Auteur Sujet: Détresse  (Lu 3577 fois)

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Biche

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Détresse
« le: 06 février 2012 à 13:13:08 »
15 mois, que l'Homme de ma vie est parti! 6 mois que mon compagnon professionnel a disparu lui aussi, 4ans que ma mère est décédée!
Aujourd'hui, je crois que j'ai fait une énorme bêtise, j'aitout plaqué, la vie au soleil que j'aimais, là bas chez moi à la Réunion, pour le grand froid de l'ESt, mon travail, j'ai démissionné après deux ans d'arrêt maladie pour un nouveau job, qui déjà au bout d'un mois me prend la tête, à nouveau conflits de valeurs, le tsunami de la mort me laisse exsangue!
Je ne me fais pas à ma région de naissance, le froid m'est insupportable, mes amies me manquent, et pourtant j'ai fait le choix du cocon familial, retrouver mes 2fils, que je ne vois pas assez souvent, l'un est en couple; l'autre vit en Suisse,mon père qui a fait un AVC, il ya quelques mois,mes frères qui m'entourent!
Secouée par ces deuils successifs, mon divorce bien avnt tout cela, le départ de mes enfants, la rupture d'à peine 3mois avec un nouvel homme,, je me dis que c'est bien normal ce que je vis à nouveau cette sourde tristesse qui m'envahit sans crier gare!
En revenant dans ma région, j'avais le sentiment d'avoir fait le bon choix , celui de mes racines, de mes valeurs, mais ce job d'à peine un mois déjà me plombe, me renvoie à mes valeurs, je ne m'y retrouve pas, j'ai un sentiment de peur d'avoir tout abandonné en pure perte pour me reconstruire différemment, je me perds!
Que j'aimerai que le cérébral s'arrête!

Son souvenir s'efface petit à petit, pour ressurgir brutalement de manière fortuite, différemment, je revois les lieux de cette terrible année de solitude,, je revois les quais de la ville rose, je vois les couloirs de la clinique ou j'errais, j'ai l'impression de revivre un cauchemar, à la fois je le perds mon homme, à la fois je revis à nouveau toute cette dernière terrible année, ou nous ballotions entre espoir et désespoir, la machine à café, le froid dans la nuit quand je le quittais cette seule semaine ou nous avons été séparé en soins intensifs.
J'ai vécu avec lui 7mois dans la même chambre dhôpital, Purpan, Rangueil, A.Paré, la blanchisserie, ses mots durs quand je lui ai dit je t'aime, on n'en est plus là !Le choc de savoir que je ne pouvais rien faire pour lui, qu'il allait partir et que je resterai définitivement seule sans lui!
Tout c'était effaçé et aujourd'hui, tous ces moments affluent et m'empoisonnent à nouveau!Cela n'en finira donc jamais, cette cruelle absence, cette solitude sans nom, qui me donnent envie de hurler, ces angoisses impossible à juguler à certains moments!

Pourtant j'ai survécu!
J'ai eu aussi incroyable que cela paraisse des moments de bonheur d'être parmi les miens, de retrouver marégion natale, de trouver sur ma route des personnes qui m'ont tendue la main!
J"e me suis battue pour ne pas sombrer, j 'ai déménagé toute ma maison seule, j'ai aidé mes fils à s'installer, j'ai passé et je passe toujours bcp de temps avec mes animaux pour qu'ils s'acclimatent au mieux et puis j'ai su qu'il me fallait lâcher prise, ne plus être dans le faire, comme faire des travaux dans mon nouveau chez moi, même si je suis heureuse et bien dans mon nouvel environnement!
Mais lâcher prise ne se décrète pas et aujourd'hui, je me sens à nouveau comme le vilain petit canard, ou le dindon de la farce!!!
Ecrire me fait du bien, alors aujourd'hui pour moi c'est une grande première me confier à des personnes étrangères qui vont me lire et peut être ma missive , ma bouteille à la mer aura un écho!
Quand est ce que cela s'arrête, ou s'adoucit vraiment?
15 mois je pensais avoir traversé enfin toutes les étapes et avoir à nouveau retrouver un vrai sourire, une vraie envie de vivre, mais je dois bien avouer que c'était plutôt présomptueux!
Je ne peux parler autour de moi ce que j'écris, je sens bien que ma famille est ailleurs et les deux seuls amis que j'ai ont leurs problèmes, je n'ai pas envie de les lasser et pas envie d'ailleurs de toujours ressasser,
Quels sont vos vécus après 15 mois? Le raz de maréee des souvenirs, la lame de fond qui vous prend par surprise et vous fait perdre pied, cela atil un jour une fin, ou tout du moins cela s'adoucit il, mais quand?
Merci de m'avoir lue et peut être de me répondre!
Biche :(

