Bonjour,

Je viens de perdre ma douce moitié. Plus de deux ans de combat contre le cancer. Son oncologue m’a indiqué voici deux semaines que sa prévision de survie était de six mois, elle a lutté 26 mois comme une lionne et s’est effondrée en moins d’un mois après avoir appris qu’elle n’était pas retenue pour un essai clinique d’immunologie-oncologie. On nous avait promis 33% de chance de guérison !
Nous étions un couple fusionnel, penser la même chose au même moment, parler au même instant avec les mêmes mots, deviner les cadeaux que nous nous faisions ! Pour moi c’était normal…
Je découvre que c’était mon âme-soeur et crie de douleur, elle n’est plus là. Presque 20 ans de vie commune et à 56 ans la fin de l’aventure qui fut magnifique.
Elle est partie le 2 juin. Je l’avais veillée jusqu’à 23.00 puis sur recommandation du personnel médical j’étais rentré me reposer. Vers 02.00 du matin j’ai ressenti un besoin impérieux de retourner à l’hôpital, je lui ai tenu la main pendant une heure avant qu’elle parte.
Elle n’était pas croyante et désirait être enterrée… j’ai animé la cérémonie laïque avant-hier.
Je ne me suis pas effondré… c’est comme si j’étais, je suis dans un état second. Je ne dors plus vraiment. J’ai découvert hier ce forum et m’aperçois que c’est le cas de beaucoup de participants.
Je me suis rendu hier sur sa tombe, c’était paisible le cimetière était rempli du bruit des oiseaux qui chantaient.
Le vide à la maison est énorme, je crie ma douleur et pleure. Tout me rappelle sa présence, comment vais-je faire ?
Oui je sais que le temps sera un puissant pacificateur, mais pour l’instant je suis perdu. J’ai jeté ses médicaments (morphine notamment) car la tentation de la rejoindre m’a traversé l’esprit - je présume que c’est normal. Ici encore ma rationalité m’a retenu.
D’une certaine façon je sais que je me préparai depuis l’annonce du diagnostic (un cancer au stade IVb) à l’issue fatale… mais la sensation de tomber dans un gouffre abyssal est énorme. Cela faisait plus de deux ans que chaque seconde/minute lu était consacrée et soudainement plus rien ! Je ne suis pas préparé, elle me manque cruellement et je crie ma douleur.

Mau65, je te lis et je replonge directement 7 mois en arrière.  Moi comme les autres ici, nous savons exactement ce que tu es en train de traverser.  Tu es encore dans la phase de choc, mais lis le Dr. Fauré ou regarde ses vidéos sur YT, tu comprendras les phases que nous traversons tous (même si on y crois pas au début).

Je ne sais pas comment est ton entourage, mais une chose est certaine, personne ne te comprendras mieux que les personnes de ce forum. Ici tu peux tout dire, absolument tout et c'est ce qui permet d'avancer sans devenir fou.

Ecrire ici a été ma bouée de sauvetage quand je pensais que la douleur finirait par me tuer moi aussi. Lire les autres témoignages m'a aussi beaucoup aidé.

Entre frères et soeurs de douleur, nous nous comprenons....

Bonjour Mau,

Tristement bienvenue, je comprends tellement ce vide et ce manque que tu décris après ces mois de combat.
Viens écrire ici tout ce que tu auras envie de partager.
Etre lu et compris est déjà un réconfort.
Une pensée pour ta "douce moitié"
Amitiés.

Merci pour vos mots, votre soutien.
Oui vous avez raison, si une personne n’est pas passée par le chemin sur lequel nous nous trouvons, elle ne pourra pas comprendre.
J’ai réglé aujourd’hui les aspects de l’entretien de la tombe avec les jardiniers du cimetière - elle adorait les fleurs.
Il va me rester encore les aspects administratifs (assurances, banques, etc.) et je sais que cela va m’occuper dans cette première phase.
Mais le vide et cruel, abyssal.
Je viens de lire que pour un homme le risque de suicide durant la première semaine est multiplié par 50 - j’ai jeté 3 ou 4 jours après son départ ses médicaments les moins inoffensifs (de la morphine principalement) afin d’éviter la tentation - geste de survie ? De bon sens ? Je ne le sais pas… je l’interprète comme une volonté profonde de vivre, de surmonter le choc.
Mais à vous lire je m’aperçois d’être au tout début d’un long, très long processus et je redoute de me retrouver dans quelques mois dans les situations que certains décrivent très bien sur ce forum.
Je iis aussi que chaque deuil est différent mais paradoxalement en analysant vos mots tout le monde passe par des phases assez semblables.
Je suis perdu.
Deux semaines se sont écoulées depuis son départ et la question rituelle "comment ça va ? » m’est posée de façon insistante…
J’ai répondu aujourd’hui que je vais mal et que toute autre réponse à ce stade serait stupide et mensongère.
Une nouvelle fois, pour ceux qui ne sont pas passé par là, difficile de comprendre.
L’équipe mobile des soins palliatif de ma région qui s’est occupée de mon épouse a repris contact avec moi hier. J’ai accepté de les rencontrer - j’espère (naïvement ?) pouvoir quantifier mon « traumatisme » comme il appelle joliment la situation que je/nous vivons.
Je vais continuer à vous lire, cela me fait du bien.

Bonjour Maud,

Tu as raison, débarrasses toi vite de l'administratif, ceux sont des choses pénibles à faire, mais ça évitera d'avoir à refarfouiller dans les papiers plus tard... Chaque courrier reçu à son nom est un petit coup de poignard, alors vaut mieux tout avoir à ton nom.
Comme  tu dis, ça occupe.. c'est la première phase, la phase de fuite.. On s'occupe,pour ne pas penser, on fait tout à fond jusqu'à ce qu'on en puisse plus avant d'aller se coucher épuisé! C'est normal.

Les phases sont les même pour tous, c'est juste la durée de chacune qui peut varier .


C'est vrai qu'on a envie de les rejoindre, mais pas forcément de passer le cap. Pour ma part, je me disais que ça allait être long jusqu'à ce que je puisse le rejoindre.. En gros, presque hâte que ce soit mon tour, sans forcément le provoquer...
Et puis je me suis dis :bon, quitte à ce que ce soit long, autant que ce soit agréable, ça passera peut-être plus vite !
Et je me suis mise à accepter de vivre!


Voilà mon petit mot du jour, pour continuer, il faut accepter de vivre...


Force et courage

Maud

Bientôt trois mois dis-tu , c'est long et court à la la fois, mais dans notre douleur le temps n'a pas d'importance
il n'y a  ni mode d'emploi, ni règle à notre chagrin, chacun réagi selon le vécu , les ressources que l'on peut trouver , faire chaque jour  sans même regarder demain , oui un jour à la fois est bien suffisant au début , n'imagine pas dans xxxx jours ou mois , dis-toi que chaque jour le chemin de ton deuil se fait même si tu as l'impression de stagner, parfois même trébucher, mais toujours tu te relèveras par amour pour celle qui a tant combattu et qui aujourd'hui veilles sur toi
tu te rendras compte que votre amour fusionnel qui est douleur aujourd'hui pour toi , deviendra trésor et ta force de continuer  à survivre à cette épreuve et que tu ne l'oublieras jamais
Prends soin de toi
Amitiés