Ami Gastepan... combien tes mots me serrent le coeur.
Tu dis :
Pourtant, nous sommes obligés, sans alternative aucune, d’accepter la réalité de ce malheur et de continuer à vivre avec lui, et après lui. Aussi atroce et souvent intolérable soit notre chagrin, nous devons nous rappeler à chaque instant que ceux qui nous ont quittés ont toujours souhaité le meilleur pour nous, ont rendu notre vie meilleure. Nous devons nous rappeler leur voix, leur sourire, leur joie de vivre et en faire une force pour continuer à avancer. Tout à l’heure, à l’heure du rituel, je lui parlerai en lui disant : le manque de toi mon ange, est indescriptible, mes journées sont vides et tristes. Tu ne peux t’imaginer comme je suis malheureux sans toi, perdu nuit et jour dans une détresse immense.
Pourtant, je ne sombrerai pas. Pour toi, je reste droit et digne. Pour toi, je m’efforce d’être fort. Je ne sais pas encore ce que sera ma vie. Mais pour toi, je tenterai d’en faire quelque chose qui vaille la peine. Et quand nous nous reverrons, peut-être me diras-tu « je suis fière de ce que tu as fait pour moi ».
Accepter la réalité du malheur : oui, je sais bien... Nous sommes tous appelés à quitter les nôtres ; mais la douleur de la séparation est vive. Parfois, je me surprends à lui dire : "mais pourquoi nous as-tu fait cela ?"
Je la revois encore, à l'annonce du verdict révélé par le scanner, nous exhortant, nous consolant, nous demandant de l'aider à vivre les durs moments qui se profilaient à l'horizon. Nous, éplorés, nous avions la gorge tellement serrée que nous ne pouvions lui répondre.
Quelle douleur !!!
Elle acceptait le chemin de croix qui devenait le sien, et offrait ses souffrances pour le soulagement de tous ceux qui n'avaient pas (ou peu) d'entourage pour les accompagner.
Elle ne se plaignait jamais, mais on voyait que le déclin (échelonné sur une année) lui pesait. On devinait son angoisse concernant le passage vers l'autre rive. Elle me posait beaucoup de questions, nous commentions ensemble les écritures....
Et, le jour où elle a quitté notre domicile pour rejoindre le centre de soins palliatifs, des larmes coulaient de ses yeux. Voulant la réconforter, je lui donnais quelques douces paroles, et elle me dit alors : "j'ai peur que tu ne t'en sortes pas !".
Autant dire que, toute sa vie durant, elle n'a eu de soucis que pour les autres (nous, sa famille, les malades, les esseulés; etc).
Je ne me suis pas révolté, comme parfois certains le font.... mais j'ai trouvé très dur qu'une personne aussi bonne qu'elle, nous soit enlevée si rapidement.
Ami Gastepan, les paroles que tu adresses à ton ange, à l'heure du rituel, sont magnifiques. Je suis certain qu'elles nous entendent.
Moi aussi, je lui parle... et j'ai le sentiment d'entendre une petite voix qui répond à mes questions.
Peut-être cela se produit-il chez vous autres aussi ?
Bien à vous... merci
Jacques