Bonjour Sylvie,
Contrairement aux idées reçues et probablement imposées par ceux ou celles qui n'ont pas vécu un deuil, le chagrin ne met pas 6 mois à "passer", et comme a dit un médecin à une personne de ma famille qui ne comprenait pas que je sois si malheureuse encore au bout de ces 12 premiers mois : Monsieur, ce n'est pas son chien qu'elle a perdu, c'est SON MARI, son double, sa moitié, son repère, son épaule, son soutien.
Le cap de 1 an est un cap difficile.
L'anesthésie des premiers mois qui permet de supporter tant bien que mal le tsunami qui a ravagé notre monde, s'est envolée nous laissant sur le carreau. La violence du quotidien nous frappe de plein fouet et en même temps, les autres ont pris du recul, ne savent plus, ou n'ont jamais su quoi dire. L'aide reçue a peu à peu pris du large et à la solitude morale et physique, à l'absence insupportable, s'ajoutent les tâches à accomplir seule, les décisions à prendre seule, souvent la reprise d'un job qui n'a plus d'intérêt, les gens heureux autour qui ne font plus attention, les enfants qu'il faut protéger... et soi, que l'on continue d'oublier parce que l'autre, notre Amour est encore si présent.
Et pourtant, ce qu'il faudrait faire, c'est s'occuper de soi.
Maintenant nous savons que les responsablités nous incombent, à nous, seule. En 1 année nous avons assumé, et nous nous sommes prouvé que nous pouvions, même si cela a été dur, très dur, même si cela l'est encore.
Alors, il faut à présent se choyer, se cocooner, s'autoriser de ne penser qu'à soi, se forcer à mettre sa douleur de coté, quelques minutes, puis quelques heures.
Souffler, faire une pause, s'auto protéger.
Et aussi partager le poids du quotidien avec d'autres, enfants jeunes adultes, ami(e)s qui pourraient nous accompagner, parents pour garder les plus petits...
Sylvie, tu existes, même sans ton mari, comme tu existais avant de le rencontrer.
A présent tu portes ton héritage et le sien.
Crois-moi, peu à peu, toute cette douleur va se calmer et la douceur va revenir.
Si je peux me permettre un conseil, continue de partager ton chagrin avec ceux qui t'entourent, continue d'imposer ton homme au quotidien, le faire exister en parlant de lui, même brièvement, comme : tiens c'est une expression de ... , oh, il adore ce plat... cette émission de télé, c'est son truc... du coup, on se sent moins seule, enfin moi je trouve. Pour moi, rien n'est pire que la chappe de silence dont les autres veulent couvrir son prénom, son vécu.
Et aussi, prendre soin de toi.
Courage Sylvie, nous sommes aussi là pour te lire, t'écouter et te répondre.

Marina