Auteur Sujet: Nos espoirs  (Lu 26712 fois)

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Hors ligne rivage

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Re : Nos espoirs
« Réponse #15 le: 25 juin 2017 à 09:54:24 »
Oui yevana les vêtements sont une épreuve avec ma fille on a trié dans ces placards et donné beaucoup d'affaires à la croix rouge,mais j' interdit que l'on touche aux robes de chambre derrière les portes les sorties de bains ,il me semble qu'elle va revenir ,voilà tu vois depuis ce matin pas de vague j'étais étonné,je me disais peut être c'est fini,et dès que j'évoque ces pathétiques et dérisoires faits ,ça recommence parfois j'en veux au forum,je me dis je reviendrai plus ,mais je sais qu'il fait parti du rituel,de déversoir.
BON mais quand même il y a du mieux j'ai dormi presque 7 h et ce matin pas de vague,alors?
Alors hiers que c'est il passé : j'ai  pris un bain dans la piscine ,avant j'en prenais jamais ,même avec les prières de mes filles ,et j'ai fini le livre de Sabrina Philippe "tu verras les âmes se retrouvent toujours quelque part"je l'aime cette écrivain comme on aime une bonne musique,et la fin du livre elle parle de ses théories sur les âmes soeurs,d' ailleur que je partage pas tout à fait,mais toute la soirée j'ai pensé à ce qu'elle écrivait,et j' ai établi moi aussi mais propres théories,et j'en suis arrivé à certaines conclusions qui m'ont mis dans un état comme quand je trouve une musique qui me touche.
La paix de l'âme est un long chemin et je pense que chacun doit trouver sa voie ,c'est pas facile ,et de plus pas de "gps"
je te souhaite de la force et du courage

Hors ligne loma

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Re : Nos espoirs
« Réponse #16 le: 25 juin 2017 à 12:19:48 »
"Aujourd'hui ma belle famille vient m'aider à trier ses affaires. J'ai terriblement peur."

Cela fait plus de deux ans que Marc est mort, et je n'ai toujours pas fini "le tri". J'ai choisi 3 vêtements que je souhaitais vraiment garder, et petit à petit, je donne , à la famille, à des oeuvres caritatives,  j'essaie de confier à chaque membre de la famille un objet en souvenir de Marc, ses montres à son frère , un appareil photo à une nièce, un coffret à une soeur, des lunettes de soleil à une autre soeur ... un objet personnalisé, en sa mémoire à chacun. Un héritage affectif.

Mais personne ne m'a imposé quoique ce soit, quelquefois j'ai eu une demande, du type "cela me ferait plaisir, en souvenir de Marc, d'avoir ceci ou cela ..." Marc n'appartient à personne, il appartient à tous à présent. Et ses affaires aussi. Une façon de perpétuer sa mémoire.

Chacun doit faire comme il le sent, et si c'est trop tôt pour toi, dis le.

Tendrement loma

"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Hors ligne marijo

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Re : Nos espoirs
« Réponse #17 le: 25 juin 2017 à 13:11:41 »
Moment difficile que celui que tu vas vivre. Je n' aurai pas à le faire quant à moi. La succession est vacante. Les héritiers l' ont refusée et moi je ne suis personne. Je n'ai pas le droit de toucher à ses affaires, et de fait je n'ose même pas toucher à ses vêtements. Je vais partir et tout laisser. J' appréhende aussi. Dans tous les cas c'est une deuxième perte, un déchirement.
Douces pensées malgré tout.

Hors ligne Yevanna

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Re : Nos espoirs
« Réponse #18 le: 25 juin 2017 à 19:39:26 »
Je vous remercie pour votre soutien et vos encouragements, sincèrement. J'ai surmonté l'épreuve, difficilement, mais ça y est. Le plus difficile c'est tout cet espace inoccupé, nous n'avions jamais assez de place, et maintenant il y en a trop. Toutes les pièces ont été transformées depuis son départ, il ne reconnaîtrait plus sa maison...

J'ai choisi de faire comme toi Ioma, j'aimerais remettre chaque chose qui lui appartenait à une personne à qui il tenait. Nous avions nos souvenirs à nous, que je conserve, les autres ne m'appartiennent pas. Je préfère qu'il reste un peu de lui chez tous ceux qui l'ont aimé.
Tu sais Marijo, j'ai toujours été quelqu'un de très honnête (trop même à ce qu'il paraît), mais dans ton cas, je pense que si tu emmènes avec toi quelques affaires, ça n'enlèvera rien à personne, mais t'apportera peut-être beaucoup. Tu risquerais de regretter longtemps de "partir et tout laisser", certaines choses sont trop précieuses pour être abandonnées.

