Les "pèlerinages", j'en ai fait aussi. A nos anciennes maisons, sur certains lieux... Maintenant est-ce qu'il faut rester dans cet état entre le monde de la vie où l'on souffre et le monde du souvenir et de la mort ?
Je ne sais pas...
C'était réconfortant ce monde à mi-chemin entre la vie et la mort, mais c'était aussi une forme de folie.
Bien sûr que nos amours restent dans nos cœurs, qu'ils restent à nos côtés, qu'on les retrouvera un jour, et qu'ils nous envoient peut-être des signes.
Mais nous ne sommes pas morts.
O combien j'aurais aimé succomber moi-aussi, égoïstement et par culpabilité, mais ce n'est pas arrivé.
Je suppose que j'ai encore des choses à faire même si tout me paraît insurmontable et que parfois j'ai vraiment envie que mon cœur s'arrête, je dois rester, des gens comptent beaucoup sur moi.
Je suppose donc que nous avons encore des choses à faire, toutes et tous.
Comme toi, 3 pommes, le moindre souvenir de mon amour disparu provoque une intense douleur.
Le simple fait de voir des rillettes bordeaux chesnels (elle adorait cela) au supermarché me pince le cœur, alors les pèlerinages, maintenant, j'évite.
Je me suis résolu à ranger la maison, à faire le vide pour ne plus vivre dans un mausolée.
Moi qui autrefois était dynamique et rotor, j'ai l'impression d'avoir 30 ans de plus et je fais péniblement un ou deux cartons par jour.
J'en bave à ranger toute notre vie dans des cartons, comme si je n'avais pas d'autres problèmes.
Mais tu as raison, il faut trouver un chemin, une autre voie, sa voie, même si elle semble bien floue avec nos cerveaux complètement détraqués.
Au-delà de la tristesse, l'esprit est laminé, déstructuré, trouver le chemin est quelque chose de très difficile dans ces conditions.
Si l'on croit qu'il y a des épreuves dans la vie, la mort des autres puis la souffrance sont des cataclysmes, mais avancer ensuite est aussi une épreuve non moins difficile.