Bonsoir Anouche,
J'ai effectivement perdu LA personne qui était essentielle dans ma vie, en terme d'attachement, de valeur partagée, d'admiration, d'apprentissage de la vie, car on a apprend tout le temps.
Sa disparition est intervenue après une rupture, à mon initiative.
Son geste? Je ne l'ai pas vu venir. J'étais petrifié, hébété.
Je refuse de me l'approprier mais je regrette énormément de ne pas avoir été en mesure de détecter certains signes ou certains propos. Comme pour toi je pense, on a l'impression que tout était évident une fois le drame arrivée. Car notre vision est biaisée.
Je n'ai pas arrêté de refaire le film, encore et encore. ce que j'aurais dû mettre en oeuvre pour que ce drame ne survienne pas.
Ce drame est survenue du fait de la conjonction de pleins d'événements et d'éléments qui font que c'est arrivé à ce moment précis. Une légère orientation, une action à priori insignifiante auraient pû tout changer. J'en ai la certitude. Un peu comme les répercussions des battements d'ailes des papillons.
Tu vas refaire le film, encore et encore, analyser chaque hypothèse, cela va ganberger. Cela sera douloureux. On aura beau te dire que cela est inutile, tu en auras besoin. Il faut faire attention que cela ne soit pas trop douloureux, que tu te protèges, car tu n'as rien fait de mal. C'est très important.
Chaque fois que tu viendras sur ce site, je te le dirai... tu n'es pas responsable de son geste.
On ne l'est pas... mais on regrette de ne pas avoir été en mesure d'intervenir.... accepter de ne pas avoir la maîtrise sur tout... C'est cruel, eu égard aux conséquences, mais cette étape sera nécessaire.
Je n'ai pas pris de traitement, Je n'ai même pas vu de médecin.. J'ai été complètement fou (??).
après le drame, pendant plusieurs mois, je suis resté en marchant au ralenti... j'étais passé en ralenti, car la douleur était terrible et parce que je trouvais inutile de courir après un monde qui n'était plus le mien. J'étais dans ma bulle.
Ma chance a été que mon entourage a fait corps autour de moi. Je n'ai jamais été seul (une seule seconde) les premières semaines.
J'avais aussi des blocages alimentaires (tous les souvenirs de plats préparés ensemble par exemple, ou qu'on aimait... je ne pouvais plus les manger).
Cet état de retrait, de lenteur, de replis complet a duré plusieurs mois. Mais j'étais épaulé, je n'ai pas cessé de parler, de vider mon chagrin, de parler sans tabou de mes regrets, de mes doutes, de mes remords. Mais j'étais hors de la vraie vie.
Depuis le moi de septembre, le moteur s'est tout doucement remis en marche. J'arrive à retrouver un intérêt dans les activités quotidiennes. Pour autant, je reste malheureux à l'intérieur. Je ne sais pas si c'est de la culpabilté ou la certitude d'avoir perdu une personne inestimable pour moi. Tout est chamboulé, terriblement.... il faut du temps pour recoller les morceaux.
Dans tous les cas, je te conseillerais de te confier, si cela est possible, à ton médecin. Il saura être un soutien et te prescrire un traitement si cela est nécessaire.
L'assistance d'un thérapeute peut aussi s'avérer important.
Essaies de prendre tout ce qu'on te propose, si tu sens que cela peut t'aider.
A ce stade, c'est si récent que je te dirais une chose : PASSES EN MODE SURVIE. Réellement.
A très vite.
Ecris si tu en as besoin, n'hésites surtout pas.