J'ai au moins la grande chance d'avoir une belle famille extrêmement bienveillante. Cette journée a été l'occasion de ressasser des souvenirs, les notres, les leurs, nous avons beaucoup pleuré, presque ri parfois. Ils trouvent au delà de leur douleur, la force de s'inquiéter pour moi et de me soutenir, et je n'ai plus les mots pour dire à quel point j'en suis touchée. Je vais mettre cette pensée sur la liste des choses que je n'aurais pas aimé louper, ce soir la balance penche un peu plus vers la vie.

Hors ligne qiguan

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Re : Nos espoirs
« Réponse #19 le: 25 juin 2017 à 21:24:43 »
ton deuil est si frais
laisse sortir ta douleur ne l'enferme pas
oui note la chance d'avoir une belle famille bienveillante car tu as lu ici que ce n'est pas toujours le cas ni automatique
un pas à la fois parfois vivre juste d'heure en heure ..
affectueusement
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Yevanna

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Re : Nos espoirs
« Réponse #20 le: 29 juin 2017 à 16:14:02 »
Il y a un mois jour pour jour tu m'envoyais un petit message au bureau "Ca y est mon coeur, je suis inscrit, on y est! Je sais que c'est risqué mais j'ai pas de regret, je souffre trop. On la mérite cette nouvelle vie, on va y arriver!". 24h plus tard j'entendais ta voix pour la dernière fois... Ouaip, on la méritait cette nouvelle vie...

Bonne nouvelle, j'ai arrêté de lutter contre ce foutu deuil. J'accueille, comme dit Régine. Les vagues vont et viennent, un coup je meurs, l'instant d'après je revis, c'est comme une sorte de valse un peu morbide. Un pied dans ce monde, l'autre je ne sais où. C'est pénible de ne pas croire, je regarde le ciel quand je lui parle, un vieux réflexe que je ne m'explique pas puisque je n'arrive même pas à me convaincre qu'il y est.

Les crises d'angoisse sont devenues inquiétantes pour mes proches, ils craignent qu'un jour pas fait comme un autre, un de ces ouragans m'entraine. On voudrait que je thérapise, on voudrait que je médicamente, moi je m'en fous. Je crie, je pleurs, j'échafaude une multitude de scénarios pour le rejoindre, je le supplie mais rien n'y fait. Lui ne revient pas, et moi je ne m'en vais pas.

Les gens de mon village sont d'une discrète bienveillance. Ils me regardent dépérir de loin, on n'ose pas trop se montrer, on respecte la douleur. Alors ils vont trouver mon amie pour lui confier pudiquement qu'on m'a vue me poser au bord de l'étang pendant des heures, que mon corps se décharne de jour en jour, que la vie est une chienne et qu'on espère que je vais tenir le coup. Nous devions nous marier le 8 juillet, on la méritait cette nouvelle vie...

Hors ligne Yevanna

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Re : Nos espoirs
« Réponse #21 le: 30 juin 2017 à 01:05:02 »
Ce soir tu me manques physiquement, mon ange. Il manque ta main dans ma nuque pour la soulager, tes bras autour de moi pour me réconforter, le souffle de tes éclats de rire, tes lèvres, tout. Alors ce soir j'ai mal. J'ai mal dans mon cou, j'ai mal dans mon ventre, je vomis ton absence, il n'y a que mon coeur brisé qui reste une métaphore.

J'écris pour pleurer, parce que ce soir ma détresse va au delà des larmes. Il y a ce foutu "plus jamais" dans chacun de nos souvenirs et ces souvenirs dans chacune de mes pensées. Je me fous de tous ces projets, j'aurais pu vivre toute une vie à tes côtés sans eux, mais sans toi... Tu m'as ensorcelée petit ange, j'aimais tellement la vie, mais je te l'aurais offerte si l'air de mes poumons avait pu te faire respirer. C'aurait été moins pénible que de respirer sans toi, et alors mon fardeau serait devenu le tien. Aurais-tu été plus courageux?

Je me sens comme Prométhée, condamnée à un supplice éternel. J'affronte chaque jour et chaque nuit, mais chaque matin me réveille dans la douleur, inlassablement, incontournablement. J'affronte bravement, comme tu me l'as appris, puisque c'est tout ce qu'il me reste à faire.

