5 mois et 8 jours, et c'était comme ci c' était hier.
Que de souvenirs douloureux ce soir., Très douloureux.
Je n'ai rien compris, j' étais en plein cauchemar
que se passe t-il ? pourquoi ne se relève t-il pas ?
Jusque là, je n'avais toujours pas conscience de la réalité des choses
Et comment l'aurais-je pu du reste ?
Ils vont arriver, ils vont le réanimer, il fait juste un léger malaise
Et ils arrivèrent, Oh pas tout de suite, ils ont bien mis 25 mn à arriver
Pendant ce temps, une gentille voisine était à mes côtés, essayant de me rassurer
Mais non, il est beau, il est jeune, il est sportif, il va revenir à lui, ne vous inquiétez donc pas
Et au moindre petit souffle, vous voyez, je vous l'avais dit, il fait juste un malaise
Et je reprenais espoir, j'y croyais, comment ne pas y croire? après tout, elle a raison, il ne peut pas mourir, pas comme ça, il en faut plus pour mourir.
J' ai suivi, l' ambulance, à l' hôpital, je t'ai perdu mon chéri, je ne savais plus où tu étais, en cardio, neurologie, on m'avait demandé de t'attendre dans l'aile de réanimation.
Que ce fut long, puis l'ascenseur, enfin le bruit de l'ascenseur, c'était bien toi, avec des électrodes sur toute ta poitrine, la tête, un tube dans la bouche, enveloppé dans une couverture en aluminium.
Et à nouveau, me voilà qui reprend espoir, tu es là, bien vivant, tu respires même si tu as toujours les yeux clos
Mais tu étais bien vivant
Et je me remis à espérer, à être confiante, le médécin va arriver et me donner des nouvelles rassurantes, plus de peur que de mal
Il ne venait toujours pas, l'attente devenait de plus en plus long
4 heures après ton arrivée à l' hôpital il finit par arriver
L'air pas très grave au début, et là, je me mis encore à espérer
Cependant, je voyais bien qu'il tergiversait, alors je lui demandai si c'était plus grave que ça . Il finit par me dire oui, c'est grave, les 24 prochaines heures seront déterminantes.
J'eus peur et lui lança, les miracles, ça existe, on peut espérer un miracle
Et subitement, sans prendre de gants, de but en blanc, il me dit
Ecoutez Madame, pas de miracle, Il est cliniquement mort
Oui, textuellement, cet être était sans coeur. Après m'avoir donné un peu d' espoir en parlant des prochaines 24 heures, il me montra son vrai visage, le visage de la mort.
Je l'ai haï ce médecin, je le hais
Mon coeur, j'ai espéré, j'ai eu de faux espoirs, je n'aurai jamais cru que tu ne reviendrais jamais.
Ils ont fini par m' avouer qu'en réalité tu étais mort sur le coup.
Comment le croire ? alors que tu respirais encore ?
Alors que ton coeur battait encore plus fort quand je te parlais dans le creux de l'oreille ?
Je les ai peut-être laissé te tuer sans me battre ? j' aurais peut-être dû insister et demander un deuxième avis, ou changer d' hôpital ?
Oui mon chéri, il m'arrive de culpabiliser, culpabiliser d'avoir cédé. mais aurais-je pu lutter face à ces "savants" ? dès qu'ils ont prononcé ce mot mort, j'ai perdu toute mon énergie, ils n'ont même pas envisagé une opération, tu n'as pas eu l'occasion de te battre, tu n'as eu droit à aucun sursis, et je ne t'ai malheureusement pas aidé.
Et moi qui espérais, qui croyais que tu ne faisais qu'un léger malaise
Oui, tout rejaillit en moi ce soir.
Pardonne moi mon chéri, pardonne moi ma lâcheté.
Je ne t' oublierai jamais.