Bonjour,
Quitter la maison n' a pas été chose simple mais je n'avais pas le choix, matériellement ça allait me mettre dans une situation délicate si je restais. Cela dit le plus difficile a été de partir en laissant toutes ses affaires sur place, les héritiers ont refusé la succession et tout revient à l'État. Faire le tour de la maison avec la curatrice, le propriétaire furieux, qui allait perdre des loyers car il ne pouvait pas louer la maison tant que les huissiers ne l' auraient pas vidée, a été une épreuve douloureuse. Heureusement l' employée de l' agence a su arrondir les angles. Elle a perdu son compagnon dans un accident de voiture il y a quelques années et s'est montrée très humaine. Je suis à présent dans un appartement où j'ai retrouvé mes meubles d'avant ( je les avais mis dans un garde-meubles). Je ne me cogne plus à ses affaires. Dans un premier temps je me suis sentie soulagée, apaisée. Je n' étais plus dans l'attente des décisions de l' administration, figée dans un décor sui me rappelait constamment ce que j'avais perdu. Cependant ça n'a pas duré, après la frénésie du déménagement où tous mes amis étaient là pour m'aider et me soutenir, je me retrouve face à moi-même, seule, sans lui. Je pense régulièrement à toutes ses affaires qui vont tomber entre des mains étrangères. Ce sont des parties de lui qui vont être éparpillées, maltraitées. Ce ne sont que des objets certes, mais pour moi il y a toute une histoire en eux, la sienne, la mienne, la nôtre. Je n'ai pas l'impression de le perdre une deuxième fois, mais qu'on me l'a arraché à moi une deuxième fois. C'est assez violent à vrai dire mais c'est sans doute le bon vieux contre-coup après avoir été occupée par les préparatifs du déménagement et le déménagement lui-même. Il y a tout de même un point positif, si on peut dire, c'est que je peux vivre mon chagrin en paix, sans qu'il soit parasité par des soucis matériels et l'inquiétude de ce que j'allais devoir faire. Le lieu finalement ne change rien, le chagrin est toujours là et le souvenir de mon tendre amour aussi, ils m'ont suivie. Partout où j' irai ils seront avec moi, ils font partie intégrante de moi maintenant. Si changement il doit y avoir, ce ne sont pas des circonstances extérieures ou un environnement différent qui les provoqueront mais c'est de nous que ça devra venir. On en revient toujours à la même chose, le temps, qui fera son oeuvre. Le deuil nous apprend l' attente, la patience car ce temps est long et lent. Je ne sais pas si j'ai été très claire, ce déménagement n' a pas été anodin, il ne résout pas grand chose dans l'immédiat mais je verrai, peut-être sur le long terme... Le fait de ne pas avoir eu le choix doit entrer en ligne de compte.
Je vous souhaite une journée la meilleure possible.