On utilise ce mot envers moi, soit pour m'en souhaiter, soit pour dire que j'en ai et que j'en ai eu, mais cela m'interpelle.
Qu'est-ce que le courage ?
Est-ce continuer à vivre, accepter les invitations et sourire pour ne pas se sentir isolée ou rejetée ( comme on me l'a dit innocemment et crûment, il ne faut pas être déprimant pour les autres, c'est malheureusement vrai, à mon avis) ?
Est-ce courageux de vivre et dans ce cas est-ce lâche de tout laisser tomber ? Je me trouve plutôt lâche de rester, par peur de l'acte en lui même, peur tout court,ou est-ce une étincelle de désir de vivre malgré tout ?
Je me pose des questions existentielles, ai des vertiges en pensant à ce que nous sommes dans ce monde, ces galaxies. Comme je l'ai déjà dit, n'ayant pas de foi dans un au delà, être suprême ou autre, je me retrouve bien démunie. Je ne peux pas m'accrocher à l'idée de retrouver un jour mon amour.
Alors courage ou lâcheté ?
Courage, volonté, ce sont des mots valorisants , mais faux , je n'y crois pas du tout dans le fond; je n'en ai pas, c'est peut-être juste un instinct de survie , animal.
Qu'en pensez vous ? et j'espère ne pas plomber la journée
Amitiés
Dominique

Ni courage, ni lâcheté ...
on continue juste le chemin ... Comme on peut 
et surtout, ne t'occupe pas des autres ... ils ne vivent pas ce qu'on vit et ... ils sont loin de soupçonner ce qu'on éprouve  ...
Alors ni courage, ni lâcheté , juste avancer pas à pas vers notre reconstruction
Claire

oui Daniel, c'est déjà pas mal ... je suis d'accord

bonsoir !
Dès le décès de mon conjoint, j'ai décidé de continuer au travail. sans manquer un jour. j'ai remis mon garçon à l'école également dès le jeudi (il est parti un mardi soir) Eux aussi m'ont trouvé courageuse ! Pour moi c'était plus une question de survie... non de courage. Car à la maison, retrouver son empreinte, son odeur était très difficile et complexe. A la fois, je les recherchais et à la fois c'était insupportable. Il a eu un infarctus et est mort dans la cuisine le 7 février dernier. Depuis, chaque occasion, chaque fête nous rappelle son absence.
J'ai parfois l'impression d'être là en spectatrice sans aucune émotion vis à vis de ce qui se passe. Je ne suis plus au courant de l'actualité. Tout me paraît sans importance. Je suis complétement déconnectée .. Est-ce cela le courage !
Mon garçon est plein de vie à l'école mais à la maison il est infernal. Il reporte sa colère sa révolte sur moi. Il est violent, agressif et parfois irrespectueux ... disant qu'il aurait préféré que ce soit moi qui meure. Qu'il a toujours préféré son papa... Qu'il ne me veut pas.. Que je rate tout, oublie tout... que je suis moche, triste et vieille...
Je suis bien désarçonnée face à son attitude car je sais qu'il souffre terriblement pour en arriver à de tels extrèmes.... Je suis maintenant épuisée et la colère monte . Cela me fait peur car ce n'est pas moi ! Hier je lui ai donné une fessée (la 1ère depuis bien des années) il a 9ans 1/2 lui disant que je ne l'obligeais pas à m'aimer mais que tant qu'il serait dans notre maison il me devrait le respect et que j'entendais bien me faire respecter. Je pense l'avoir impressionné car depuis il est plus attentionné et même très gentil... Il est venu se lover dans mes bras pour se faire pardonner (alors que je regrettais à mort ce que je venais de faire et la violence de mon geste)... Que penser... J'en déduis qu'il me déteste parfois car je suis là et plus son père, et d'un autre côté, il ne veut pas me laisser seule une seconde... il ne veut plus dormir dans sa chambre... essaie d'écarter les personnes qui viennent nous voir.
Alors où se trouve le courage dans tout cela ! bien malin celui qui peut le dire !
Le plus gros courage actuellement pour moi est celui de me  lever tous les matins sans lui... et d'arriver à me coucher le soir sans lui !
sa tendresse me manque terriblement... Mon Dieu ! Ne me parler pas de courage... car je n'en ai plus !
Tititou 

bonjour,
par rapport aux difficultés avec les enfants, j'ai trouvé sur le site page d'accueil les dossiers du mois : après le vécu de l'homme en deuil, tu as : la culpabilité de l'enfant en deuil, puis dans les dossiers archivés il y a Comment aider un adolescent en deuil ?
et enfin dans "être accompagné" les modules complémentaires parlent de "accompagner un enfant en deuil"
J'ai moi-même 4 enfants (plus âgés mais tous encore à la maison) et au début, ils m'ont épuisé ...
ton fils est certainement désemparé lui aussi et cherche sa nouvelle place au sein de la famille amputée ...
j'espère que les modules t'aideront...
Je te souhaite de passer une journée paisible
je t'embrasse
Claire

Bonsoir

Votre réponse m'a ébranlée et me  fait très peur. Ce que vous dites est terrible.