Hors ligne Ela

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Re : Nos espoirs
« Réponse #22 le: 01 juillet 2017 à 18:36:08 »
Nous sommes ceux qui restent... ceux qui demeurent sur le quai de gare, et regardent le train s'éloigner... ceux qui agitent leur mouchoir debouts sur le port... Privés du voyage: de ce qu'il réserve, quelle que soit la nature de la destination... privés de cette aventure, des épreuves, des peurs ou des surprises qu'elle réserve... démunis face au mystère, aux questions,  à l'absence d' issue... Fixant l'horizon, suspendus, dans l'attente de ce qui ne reviendra pas...
Pourtant, ce déchirement, ce n'est pas le lien qui se brise... C'est ce lien si fort, qui nous lie à ceux que nous aimons, tendu aux extrêmes de la vie, qui tire au plus profond de nous à nous arracher le cœur....
Ma chère Yevanna. Je n'ai pas de pommade pour soigner ce manque physique terrible, cette déchirure. Je peux juste te dire qu'elle est la preuve, douloureuse, que le lien à ton aimé perdure. Comment? Je l'ignore... Comme toi, le bateau est parti est je suis restée sur le quai avec toutes mes questions...
Pourtant, j'aimerais te dire te t'accrocher... Car ce fil, tendu à t'en déchirer la poitrine, petit à petit, lorsque tu comprendras qu'il ne pourra pas être rompu, il finira par se détendre un peu... et au delà du manque et de l'indicible tristesse, qui seras toujours là, tu pourras ré-apercevoir de petites lueurs... Des petits éclats de beauté, qui te rappelleront que si la vie est cruelle parfois, elle n'est pas désenchantée...
Le mystère de ce qu'il y a derrière cet horizon, derrière lequel nous irons tous demeure entier... Et toi, ma chère Yevanna, en attente comme moi, comme nous tous sur ce quai, prends soin de toi... Du mieux que tu peux, jour après jour... Cette souffrance, tu ne pourras pas la fuir, mais elle n'aura pas raison de toi. Tiens bon.
Je t'embrasse.

Hors ligne tony36

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Re : Nos espoirs
« Réponse #23 le: 02 juillet 2017 à 17:18:21 »
Chacun est tellement différent et a vécu une histoire différente. Et chacun a des cartes différentes à jouer pour avancer ensuite.
Même si "avancer" ça ne veut rien dire je trouve, on peut avancer en passant ses journées à picoler dans un bar.

Je suppose que Prométhée a fini par "supporter" davantage son supplice aussi cruel soit-il.

Ce qu'on peut dire, c'est que beaucoup arrivent plus ou moins à faire quelque chose après la mort de l'être aimé, bricoler un truc comme je dis.
Après un temps exclusivement réservé à la souffrance.

Tous les jours encore aujourd'hui je me demande ce que je fous là sans ma femme. Mais je continue à bricoler quand même des trucs.

Prends soin de toi, comme le dit Ela, oui, même si c'est plus facile à dire qu'à faire.

Hors ligne Yevanna

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Re : Nos espoirs
« Réponse #24 le: 03 juillet 2017 à 17:30:37 »
Merci. Je mets du temps à répondre parce que je ne sais que répondre d'autre. Je suis touchée de ce soutien, j'ai l'impression de me plaindre, de me plaindre... On a beau savoir qu'on vit tous la même chose, on est tous seuls face à notre peine.

Mais voilà, plus j'avance et moins j'avance. Je suis bien d'accord, je ne sais plus ce que veut dire avancer. On me dit "tu dois continuer, tiens bon", mais continuer à quoi? A morfler? Oui ça, ça fonctionne bien, jour et nuit sans interruption. Je disais plus haut que j'accueillais les vagues. Quelle chance! Maintenant il n'y a plus de vague, c'est juste un flot continu de détresse.

Je me dis que les mots sont parfois guérisseurs alors je viens vider mon sac ici. Mais ça ne marche pas, plus rien ne marche, c'est un chemin sans issue. La mort est à tous les coins de rue dans le fil de mes pensées. Je suis terrorisée.

Hors ligne souci

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Re : Nos espoirs
« Réponse #25 le: 03 juillet 2017 à 23:51:42 »

    Bonsoir douce Yevanna,

    Quand plus rien ne marche ...
    La Musique zique ...
    Je t'ai choisi une petite chanson, et si ça marche pas ...
    se repasser un petit Derrick bien soporifique ?
    Trop d'énergie face à l'impossible renforce l'impossible ...
    Bien tendrement et solidairement, Titine.
    https://www.youtube.com/watch?v=Z8co7nlNymI

Hors ligne tony36

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Re : Nos espoirs
« Réponse #26 le: 04 juillet 2017 à 12:28:25 »
Je ne sais pas pour combien de temps tu vas continuer "à morfler" en continu.

