Auteur Sujet: Mon ange s'est envolée  (Lu 8625 fois)

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taliax01

  • Invité
Re : Mon ange s'est envolée
« Réponse #15 le: 21 décembre 2013 à 02:31:07 »
Bonsoir,

11 mois, bientôt 1 an. 11 mois à regretter le passé, à regretter ce maudit jour, à tenter de me souvenir des moments magiques passés à ses côtés. Puis les moments importants, le 2ème anniversaire de notre enfant et Noël qu'elle aimait tant, me renvoient sans cesse les expressions et les attitudes de ma femme, ses désirs, autant d'obligations qu'il m'est impossible de ne pas honorer par amour, par devoir. Perpétuer un semblant de vie telle qu'elle aurait été avec elle... sauf qu'elle n'est plus là.

1 an sans projet, sans avancées, sans réels moments de bonheur. 1 an de devoirs : devoir élever seul notre fils, devoir reprendre le travail, devoir faire face, devoir continuer à vivre.

Pendant ce temps, j'assiste à l'évolution de mon entourage, unetelle enceinte, un autre devenant papa, d'autres se mariant, d'autres encore achetant une maison, etc. Ce n'est pas tellement de la jalousie ; il s'agit davantage d'images qui viennent à moi, qui s'imposent à moi, autant de choses dont je rêvais qu'il me faut désormais oublier, ou tout du moins réenvisager seul, si j'en ai le courage...

Un temps j'ai cru peut-être pouvoir avancer en imaginant une nouvelle vie à deux, avec une autre. Puis l'idée s'évanouit vite devant le sentiment de trahison qui naîtrait vis-à-vis de ma femme. Si jamais l'au-delà existe, comment retrouver mon ange en l'ayant trompée. Elle n'aurait d'ailleurs pas voulu que je refasse ma vie avec une autre. Puis à quoi bon, je ne le veux et ne le peux pas non plus en fin de compte. Elle est mon amour éternel, mon âme sœur. Il ne passe pas une journée sans que je lui dise mon amour même si l'absence de réponse me fait mal.

Notre fils est finalement la seule chose qui me raccroche à la vie. Il faut que je sois là pour lui, et je le dois pour elle.

Depuis presque un an, notre projet maison étant abandonné, je cède à l'achat presque compulsif de produits égoïstes : une nouvelle télé, tous un tas de matériel photo, une montre de luxe... Autant de trucs qui me donnaient envie lorsque j'étais avec elle, mais que je mettais de côté pour nos projets à deux, en l’occurrence la maison. Le pire dans tout ça est que ces achats ne me procurent finalement pas de plaisir... Je déballe mes nouveaux "jouets" sans plaisir, les laissant même dans leur emballage avant que je ne me décide finalement à les déballer. Y a-t-il encore une recette au bonheur ? Mon bonheur, c'était de la voir heureuse et comblée de notre amour et de tout ce que je pouvais lui apporter.

Comment je vois l'avenir ? J'imagine une relation spirituelle avec ma femme décédée, entretenant notre amour au travers mes pensées et mes actes. Ce que je fais depuis son décès en fait. Puis peut-être que lorsque notre enfant sera grand, qu'il n'aura plus besoin de moi, je la rejoindrai... à moins qu'un évènement ou une maladie ne me renvoie à ses côtés plus tôt que prévu. Je me dis que ce serait bien... Mais pour l'instant, mon énergie doit être entièrement tournée vers notre fils. Mon challenge est qu'il puisse grandir avec le plus bel épanouissement possible, et qu'il trouve dans l'épreuve qui s'impose à lui une force et une énergie pour se réaliser.

Voilà où j'en suis...

Merci de m'avoir lu (un texte autant pour moi que pour vous finalement...).

