelques beaux souvenirs échappés de l'enfer des chimios.
Mais plus facile à écrire qu'à faire....Je le sais bien.
Milou

  Bonjours Philippe. Je compatis de tout mon cœur à cette immense douleur qui t'es tombée dessus, nous savons tous combien c'est dur.. J'ai eu les larmes aux yeux en te lisant, ton histoire est aussi émouvante que triste-avec un petit point positif-enfin, autant que possible...-à la fin, ce que t'a dit celle que tu aimais et qui sera toujours dans ton cœur.  Oui c'est ce que je me suis souvent dit depuis le décès de mon compagnon, mon Pierre adoré, ça vas faire 10 mois demain: qu'il a vécu assez longtemps pour connaître le grand bonheur d'un amour partagé et fusionnel, et que j'ai eu la chance de le vivre avec lui  il est mort accidentellement-enfin il est parti en paix après une semaine de coma, mais ça a, malgrès tout, été la pire èpreuve de ma vie-ça l'est toujours par intermittence-je n'arrive même pas à imaginer ce que tu as dû, toi, endurer avec cette terrible maladie 

  Celle qui est partie avant toi t'as fait un beau cadeau en prononçant ces paroles, même si c'est très douloureux; oui vous avez eu la chance de vous rencontrer et de vivre une belle histoire d'amour, la plus merveilleuse chose qui existe. A moins de mourir exactement à la même seconde, même les couples les plus unis finissent par être séparés dans cette vie-ci, c'est ça qui est dur, mais c'est inévitable. Il nous faut l'accepter et nous montrer reconnaissants pour ce que la vie a bien voulu nous accorder-à nous, à eux...des moments d'une telle intensité font que la vie mérite d'être vécue. Nous avons du mal de raisonner comme ça mais il faut s'accrocher à cette idée, à cette vérité.

  Parle-nous un peu plus d'elle, de votre amour, de son décès si tu en èprouve le besoin-sans obligation bien sûr, on n'est pas toujours prêts...mais si tu as besoin, à un moment ou à un autre, de te livrer spontanément, il y aura toujours quelqu'un pour te lire, te comprendre...et pour cause.

Ne pas vieillir ensemble, c'est toujours une grande tristesse pour moi.

J'avais déjà témoigné de ce profond regret il y a quelques mois, et cela reste toujours aussi vif :

"Je voulais vieillir avec lui, je voulais qu'il vieillisse avec moi, je voulais voir ses rides se creuser, ses cheveux blanchir de plus en plus, son dos se courber par le poids des ans. Je voulais assister à ces petits maux, ces petites douleurs, ces petites raideurs qui accompagnent le fil des années. Je voulais m'occuper de lui, le soigner, le disputer aussi un peu quand il allait se plaindre un peu trop, et voir dans son regard pour moi, jours après jours, l'amour, la tendresse , la reconnaissance, la sécurité, le bonheur d'aimer et de se sentir aimé, accompagné.

Je vous embrasse

Nora

Ne pas vieillir avec lui est terrible .Pour moi aussi je me voyais très bien poursuivre notre vie et nous en rigolions parfois quand nous nous imaginions en petits vieux.
L avenir sans Lui ,supporter toutes ces années sans Lui est à peine envisageable,mais courage ,puisons dans ce qu' ils nous ont laissé. Il ne faut pas s avouer vaincue même si la ligne d arrivee est encore loin :.Mon amour était un cycliste competitif et il aimerait  m entendre parler ainsi:la course n est jamais ni gagnée ni perdue à  l  avance....alors pedalons...!
Freddie je t ai laissé un long message sur ton mail
Qu 'il puisse t apaiser!
Prenez soin de vous

