FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: lilamande le 11 janvier 2022 à 19:50:53
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Bonjour,
Je me présente, lilamande 49 ans et veuve depuis...1 mois.
Demain ce sera notre anniversaire de mariage.
Par contre je ne sais pas si je suis au bon endroit pour poster.
Mon mari est décédé d'un infarctus le 8 décembre 2021. Il me manque terriblement. J'ai mis des photos de lui partout à la maison. J'en ai besoin.
Quoi dire de plus pour le moment ? Rien. J'ai pourtant l'habitude des forums mais là, je suis perdue.
Bonne journée à tout le monde.
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Tu es au bon endroit.
Tu trouveras ici des ressources, des compagnons et compagnes d'infortune pour accompagner ton chemin. Tu seras lue et comprise, n'en doute pas.
Bien à toi,
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Bonsoir, merci pour votre accueil.
Encore une journée passée sans lui. Je suis passée voir sa mère qui est perdue. C'est le deuxième fils qu'elle perd. Pour mes enfants c'était leur beau-père mais ils ont perdu un père.
J'ai du mal à aller sur sa tombe, rappel de sa mort. A la maison il y a des rappels de sa vie partout. Ses chaussons à l'entrée, ses vêtements dans l'armoire, les photos, ses animaux bref, toute sa vie.
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Bonjour lilamande
Tu es ici au bon endroit ,pour partager ce qui fait si mal , tous tes ressentis qui sache le sont normaux , pour t'aider à accepter l'inacceptable , comme tu le dis toi-même une journée de passer , oui au début on survie un jour à la fois.
Tu fais ce qui te semble le moins douloureux pour toi , ne te force pas, si tu as du mal à aller sur sa tombe n'y va pas , tu verras plus tard , à la maison les rappels de sa vie sont présents cela aussi est normal tu en as besoin , et si l'on venait à te dire de te défaire de ses objets si précieux pour toi ne les écoute pas , écoute ton coeur , et tes ressentis à toi , seul cela compte
Ci-joint une vidéo avec le Dr Fauré qui nous a beaucoup aide
vivre le deuil
https://youtu.be/Ljq4_GZM3EI
Il y a aussi un livre " le deuil au jour le jour " je ne suis pas sure du titre exact
tu peux aussi voir la table des matière mis à notre disposition
Reviens ici autant que tu en ressentiras le besoin, tu seras lue
Prends soin de toi
Amitiés
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Merci Malome,
Effectivement, accepter l'inacceptable, vivre (en ai-je le droit) alors que lui est mort. Et tous ces jours qui se suivent et ressemblent tellement à la vie que j'avais avant...mais sans lui. :'(
Chaque jour qui passe m'éloigne de lui et je refuse quand on me dit que ma maison ressemble à un mausolée (photos), quand on me dit que je vais oublier ma douleur et refaire ma vie (no way pour moi), il n'y a que moi qui décidera et en l'occurrence je VEUX porter le deuil toute ma vie, je n'imagine rien d'autre pour moi car ce serait une trahison envers lui dans le cas contraire.
Nous nous aimions tellement, nous avons fait ensemble des choses que nous n'avions jamais faites avec d'autres. Nous étions trop heureux et la vie a décidé de tout foutre en l'air. On était trop heureux...beaucoup trop.
Et toutes ces personnes qui gravitaient autour de notre couple et qui lui ont fait tant de mal. A son enterrement son ex femme réagissait comme si elle avait été la veuve. Quelle honte ! Il a fallu que ma belle soeur pousse l'ex belle famille pour que je puisse passer devant. Même le maître de cérémonie me cherchait. A chaque fois il m'appelait car il a bien compris le problème.
L'ex femme qui voulait inhumer mon mari (il voulait être incinéré), faire une cérémonie religieuse (ce qu'il ne voulait pas) et qui voulait qu'il soit dans un caveau avec elle plus tard ! Elle a juste oublié une chose, ils étaient divorcés et c'est avec moi qu'il était remarié. Et j'ai respecté ses DERNIERES volontés, pas celles d'il y a 25 ans.
Aujourd'hui, je reste dans mon logement, dans NOTRE logement à tous les 2 et je garde son oreiller intact, tellement qu'il était au moment où il est parti. La même taie et son T shirt de nuit aussi. A sa place dans le lit.
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Malome, sinon je connais le Dr Fauré et j'ai trouvé que sa façon de voir le deuil est très intéressante. J'ai l'intention de revoir cette vidéo plusieurs fois afin de bien l'appréhender.
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Bonjour lilamande,
Je me retrouve dans ton ressenti, porter le deuil pour le reste de tes jours, je le comprends, c'est mon ressenti aussi, je suis certainement plus âgée que toi mais cela ne change rien. Par contre j'ai changé une façon d'être, je ne dis plus un jour de plus sans toi mais encore une journée terminée qui nous rapproche.