Affectueusement,

Alexandre.

desesperance47

  • Invité
Re : Mon ange s'est envolée
« Réponse #16 le: 21 décembre 2013 à 22:19:13 »
Bonsoir Thaliax,
Je suis très touchée par ton message de souffrance. Je ne sais pas si mes paroles pourront te réconforter, car j'ai perdu mon cher époux il y a à peine 2 mois, c'est donc tout frais et je suis encore en grande détresse. Je me doute qu'il n'y ait en ce moment aucune place pour une nouvelle relation. Tout dépend des personnes, tu sais, mais on ne peut jamais dire "jamais". Je ne pense pas qu'une épouse aimante puisse vouloir la solitude pour celui qu'elle aime et qui est resté. Au fond de toi, tu sais que c'est toi qui est incapable de te donner ailleurs en ce moment. Mais surtout, quand tu dis que tu pourras partir la rejoindre quand ton fils sera plus grand, je pense que tu n'as pas imaginé à ce que ton fils pourra ressentir. Tu es son papa, et quand il aura 20, 30 voire 40 ans, tu le seras encore. Et à cet âge, il aura encore besoin de toi. Il aura sans doute lui aussi des enfants, et voudra qu'ils connaissent leur grand-père.
Mon fils a 40 ans, et il a un chagrin immense. Il me dit qu'il ne s'en remettra jamais. Mais si il s'en remettra. Je ne pense pas que nous "oublions" nos chers défunts, mais la vie doit reprendre le dessus. Pour nos enfants d'abord, pour notre disparu, afin de vivre pour lui la vie qu'il n'a pas pu vivre. Pour nous-même, parce que nous n'en avons qu'une, et que nous ne pouvons nous abandonner au malheur. Je souffre extrêmement Thaliax, mais je me bat. Je l'ai tout le temps dans la tête, à chaque seconde. La mort me l'a arrachée en 1 seconde, une mort subite, donc forcément très inattendue. Chaque matin je me lève pour me battre, c'est dur, mais on y arrive petit à petit. C'est dur parce que moi je suis toute seule. J'ai ma famille et mes enfants bien sûr, mais plus personne au quotidien, j'ai perdu mon compagnon de toute une vie. Je te souhaite pour ce Noel qui nous arrive des pensées plus douce, un peu de paix, de sérénité. Je pense à toi et te souhaite plein de courage.  Ally

taliax01

  • Invité
Re : Mon ange s'est envolée
« Réponse #17 le: 22 décembre 2013 à 19:18:07 »
Merci pour vos réactions Marie, Ally, Reine-Claude et Manuela.

Pour répondre à ta question Marie, je ne pense pas que mon épouse n'aurait pas souhaité pour moi des "jours meilleurs", juste qu'elle n'aurait pas souhaité pour moi des jours meilleurs avec une autre. J'ai beaucoup de raisons pour ne pas envisager de retrouver "un nouvel amour", parmi lesquelles :

- mon épouse est la première et la seule femme avec qui j'ai eu une histoire d'amour.

- lorsque nous trinquions ensemble, je lui disais toujours "à notre amour éternel". Ces paroles avaient du sens lorsque je les prononçais et je ne peux pas me renier aujourd'hui.

- lorsque nous nous sommes mariés, j'ai promis devant elle et devant Dieu que notre amour survivra après la mort, que je ne croyais pas la mort assez forte pour détruire notre amour, et que je croyais au message posthume de Sœur Emmanuelle : "L’amour est plus fort que la mort. De là où je suis, la vie ne s’arrête jamais pour ceux qui savent aimer."

- Lors d'une discussion que l'on avait eu sur la mort, peu de temps avant l'accident, nous avions envisagé la mort de chacun. Au cours de notre échange, elle m'a demandé si je referais ma vie avec une autre si elle disparaissait. Je lui ai répondu que non. Ça l'a surpris mais je lui ai répété que notre amour serait plus fort que la mort.

