Auteur Sujet: Nos espoirs  (Lu 26720 fois)

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Re : Nos espoirs
« Réponse #30 le: 16 juillet 2017 à 22:36:20 »
Tony
Un peu plus de 2 ans de deuil pour toi et tu peux écrire cela
Oui ça prend aussi du temps qu'il faut traverser ...
Affectueusement à tous
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

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Re : Nos espoirs
« Réponse #31 le: 17 juillet 2017 à 20:41:32 »
Tony
Un peu plus de 2 ans de deuil pour toi et tu peux écrire cela
Oui ça prend aussi du temps qu'il faut traverser ...
Affectueusement à tous

c'est quand même très douloureux, par vague, et je me demande comment rester debout, souvent, tout en avançant

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Re : Nos espoirs
« Réponse #32 le: 17 juillet 2017 à 21:51:01 »
courage Tony cela ne fait que 2 ans c'est court.

Les vagues de tristesse vont et partent. Elles nous submergent et d'un seul coup une éclaircie on en sait pourquoi.

Pour ma part cela fait 10 mois et j'ai des moments où je sombre complètement mais que je mets à une tâche que je suis dans l'action pour ne plus penser j'arrive à gérer. La solitude parfois je la souhaite et parfois je la crains.

Tu es sur le bon chemin semble-t-il accroches-toi nous sommes de tout cœur avec toi.

Chaleureusement

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Re : Nos espoirs
« Réponse #33 le: 19 juillet 2017 à 15:17:08 »
Merci.

Ce que je voulais dire à Yevanna, c'est qu'on plonge dans quelque chose de tellement horrible que ça semble irréel.
C'est le cauchemar.
Alors, on se raccroche à ce qu'on a, ou on bricole quelque chose (et c'est très difficile car on est un zombie), mais à un moment on peut sortir de ce quelque chose cauchemardesque.

Voilà, j'ai été au fond à vouloir mourir, à me laisser dépérir, et puis j'ai quand même réussi à bricoler (plus que bricoler : construire) quelque chose de nouveau.
Dans mon cas j'ai du me battre car je n'avais pas grand chose de concret (travail : bof, père en phase terminale de cancer). 

Alors voilà, juste un témoignage pour dire que déjà, on peut avancer un peu. Je ne sais pas si ça se fait tout seul, comme je disais, se raccrocher à ce qu'on a, ou devoir se forcer à avancer, ça, c'est propre à chacun y'a pas de recette de cuisine psychologique.

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Re : Nos espoirs
« Réponse #34 le: 29 juillet 2017 à 22:20:44 »
Tu nous disais chanceux. Tu disais que ce que nous vivions, peu de gens le vivaient. Que l'amour souvent, c'était trouver un moyen de ne pas rester seul, alors que nous, nous attendions juste sagement de nous trouver. Il fallait quelque chose de terrible pour nous arracher l'un à l'autre, même ta maladie ne nous faisait pas peur. Ta mère était fière de nous tu sais, pour ta cérémonie elle a clamé devant tous ces gens : "tu étais son pilier, et elle était ta force". Mon édifice s'effondre.

La maladie ne me faisait pas peur parce que j'ai toujours cru qu'on finirait ensemble, que mon coeur s'arrêterait de battre avec le tien. Tu ne concevais pas non plus que je puisse continuer sans toi, c'est pour ça que tu te battais si fort.  Et je t'ai laissé affronter la mort seul, je t'ai abandonné. Je ne suis plus celle qui prend soin de toi, je ne suis plus rien.

Si tu savais que cet amour si beau deviendrait si destructeur. On rêvait d'une vie de douceur, teintée du rire joyeux de nos enfants. Aujourd'hui, je vois la tristesse et l'inquiétude dans les yeux de tous ceux qui croisent mon regard. Je ne rentre chez nous que pour dormir, cet endroit est devenu absurde sans toi. Il y a ces deux bureaux vides dans la pièce du haut, ce lit trop grand, les armoires sans vêtement, la vaisselle qui prend la poussière...

