Auteur Sujet: ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...  (Lu 14703 fois)

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Hors ligne bruno

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ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« le: 22 juillet 2011 à 11:13:19 »
Voici des hommes dans une habitation souterraine en forme de grotte, qui a son entrée en longueur, ouvrant à la lumière du jour l’ensemble de la grotte ; ils y sont depuis leur enfance, les jambes et la nuque pris dans des liens qui les obligent à rester sur place et à ne regarder b que vers l’avant, incapables qu’ils sont, à cause du lien, de tourner la tête ; leur parvient la lumière d’un feu qui brûle en haut et au loin, derrière eux ; et entre le feu et les hommes enchaînés, une route dans la hauteur, le long de laquelle voici qu’un muret a été élevé, de la même façon que les démonstrateurs de marionnettes disposent de cloisons qui les séparent des gens ; c’est par-dessus qu’ils montrent leurs merveilles. [...]


- Vois aussi, le long de ce muret, des hommes qui portent c des objets fabriqués de toute sorte qui dépassent du muret, des statues d’hommes et d’autres êtres vivants, façonnées en pierre, en bois, et en toutes matières ; parmi ces porteurs, comme il est normal, les uns parlent, et les autres se taisent.

- C’est une image étrange que tu décris là, dit-il, et d’étranges prisonniers. “- Semblables à nous, dis-je. Pour commencer, en effet, crois-tu que de tels hommes auraient pu voir quoi que ce soit d’autre, d’eux-mêmes et les uns des autres, que les ombres qui, sous l’effet du feu, se projettent sur la paroi de la grotte en face d’eux ? [...]


- Examine alors, dis-je, ce qui se passerait si on les détachait de leurs liens et si on les guérissait de leur égarement, au cas où de façon naturelle les choses se passeraient à peu près comme suit. Chaque fois que l’un d’eux serait détaché, et serait contraint de se lever immédiatement, de retourner la tête, de marcher, et de regarder la lumière, à chacun de ces gestes il souffrirait, et l’éblouissement le rendrait incapable de distinguer les choses dont d tout à l’heure il voyait les ombres ; que crois-tu qu’il répondrait, si on lui disait que tout à l’heure il ne voyait que des sottises, tandis qu’à présent qu’il se trouve un peu plus près de ce qui est réellement, et qu’il est tourné vers ce qui est plus réel, il voit plus correctement ? Surtout si, en lui montrant chacune des choses qui passent, on lui demandait ce qu’elle est, en le contraignant à répondre ? Ne crois-tu pas qu’il serait perdu, et qu’il considérerait que ce qu’il voyait tout à l’heure était plus vrai que ce qu’on lui montre à présent ?

- Et de plus, si on le contraignait aussi à tourner les yeux vers la lumière elle-même, n’aurait-il pas mal aux yeux, et ne la fuirait-il pas pour se retourner vers les choses qu’il est capable de distinguer, en considérant ces dernières comme réellement plus nettes que celles qu’on lui montre ?

- Et si on l’arrachait de là par la force, dis-je, en le faisant monter par la pente rocailleuse et raide, et si on ne le lâchait pas avant de l’avoir tiré dehors jusqu’à la lumière du soleil, n’en souffrirait-il pas, et ne s’indignerait-il pas d’être traîné de la sorte ? et lorsqu’il arriverait à la lumière, les yeux inondés de l’éclat du jour, serait-il capable de voir ne fût-ce qu’une seule des choses qu’à présent on lui dirait être vraies ?

- Non, il ne le serait pas, dit-il, en tout cas pas tout de suite.

- Oui, je crois qu’il aurait besoin d’accoutumance pour voir les choses de là-haut. Pour commencer ce seraient les ombres qu’il distinguerait plus facilement, et après cela, sur les eaux, les images des hommes et celles “des autres réalités qui s’y reflètent, et plus tard encore ces réalités elles-mêmes. A la suite de quoi il serait capable de contempler plus facilement, de nuit, les objets qui sont dans le ciel, et le ciel lui-même, en tournant les yeux vers la lumière des astres et de b la lune, que de regarder, de jour, le soleil et la lumière du soleil.