Merci à vous pour vos messages de soutien , cela me réconforte dans mon désarroi ; j'ai pris cette semaine de congé pour trier tout les papiers de nos 20 ans de vie commune mais je ne peux m'y résoudre , 20 ans entassés dans ces cartons c'est tout ce qu'il me reste , je verrai plus tard ...mon histoire d'aprés ce que je lis dans ce forum est tristement commune , gene est partie à l'aube de tes 50 ans dans des souffrances terribles , je l''ai accompagnée jusqu'au bout et cela a été une épreuve horrible ; cela a duré 10 mois , au début nous y avons cru , puis au fil du temps nous avons dû nous résoudre à la fatale issue ;les 4 derniers mois nous avons mis en route l'HAD hospitalisation à domicile')car elle voulait mourir dans notre maison ; cela lui faisait du bien de voir les feuilles du tilleul à travers la fenêtre et de sortir des va et vient incessants des hôpitaux ; je ne dormais plus qu'une heure par jour toujours à l'affût de ce dont tu avais besoin ;je ne savais pas ce que j'allais endurer ! ,il a fallu prendre un lit médicalisé , on prend une claque lorsque l'on se rend compte que l'on ne peux plus dormir ensembles ; puis il a fallu la laver, la nourrir , lui tenir sa cigarette , la maquiller pour finir avec des couches comme avec un nourrisson; je ne parle pas des médicaments toutes les deux heures ; puis mon cerveau et mon corps ont lâché ; nous sommes alors partis en soins palliatifs les 4 dernières semaines , au milieu de ses souffrances j'essayais de la distraire en lui lisant des contes ,lui chantant les textes des chanteurs qu elle aimait ,j'ai établie également un " carnet de liaison car avec la morphine et l'hypnovel tout s'embrouillait dans sa tête;dans les moments d'angoisses je lui montrais les photos des enfants et surtout du petit fils : Gabriel qu'elle n'a hélas connu qu'un an ; je me suis battu tout les jours pour monter leur pu... de protocole ;j'ai vu son corps se déformer par la douleur , ses dents se déchausser par la morphine ... puis un lundi j'ai dis à l'entourage gene va mourir vendredi le 29!ils pensaient que je divaguais , je ne sais pas pourquoi j'ai su cela ; le vendredi je suis passé je t'ai chanté;"ne me quitte pas " en modifiant les paroles en:"tu peux me quitter "tu es partie cette nuit là , au moins tu ne souffrais plus !

Pour moi aussi ce n'est pas imaginable de ne pas pouvoir vieillir avec mon trésor. Lorsque nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre il y a dix sept ans, une des premières phrases qu'il m'a dite et qui m'a tellement troublée était "j'aimerais vieillir avec toi". Et nous aussi, nous regardions avec bienveillance et même un bonheur anticipé et partagé, les couples de "petits vieux" pleins de tendresse, en nous imaginant à leur place dans quelques années, même des décennies. Je l'ai aimé éperdument, et je l'aime encore au delà de tout. Et comme toi Philippe, j'ai accompagné mon amour, jusqu'au bout, et nous avons choisi ensemble que c'était l'heure pour lui de partir et cesser cette souffrance ici bas. Comme toi aussi, son dernier souffle a été un soulagement, une libération, parce que quand on aime un être comme j'ai aimé mon homme, c'était encore plus inhumain d'accepter qu'il continue à endurer cette souffrance qui ne menait à rien.  Et après ça, vient la douleur de l'absence, du manque, les souvenirs, la dualité entre la réalité et le rêve ; parce que moi au bout de bientôt dix semaines, je crois que par moments je n'ai pas toujours conscience que c'est un voyage sans retour. J'essaie autant que je peux de ne pas penser à l'avenir ; de vivre un jour après l'autre. Pour le moment c'est ce qui me permet de survivre.
Je comprends ce que nous vivons tous, et ce partage est réconfortant.
Noëlle

Cher Philippe,

 " oui mais nous en aurons eu assez pour s'aimer ".vous a répondu votre femme lorsque vous évoquiez  que le temps ne vous laisserait pas la joie de vieillir ensemble. Quelle réponse sublime !!! Mais aussi quelle vérité !!! Et aussi un peu d'apaisement dans votre cœur tourmenté je pense
. Cette phrase murmurée par votre femme, je l'a reprends pour moi si vous me le permettez car elle m'aide à donner du sens  au départ de mon compagnon Dominique ce 19 mars à l'âge de 55 ans
.. Après cinq ans de bonheur et d'amour partagé, le cancer s'est invité dans notre vie pour ne plus la quitter. Après 8 mois de lutte , de nausées à n'en plus finir, de douleurs ,son état s'est aggravé soudainement et Dominique nous a quittés après neuf jours d'hospitalisation .Là je l'ai veillé toutes les nuits , tous les matins et toutes les soirées ,me faisant relayer par la famille l'après-midi. Depuis c'est le grand vide...Après les quelques jours passés entre les obsèques et la paperasse, je ressent  maintenant réellement l'absence  définitive et par deux fois déjà l'envie d'en finir avec cette douleur insupportable. Depuis l'annonce de la maladie, je suis sous antidépresseur et anxiolytique et bien-sûr je continue à les prendre mais j'ai l'impression que ces béquilles  ne me suffisent plus. j'ai pris rendez-vous d'urgence chez le thérapeute qui me suit car j'ai peur de revivre ces accès de douleur. Je suis tombée ce soir presque par hasard sur ce forum et soudain à vous lire tous et toutes  ma douleur est devenue plus universelle et ainsi moins dure... Je m'endormirai mieux  ce soir en me répétant les mots de votre chère femme. ..."Oui  nous   n'aurons pas le temps de vieillir ensemble Dominique mais nous aurons eu assez de temps pour nous aimer." Merci Philippe de nous avoir fait partager votre expérience et merci à votre femme pour ces mots si réconfortants.