Si tu savais ce qu'il reste de moi depuis qu'il ne reste plus rien de toi. J'ai passé la journée sur le canapé à fixer l'escalier, celui que tu ne pouvais plus monter, celui sous lequel je me vois pendre. "C'est pas ce qu'il aurait voulu" me dit-on. Moi non plus c'est pas ce que je voulais. Mais je ne peux pas me résoudre à te laisser seul. Puisque tu n'as pas pu rester, pourquoi ne pourrais-je pas partir?

Doc m'encourage à parler de ces idées noires, pour les "désamorcer". De mieux en mieux, je suis une sorte de bombe à retardement. J'entame une hypnothérapie lundi, il pense qu'elle m'aidera à me défaire de cette obsession que tu as toujours besoin de moi, pour pouvoir entamer un vrai travail de deuil. Deux jours à tenir, on verra bien. Mais s'il te plait, ne hante pas trop mes nuits.

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Re : Nos espoirs
« Réponse #35 le: 30 juillet 2017 à 14:27:16 »
J'espère que ça t'aidera.

Hors ligne qiguan

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Re : Nos espoirs
« Réponse #36 le: 30 juillet 2017 à 21:56:05 »
Yevanna
as tu écouté
https://www.youtube.com/watch?v=oBesFh2U00Y

affectueusement
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Re : Nos espoirs
« Réponse #37 le: 30 juillet 2017 à 23:54:05 »
Crois-moi Tony, je l'espère aussi, même si ça ne transparaît pas forcément dans ce que j'écris.

Merci Qiguan. Je l'avais déjà visionnée mais je viens de le refaire.

C'est justement bien parce qu'il y a encore une étincelle en moi qui ne veut pas partir que je suis toujours là, et que je cherche de l'aide pour continuer. Je sais de manière rationnelle et intellectuelle que je peux et dois continuer à vivre, mais il y a cette partie sombre de moi que je ne connaissais pas, qui me pousse au fond continuellement. Cette lutte perpétuelle contre moi-même, je sens que je suis en train de la perdre. J'ai usé toutes les stratégies, je me suis occupée jusqu'à m'en écrouler, puis j'ai dormi jusqu'à en avoir mal ai crâne, j'ai pleuré, j'ai oublié, j'ai écrit... Et chaque fois au bout du compte, il y a ce foutu escalier. Vous allez finir par me prendre pour une dingue, mais je n'ai strictement aucune idée de ce qui ne tourne pas rond, je ne maîtrise plus rien. Bref, le week-end est enfin fini (si on m'avait dit que je dirais ça un jour...), j'espère trouver demain un début de réponse, une lueur d'espoir.

Hors ligne tony36

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Re : Nos espoirs
« Réponse #38 le: 02 août 2017 à 12:50:46 »
Merci Qiguan. Je l'avais déjà visionnée mais je viens de le refaire.

Vous allez finir par me prendre pour une dingue, mais je n'ai strictement aucune idée de ce qui ne tourne pas rond, je ne maîtrise plus rien.

Ce que tu as vécu est cataclysmique. Les gens qui fréquentent ce forum sont bien placés je pense pour savoir ce que ça fait ; je veux dire qu'il est compréhensible que tu sois complètement déstructurée.

Ton couple tenait une part prépondérante dans ta vie d'après ce que je comprends, c'est peut-être d'autant plus "déstructurant" je suppose. Je ne suis pas psy et je ne voudrais donc pas tenter une pseudo analyse mais je vivais aussi une relation fusionnelle et je n'avais plus pour ma part pas énormément de relations humaines vraiment importantes et fortes en dehors de celle avec ma femme, je n'avais pas d'enfants.
La chute a été d'autant plus vertigineuse car, concrètement, je me retrouvais privé de ma vie car ma femme était finalement toute ma vie (le reste c'était du détail, de l'occupation).