- Alors je crois que c’est seulement pour finir qu’il se montrerait capable de distinguer le soleil, non pas ses apparitions sur les eaux ou en un lieu qui n’est pas le sien, mais lui-même en lui-même, dans la région qui lui est propre, et de le contempler tel qu’il est.

- Et après cela, dès lors, il conclurait, grâce à un raisonnement au sujet du soleil, que c’est lui qui procure les saisons et les années, et qui régit tout ce qui est dans le lieu du visible, et qui aussi, d’une certaine façon, c est cause de tout ce qu’ils voyaient là-bas.

- Mais dis-moi : ne crois-tu pas que, se souvenant de sa première résidence, et de la “sagesse ” de là-bas, et de ses codétenus d’alors, il s’estimerait heureux du changement, tandis qu’eux il les plaindrait ?

- Les honneurs et les louanges qu’ils pouvaient alors recevoir les uns des autres, et les privilèges réservés à celui qui distinguait de la façon la plus aiguë les choses qui passaient, et se rappelait le mieux lesquelles passaient habituellement d avant les autres, lesquelles après, et lesquelles ensemble, et qui sur cette base devinait de la façon la plus efficace laquelle allait venir, te semble-t-il qu’il aurait du désir pour ces avantages-là, et qu’il jalouserait ceux qui, chez ces gens-là, sont honorés et exercent le pouvoir ? et subir tout au monde plutôt que se fonder ainsi sur les apparences, et vivre de cette façon-là ?

- Alors représente-toi aussi ceci, dis-je, Si un tel homme redescendait s’asseoir à la même place, n’aurait-il pas les yeux emplis d’obscurité, pour être venu subitement du plein soleil ?

- Alors s’il lui fallait à nouveau émettre des jugements sur les ombres de là-bas, dans une compétition avec ces hommes-là qui n’ont pas cessé d’être prisonniers, au moment où lui est aveuglé, avant que ses yeux ne se soient remis, et alors que le temps nécessaire pour l’accoutumance serait loin d’être négligeable, ne prêterait-il pas à rire, et ne ferait-il pas dire de lui : pour être monté là-haut, le voici qui revient avec les yeux abîmés ? et : ce n’est même pas la peine d’essayer d’aller là-haut ? Quant à celui qui entreprendrait de les détacher et de les mener en-haut, s’ils pouvaient d’une façon ou d’une autre s’emparer de lui et le tuer, ne le tueraient-ils pas ?”


chantal67

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #1 le: 22 juillet 2011 à 11:57:05 »
Bonjour Bruno, contente de vous relire ! J'ai lu votre texte, certains passages m'interpellent, il faut que je le relise tranquillement ce soir mais il est vrai que je ne veux voir que ce que j'ai "envie" de voir, mais je sais aussi que j'ai vu des choses que personne ne pourra me démentir, que ce soit en reve ou en réalité ! Ceux qui ont toujours vécu dans l'obscurité ne peuvent pas comprendre ceux qui vivent au soleil et l'inverse mais l'obscurité est aussi au fond de nous et je veux retrouver le soleil que je voyais avant. Je sais que François m'aide à me liberer de ces fameuses chaines, elles sont lourdes et résistantes mais mon François est costaud !!!!et moi aussi, meme si je n'y arrive pas encore. Je crois que c'est cette force là que mon mari m'a demandé d'avoir. Merçi. Chantal

Hors ligne bruno

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #2 le: 22 juillet 2011 à 12:01:07 »
     bonjour Chantal,ce n'est pas mon texte,mais celui de PLATON dans La Republique,il s'agit de l'allegorie de la Caverne.

chantal67

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #3 le: 22 juillet 2011 à 12:18:01 »
Merçi quand meme Bruno et vraiment contente de vous retrouver.Chantal

