Auteur Sujet: Tous les matins du monde  (Lu 4428 fois)

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MissYou

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Tous les matins du monde
« le: 20 avril 2013 à 01:02:29 »
Tu n'es plus là. Le dire ou l'écrire sonne toujours aussi faux à mon cœur. Il y a dans ces mots quelque chose d'impossible, d'inconcevable et qui dépasse mon entendement. Toi, mon beau mon fort mon Shaft, tu serais mort, ton corps froid et inerte enseveli se décomposant lentement quand, fermant les yeux, je peux encore en sentir le parfum, la chaleur ? Il y a le choc et l'effroi comme au premier jour, comme si c'était hier, il y a une seconde, un mois, un an peut-être, qu'en sais-je... Je ne veux pas savoir la vie qui continue sans toi. Et le sol se dérobe sous mes pieds encore et encore. Et je ne suis plus que cette douleur immense, inconsolable, de ta perte qui m'habite sans plus laisser de place au reste, à ce qui n'est pas toi. C'est ainsi que je te retiens, toi qui es parti où je n'ai pu te suivre, toi que je n'ai su retenir. C'est ainsi que je t'aime, que je continue de t'aimer au présent.

J'y vois comme si devant mes yeux, un épais rideau de fumée présent depuis toujours s'était soudainement dissipé. Je vois le superficiel et le non sens absolu de tout ce qui m'entoure. Ne jamais parler de toi, de nous, pour ne pas avoir à endurer ces discours creux qui me font horreur et me blessent pire qu'une insulte, pire qu'un coup. Tu étais mon secret, tu le resteras. Et je crève de cette solitude et de toute cette colère qui me dévaste, que je ne peux tourner vers personne d'autre que moi. Mais il faut faire avec, comme tant d'autres. C'est la vie, que je le veuille ou non.

J'ai cherché un nouveau chemin sur lequel avancer seule, sans projet, sans envie. J'ai eu l'impression d'ouvrir des portes qui toutes, les unes après les autres, se sont ouvertes sur des murs.
Je bois un peu. Un peu trop. Ce n'est pas grave. Plus rien n'est grave.

Il y a partout de ces petits riens de toi, cette première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules que tu appréciais mieux que quiconque. Tant de choses que je ne dirai pas, qui n'appartiennent qu'à nous, et qui sont ton héritage, mon trésor.
Tu es là. Et ailleurs.

Laisser ici ces mots pour toi, pour moi, pour poser mon bagage si lourd et laisser une trace de nous, que quelqu'un sache combien...

Merci à tous
« Modifié: 22 septembre 2013 à 10:19:04 par MissYou »

Laurent48

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Re : Tous les matins du monde
« Réponse #1 le: 20 avril 2013 à 09:07:53 »
Bonjour MissYou,

Comme tes morts sont forts et vrais à la fois. Tu parles de matin? Si ce n'était que la matin... moi, c'est toutes les minutes....
Mais, Coeur à tout dit! Notre amour, celui qui existe toujours dans notre coeur ( et au delà), nos souvenirs communs, nos vécus, sont notre plus grand trésor. Un trésor que finalement peu de gens possèdent alors même qu'ils ont encore leurs conjoints prés d'eux. Nos amours nous ont aimés, et crois moi, ils nous aiment toujours. Ne sens-tu pas parfois son regard plein de tendresse sur toi, ne sens-tu pas parfois qu'il est juste là, à tes côtés? Ne fais pas de lui ta peine, fais de lui ton allié, ta richesse...

Amicalement,
Laurent

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : Tous les matins du monde
« Réponse #2 le: 20 avril 2013 à 09:21:48 »


Il y a les matins printemps léger,
Il y a les matins esquisse de sourire,
Il y a les matins souvenirs torture,
Il y a les matins souvenirs tendresse,
Il y a les matins qui déchirent le coeur,
Il y a les matins mouillés de pluie salée,
Il y a les matins surpris d'avoir moins mal,
Il y a les matins étonnés d'une conjugaison au futur,
Il y a tous les matins du monde emplis de toi ; inéluctablement,
Il y a tous les matins qui, peu à peu, usent la peine,

Il y a tous les matins que je voudrais revivre.

Il y a chaque matin qui m'éloigne un peu plus de l'heure où tu m'as quittée.

Il y a ton dernier matin ; encore et encore.

Il y a chaque matin avec toi, à jamais dans tout mon être, dans mes larmes, mes sourires, mon désespoir, mon futur, mon ici et maintenant, mes plus jamais, ma douleur, ma vie, ma mort.
Il  y a chaque matin avec toi que j'emmène dans chacun de mes pas ; où que j'aille, quoi que je fasse.
Il y a chaque matin avec mon amour ; intact.