mc59

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Re : Détresse
« Réponse #1 le: 06 février 2012 à 15:49:18 »
bonjour Biche ;
13 mois que mon Amour est parti , après 33 ans de vie commune ...
et comme toi je traverse encore des 'creux de vague ';
Quand je regarde en arrière je me dis que j'ai avancé ;
je retrouve le sourire avec mes enfants et mes 5 petits enfants;
mais quand je rentre dans ma grande maison vide , où JM n'est plus là pour jouer du piano ou du violon à toute heure...
je regarde le canapé où nous étions assis le 24 décembre 2010...
et je suis toujours submergée de tristesse.. :'(
J'admire ceux et celles qui sont capables de tout larguer ..
 je me dis parfois que je devrais vendre cette maison , mais il me faut commencer par faire du tri ..
hier j'ai essayé , et puis j'ai mis le nez dans un carton de photos,j'y ai trouvé le sourire de JM enfant,  et je n'ai pas avancé !
envie de rien ...
Prends soin de toi, Biche.
le chemin du deuil est long, et je crois que nous n'en sommes pas au bout  :(
"lâcher prise ne se décrète pas"
 soins du corps , réflexologie , psy.. à chacun de trouver ce qui lui fait du bien.
tu n'es pas seule.
je t'embrasse
marie-claire 

Ghislide

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Re : Détresse
« Réponse #2 le: 06 février 2012 à 19:31:58 »
Bonjour Biche,

Mon expérience personnelle ne pourra pas t'apporter de réponse car il n'y a que 6 mois que Gilles est parti. J'ai encore un long chemin à faire dans ce fichu deuil, mais je voudrais te parler de mon papa qui aura 84 ans cette année...
Ma maman nous a quittés il y a un peu plus de 7 ans maintenant, elle allait sur ses 75 ans.
C'était une femme qui n'était qu'amour et son départ a été difficile... 
Mon père ne parlait pas d'elle au début de ce deuil, il gardait toute sa peine pour lui. Je ne l'ai jamais vu pleurer et pourtant il adorait ma mère. Par moment il nous confiait que c'était dur, que la solitude lui pesait parce qu'ils avaient beaucoup d'échanges tous les deux et que cela lui manquait beaucoup, mais nous sentions qu'il ne voulait pas s'étendre sur le sujet...
J'ai su, il y a seulement 3 ans (par son médecin) qu'il avait fait une très grosse dépression après le décès de ma maman. Mais quand je l'appelais ou bien qu'on allait le voir (j'habite en région parisienne et lui en Bretagne), jamais il n'a laisser paraitre sa détresse. Il y avait de la tristesse dans ses propos et dans ses yeux quand on parlait de maman, mais très vite il changeait de sujet et je ne l'ai jamais forcé à parler.
Aujourd'hui, il se confie plus facilement, et sereinement, mais il y a encore des dates qu'il ne veut pas passer tout seul. La période où maman est décédée (le 31 octobre 2004) est toujours un cap difficile pour lui tout comme celle de son anniversaire ou celle de leur mariage (ils était mariés depuis le 15 avril 1950).
J'ai un frère ainé ainsi qu'une sœur plus jeune, alors nous nous arrangeons toujours pour que l'un d'entre nous soit près de lui à ces moments-là.
En dehors de ces dates-là, on le sent apaisé, et quelquefois quand on lui demande comment il va, il dit simplement qu'il attend son tour pour aller la rejoindre mais qu'il n'est pas spécialement pressé car elle l'attend patiemment (en précisant que ma mère a une patience d'ange)... pour le présent, il prend soin de lui et de sa santé.

Cela me conforte dans la certitude qu'un jour, après avoir traversé bien des tempêtes, on peut enfin accoster sur un rivage où les coups de vent sont plus calmes et le temps plus doux...