Mon conjoint Timilou a toujours été battant. Depuis 20 ans nous étions ensembles, inséparables partageant les mêmes sentiments, les mêmes valeurs.
Je voulais être forte pour lui, pour lui montrer que j'y arrivais, qu'il ne s'inquiète pas...

Cela fait 10 mois et ma peine empire, ma détresse est encore plus forte, son absence plus douloureuse.
Au début, j'ai laissé aller mon chagrin et pleuré avec mon garçon.
Puis, il a commencé à être gêné et se moquer quand je pleurais, puis à devenir agressif, blessant... voire odieux.
Lui, ne pleurai pas ou que de très grosses fois surtout le soir. Cela m'inquiétait beaucoup d'ailleurs.
Mais depuis tout petit, il est dur au mal , il ne laisse rien l'atteindre (du moins en apparence).
C'est à ce moment là que je l'ai emmené voir un psy.

J'ai donc caché ma peine du mieux que je pouvais tout en lui disant qu'il était normal d'avoir de la peine et de pleurer....
Que nous aimions tous les 2 son papa et qu'il nous manquait.

Puis il m'a reproché d'être triste et qu'à la maison ce n'était pas drôle. Je fais pourtant bq de choses avec lui. Nous sortons plus souvent qu'avant : cinéma, ballade en vélo, sortie à la mer...au parc d'attraction... choses que nous ne faisions pas avant... Presque trop  parfois car il me demande de rester à la maison.
Je n"ai personne à qui me confier. Je craque et pleure dès je suis seule à la maison, ou quand je vais au cimetière...
Là, Je pose ma tête sur sa croix et  je me sens mieux comme si mon âme pouvait atteindre la sienne sous terre. Je pourrai rester ainsi des heures...Je crie parfois ma souffrance face à son absence... ma révolte quant à son départ.
Mon garçon ne veut pas  aller au cimetière. Il sait que j'y vais une fois par semaine.
 
Si j'essaie d'être forte, car en réalité, le quotidien me demande  un effort surhumain; c'est pour mon garçon, seulement pour lui .
Tous les jours, je lui redis mon amour pour lui et l'importance qu'il a pour moi. Il est très demandeur de câlins... surtout le soir car il appréhende d'aller se coucher dans son lit. Il revient dans ma chambre. Il dit avoir peur de dormir depuis que son papa n'est plus là.
En ce moment, je le laisse s'endormir dans le canapé pendant que je finis la soirée...

Je pense ne pas saisir le sens du "deuil" ni sa signification ...

Si je vis aujourd'ui et essaie d'être "vivante" cest  uniquement pour mon fils.
Ma seule raison de vivre est ce petit bonhomme que je revois encore, la première fois après le décès de son papa, lorsque je suis allée le chercher à l'école, errant dans la cour, un dessin à la main... Un dessin qu'il avait fait pour moi (lui qui n'aime pas le dessin)
Il avait écrit "La famille des 3ti" pour Maman 10/02/12 et peint 2 abeilles qui volent au dessus de 2 cerfs encadrant un hôtel avec une croix sur le toit... Puis il m'a dit : tu n'as pas remarqué ? depuis je suis toujours content ...

Merci encore de me lire ! bon et gros courage à tous ...

Quand je lis sur le site  aurant de souffrance et d'amour, je sens une grande bouffée de châleur et d'affection m'envahir pour vous tous ...

Tititou

ps (la famille des 3ti pour Timilou, Tititou et Timinou)

Bonsoir à tous,

Le courage, c'est rester debout, quand nos jambes se dérobent sous nous. C'est parvenir à donner de la joie à ceux qui sont censés nous remonter le moral. C'est jurer qu'on va s'en sortir quand notre petite voix intérieure nous supplie de nous laisser aller.

Madâme

Oui c'est cela Mâdame c'est une lutte de tous les instants. Aller à l'encontre de l'effondrement. Se lever chaque matin, aller travailler, sourire, avoir un semblant de vie et continuer, continuer malgré tout et envers et contre tout.