Et tout un tas d'autres moments personnels, entre nous, que je préfère garder en moi plutôt que de les renier en rencontrant une autre personne. Je ne veux pas choquer les personnes qui ressentent les choses différemment, mais lorsque j'envisage l'éventualité d'une rencontre, je ne peux m'empêcher d'associer cette idée à de la tromperie. J'aime toujours ma femme et je ne l'aurais pas trompé de son vivant. Et comme je n'aurais pas non plus accepter qu'elle me trompe, je ne peux me résoudre à en faire de même...

Cependant, comme tu le dis Ally, je ne dis pas "jamais". Je laisse aussi les choses évoluées même si aujourd'hui je ne pense pas qu'elles évolueront à ce niveau. Qu'en sera-t-il dans 3 ans, 8 ans, 20 ans ? On verra bien.

Par rapport à notre fils et à l'hypothétique futur suicide de son papa, j'y pense aussi beaucoup évidemment. En même temps, je me dis que j'ai encore beaucoup de temps et je me laisse le temps de songer à tout ça en laissant faire les choses.


Il y a quand même une chose qui me désole un peu dans la société dans laquelle nous vivons et qui transparaît aussi un peu au travers des messages de ce forum :  cette forme de pression sociale qui tend à vouloir remettre en couple des veuves ou des veufs, en particulier lorsqu'ils sont jeunes. Même si ces paroles sont toujours dites avec une grande bienveillance, c'est assez troublant, comme si une personne ayant perdu sa moitié ne pouvait pas poursuivre sereinement sa vie sans un compagnon (ou une compagne). L'une des premières choses qui m'a été dite suite au décès de mon épouse est que personne ne s'offusquerait de me voir en couple à nouveau. C'est fou ! J'aimerais croire en une vie possible en harmonie dans le veuvage.

Sans parler de cette autre pression sociale de la nécessité d'une image féminine pour le bon épanouissement d'un enfant. C'est peut-être vrai... comme ça peut être complètement faux. Je pense que, dans tous les cas, un enfant peut mal tourner, avec peut-être un peu plus de risque pour un enfant orphelin d'un parent, mais c'est au parent survivant de veiller à l'équilibre de son enfant me semble-t-il.


Je vous remercie encore pour vos commentaires. J'essaie bien de mon côté de lire les autres sujets de ce forum pour y réagir, mais je dois avouer que je ne peux pas, ça fait remonter en moi bien trop d'émotions... 5 minutes à lire ce forum et je m'effondre...

Bien affectueusement,

Alexandre

mary42

  • Invité
Re : Mon ange s'est envolée
« Réponse #18 le: 22 décembre 2013 à 21:07:37 »
Bonsoir Alexandre

Comment je vois l'avenir ? J'imagine une relation spirituelle avec ma femme décédée, entretenant notre amour au travers mes pensées et mes actes. Ce que je fais depuis son décès en fait.[/font][/color]

Je reprends cette phrase que j'ai fait mienne depuis 15 mois. Un second Noël sans celui que j'aime et que j'aimerai jusqu'à mon dernier soupir. Cet après-midi c'est encore un torrent de larmes qui me secoue à l'idée du "plus jamais". Comment vivre sans son regard, sans sa main qui cherchait la mienne à chaque instant. J'avance avec cette "relation spirituelle" que tu évoques, avec  la troublante certitude que celui que j'aime est toujours près de moi. Pourquoi troublante ? En raison de certains signes qui ne sont pas le fruit du hasard, de difficultés étrangement résolues, de coïncidences qui ne peuvent venir que de lui. Je pourrai t'évoquer mes lectures mais elles ne sont rien par rapport à l'intime conviction que nos amours ne nous ont pas quittés.  Je ne décolère pas sur cette souffrance qui m'est imposée aujourd'hui car même si je suis certaine que son esprit ou âme est près de moi, son absence est une douleur inhumaine.
Alexandre, je comprends ta souffrance.  Notre seule aide, mon seul soutien à ton égard réside en la survie de l'être aimé.
« Modifié: 22 décembre 2013 à 21:09:27 par mary42 »