Hors ligne Pascale

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #4 le: 22 juillet 2011 à 13:12:16 »
Bonjour Bruno,
Ce texte de Platon t'interpelle, tu m'as déjà conseillé de le lire, je le fais je l'ai étudié même. Je pense qu'il n'y a rien à chercher et que simplement parfois il y a des choses qui nous échappe et peut-être suivant notre état vaut-il mieux que notre cerveau occulte certaine chose et nous en révèle d'autre même si pour tout autre personne ce n'est pas nous qui sommes dans le vrai, mais peut^^etre que pour nous une partie du mur c'est effondrée et que nous avons peur ou ne savons pas reconnaître la vérité.
C'est un peu compliqué à écrire je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre.
Il y a tant à dire sur ce texte!!!
 bises à toi Bruno à Sandrine.
Ne cherche pas trop, essaie de faire confiance à la vie même si elle nous a joué un sale tour. Et tu auras les réponses.
Pascale la Louve
Pascale la Louve

ChristineM

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #5 le: 22 juillet 2011 à 18:30:05 »
Bonjour Bruno,
Nous avions échangé, il y a quelque temps, quelques MP. Alors très amicalement, je voudrais vous dire que je crains après lecture de ce texte que vous vous torturiez à chercher des réponses à ce qui reste et restera le grand mystère de l'Au-delà.
Je suis peut-être trop simpliste pour comprendre mais en ce qui me concerne je crois qu'il n'y a pas de morts, il n'y a que des vivants, sur notre terre, et au-delà. Alors, puisque nous sommes dans les textes, je voudrais simplement citer celui très beau de Saint Augustin :
Ne pleure pas, si tu m'aimes
Si tu savais le don de Dieu et ce que c'est que le ciel !
Si tu pouvais d'ici entendre le chant des Bienheureux et me voir au milieu d'eux !
Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les immenses horizons et les nouveaux sentiers où je marche !
Si un instant, tu pouvais contempler comme moi la Beauté devant laquelle toutes les beautés pâlissent !
Quoi ?... tu m'as vu... tu m'as aimé dans le pays des ombres et tu ne pourrais ni me revoir ni m'aimer dans des immuables réalités ?
Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m'enchaînaient, et quand, un jour que Dieu seul connait et qu'il a fixé, ton âme viendra dans ce ciel où l'a précédé la mienne... ce jour-là, tu me reverras et tu retrouveras mon affection purifiée.
A Dieu ne plaise qu'entrant dans une vie plus heureuse, je sois infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de mon autre vie et sois devenu moins aimant !
Tu me reverras donc, transfiguré dans l'extase et le bonheur, non plus attendant la mort, mais avançant, d'instant en instant, avec toi, dans les sentiers nouveaux de la Lumière et de la Vie !
Alors... essuie tes larmes, et ne pleure plus... si tu m'aimes !...

Douce soirée à vous tous.
Christine

chantal67

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #6 le: 22 juillet 2011 à 20:00:26 »
Bonsoir Christine, nous habitons le village où mon mari est né, a grandi, où nous avons fondé notre famille et où il est enterré. Je travaille à 5mn en voiture. Quand je vais de la voiture à l'usine je vois la colline où nous avions nos vignes et beaucoup plus loin la foret où il était bucheron et chaque fois je regarde ce paysage et je me dis "je sais que tu es là François, tu te promènes sur cette colline et dans cette foret que tu aimais tant !" et ça me fait du bien, ça me soulage de penser ça car je veux, je pense et j'espère qu'il est heureux ! ça ne peut pas etre autrement et je sais qu'il m'attend quand l'heure de mon envol sera venu. Nous étions, nous sommes et nous resterons un couple. C'est ma façon à moi "d'essayer d'accepter l'inacceptable !" Je sais qu'il est avec nous et je l'aime de toute mon ame !Je ne sais pas pendant combien de temps je devrais continuer ma route sans mon Amour pour me tenir la main mais je fais de mon mieux, du moins je crois, car il m'avait confié la famille et j'essaie "d'etre à la hauteur" de ce qu'il m'a demandé avant de partir ! Il me manque à chaque instant mais nous avons l'énorme chance d'avoir des petits signes de temps en temps. Tendrement. Chantal
PS: par moments j'aimerais etre plus vieille de 20 ans et par moments plus jeune de 20 ans pour tout revivre ! je ne sais plus.

