Auteur Sujet: Mon amour est parti au mois d'avril  (Lu 139032 fois)

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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #150 le: 14 janvier 2017 à 01:17:05 »
Je vous remercie, du fond du cœur, pour vos paroles.... votre bienveillance, votre douceur. Toutes ces lueurs... fragiles, si belles, qui émergent malgré l'immense souffrance.  Des étoiles dans la nuit. Merci. Du fond du cœur.

Aujourd'hui, c'est le 14... neuf mois... un cycle... celui qui précède la naissance... Ton départ ne m'a pas fait renaître, mon ange.   Il m'a écorchée, oui... mais peut être qu'un jour, après avoir vu partir tous ces morceaux de peau, ces parcelles de moi qui se détachent, comme une mue,...   je parviendrai à trouver un peu de paix, à me réconcilier avec ce nouveau moi, dans lequel tu auras laissé ta marque indélébile... C'est un souhait, un espoir, un rêve. Qui souvent, semble bien inaccessible, mais auquel je m'accroche, obstinément.

Aujourd'hui, c'est le 14... neuf mois... que je t'imagine dans cet ailleurs, dont je prie qu'il t'apporte... tant de douceur, d'amour de réconfort... Ce n'est pas qu'une prière non. C'est un ordre, une commande, à l'univers... Et je sais bien que malgré tout, une part de moi, jalouse, aimerait encore, te garder un peu ici, un peu pour moi.... Ne m'en veux pas.  Et... je t'en prie... ne m'oublie pas.

Aujourd'hui, c'est le 14... et j'ai compris, à quel point tout peut changer, basculer... si vite... C'est pourquoi je n'attends pas, pour t'écrire ces quelques mots, à la faveur d'une accalmie, que je tacherai de prolonger... bien que je ne sache pas toujours voir même jamais, où commence et où finit ma volonté.

Ce dont je suis sure désormais, c'est que je t'aime, je t'aime si fort... et ni la faucheuse, ni Saturne n'y changeront rien.
Je t'aime infinivrai.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #151 le: 15 janvier 2017 à 21:12:43 »
Voilà, Ela, le 14 s'est envolé depuis des heures.
J'espère que ce dimanche t'aura offert  l'une de ces accalmies dont nous avons tant besoin.
Et je te souhaite une nuit tranquille et sans larme.
*Ephémère*

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #152 le: 16 janvier 2017 à 21:14:18 »
  J'espère que ce 14 n'a pas été trop dur Ela. J'ai pensé à toi  :-*
  Certaines dates sont plus difficiles que d'autres, et ces dates reviendront tous les ans, à jamais figées, indélébiles, comme fixées dans l'éternité, tans que nous-mêmes auront un souffle de vie. Nous le savons. On ne peux qu'espèrer qu'au fil des années, les vivre sera plus aisé, bien qu'il soit évident qu'il  y aura toujours au moins un fond de tristesse  :( :) 
  Prends soin de toi  :-*
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #153 le: 31 janvier 2017 à 00:27:16 »
Je passe par là... et je vous dis merci pour vos paroles... Et je souhaite de la douceur et de l'apaisement à chacun d'entre vous... Je n'ai pas la force de passer chez chacun et chacune pour y déposer des paroles en ce moment, mais sachez que je vous lis...  Pandor, Pucinette, Stana, Qigan, Federico, Souci, Ephémère et tous les autres.
Dans mon cœur et ma tête, présentement, c'est le chaos. Pourtant, dans cet tornade, je continue à m'accrocher avec obstination à ce petit fil qui brille faiblement, sans doutes plus tenace qu'il n'en a l'air... ce petit fil de vie. Les petites onces d'espoir... les petites lueurs... les petits riens qui me permettent d'avancer encore...
Je ne m'attendais pas... à souffrir ainsi, de cette façon... maintenant... La souffrance se joue de nos codes et de nos représentations. Elle ne se laisse pas diriger. Elle refuse de se cacher ou de prendre les chemins qu'on aimerait la voir emprunter.... La mienne me déborde. J'ai pris rendez vous pour tenter de trouver un soutien extérieur...
Au fond, je me dis qu'il ne pouvait pas en être autrement... J'ai perdu l'amour de ma vie... L'amour de ma vie.  Et si notre rencontre a ancré en moi la nécessité de ne pas baisser les bras et de toujours garder espoir, l'absence de mon amour ne peut être qu'une plaie béante qui ravive toutes les douleurs passées, les peurs ensevelies...
L'amour de ma vie est parti. L'amour ne ma vie n'est plus là, avec moi... Et malgré ma foi, malgré l'intuition de sa présence et de ce lien qui perdure, malgré l'espoir de le retrouver un jour... il me faut affronter la réalité de son absence...
Quelle épreuve terrifiante... Et la vision vertigineuse, de tous ces combats de vie qui se mènent derrière les apparences...