Je t'embrasse

suzy

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Re : Détresse
« Réponse #3 le: 06 février 2012 à 21:33:55 »
Bonsoir Biche,
Mon parcours , à moi, est un peu plus long. Cela va faire 26 mois le 18 que mon Jean-Daniel adoré est parti brutalement après 24 ans de vie commune; 24 ans de bonheur absolu, 24 ans d'amour, de complicité, de partage...Nous faisions absolument TOUT ensemble; nous ne vivions que l'un par l'autre, l'un pour l'autre...Sa mort brutale a été comme un tsunami...En une fraction de seconde, ma vie, telle que je l'aimais s'est arrêtée...Et je suis restée là, hébétée, avec cette immense douleur qui me tordait le ventre, ce vide insoutenable qui a envahi ma vie...Ma vie qui, jusqu'au décès de mon Amour, n'avait été qu'un immense éclat de rire... Comment supporter cela ? comment accepter l’inacceptable? Quand j'y repense aujourd'hui, je me demande comment j'ai fait pur me relever... Je me souviens juste que j'ai découvert en moi une force insoupçonnée ...J'ai rapidement repris le travail. Pendant de longs mois, je me réjouissais plus du lundi matin que du vendredi soir...Quelle ironie! Au moins, lorsque je travaillais, cela m'occupait l'esprit.Je me suis aussi abrutie de mille activités pour devoir rester le moins possible chez moi. Et les jours ont passés, les une après les autres; les nuits solitaires également...Chaque matin, je me disais: " Ouf!! Encore une nuit de passée..." Et je repartais au travail, comme une automate, sans joie, sans impatience de rentrer...Je ne me suis jamais isolée. Je n'ai jamais refusé une invitation. Je suis beaucoup sortie avec des amies, même si souvent, je devais me forcer; même si tout ce que j'entreprenais pour ne pas être seule, je ne le faisais que par défaut...Mon premier été, seule, je suis partie en Afrique, dans l'humanitaire. Pour la première fois de ma vie, je partais seule, dans un pays totalement inconnu, dans une environnement totalement hors contexte. Et là-bas, dans cette Afrique tellement misérable, j'ai réalisé que j'avais qqch à apporter... Je me suis sentie tellement appréciée que je me suis sentie revalorisée. Tous ces gens qui n'ont RIEN, mais qui donnent tellement, qui dégagent tellement de chaleur humaine...Eh oui, peu à peu, j'ai été prise par la magie de l'Afrique...
Bon. A mon retour, cela n'a pas été évident de me retrouver confrontée à mes souvenirs. La maison, NOTRE maison, l'environnement, les amis, les photos...Je supportais de moins en moins ma vie confortable...mais si triste... Me maison qui, au début, me rassurait, m'oppressait tout-à-coup...Je ne supportais plus son silence...je ne supportais plus de me trouver sur ma terrasse, seule, à entendre les rires des voisins qui buvaient l'apéro... Je supportais de moins en moins mon travail ( je suis enseignante). Je continuais cependant de vivre , d'avancer, avec des hauts et des bas, ces fameuses montagnes russes que tous ceux et celles qui ont vécu ce que j'ai vécu, ont connues! Et puis, j'ai décidé que je ne pouvais plus continuer ainsi...Alors je vais répondre à cet appel de l'Afrique...ma maison est vendue pour fin juin et je vais partir dans un orphelinat au Tchad , dès juillet 2012.
Je suis sûre que ce n'est que de cette façon que je parviendrai à me reconstruire, à redonner un autre sens à ma vie...
Mais tu sais, tout le chemin parcouru a un prix...Ce n'est pas simple, ce n'est pas facile...Quand je vois les cartons qui commencent à s'entasser dans ma cave, quand je parle avec les futurs propriétaires de ma maison, quand je regarde le four à pain que mon Jean-Da avait fait installer dans le jardin, ça me fait tellement mal de me dire que je vais définitivement tourner la page sur la belle vie que j'ai vécue ici...la vie ici, aujourd'hui, sans mon essentiel, elle n'est faite que de solitude et de tristesse...Je sais que je serai mieux après, mais il faudra quand même franchir le pas...
Tu vois, chère Biche, le temps, peu à peu , fait son travail. Je me réjouis de concrétiser mon projet africain. Eh oui! Je recommence à avoir des projets qui me font réellement plaisir...Même si je me rends compte que je n'aurais jamais imaginé que je finirais ma vie ainsi...Pour moi, il y a 3 ans, je n'imaginais pas finir ma vie autrement que la main dans la main avec mon Jean-Da, avec nos cheveux qui deviendraient de plus en plus blancs...Combien de fois on s'est dit que nous nous réjouissions de pouvoir profiter de notre retraite, que nous voyagerions...Que de projets inachevés...! Pour faire face, pour avoir l'impression que ma vie n'est pas complètement inutile, je me suis créé un projet rien qu'à moi, un projet que, je le sais, mon Jean-Da approuve, et qui va m'aider à supporter ce parcours sinueux. Je ne sais pas comment je fais pour oser...J'ai découvert en moi une autre personne; une personne que je ne connaissais pas...Je suis entrain de renaître...tout gentiment...même si je pleure encore souvent...
Mon Jean-Da, il sera au fond de mon coeur jusqu'à la fin de ma vie...nous sommes unis par un amour universel...Je sais qu'un jour on se retrouvera...Peu à peu, je suis capable de regarder des photos de lui sans pleurer, je suis capable de sourire en pensant à lui...
Mais je sais aussi que je ne me remettrai jamais complètement de l'avoir perdu...Qui peut se remettre d'une horreur pareille ? Personne ne le peut...Il faut simplement apprendre  à vivre avec...
Je te souhaite beaucoup de courage chère Biche, je t'embrasse très fort
Suzy