Les spécialistes (médecins et autres) disent qu'à un moment la douleur s'atténue. Qu'il faut du temps.
Cela paraît peu crédible quand on le vit, mais je répète donc l'avis des spécialistes qui est sans doute vrai dans certains cas : la douleur s'atténue.

Peut-être que tu fais partie de ces personnes pour qui la douleur s'atténue, alors il faut s'accrocher et attendre même si on a dans cette situation envie de crever, mais alors vraiment envie de crever.

Bon, je ne vais pas partir longuement dans des théories sur ce qui se passe après la mort, moi je crois que ce n'est pas une bonne option que de souhaiter vivement rejoindre nos défunts, se laisser mourir et par la même occasion de croire que cela supprime la douleur.
Je pense qu'au contraire, cet état de souffrance perdure au-delà de la mort et qu'on ne dispose plus de notre corps physique pour agir... Donc on souffre dans le vide, comme perdu.
Pour cette raison et plein d'autres (les proches), il faut continuer.

Facile à dire, continuer !

Continuer à quoi ?
A vivre une vie de douleur ?

Encore une fois, pour certaines personnes la douleur s’atténue, il y a quelques éclaircies qui valent le coup.
D'autres doivent combattre.

Combattre la mort de l'être aimé, ça n'a pas de sens.
Déjà combattre physiquement pour ne pas se laisser dépérir ce qui n'arrange rien : le cerveau est mal alimenté et les idées ne sont pas claires.
Après, combattre c'est quoi ? Je sais pas :  continuer d'exister, construire quelque chose, autre chose, chercher du sens. En fait, combattre c'est d'abord chercher une voie, une issue, une porte mais ce n'est que mon humble avis.



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Re : Nos espoirs
« Réponse #27 le: 06 juillet 2017 à 00:32:42 »
Combattre physiquement : première étape. Ma belle-mère m'a fait subtilement promettre de consulter un médecin. Cette femme est un ange, elle sait qu'elle est la seule à pouvoir m'en convaincre, je ne lui résiste pas.

Il parait que je fais un deuil difficile. Je voudrais bien t'y voir à ma place Doc, essaye de vivre avec une moitié en moins... Mon corps s'épuise, s'autodétruit, je ne suis plus à même de me battre toute seule. Alors ça y est, on y est, début du traitement. Un comprimé pour les crises d'angoisse, un autre pour essayer de sauver l'humeur. Chouette. Quelque chose de "léger" pour commencer, dans une semaine si je m'enfonce, on ne rigole plus : on augmente la dose, on arrête de travailler, on s'installe chez quelqu'un pour pas "rester seule". Et ce petit quizz à peine déguisé quand j'ai évoqué mes idées noires. Quelle est la réponse qui m'a fait échapper de peu à l'hosto? Je la connais Doc, je suis anéantie mais pas dupe.

Voilà où j'en suis, moi qui ai toujours tout porté sur mes épaules. Constat d'échec flagrant. Double échec même, je n'ai pas réussi à nous sauver, ni lui, ni moi. Je m'écroule, et le monde autour de moi n'a de cesse que d'essayer de me relever. Je suis touchée, mais tellement usée. Il n'y a pas si longtemps je marchais aux côtés d'un lion, on me dit qu'il dort désormais en moi. J'essaye d'y croire.

Hors ligne Yevanna

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Re : Nos espoirs
« Réponse #28 le: 13 juillet 2017 à 12:18:49 »
Me revoilà, j'ai eu un grand élan de doutes. Je me suis demandée si ce forum ne me faisait pas plus de mal que de bien... Comme tout le reste d'ailleurs.

Hier, après une première semaine de traitement, nous avons fait le bilan avec mon médecin. J'ai entamé les anti-dépresseurs mais les effets secondaires m'ont fait peur, je n'ai pas voulu coupler aux anxiolitiques prescrits. Il a été surpris. Je lui ai expliqué que j'avais lu énormément de choses, et que je n'étais pas convaincue qu'il fallait bloquer mes émotions à coups de médicaments, que je ne voulais pas "dormir" et encore moins arrêter de travailler. Doc m'a expliqué que je n'avais pas l'air d'avoir bien conscience de ce qui m'arrivait, alors on est rentré dans le concret. On m'a expliqué que je traversais un deuil pathologique, avec troubles anxieux et important risque suicidaire, les médicaments ne sont pas en option. On m'a rassurée aussi, en me disant que c'était loin d'être perdu, qu'on allait pas me laisser tomber. Et que si jamais le cabinet n'avait plus d'option, on me remettrait entre les mains d'un hôpital spécialisé. Ah...