Mais maintenant, mon amour, plus que jamais... lorsque je souris, j'ai les yeux ouverts... Une petite chanson au sourire triste, pour toi, ce soir: Une petite cantate

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #154 le: 31 janvier 2017 à 22:38:21 »
Et la peine peu à peu se change en une douce mélancolie.
Qui ourle nos cils de rosée les matins gris.
Et dessine sur nos lèvres cet étrange sourire qui hésite entre hier et demain.

Comme tes lignes nous parlent, Ela...
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #155 le: 31 janvier 2017 à 22:52:11 »
Oh que oui  :)
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #156 le: 06 février 2017 à 19:20:12 »
Chéri... mon chéri... Quelle est cette dimension dans laquelle ton absence m'a jetée... Une dimension où les choses, en apparence, sont toujours ce qu'elles sont, mais où pourtant, plus rien n'est comme avant... Ton départ a ouvert une faille, une brèche. Invisible, imperceptible lorsque l'on se contente d'observer la réalité froide, matérielle. Pourtant, qu'elle soit en moi ou que ton départ m'ait seulement rendu capable de la voir, cette brèche est bien là. Elle  jette sur le monde une lumière étrange. Elle me plonge dans un épais brouillard, dans une sensation d'irréalité...
Je ne sais comment me comporter en présence de ce brouillard... Parfois, lorsque j'arrive à l'observer avec un peu de détachement, à rester calme: c'est dans cette sensation d'être ici tout en étant ailleurs que je puise le mince et ténu espoir qu'il existe une réalité plus vaste que celle que je perçois par le biais de mes cinq sens. D'autre fois, cette sensation fait naître en moi un sentiment de panique. Une peur d'être engloutie. De ne plus être capable de retrouver un ancrage, quel qu'il soit, dans la réalité concrète. Celle que je partage avec ceux qui sont encore "ici".
J'ai l'impression d'être comme un personnage de ces romans de Murakami. Cet auteur dont je te parlais et que j'affectionne tant. Si un soir, je devais lever les yeux et réaliser que dans mon monde, il n'y a plus une, mais deux lunes dans le ciel, je crois que je serais à peine surprise. D'une certaine façon, mon monde s'est déjà peuplé de tant de choses ineffables, de tant d'expériences impartageables qu'aucun mot ne saurait décrire... que c'est comme si deux lunes brillaient déjà dans mon ciel.
Aucune croyance, aucun dogme ne saurait enfermer ou décrire ces sensations. Dans mon esprit, mon cœur et ma chair, elles n'en demeurent pas moins réelles. Mais quelle place accorder à cette "réalité parallèle", si intime, dans la vie que je mène à présent? Je n'en ai aucune idée. D'autant plus que si peu de gens semblent compter deux lunes dans leur ciel. Ou alors, c'est un secret  qu'ils ont choisi d'enfouir si profondément en eux que je pourrais passer mon existence entière à côté d'eux sans en être informée... Ont-ils raison d'agir ainsi? Existe t-il une loi qui établit que certaines choses ne doivent pas être en contact, ne doivent pas se mélanger? Que leur nature même les en empêche, comme l'eau et l'huile?