Encore une fois, pour ne pas jouer le mauvais psychiatre, je ne peux que te faire part de ce que j'ai vécu ces deux dernières années.
J'ai réussi un peu à avancer, il y a eu des évolutions positives. D'abord je me suis retrouvé en hôpital de repos où j'ai dormi et où j'ai changé de cadre, puis je  me suis focalisé sur une occupation (la peinture), j'ai beaucoup médité, et je me suis ouvert sur le plan spirituel. A chaque fois et toujours maintenant j'ai souffert terriblement et je trouvais que la mort aurait été une délivrance mais j'ai avancé car il ne faut pas mourir ou se laisser mourir.
Il ne faut pas mourir d'un point de vue cartésien pour les cartésiens car on a encore des choses à faire et à voir et d'un point de vue spirituel pour les spirituels car on a aussi des choses à faire et à voir mais si les mots sont les mêmes les significations sont très différentes qu'on regarde cela de façon cartésienne ou spirituelle. Je ne vais pas développer la question car ce n'est pas le sujet. Le sujet c'est cette chose sans nom que tu vis et comment au moins faire un pas pour s'en sortir un tout petit peu.

Chacun est tellement différent que les moyens ou les raisons d'avancer sont très variés. Est-ce que ça se fait tout seul suivant un processus naturel ? Oui pour certaines personnes. Ça n'a pas été mon cas car je n'avais pas trop de choses à quoi me raccrocher alors j'ai du les inventer. A 2 de tensions ça a été difficile.

Avancer, tu y arriveras toi aussi, enfin du moins à sortir de cet état complètement insoutenable et irréel, mais en effet, il faut dans un premier temps déjà survivre.
Les psychiatres, psychologues et professionnels de la santé sont là pour t'aider au mieux, te guider, t'épauler...
Ensuite, même si tu étais peut-être dans une relation très fusionnelle, il y a quand même autre chose à côté. Même si cet autre chose n'a aucune valeur à tes yeux ce peut-être déjà dans un premier simplement s'occuper l'esprit qui divague dans tous les sens : faire du dessin, du jardinage, de la couture... je trouve que quelque chose de créatif ou de manuel c'est pas mal mais c'est un un point de vue personnel.
 
Ensuite tu arriveras peut-être à inventer si tu en as besoin mais chaque chose en son temps, déjà sortir un tout petit peu de cette chose sans nom.

Voilà, je me répète mais il faut dans un premier temps déjà survivre.

Hors ligne Yevanna

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Re : Nos espoirs
« Réponse #39 le: 03 août 2017 à 10:35:56 »
Citer
Je ne suis pas psy et je ne voudrais donc pas tenter une pseudo analyse mais je vivais aussi une relation fusionnelle et je n'avais plus pour ma part pas énormément de relations humaines vraiment importantes et fortes en dehors de celle avec ma femme, je n'avais pas d'enfants.
La chute a été d'autant plus vertigineuse car, concrètement, je me retrouvais privé de ma vie car ma femme était finalement toute ma vie (le reste c'était du détail, de l'occupation).

C'est exactement cela. Nous avions une force, une volonté et des ressources infinies lorsque nous étions deux, puisque nous les puisions tour à tour l'un dans l'autre. Un univers riche, épanouissant, un brin décalé que nous avons construit et que nous chérissions plus que tout au monde. Qu'on me rende ma vie...

La spiritualité. J'envie sincèrement ceux qui y parviennent. Mais je ne ressens pas sa présence, je ne vois pas de "signes", et je n'arrive pas à me représenter un "après". L'idée qu'il puisse totalement avoir disparu de ce monde m'est intolérable, mais il n'y a aucune alternative qui parvient à naître dans mon esprit. Je n'exclue rien pour autant. Je ne sais plus qui évoquait le pari de Pascal sur le forum, mais c'est exactement ce que je ressens. Mon médecin l'a très bien formulé : je suis malade à l'idée de l'avoir laissé seul et qu'il puisse subsister une part de lui qui a besoin de moi, alors autant tenter, puisque s'il n'y a rien, j'aurai au moins mis fin à mes souffrances et le reste ne sera plus mon problème.