Jour après jour ; nuit après nuit.
A chaque heure, toi, toujours toi.
Jusqu'à mon dernier souffle.


« Modifié: 20 avril 2013 à 11:09:05 par *Ephémère* »
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

mary42

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Re : Tous les matins du monde
« Réponse #3 le: 20 avril 2013 à 17:18:20 »
Il y a tous les matins qui fleurissent sans tes mains merveilleuses pour décorer notre décor
Il y a tous les matins qui voient mon visage se fermer, les yeux à peine ouverts, toi qui aimais tant ma joie de vivre
Il y a tous les matins qui sont des souffrances béantes jusqu'à mon dernier souffle
Il y a tous les matins qui sont des gouffres où ton immense amour s'est niché à tout jamais au plus profond de mon être
Il y a tous les matins qui reviennent identiques, notre amour et ma souffrance ne faisant qu'un.

Mon amour, pourquoi, pourquoi, n'es tu plus là pour m'enlacer et me bercer de tes mots doux. Notre amour était si merveilleux.
Pourquoi cette terrible épreuve qui n'en finira jamais...

MissYou

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Re : Tous les matins du monde
« Réponse #4 le: 20 avril 2013 à 22:48:39 »
Merci à vous tous, Cœur, Laurent 48, Éphémère, Pâquerette, Mary 42 et Chrisam, vous qui, du plus profond de votre peine, accueillez la mienne avec douceur et bienveillance et me faites le don de l'écoute et du partage. Merci de m'offrir de marcher à vos côtés, chacun à son rythme, chacun sur son chemin de souffrance. Des chemins tortueux et qui semblent ne jamais vouloir s'éloigner des ruines de ce tremblement de vie.

Se souvenir des belles choses, aussi et surtout, oui... Y puiser une force inouïe, celle de porter au quotidien ce si lourd manteau du deuil, le temps qu'il faudra.

MissYou

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Re : Tous les matins du monde
« Réponse #5 le: 26 avril 2013 à 15:29:24 »
Comment leur dire ? L'impression d'une extrême solitude, comme seule au monde, même – surtout –  parmi les miens, parmi ceux qui m'aiment et qui voudraient tant alléger ma peine, m'éviter de souffrir. Comment leur dire qu'ils ne le peuvent pas, que je ne le veux pas. Ma peine n'est pas seulement la mienne, elle est la nôtre, toi et moi, et je veille jalousement dessus, je veux la vivre sans réserve parce que tu es dans chacune de ces larmes bien réelles qui semblent ne jamais vouloir tarir et qui sont mon seul lien tangible avec toi, moi qui n'ait aucune spiritualité. Comment leur dire que mon temps n'est pas le leur, que mon chemin n'est pas linéaire ? Comment leur dire que je t'aime au présent, que je vis au passé, et que demain n'existe que dans la seconde suivante, jamais plus loin. Alors je porte cette souffrance en essayant tant bien que mal de ne pas la montrer, parce qu'elle leur fait peur autant qu'elle me fait mal, comme si elle pouvait être contagieuse. Le cœur au bord des yeux...

tititou

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Re : Tous les matins du monde
« Réponse #6 le: 26 avril 2013 à 23:28:22 »
bonsoir paquerette,

Cela fait un moment que je n'écris plus sur le forum.... Ce soir je te réponds car je vis à peu près ce que tu ressens en ce moment et c'est en effet très déstabilisant. Je me trouve même parfois étonnée de ne pas avoir de peine, d'avoir envie de rire à nouveau, de sortir, d'être heureuse de voir le soleil, d'être de bonne humeur... Cela fait maintenant 1 an et 3 mois. Par contre cela n'est pas continu... je suis parfois comme dans une euphorie totale et ensuite sans raison apparente, je ressens une profonde tristesse m'envahir et ces moments m'angoissent terriblement car je me dis que jamais je ne pourrai continuer et connaître autre chose après avoir connu un tel degrés d'amour avec Alexandre... Que ces périodes d'euphorie sont un leurre... et pourtant j'ai envie de sourire à nouveau à la vie... J'éprouve encore de la tristesse mais aucune culpabilité à être bien, et à avoir envie d'être heureuse... La vie a été ôtée à notre aimé, malgré nous et la souffrance nous a appris son importance et nous oblige à continuer sans lui... En son nom, je me dois maintenant de la vivre au mieux avec lui dans mon ceour car je sais que le manque ne me quittera jamais et surtout de ne rien gâcher... voilà mon sentiment actuel mais pas facile à vivre chaque jour... croire à nouveau en un avenir possible...
Je t'embrasse paquerette et te serre 3 fois la main pour te dire que tu comptes pour moi... et que je t'aime comme tous les amis de coeur du forum.
Martine-titou