Peut être... Et pourtant, dans la retraite dans laquelle j'évolue depuis ton départ, je ne peux m'empêcher de penser que tant de choses vont de travers dans cette réalité, réalité qu'il me faudra bien apprendre à réinvestir tôt ou tard. Tout est tellement lisse. Trop lisse. Dénué d' "âme", de sens. Comme s'il y avait bien deux couches: une couche d'huile et une couche d'eau: séparées par une frontière nette. Implacable. Et c'est comme si cette frontière nous invitait ou plutôt nous obligeait à un choix. Choisir la réalité "concrète", pragmatique et ses règles: marche ou crève... ou basculer dans une autre dimension... Un autre "plan" diraient certains... avec le risque de perdre pied et de s'enfermer dans une vérité hermétique, faite de rêveries et de croyances. Un univers à huit-clos...
Moi je me prends à rêver d'un monde qui ressemblerait un peu plus à ces lampes à lave... Celles dans lesquelles des bulles d'huiles multicolores dansent à l'intérieur d'un récipient rempli d'eau. Un monde où à défaut de te voir, je pourrais parler de toi sans tabou, où on me parlerait de toi sans tabou. De ta vie, de ton départ, de mes questions, de cette sensation que tu es si proche parfois, de ce gouffre dans ma poitrine, de cet amour immense qui lui est toujours là et de sa destination que j'ignore... En somme, un monde dans lequel je n'aurai pas autant la sensation d'être double. D'être divisée entre ici et cet ailleurs.
J'écris ici parce que ce forum, au fond,  c'est peut être ce qui se rapproche le plus à mes yeux de ce monde là. Des bulles qui parfois fusionnent, parfois s'entrechoquent... mais qui ont au moins le mérite d'exister. Le mérite de casser les frontières trop nettes, les vérités trop lisses... J'écris ici parce que la seule chose plus étrange que d'évoluer dans un monde à deux lunes, c'est d'avoir la sensation qu'on est seule à contempler ce nouveau ciel, qu'on aurait préféré ne jamais découvrir...
Cette semaine, je suis un peu sortie de ma tanière. Beaucoup plus que ces 10 derniers mois réunis... Et à côté de la "joie" timide de passer du temps avec des personnes qu'on appréciait, (qu'on apprécie sans doutes encore... même si  le lien qui me lie à toi repousse les autres dans l'ombre) il y avait en permanence cette sensation désagréable... de ne plus faire partie du même monde... Plus tout à fait...
En parler, t'en parler ici ne changera sans doutes pas grand chose à tout ça. Seulement... entre tenter de mettre des mots sur ma solitude et l'assumer en silence, la première solution me semble un peu meilleure... Parce que l'idée que ces mots te parviennent m'aide à tenir. Parce que l'idée que je serai lue m'aide à rester amarrée à quelque chose... à ne pas partir à la dérive.
Où que tu sois, où que tu ne sois pas... je t'aime. Je t'aime.

Hors ligne Federico

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #157 le: 07 février 2017 à 00:18:04 »

Ela,

J'aime ... ton message !

Federico
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Myrphije

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #158 le: 07 février 2017 à 08:39:28 »
C'est exactement ce que je ressens, Ela. Faire partie de ce monde et sentir ce décalage, entre les autres et moi.  Au point d'avoir l'impression de ne plus en faire partie. Une chose est sûre : il y a eu ce monde, avec nos aimés, celui d'avant, et il y a celui d'aujourd'hui.  Est-ce qu'on pourra un jour concilier les deux ?...
Douce journée.

