Merci Ephémère, de passer par ici, de lire ces mots...
Pardonnez moi chers amis de ce forum, si bien souvent encore, je ressens davantage le besoin de vous partager mes peines et mes souffrances que les éclaircies et les lueurs qui se présentent à moi... Peut être parce qu'elles sont encore si fragiles... J'ose à peine en parler, de peur de les effrayer, de les voir s'envoler à peine évoquées... Elles existent pourtant. Je tiens pour elles, grâce à elles... Grâce à l'intuition dont elles sont porteuses que la vie est plus grande et mystérieuse que ce qu'il m'est donné de voir... et de ce fait, grâce à l'espoir que lui, mon amour, mon cœur, existe toujours quelque part, différemment, peut être, sans doutes... Grâce à l'intuition que j'ai des choses à apprendre de ma souffrance. De toutes mes souffrances, qui aussi terribles soient elles, viennent révéler les failles qu'il me reste à mettre au travail, à soigner... Toutes ces intuitions dont je m'autorise à parler ici...
Mais présentement, j'ai besoin d'exprimer ma souffrance... Depuis quelques jours... Je ne sais pas bien quand... mais j'ai recommencé à m'enliser, à m'enfoncer... J'ai tellement mal. J'ai tellement peur... Il me manque tellement. Tellement. Tellement.... Et lutter contre cette fatigue, cette angoisse lancinante, ce découragement... tous prêts à m'engloutir me demande une énergie folle. Et c'est si difficile de ne pas me laisser happer dans l'immonde cercle vicieux qui se tapit en moi... Car l'absence d'énergie, qui devrait être compensée par un regain de bienveillance et d'attention à l'égard de mes besoins, attise mon manque d'indulgence. Vis à vis de moi, et des autres. De moi surtout... Le pire, le plus difficile à supporter, une fois de plus, ce sont mes angoisses. Mes tocs irrationnels. Qui viennent s'attacher à lui, à son image, à nos souvenirs. Je ne peux plus me tourner vers nos souvenirs sans avoir peur de les salir, de les dénaturer par des pensées honteuses, avilissantes... C'est la nature même des tocs, d'agir ainsi. D'isoler celui qui les subit. D'assiéger son esprit. De le priver des pensées réconfortantes. De les transformer en angoisses supplémentaires...
Souvent, j'accepte. J'accepte d'être ainsi. De devoir faire avec. De devoir assumer cette fragilité supplémentaire dans l'épreuve. Je fais de mon mieux pour me souvenir que je suis plus que ça. Que ces angoisses, cette maladie soi disant chronique, et ce découragement qui m'assaille... Je fais de mon mieux pour me convaincre que "nous" sommes plus que de simples souvenirs. Que notre amour subsiste ailleurs que dans mon mental. Dans mes tripes, dans mon cœur et dans une part peut être présentement inaccessible, mais bien vivante de mon esprit. Je fais de mon mieux pour lutter avec la seule arme efficace contre cette maladie: l'affrontement. Se repasser encore et encore les pensées angoissantes jusqu'à les rendre banales, plutôt que de les repousser... Thérapie choc dont j'aurais tant aimé me passer dans un moment où j'ai déjà tant à affronter. Seulement parfois je n'en peux plus. Je ne vois pas l'issue. Je ne vois que les épreuves, les souffrances... et ma vulnérabilité extrême face à ce qu'il me faut traverser. J'aurais tant besoin qu'il soit là pour me prendre dans ses bras, serrer ma main dans la sienne... et l'entendre me dire qu'il m'aime avec mes défaillances... L'entendre me dire que je n'ai pas le pouvoir de détruire ce qu'il reste de notre amour. Qu'aucune pensée ne le peut. J'ai besoin qu'il me rassure. Besoin de sa confiance...
Le 14 avril prochain, cela fera un an qu'il est parti... Lorsque je repense à l'année écoulée... elle est comme recouverte d'un épais brouillard... Je sais qu'il y a eu dans ce brouillard des instants "hors du temps"... Des instants de beauté, la sensation de sa présence, des instants magiques... d'une richesse infinie. Je ne les oublie pas. Je ne baisse pas les bras... Je sais que probablement, vous comprendrez, vous accueillerez, ce dont je parle... Tout comme je sais qu'ici, sera compris mon besoin de lâcher du lest. De venir exprimer la souffrance. Encore, et encore. Cette impression, alors que cela fera juste 1 an, d'être sortie du temps tel que l'appréhendent la plupart des gens... Cette impression que chaque journée passée depuis son départ m'a fait vieillir de 1000 ans. Ce vertige écrasant qui m'envahit par moment, lorsque, consciente de ce nouveau rapport au temps, je pense à tous ces jours qui m'attendent. Toutes ces années sans lui... Tout ce silence, ce mystère... avec mon cœur et mon esprit si fragiles pour seules boussoles... Cette angoisse sourde qui parfois s'éloigne, puis qui revient se glisser dans mon lit, certains matins... Et qui m'accompagne, à chaque heure... Discrète au départ, lorsque la vague m'offre un peu de répit... jusqu'au moment où à nouveau, elle prend toute la place. Angoisse, peine oppressante...
Cet anniversaire inévitablement symbolique des "1 an" qui approche.... et qui sous la surface, en profondeur, me travaille, me laboure... Je le ressens, et je subis... Je me sens impuissante, démunie... Et je tâtonne... Je cherche un semblant d'équilibre entre la révolte et l'acceptation... "1 an" enfin... "1 an" déjà... "enfin" "déjà"... qui ne veulent rien dire. Il n'y a pas de mots... Je sais seulement que cette date approche. Je vois le chemin parcouru, mais celui qu'il me reste à parcourir est énorme. Un peu comme lorsqu'on gravit une montagne, par paliers... On finit une côte, et on en découvre une nouvelle.... Seulement, ce soir, j'appréhende. J'appréhende. Parce que je sais bien que pour moi, la route est encore longue. Mais pour tant d'autres, pour le "reste du monde", le plus gros est derrière moi. La vie "reprend son cours". La vie continue...
Pour moi,la vie n'a jamais cessé de continuer, mais ne pourra plus reprendre son cours. Le chemin qui s'ouvre à présent est tellement étroit. Il m'a rapproché de certains, peut-être, oui. Il m'a éloigné de beaucoup: assurément... Mais sur ce chemin, c'est toujours lui que je cherche... La sensation de sa présence, son image, sa voix... Dans les joies, comme dans les peines. Dans l'angoisse... et pas suffisamment encore: dans la confiance.
Vous écrire m'a fait du bien... Pour l'instant. Seul l'instant est à ma portée. Alors je finirai ce message par un "merci". Aux gens de ce forum. A ceux qui ont créé cet espace. Ce petit oasis. Qui permet des instants moins pénibles. Qui permet de se libérer un peu...
Je vous embrasse et je pense fort à vous toutes et tous.