ChristineM

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #7 le: 22 juillet 2011 à 22:24:58 »
Oui Chantal, votre François est certainement là, près de vous, près des siens, dans cette nature qu'il aimait. La prière aux vivants ne dit-elle pas entre autres "J'habite dans les mille vents qui soufflent" ? C'est dans cette confiance en leur présence impalpable, mais que notre coeur ressent, que nous puisons la force de continuer, de vivre et par elle que nous est donnée la certitude qu'ils nous attendent, que nous serons réunis un jour.
Lors de la sépulture de mon mari, je ne savais pas si j'aurais la force de dire le texte que j'avais écrit pour lui, pour le remercier de tout l'amour, tout le bonheur qu'il m'a donné. Cette force, elle m'a été donnée. Il se terminait ainsi :
"De ton éternité où tu es entré, donne-moi la force de continuer, de vivre puisque tel était ton désir, et donne-moi surtout de garder toujours ancrée dans mon coeur l'espérance de se retrouver un jour dans un monde où il n'y a plus ni peines, ni souffrances, dans un monde de paix où je sais que tu m'attendras."
Cette espérance-là, il la renouvelle chaque jour dans mon coeur. Merci, mon amour. Je t'aime.
Bonne nuit Chantal. Je vous embrasse.

Marico

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #8 le: 23 juillet 2011 à 00:23:32 »
Bonsoir ChristineM et bonsoir à tous,

En relisant le beau texte de St Augustin, une phrase m'interpelle : "A Dieu ne plaise qu'entrant dans une vie plus heureuse, je sois infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de mon autre vie et sois devenu moins aimant !"

Cela va faire 5 ans que mon mari est parti vers ce Ciel dont St Augustin parle.
Et oui, je peux dire que je le sens tel que le dit cette phrase. Sans doute sa vie est-elle plus heureuse là-haut, parce qu'avec les années, il est de moins en moins présent. Les signes s'espacent. Notre vie n'est plus sa vie depuis longtemps déjà.

Mes larmes et mon chagrin ont essayé de le retenir autant que possible. Mais je pleurais sur notre vie sans lui, pas sur Lui...

Et il y a quelques jours, je suis allée voir une amie qui travaille sur les énergies. Elle m'a dit : "Tu es assise sur la tombe de ton mari et tes enfants sont près de toi... Il faut que tu le laisses partir, il est très malheureux... Ne le retiens plus, il a fait ce qu'il fallait pour vous protéger, maintenant, tu dois couper le fil qui vous lie encore... il doit monter vers la lumière..."

Cela m'a semblé inacceptable et impossible. Comment mon mari pourrait-il oublier nos enfants encore si jeunes à sa mort ? Etre moins aimant ? Est-ce même concevable ? Et ne plus veiller sur eux ? Et abandonner le contrat qui nous liait à eux pour les mener à l'âge adulte et que sa mort l'empêche de respecter ?
Mon amie m'a répondu : "Ce n'est pas son rôle. Pour veiller sur tes enfants, il y a d'autres anges et âmes bienveillantes auxquelles t'adresser. Lui il était juste leur père terrestre pas leur ange gardien, et maintenant, là-haut,  il a un travail à faire et tu dois le laisser partir..."

Et ce lien que je dois couper pour qu'il ne devienne qu'un beau et doux souvenir, pour qu'il ne fasse plus partie de notre quotidien, pour que je n'attende plus rien de lui, ni secours, ni aide, ni conseils, ni soutien... qu'il ne me donnait pas, mais que j'espérais toujours au fond de moi et dans lequel je puisais ma force pour avancer et pour qu'il soit fier de moi... tout ça je dois y renoncer. C'est terriblement difficile, j'ai le sentiment de l'oublier, de l'abandonner à sa vie de lumière, ou peut-être d'être abandonnée moi, pour de bon....

"A Dieu ne plaise qu'entrant dans une vie plus heureuse, il est devenu infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de son autre vie et il est devenu moins aimant... ". Même 5 ans plus tard, c'est terriblement difficile à accepter et pourtant, je sais que mon amie est dans le vrai et qu'il me faut aller sans lui, désormais, et lui sans nous. Et moi, je m'accroche aux souvenirs du roc qu'il était et sur lequel je me reposais, je n'arrive pas à être prête...