Seulement le reste, comme tu le dis si bien, c'est la souffrance des autres. Je lis celle de ceux ici, qui sont dans la détresse de ceux qui ont choisi de les quitter. Rien ne se perd, rien ne se crée, en trichant on ne fait que la déplacer sur les autres. Il reste suffisamment de compassion en moi pour ne pas les plonger dans cet enfer. Ma belle-mère y est déjà, y survivrait-elle une seconde fois...

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Re : Nos espoirs
« Réponse #40 le: 03 août 2017 à 12:52:04 »
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puisque s'il n'y a rien, j'aurai au moins mis fin à mes souffrances et le reste ne sera plus mon problème.

Mais s'il y a bien quelque chose après ?
Justement, dans la logique du pari de Pascal, moi je pense que s'il y a quelque chose et qu'on décide de partir dans la souffrance, elle perdure au-delà et que non seulement on reporte en effet le problème sur les autres mais en plus on ne le règle pas pour notre âme. C'est peut-être même pire car notre "âme" (ou l'énergie qui la compose) reste figée dans cette douleur dans laquelle nous étions juste avant la mort.

Il faut essayer de continuer après ce cataclysme et cette désolation,  je sais c'est que c'est horrible et que ça semble insurmontable, je le vis quotidiennement.



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Re : Nos espoirs
« Réponse #41 le: 04 août 2017 à 01:58:31 »
Oui yevanna je suis passée par là les cris, les larmes de désespoir de colère aussi lui demandant de revenir prête à croire n'importe quoi pour avoir un signe de lui.
Pleurer à ne plus pouvoir respirer espérer dormir et ne pas me réveiller
Et pourtant toujours à continuer ce semblant de vie.
Passage obligatoire yevanna mais on sait pas quand cela s'arrêtera.
Trier ses vêtements j'e suis incapable tout est sa place cela est très personnel et variable selon les personnes.
C'est une étape aussi difficile
Je te souhaite tout le courage possible yevanna
Douce nuit

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Re : Nos espoirs
« Réponse #42 le: 09 août 2017 à 23:51:37 »
Lorsqu'on tape sur google "décès compagnon mucoviscidose", je me suis aperçue que je retombais sur
le forum, sur mon propre sujet. Ca peut paraître anodin, mais symboliquement, cela signifie que
quand je cherche une histoire qui me ressemble, je ne trouve que mes propres mots. Je me sens seule.

Je relis ce fil et je vois ma vie, mes souvenirs défiler entre les lignes.
Je me vois nue comme un ver, épancher mes sentiments les plus profonds.
Il y a un pseudonyme qui remplace mon nom, mais qu'est-ce que l'anonymat
quand on a déjà livré ce qu'on avait de plus intime, de plus précieux?
Ce n'est pas une histoire triste qu'on lit les jours de pluie pour s'émouvoir
un peu, c'est ma détresse, dans ce qu'elle a de plus réel et de plus sincère.

Ce soir je suis désappointée. J'ai la désagréable sensation de dériver seule sur un radeau,
au milieu de l'océan. Je sais qu'il y a d'autres survivants, nous étions nombreux sur le
navire de cette foutue maladie. Mais ils passent devant moi, prennent appui sur la planche
et continuent leur chemin, laissant ma main se tendre en vain.

Je sais ce qu'apporte le fait de lire les histoires des uns et des autres, puisque je
les lis. Mais si je sais qu'écrire peut être salutaire, je m'interroge encore sur la
nécessité d'être lue. Je ne cherche pas de réconfort, rien ne me l'apportera. J'ai perdu
la seule chose qui importait à mes yeux, le seul navire sur lequel je rêvais de naviguer.
Ce que je cherche, c'est un contact humain, un partage. J'apprécie les échanges que j'ai
sur ce sujet ou sur les autres avec ceux qui prennent un peu de temps pour partager. Mais
quand je vois le nombre de connectés chaque jour, et le nombre de messages postés, j'ai de
plus en plus la sensation de devenir un phénomène de foire, et cela me rend très mal à l'aise.
Ce n'est pas un jugement de valeur, nous souffrons tous, lecteurs comme rédacteurs. Mais
c'est juste un ressenti qui me pousse à m'interroger. J'ai honte de cette personne que
ceux qui lisent voient à travers les mots dictés par la douleur. Je crois qu'il vaudrait mieux
que je continue sur un journal.

