Bonjour David,
Je suis tellement désolée de lire ton histoire... Tu en es au tout début de ton deuil, ce sont des moments extrêmement difficiles, on se sent enfermé dans un brouillard tellement épais.
Lorsque j'ai perdu mon compagnon, j'ai entendu toutes sortes de conseils, pas forcément avisés, mais un de ces conseils m'a beaucoup aidée, alors je me permets de le partager avec toi : un jour à la fois. Chaque journée est déjà tellement difficile en soi, inutile de se projeter trop loin. L'objectif est d'arriver au bout de la journée, c'est déjà pas mal, et une vraie victoire quotidienne. Bien sûr que l'avenir te fait peur, il nous fait peur à tous je crois, mais essaie de ne pas trop anticiper, de penser déjà à ce que tu deviendras quand tes enfants seront grands : c'est très angoissant à ce stade, on voit l'avenir très très noir. Mais tu verras, peu à peu il y aura des éclaircies, des moments de répit.
Je pense fort à toi et à tes enfants.
Olivette,
Je sens dans ton message une certaine amertume... c'est pourquoi je voulais réagir et te faire partager mon propre ressenti, moi qui suis "de l'autre côté de la barrière".
Quand mon amour a perdu la vie, je me suis instinctivement tournée vers mes beaux-parents, ce sont les premières personnes avec qui je voulais être. Mes parents sont venus dès qu'ils ont pu (ils habitent dans une autre région, à 9 h de voiture) et sont restés quelque temps avec moi. Puis quand j'ai repris le travail, mes beaux-parents m'ont proposé de venir chez eux, pour ne pas que je reste seule dans ma maison. Je pensais y rester 10 jours, j'y suis restée 2 mois... Cela m'a fait le plus grand bien, et apparemment à eux aussi, on a énormément parlé, raconté, évoqué des souvenirs, pleuré, souri... On a partagé beaucoup d'amour.
Cette situation a souvent été mal comprise par mon entourage, qui s'inquiétait en pensant que c'était une mauvaise idée, que ça m'empêcher de "tourner la page". J'ai essayé d'expliquer, parfois j'ai renoncé à me justifier, je savais que ça me faisait du bien et à eux aussi, tant pis si les autres ne comprenaient pas.
Ma maman aussi s'était proposée pour venir vivre quelque temps avec moi, elle a été et est toujours extrêmement présente, très à l'écoute. Mais ce n'est pas pareil. Elle a beaucoup d'empathie mais elle ne ressent pas la même chose. Elle a compris et ne s'en est pas offensée.
Peut-être ton fils a-t-il besoin de se raccrocher à la famille de sa femme, parce qu'ainsi il maintient le lien avec elle. Peut-être aussi qu'ils se soutiennent mutuellement : le soutien des proches est super important, mais il est parfois pesant de sentir qu'on est toujours celui qui a besoin d'aide, besoin d'être consolé. Là, on partage le chagrin, et on se console les uns les autres.
Je comprends ton désarroi de maman, tu voudrais tant pouvoir aider ton fils... et je pense que malgré tout, ton soutien compte beaucoup pour lui. S'il trouve refuge auprès de sa belle-famille, ce n'est sans doute pas contre toi. Son rejet n'est sans doute qu'une façon bien maladroite d'exprimer sa douleur et sa colère. On réagit tellement bizarrement parfois...
Désolée d'avoir un peu dévié du sujet initial, j'espère que mon expérience pourra aider des mamans de conjoints endeuillés à comprendre nos ressentis.
Je vous embrasse très fort, tous. Ici, le week-end s'annonce pluvieux : que la pluie puisse rincer nos visages de toutes ces larmes.