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #159 le: 08 février 2017 à 13:14:34 »
Federico, Myrphije... merci d'être passés par là. Tout ça... ce dont je parle, ce dont nous parlons... ce sont des sensations tellement intimes, et pourtant, chacun à notre manière... nous devinons, nous touchons du doigt toutes ces choses... Je crois que pendant longtemps, je continuerai à écrire, à vous lire aussi... car il me semble que c'est ainsi que petit à petit, je tente de concilier l'inconciliable.
Je nous souhaite d'accueillir d'autres choses, au delà... en plus de la souffrance qui se déverse en nous à travers cette brèche... Pour ma part, chaque jour un peu plus, je découvre à quel point le monde m'apparaît différemment. Parfois, trop souvent encore: sombre et triste... mais aussi emprunt d'une sorte de magie, d'une subtilité... que je ne lui connaissais pas, que je ne savais plus contempler...
Je vous embrasse et serai heureuse de vous retrouver en ce lieu, peuplé de rencontres qui n'ont rien de virtuel.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #160 le: 08 février 2017 à 18:46:35 »
Ela,
le message que tu m'as laissé me touche énormément, alors j'avais envie de passer chez toi ;-)
 j'ai lu la façon dont tu as décrit ton amour et que je trouve ça beau... Beaucoup de passages raisonnent en moi
Concernant les segments, je crois que tu m'as aidée : les passages de chagrin indicible, de douleur inacceptable sont aussi des segments, donc ses segments s'exprimeront eux aussi, pour laisser place à un peu plus de douceur après ...
Ces moments là ne sont finalement eux aussi que des segments, ne leur laissons pas plus de place!
En tout cas, je suis très heureuse de ces échanges qui sont nouveaux pour moi
Merci Ela
très sincèrement
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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #161 le: 08 février 2017 à 23:51:36 »
Bien sur que nous lisons tes lignes, Ela.
Elles sont "bulles d'huiles multicolores" qui font palpiter ton histoire dans la nôtre.
Et l'écho de tes mots dans nos silences...
Nous lisons tes lignes, Ela... et nos regards posés sur elles sont  comme autant de mains tendues pour t'amarrer à notre quai et te préserver des mauvais courants.
*Ephémère*

