Moi aussi je vis au jour le jour. J'ai quelques projets, mais le plus important pour moi est de vivre à peu près en paix jour après jour, et, lorsque ce n'est pas le cas, attendre qu'une nouvelle embellie survienne. C'est déjà beaucoup je trouve...
Je comprends ton sentiment d'injustice Pandor. Pour ma part quand j'ai connu Pierre, mon compagnon, je venais de passer quelques années plutôt difficiles, et même très pénibles par moment. Je sortais d'ailleurs d'une histoire d'amour qui m'avait fait plus de mal que de bien et m'avait laissée dans une profonde tristesse. En plus, je buvais trop à ce moment-là. Pierre m'a redonné goût à la vie et foi en l'amour, et m'a aidée à vaincre mes divers problèmes. Grace à lui j'ai passé une année merveilleuse. Et puis, à l'instant où je m'y attendais le moins, ce drame est arrivé...fauché en plein bonheur, et moi avec d'une certaine façon... et l'attitude odieuse, la méchanceté gratuite d'un bon nombre de personnes ne m'a pas aidée. Sans la compassion, l'empathie, la gentillesse gratuite de quelques autres, tellement précieuses, je ne saurais pas ce que j'aurais fait.
Je peux témoigner qu'au bout de 4 mois, on est encore désorienté, on a encore bien du mal à s'habituer à la vie sans l'autre, à ces nouveaux repères que l'on doit mettre en place. Ce que tu èprouve est naturel, aussi dur que ce soit.
Je sais que je resterai fragilisée, mais j'ai aussi compris à quel point la vie terrestre est éphèmère, également fragile. Tout peux basculer en une seconde, il peut arriver n'importe quoi à n'importe qui. Face à cette prise de conscience, j'ai deux sentiments: premièrement, j 'ai appris à voire la vie comme quelque chose d'autant plus précieux que fragile, et deuxièmement, je sais qu'il peux m'arriver n'importe quoi, et je n'ai plus peur du tout de la mort, j'ai une attitude fataliste, mais pas dans le mauvais sens du terme, fataliste dans le sens où j'accepte à l'avance. J'ai la quasi-certitude que je rejoindrai Pierre un jour. Je ne suis même pas pressée, je vivrai ce qu'il me reste à vivre sur Terre. Le mieux possible j'espère, comme il l'aurait voulu pour moi.
Je ne sais pas si je me suis bien exprimée et je sais que ça a l'air contradictoire, mais c'est bien ce que je ressens. Je n'ai pas peur de mourir, j'envisage la mort avec détachement, mais à son heure.