"Alors... essuie tes larmes, et ne pleure plus... si tu m'aimes !...". Depuis lors, j'essaie et je promets de m'appliquer tous les jours, tous les jours, pour qu'il soit enfin libre de ce lien si fort qui faisait de nous 4 une famille.

Bon, c'est pas la forme ce soir... je vais essayer de dormir, ça m'évite de penser...

Bonne nuit.
M.

Hors ligne bruno

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #9 le: 23 juillet 2011 à 01:26:47 »
    Marico,c'est vrai que cette phrase que tu cites est puissante?Elle a la violence des mots avec la douceur de l'ecriture.Mais moi,ce que je verrais comme enseignement,c'est qu'elle peut nous decharger de certaines culpabilites que bcp ressentent certainement?Cette culpabilite du "survivant"qui doit continuer...A qui on dit a longueur de journee :"la vie continue pour toi,il faut avancer!"
    Comprends je bien le sens de cette tournure qui dit:" Infidele et moins aimant que les joies et souvenirs de mon autre vie",mais surtout et dit par St Augustin,1er Docteur de l'eglise: "A Dieu ne plaise".Pour qu'ils acceptent leur nouveau sort,dans un monde spirituel,ou le cote charnel n'existe plus,il faut bien qu'ils soient "moins aimants"avec ce qui etait leurs vies,pour pouvoir continuer.
   Et nous aussi,il faudrait etre moins dans le souvenir par le manque,le vide et la peur,mais dans un joli souvenir qui devrait nous poser un eternel sourire aux levres,et qui ne devrait nullement handicaper notre temps restant,nous liberer comme eux doivent l'etre d'apres ce texte, d'une culpabilite qui n'a finalement pas de raison d'etre!Sommes nous responsables?avons nous cree cet evenement?NON!!
  Mais eux non plus!!!Et si nous trouvons qu'il faut tout refaire,tout reconstruire sans notre moitie,que c'est si difficile sans eux,nous mettons nous un instant a leur place,eux qui doivent vraiment tout redecouvrir,mais dans un changement radical et irremediable...
  Oui Marico (B) tu as raison!Il faut les liberer de notre chagrin,de nos larmes,et de nos suppliques tournees envers nous memes.Ils ne seront jamais nos Anges Gardiens,ce n'est pas le role des defunts,chacun de nous a un Ange Gardien qui lui est attribue a la naissance et dont le role s'arrete a la mort,car au Ciel ou dans la Lumiere,la conscience devient universelle,et l'Ange n'a plus besoin d'intervenir...Les morts ne sont pas voyants,mais ne sont pas des absents.Mais ce ne sont pas des Anges,leurs role n'est pas d'intervenir sans cesse dans la vie des incarnes,aussi proches soient ils.Ils ont surement des missions differentes qui leur permettent de se "detacher"des liens charnels pour ne pas en souffrir eternellement,heureusement!
  C'est dur,tres dur, mais les liberer de nos peines ne serait il pas l'ultime preuve de l'Amour que l'on a pour eux?Pour ca,il faut vraiment prendre sur nous,affronter cette solitude imposee,et transformer nous aussi cet Amour charnel,incarne et physique,pour approcher au plus d'un Amour universel,desinteresse au sens relationel,et qui se rapprocherai plus de la Communion des Saints et d'un Amour spirituel,qui debarrasse de toutes contraintes et besoins de retours,ressemblerait finalement a la Foi :

                                       Aimer sans voir,croire sans voir,mais aimer sans faille, et jusqu'au bout!
  Aimer sans s'empecher de vivre,vivre ce qu'il y a vivre,sans regrets et surtout sans culpabilite de l'autre qui n'est plus dans cette dimension,et qui A Dieu ne plaise,est entre (souhaitons le leur)dans une vie plus heureuse,et donc moins aimant de sa vie d'avant...

                                                                  Bruno a Sandrine

 

Marico

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #10 le: 23 juillet 2011 à 02:11:34 »
Bruno, et tu y arrives, toi ?
B.