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #163 le: 10 mars 2017 à 00:37:35 »
Amour, amour, mon amour...
Le temps passe... Je t'écris moins, je m'écris moins... je crois que parfois, je perds le goût d'écrire... Sans doutes parce que je réalise qu'aucun de mes mots ne te fait revenir. Sans doutes parce que, si l'écriture est un exutoire, l'absence de tes réponses en est le coût. Et c'est un coût si élevé...
Parfois je crois aller "mieux". Parce que je ne passe plus mes journées à pleurer, à lutter contre l'angoisse, paralysée, roulée en boule...  Et puis, je réalise que ce "mieux", c'est un fragile équilibre entre l'oubli de moi-même et la somme de mes efforts: ceux que je fournis en attendant de te retrouver... Mais "te retrouver", dans mon esprit, c'est un mirage, une zone de flou, un lieu sans cesse recouvert d'une brume épaisse... "Te retrouver", ce n'est jamais bien loin, jamais dans bien longtemps... Mes efforts s'arrêtent à cet horizon fictif. Car au delà, ils seraient pulvérisés dans l'infini.
Je crois bien qu'aussi dingue que cela puisse paraitre, je ne peux me défaire de l'idée que je vais te retrouver. Un jour. Bientôt... Je ne sais pas bien quand... Simplement, il y a cette idée folle qui demeure au fond de moi. Ce rêve éveillé. Cette idée que tu pourrais encore revenir. Que je pourrais te rejoindre... Je ne pense pas au suicide, non... Ou juste comme ça... Comme une ombre qu'on ressent le besoin d'étreindre avant de la dissiper... Et pourtant elle est bien présente en moi, cette idée délirante... Que je pourrais te retrouver.
Je crois bien que c'est cette illusion, dont je peux dire qu'elle en est une sans pour autant parvenir à m'en défaire, qui rend possible les petits mieux... J'essaye de prendre de la hauteur, de m'observer, de comprendre ce que je fais... Je crois, sans en avoir conscience la plupart du temps, que je me prépare. Je fais des choses pour pouvoir te les expliquer, pour pouvoir les justifier auprès de toi. Je fais des choses pour que tu sois fier de moi à ton retour. Je fais des choses pour te plaire. Pour te plaire encore lorsque tu reviendras... Lorsque tu reviendras.
Tu ne reviendras pas. Je tente de comprendre. Tu ne reviendras pas. J'écris, je lis cette phrase, et je ne parviens pas à l'intégrer. Je ne peux pas. Je ne peux pas... Ça ne veut rien dire... Les mots glissent et ne s'impriment pas. J'ai parfois cette sensation que tout glisse... Tout... Tout glisse, tout m'échappe. Plus rien ne s'imprime.
Il y a un an, s'imprimaient les dernières images... Toi, moi... Il y a pile un an: en train de manger un fondant au chocolat sur une aire d'autoroute déserte, en pleine nuit, quelque part entre le Var et l'Alsace... Un voyage en autostop à l'improviste, pour faire une surprise à ma mère le jour de son anniversaire... On se trouvait fous. On se pensait invincibles.
Je te revois, en train de jeter des fleurs sur les pares brises des conducteurs, bloqués dans les bouchons, pour les faire sourire. Je t'entends rire de mes pitreries, savamment exécutées pour inciter les voitures à s'arrêter et nous amener jusqu'au prochain village, jusqu'à la prochaine sortie... Je me souviens de ta main, si chaude, si rassurante dans la nuit froide... Je me souviens de ces heures passées dans cette caravane avec ce sympathique Monsieur à l'accent Belge et son chien. Et puis la dernière ligne droite,  après 26h de stop:  ce chauffeur qui nous as offert cette énorme cigogne en peluche à notre arrivée en Alsace de bon matin... Cette peluche, elle est toujours là, chez mes parents... Elle me rappelle, parmi tant d'autres choses, que je n'ai pas rêvé. Que je ne t'ai pas rêvé. Que toutes ces choses là, nous les avons bien vécues ensemble, il y a un an à peine...
Que nous est-il arrivé mon amour? Que nous est-il arrivé... J'entends mes parents parler de cet anniversaire, l'an dernier. De leur surprise en nous voyant arriver, épuisés mais radieux... J'entends mon père dire à ma mère "tu te rends compte... on est bien peu de choses..."... Une tentative, maladroite, pour mettre des mots, sur sa propre incompréhension... Moi, il y a bien longtemps que je n'en ai plus, des mots, pour dire, pour exprimer, ce qui se terre dans ce trou béant... J'écris encore, un peu... je tâtonne... Mais dans la parole, il n'y a plus rien.  Il n'y a plus de paroles. Tous les mots sonnent faux, creux dans ma bouche...
Je repense à nous, il y a un an à peine... et je ne sais ce qui me fait le plus peur... Ce brouillard irréel vers lequel j'avance, ou celui qui recouvre petit à petit les souvenirs des moments que nous avons partagés... Le passé et l'avenir sont comme deux mirages, qui s'éloignent de plus en plus lorsque je tente de les retenir, de m'en approcher. Reste le présent. Le présent. Cette offrande dont je ne sais que faire, qu'il m'est si difficile d'accepter sans toi à mes côtés...
Je tiens bon, pourtant. Car je ne sais pas faire autrement... Je tiens bon, pourtant. Tu le sais bien... Je tiens bon, car si le monde est irréel, ta mort l'est peut-être elle aussi... Je tiens bon, car je ne comprends rien, et que je n'aime pas ça. Je tiens bon, car je suis têtue. Je tiens bon, car je suis cassée, et que j'aimerais bien apprendre à réparer ce qui peut l'être. Je tiens bon, car je suis malade, et que j'aimerais bien guérir, un peu... pour te plaire encore. Te plaire à nouveau. Je tiens bon, car je ne peux pas faire autrement. Je ne peux pas...
Je t'aime. Tellement, tellement, tellement fort.


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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #164 le: 12 mars 2017 à 16:52:16 »
Voilà que je passe et repasse sur tes lignes.
Sans rien oser inscrire dessous.
Pour ne pas abimer la beauté ce que tu offres à notre lecture.

Mais tout de même te dire que je t'ai lue.
Que, mais tu le sais bien, tu n'écris pas dans le désert.

Et te faire un signe d'amitié.

Oui, nous les aimons tellement, tellement.
Au-delà du temps qui passe et souffle sur la brulure
Pour peu à peu adoucir notre peine.

*Ephémère*

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