Si ta maison est un mausolé pour certaines personnes, tu t'en fiches, tu es dans votre maison. Perso je regrette vivement avoir écouté une personne "qui me voulait du bien" , qui avait perdu son mari donc je l'ai crue, et je me suis défaite de ses affaires, et ça c'est un grand regret, j'ai gardé son dernier pyjama, un blouson et je les garde précieusement. Je ne peux pas prendre sa place sans le lit, lorsque ma petite-fille que j'adore vient dormir avec moi, je passe une très mauvaise nuit.
Fait tout ce qui te convient et ne t'occupe pas des autres.
Courage
Nicole.
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Bonjour Nicole, merci pour ton ressenti.
Oui je suis comme toi , et je garde ses affaires précieusement. J'ai lavé son linge qui était au sale comme s'il allait les remettre, ses chemises sont encore accrochées à leur place, et le soir je me couche en travers du lit pour regarder la tv. Par contre je m'endors à ma place, pas à la sienne.
Raconte-moi un peu de quoi est décédé ton mari et comment tu vis chez toi. Je t'écoute.
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Lilamande, Je t'ai envoyé un message perso.
Nicole
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j'ai répondu Nicole
J'ai quelque chose d'un peu différent de toi dans le sens où je pense effectivement qu'une partie de moi est morte en même temps que lui, mais je ressens que la vie continue et c'est ce qui me paraît le plus terrible. Le seul moyen que j'ai pour accepter ce beau soleil d'aujourd'hui est de penser que Christian est à côté de moi au moment où je vois le ciel bleu. Et en même temps je sais qu'il ne peut plus ressentir cela. C'est horrible.
Je suis confuse, ambivalente aussi.
Il faudra que je vous parle un peu mieux de la vie de mon mari mais pas maintenant, c'est trop dur
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Lilamande, Je sais que c'est dur, une chose à la fois.
Amitiés
Nicole
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Tout commença sur un réseau social bien connu. J'envoyai un message pour savoir qui souhaitait sortir sur la ville où j'habitais et il a juste répondu "moi".
Nous avons fait connaissance par mp. Très vite il a commencé à m'expliquer qu'il était atteint d'une maladie relativement rare dans sa forme aigüe, la neuro-sarcoïdose. Pour ceux qui ne connaissent pas, la sarcoïdose est une maladie qui provoque des cancers et qui se loge en priorité dans les poumons. La sienne avait eu la mauvaise idée en plus de se loger dans le cerveau. Il en était rescapé car après s'être battu contre 3 cancers (rate, foie et lymphome), il s'en était sorti alors que les médecins avaient demandé à la famille de venir lui faire ses adieux. "Je suis increvable" qu'il me disait tout le temps. Je lui répondais qu'il y avait des limites à tout, inquiète que j'étais. Il avait pu être sauvé de ses cancers grâce à une greffe de cellules. Enfin, quand je dis sauvé, il a pu vivre 15 ans de plus grâce à un généreux donneur.
Lorsque j'ai fait la connaissance de Christian, il avait 48 ans et j'en avais 43. Je le revois toujours tenant par la main son petit garçon de 8 ans qui était atteint de trisomie 7. C'était un grand bonhomme costaud moustachu et bourru, ce qui lui avait valu le sobriquet de "Nounours", mais pour moi il allait vite devenir mon "Doudou d'Amour"qui passait son temps à fumer et à manger des pastilles de Vichy à la menthe. Il était aussi gentil qu'il râlait. En ce qui me concernait, il n'oubliait jamais une date et m'invitait au restaurant très régulièrement. Nous aimions passer des weeks-ends rien que tous les 2 en amoureux (nous étions en train de faire tous les coins de la Bretagne lorsque la mort l'a fauché). Il m'offrait des fleurs et des bijoux. Il était aussi très paternaliste envers moi car il savait que j'avais besoin d'être protégée. D'ailleurs, aujourd'hui encore je me sens protégée par lui. Malgré sa mort il est toujours présent et me rassure encore.
La neuro-sarcoïdose le rendait vraiment vulnérable face aux maladies telles que les pneumopathies et les cancers. Il devait recevoir des anti-corps plusieurs fois par semaine sous cutanée pour booster son système immunitaire. C'était une habitude et rarement je l'ai entendu se plaindre concernant ce lourd traitement. Une seule fois il a oublié de le faire, c'est tout.
Christian était un battant, sauf sur la fin où vraiment il baissait les bras. Il me disait qu 'il fatiguait beaucoup et je me demande aujourd'hui si le cancer n'avait pas repris le dessus, bien qu'il fût totalement guéri à une époque. (Guérit-on vraiment d'un cancer ?)