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Re : Nos espoirs
« Réponse #43 le: 10 août 2017 à 23:21:34 »
Toi seule sait ce qui convient pour toi.
Ici tu seras toujours comprise dans le sens du processus du deuil quant à ton histoire personnelle précise nul doute que ce qu'elle représente pour toi est vraiment personnel.
Le processus du deuil, du veuvage permet de trouver des choses semblables voire identiques mais pas la partie perso.
Puisses-tu trouver une voie aidante
Affectueusement
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Re : Nos espoirs
« Réponse #44 le: 11 août 2017 à 01:33:30 »
Chère Yevanna.... Voilà bientôt 16 mois que mon chéri est parti... et je me reconnais dans ce que tu écris... Je suis passée par ces mêmes ressentis, ces mêmes questionnements... Ces oscillations entre le besoin de partager et l'impossibilité de partager.... Parce que cette souffrance, elle est nécessairement, inévitablement... intime. Tellement intime.... Elle se vit dans la part la plus profonde de notre être. La plus inaccessible. Elle nous fait toucher du doigt un sentiment de solitude absolu... Alors parfois, quand cette solitude devient trop terrible, trop effrayante, elle nous pousse à partager... Mais ce partage demeure emprunt de frustration, parce qu'il est forcément incomplet, imparfait... Parfois même, on se relit et on se sent faux... Il y a ce décalage, ce gouffre impossible à combler entre ce que l'on vit, et les mots qu'on emploie pour le décrire.... Je n'ai pas de conseils à te donner sur l'attitude à avoir par rapport à ton besoin de partager ou non sur ce forum, ou en dehors... Je veux simplement te rappeler que si je ne peux partager ta peine, tu n'es pas seule dans ce processus... Pas seule à affronter ce sentiment extrême de solitude, à ne pas trouver les mots.... A ne pas savoir comment gérer ce besoin de tenir les autres à distance tout en ayant besoin d'un réconfort qu'ils ne peuvent te donner... Autorise toi à vivre ces oscillations... à t'éloigner du forum, pour finalement y revenir. A changer d'avis autant de fois que nécessaire, en fonction de l'évolution de tes ressentis... C'est si facile à dire, bien sur, mais je crois que s'il faut garder une chose à l'esprit, c'est de tenter de rester bienveillant vis à vis de cette inconstance qui se manifeste à tous les niveaux: l'inconstance de nos émotions, de nos opinions, de ce qu'on croit avoir accepté ou compris, de ce qu'on croit ne jamais pouvoir accepter ou comprendre.... tout bouge sans cesse... Même le lien qui nous unit à nos aimés... la façon dont on perçoit ce lien. Le lien qu'on entretient aux souvenirs... tout ça bouge sans cesse.... Et c'est tellement effrayant. Mais chacun dans notre propre solitude, nous vivons tous ce processus. Et quelle que soit les montagnes russes qu'il te faut et qu'il te faudra encore affronter, cela ne pourra, ne saura en aucun cas rompre le lien d'amour qui t'unit à ton aimé.  Ce lien: il se tend, se tord, s'emmêle..... mais il sera présent en toi à chaque instant de ta vie. Je le crois sincèrement, même si tout comme toi, spirituellement, le doute me secoue, me malmène, ne m'accorde aucun repos.... Mais ce que tu as vécu avec ton chéri, c'est là. C'est à toi, à vous, quoi qu'il arrive.
Je t'embrasse.