Alors voilà, cela faisait environ un mois que je n'avalais presque plus rien et j'ai commencé à m'affaiblir sérieusement, à faire des malaises. Je commence depuis lundi à réapprendre à manger. Mon corps a faim, mais mon esprit essaye de le tuer, sacré lutte. Comme c'est cocasse... Nous avons lutté ensemble contre la maladie, pour que la vie perdure à tout prix. Et maintenant je me retrouve en lutte contre moi-même pour ne pas aller vers la mort. Je m'en veux de ne pas être partie avec lui, puis je m'en veux de ne pas arriver à vivre pour lui, à respecter cette vie qu'il aimait tant. C'est sans fin.

En attendant le rendez-vous chez le psy, il parait qu'il faut que j'écrive mes angoisses. Alors j'écris ici, parce que cette solitude me bouffe.

Hors ligne tony36

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Re : Nos espoirs
« Réponse #29 le: 16 juillet 2017 à 18:38:48 »
Je ne sais pas trop quoi dire.

Tout ce que je peux me permettre d'écrire c'est de relater ce que j'ai traversé non pas par égocentrisme mais simplement pour dire qu'à un moment, les choses peuvent "s'améliorer". Le terme n'est pas très bien choisi mais je ne sais pas comment expliquer ça et je ne veux pas tomber dans des choses du genre "on reprend goût à la vie", "on admire un coucher de soleil", "on rigole à une blague", "la vie continue"... "un pas devant l'autre".

Peut-être que ce ne sont pas des inepties et que cela fonctionne pour certaines personnes, chacun est différent.

Certaines personnes peuvent déjà commencer par apprécier de petites choses de la vie.

Certains ont la chance d'avoir des enfants, des petits-enfants, une famille, des amis, un chat...etc...
Alors oui, essayer de reprendre goût à la vie en se raccrochant au reste, évidemment, ce n'est pas débile même si la souffrance est là, ça ne l'enlève pas mais il y a des raisons pour ne pas se laisser aller.

Moi, j'en avais rien à foutre des couchers de soleil et je ne voyais pas de choses assez valables pour me battre. Simplement, je ne voulais pas imposer ma mort à mes parents, sachant à quel point la mort des autres et particulièrement des plus proches est une chose abominable à vivre.
Je crois que de me laisser mourir aurait été comme de tuer directement mes parents en les faisant souffrir. Après tout, sa propre mort, ce n'est pas si terrible que ça, on meurt, tout s'arrête, c'est la mort des autres qui est dure à encaisser.

Bref, j'ai connu une espèce de vie où tout me paraissait irréel. Tout s'était écroulé. Pas envie de luter contre la mort car on pas d'intérêt pour une vie sans l'autre ou une vie de souffrance. Ou alors j'avais envie de luter parfois, et d'autres fois non, et puis de toute façon j'étais tellement faible physiquement.

C'est important qu'il y ait un suivi médical sérieux.

Je me suis penché sur des questions métaphysiques alors que je ne croyais pas à tout cela. La vie après la mort, les signes, etc... J'ai cru que le fait d'avoir vécu une telle expérience me rendait plus réceptif. Je me suis dit que ma femme n'aimerait pas que je devienne une espèce de taré alcoolique. Je me suis dit aussi que si je me laissais mourir, l'après-vie pourrait être dans la continuité : une période de souffrance.
 
On n'y croit ou on n'y croit pas, je ne vais pas développer.

Sur les choses concrètes, j'ai décidé d'agir et de construire des choses comme je pourrais. Aujourd'hui j'ai construit des choses, tant bien que mal. Au travail je suis complètement à la ramasse, en relations humaines je ne suis pas au top, mais bon, il y a des domaines où j'ai vraiment, vraiment avancé.

Ce que je peux dire aussi c'est qu'il faut attendre. J'ai attendu comme on m'a dit, et mon monde en ruine s'est un peu amélioré mais pour moi comme je n'avais pas grand chose j'ai du agir et bricoler des choses, reconstruire, dès que j'ai eu un peu de forces.