Un mois avant sa mort, il s'est tenu devant moi et a commencé à chercher sa respiration en se tenant la poitrine. Je l'ai fait asseoir et lui ai demandé s'il souhaitait que je prévienne les pompiers. Ce à quoi il m'a très vite répondu que ce n'était rien. 5 minutes plus tard il reprenait ses activités habituelles. Je l'ai tout de même tanné pour qu'il prenne rendez-vous chez le médecin. Comme il avait rendez-vous rapidement chez son professeur pour sa neuro-sarcoïdose il en a donc parlé à ce moment là. Le professeur lui a dit qu'il l'hospitaliserai dans quelques jours pour des examens complémentaires. Cela m'avait paru un peu léger mais bon, il était médecin et savait de quoi il parlait non ? Les jours sont passés et l'hospitalisation s'est faite attendre. Christian utilisait sa Ventoline pour mieux respirer mais je sentais bien que le problème était autre. Je l'ai donc envoyé chez son généraliste qui n'a rien vu à l'auscultation.
Puis vint le jour où Christian alla avec mon fils chez une amie pour chercher un matelas. Je ne saurais dire pourquoi mais j'avais senti qu'il ne fallait pas que Christian parte ce jour-là. Au moment de nous dire au revoir, je lui avais fait un énorme bisou. Quand le téléphone a sonné et que mon fils m'a annoncé que Christian n'était pas bien j'ai senti sa mort venir. Nous avons appelé les pompiers ensemble et ils sont arrivés assez rapidement. J'ai rappelé mon fils qui m'a dit que Christian bavait. Je l'entendais derrière mon fils en train d'essayer de parler. Comme je l'ai déjà lu quelque part d'ailleurs, Christian n'arrivait à prononcer que les voyelles. Qu'est-ce que j'ai regretté d'être loin à ce moment-là... Mon fils et des gens qui étaient autour ont sorti Christian de la voiture car il était en train de s'évanouir. Ils ont commencé un massage cardiaque sur la demande des pompiers en attendant leur arrivée ainsi que celle du samu. Une fois sur place, les pompiers ont repris le relais et ont insisté le plus longtemps possible sur le massage cardiaque. Il n'avait que 55 ans et il fallait que le cœur redémarre. Jusqu'au moment où le médecin réanimateur a demandé à me parler. JE SAVAIS. Il m'a demandé de m'asseoir et je lui ai dit « il est mort n'est-ce pas ? » il m'a simplement répondu que oui. A ce moment là j'ai hurlé. J'ai demandé pourquoi certaines personnes font plusieurs infarctus, ont des steins et vivent avec alors que lui n'a même pas eu le droit à une seule chance ? En fait, son cœur avait fait plusieurs « minis » infarctus (si toutefois on peut dire cela comme ça) ce qui l'avait vraiment trop abîmé pour redémarrer ce jour. En gros, son cœur s'est littéralement déchiré dans sa poitrine. Vous imaginez la souffrance ? Mon Doudou d'Amour était parti.
Quelques jours plus tard, la secrétaire du professeur de mon mari appelle pour donner les dates d'hospitalisation de Christian. « C'est trop tard. Il est mort » lui ai-je simplement répondu. Que pouvais-je ajouter d'autre ? Christian attendait son hospitalisation et ils appellent après sa mort.
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Quelques jours après son enterrement, une odeur de pastille à la menthe est venue me caresser les narines dans la chambre à coucher...
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continu à écrire ça ce sera une aide ...
ici tu seras lue même si peu ou personne répond à chacun de tes messages ne t'en inquiète pas
bien affectueusement
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merci qiguan
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lilamande
De tout coeur avec toi , dans ces douloureux moments , écrire , et partager ne guérit pas , peut devenir un de ces rochers ou l'on s'agrippe juste pour ne pas couler
Prends soin de toi
Amitiés
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malome, je ne vais pas être très originale mais je suis tellement triste du décès de mon mari, il me manque tellement. Parfois je me demande s'il n'aurait pas pu être sauvé si l'hôpital lui avait trouvé une place plus tôt pour ses examens cardiaques. Je trouve que ses risques ont été sous évalués par rapport à sa pathologie. Ecrire cela ne me le rendra pas mais je me demande quand même si je ne devrais pas en parler...
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Tu sembles perdue et c'est normal. Après 2 mois, c'est la même chose pour moi. Je parle aux photos, je dis ma colère et mon impuissance. J'ai des photos partout qui parlent de bonheur et d'amour inconditionnel.
je te souhaite plein de courage. Et même si ta force est partie avec lui, demande toi ce qu'il te dirait....parfois, c'est surprenant.
amitiés
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Bonjour, me revoilà sur le forum. Depuis la dernière fois de l'eau a coulé sous les ponts. Christian me manque toujours, c'est indéniable mais aujourd'hui j'avance. Cependant, je suis dans une grande dépression, sous médicaments et je me sens comme un mort vivant.
A la rentrée je fais une formation de comptabilité pour reprendre le travail et m'occuper l'esprit aussi.
Bonne journée à tous