ChristineM

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #11 le: 23 juillet 2011 à 07:14:08 »
Marico, Bruno, je ne comprends pas ce texte de la même manière. Il est espérance. Pour moi, il ne signifie pas que nous devions  laisser partir nos chers disparus et qu'ils s'éloignent. Non, au contraire, même entrés dans cette vie plus heureuse, parce que là-bas il n'y a plus ni peines, ni souffrances, ils demeurent fidèles aux souvenirs de l'autre vie et ils n'en deviennent aucunement moins aimants, ni absents.
Monseigneur Bougaud qui a écrit sur le sujet dit : "J'ai souvent pensé à ce qui pourrait le mieux consoler ceux qui pleurent. Le voici : c'est la foi à cette présence réelle et ininterrompue de nos morts chéris. C'est l'intuition claire, pénétrante que par la mort ils ne sont ni éteints, ni éloignés, ni même absents, mais vivants près de nous : heureux, transfigurés et n'ayant perdu dans ce changement glorieux ni une délicatesse de leur âme, ni une tendresse de leur coeur, ni une préférence de leur amour, ayant au contraire dans ces profonds et doux sentiments, grandi de cent coudées."
C'est en cette espérance que je crois fermement et c'est elle qui m'aide à vivre.
Bonne et douce journée à vous.
Christine

Lauren

  • Invité
Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #12 le: 23 juillet 2011 à 08:18:10 »
Bonjour à tous,
Je lis vos textes et je vous envie de pouvoir réfléchir de cette façon. Je n'ai qu'une idée en tête, obsdante: revoir Marc, immédiatement, tout de suite. Je n'arrête pas de pleurer, tout le temps. Il aurait eu 57 ans aujourd'hui. Je ne peux pas sans lui. J'ai envie de m'avaler 40 cachets pour ne plus souffrir. Tous les matins je me lève en me disant: encore une journée à supporter. Comment faites-vous? Je n'y arrive pas. Je voudrais crever tout ça n'a aucun sens. Ca fait 4 mois et c'est bien pire qu'au début. C'est long, c'est long. Je voudrais laisser cette vie mais je ne peux pas. J'en veux aux enfants de me retenir ici. C'est atroce cette vie je n'ai même plus des petits moments comme avant où cette soufrance me lâchait un peu. C'est tout le temps. Je ne peux plus. Comment vous faites? J'ai l'impression d'être un satellite qui regarde la terre de là haut et qui se dit: quelle merde! Je n'ose même plus en parler autour de moi. A quoi bon? Chacun a sa vie ils n'ont pas besoin de mon angoisse. J'ai peur. J'ai vu un médecin qui m'a doublé les doses de médicaments. Mais ce n'est pas mieux. La mort m'appelle. J'ai peur.

ChristineM

  • Invité
Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #13 le: 23 juillet 2011 à 08:41:12 »
Chère Lauren, moi aussi je voudrais revoir mon Jean-Mi. Cela fera 8 mois le 5 août prochain. Il aurait eu 59 ans le 5 juin dernier. Il a été et il restera le seul amour de ma vie. Il me manque toujours autant mais il faut vivre, continuer pour eux qui nous ont donné tant d'amour, qui ont fait preuve de tant de courage. Croire en la présence dans l'absence est la seule bouée qu'il nous reste, notre force. Je voudrais pouvoir te donner cette force, t'insufler un peu d'espérance. Tu n'es pas seule. Tous nous sommes là.
Je t'embrasse très fort.
Christine

Hors ligne bruno

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Re : ne vois t'on finalement que ce qu'on veut...
« Réponse #14 le: 23 juillet 2011 à 08:48:32 »
        Bien sur que non,Marico,c'est une facon de penser,de retourner une situation....Je voudrais,mais je ne le fais pas.
Ceci vaut peut etre mieux que de se bourrer de cachets prescrits a la va vite par un docteur,qui de toutes manieres ne regleront que le cote comportemental,mais pas le fond....Je pense qu'un deuil doit etre vecu entierement et pleinement conscient.