Lorsque nous sommes déchirés par cette souffrance, elle accapare tous nos sens, envahit notre corps et notre esprit.
Elle nous crève les yeux, éteint notre raison et assassine l'espoir.
Mais cet amour que tu lui portais, Marijo, il ne sera jamais perdu.
Je crois que ceux que nous aimons si fort, nous ne les aimons pas jusqu'à la fin de leur vie, mais de la nôtre.
Et tout cet amour est notre force ; il nous maintient du côté de la vie.
Il est vrai qu'il est aussi notre douleur lorsque nous sommes, comme toi, dans les premières semaines sans eux.
Pour tenter d'apprivoiser cette peine, qui me faisait vomir d'avoir trop sangloté, je me suis dit qu'elle était à la hauteur de mon amour.
Et il me semble que cette espèce de logique absurde, je le sais bien, et peut-être même un peu folle, m'a aidée à accueillir les moments plus sombres.
Nous devions nous aussi, voyager.
Et il m'arrive de penser que je partirai, seule, en ces lieux que nous imaginions découvrir ensemble.
Aujourd'hui, je ne suis pas prête. Mais peut-être plus tard irai-je là-bas, ou ailleurs, avec mon adoré bien installé au creux de moi.
Pour toi aussi, Marijo, le temps viendra, où tu retrouveras ta capacité à rêver.
Le temps des projets. ; le temps des "peut-être" ; le temps des possibles. A nouveau.
Mais pour l'ici et maintenant, je te souhaite une nuit tranquille.
Une vraie nuit de repos. Tu en as sans doute bien besoin, après ce retour au lycée.