Auteur Sujet: Mon amour est parti au mois d'avril  (Lu 139073 fois)

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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #120 le: 19 novembre 2016 à 17:36:38 »
"Mon bel amour, ma déchirure... je te porte dans moi, comme un oiseau blessé"

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #121 le: 19 novembre 2016 à 22:56:44 »
"Un lien intime, privilégié, puissant, unique... et: douloureux revers de médaille: nécessairement exclusif, impartageable...
Quand la peur de l'indifférence, de l'oubli me guette... c'est à ces quelques mots en italique que je pense."


Malgré l'inconstance des émotions...tu suis ton cap...tu navigues entre lumières et ténèbres... tu penses son absence , tu l'aimes  toujours...tu mets des mots sur ta douleur et tu la partages...c'est déjà énorme si près encore de la tragédie...Tu oscilles entre 2 ressentis contraires...qui cohabitent ...
le 14 est jour de tristesse infinie...
je t'embrasse

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #122 le: 28 novembre 2016 à 15:53:31 »
Après ces jours d'absence, je reviens ici déposer quelques fleurs... Pour mon amour... Aujourd'hui, je suis fatiguée... oui, fatiguée... Épuisée même. Relativement apaisée cependant. Un nouveau calme après une nouvelle tempête...
Il me manque... Toujours autant... Plus même... différemment... je ne sais pas bien... Comme si une boule dense, lourde... un condensé d'émotions liées à son absence avait explosé en moi suite à son départ et que désormais, j'étais couverte, remplie toute entière d'une fine poussière de mélancolie, de manque... une poussière absorbée irrémédiablement par chacune de mes cellules.
J'ai beaucoup lutté cette semaine. J'ai besoin de l'écrire quelque part... Les soldats ont leur monument aux morts alors que leurs luttes me laissent souvent de marbre... Je m'accorde le droit de déposer ici quelques phrases pour témoigner de mes propres combats, de mes petites victoires... J'étais dans le sud cette semaine, aux côtés de ma belle-fille, cette petite princesse, le trésor de son papa. Elle s'est faite opérer du cœur,  car suite au départ de mon chéri, on a découvert qu'elle souffrait de la même anomalie.  J'ai tout fait ces derniers mois pour brider ma peur, l'étouffer. Pour ne pas la lui communiquer... Elle qui du haut de ses 12 ans se montre si courageuse. Courageuse, elle l'a été plus que tout cette semaine. L'opération s'est bien passé. Voila. C'est tout... Et c'est énorme. Énorme.
De retour chez mes parents, j'accueille tant bien que mal les conséquences de cette nouvelle tempête émotionnelle. Un mélange chaotique de soulagement, de fatigue extrême, de peine intense... La prise de conscience de cette vague d'angoisse contenue jusqu'à présent.... Des coutures qui ont pété, de la casse engendrée... De l'ampleur de ce qu'il faudra, tant bien que mal, tenter de reconstruire... de cautériser... de réparer...
Je ne veux rien lâcher, pourtant. Même si je ne sais pas vraiment ce que ça signifie... Je ressens simplement, que je ne dois pas perdre de vue, cette volonté... Je ne sais pas comment expliquer ce pressentiment, mais quelque part, j'ai cette sensation que je le lui dois. Que je lui dois de faire de mon mieux....
Alors je reste cramponnée à la barre, ballottée par des vagues d'incompréhension, de frustration, d'intransigeance face à mes faiblesses, face à la maladresse des autres...
Le plus dur sans doutes, reste la frustration... qui engendre tout le reste. Celle de ne pas savoir, comment continuer à lui dire "je t'aime", "je t'aime", "je t'aime". "Je suis là".  "Je pense à toi". "Je t'aime mon chéri, mon cœur, mon ange". Alors je parle à haute voix. Toujours. Je lui parle dans ma tête, même si j'espère de tout mon cœur qu'il ne s'y attarde pas trop, vu le bordel qu'il y a à l'intérieur... Je lui écris.... Puis je suis rattrapée à nouveau par l'angoisse de mal faire, de le décevoir... L'angoisse qu'il ne reçoive pas, tout ça, toutes ces paroles que je lui adresse... Alors je rumine, je rumine... et vient la culpabilité d'être d'un coup, centrée sur moi au point que je n'arrive presque plus à penser à lui. J'y pense, mais mal. Sans y penser vraiment. J'y pense comme s'il devenait le carburant de mes propres lamentations... Cet état là chez moi, peut vite devenir pathologique... Cet état là: je le crains... Et cette crainte ne fait bien entendu, qu'alimenter mes ruminations... Cercle vicieux...
Heureusement, qu'il y a sa voix... qui vient me trouver... qui me répète: "indulgence, indulgence, indulgence..." Merci mon amour, mon cœur, mon ange... Comme je t'aime, comme tu me manques... Comme j'ai besoin de toi, aussi... encore... Comme j'aimerais être plus sage pour savoir comment t'aider, comment te soutenir, comment t'aimer... où que tu sois..."
Et à vous tous, je vous embrasse. Prenez soin de vous, toujours, tant bien que mal.



Hors ligne *Ephémère*

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #123 le: 28 novembre 2016 à 20:56:57 »
Bonsoir Ela,
J'aurais pu écrire tes lignes !
Je vois  le monde pour nous deux ; je lui offre mes yeux.  Je lui fais visiter cette étrange contrée  qu'il ne connaît pas : ma vie sans lui.
J'essaye d'éteindre cette colère qui affleure, trop prompte à vomir ma douleur dans des rages inutiles.
La fatigue ; ces moments où, vidées de toute   énergie, nous ne  pouvons que nous écrouler dans des coussins  sans être sures de parvenir à en sortir un jour...
Le fauteuil, le canapés sont nos amis. Même épuisée, j'ai toujours refusé de m'allonger sur  mon lit dans la journée. Mais blottie dans mon vieux fauteuil préféré, bien au chaud , bercée par cette télé qui est devenue ma compagne des mauvais jours, lorsque je suis si fatiguée,  il n'est pas rare que le sommeil m'emporte.
Il faut écouter cette voix qui murmure "indulgence, indulgence...".
Oui, il faut être douces et indulgentes avec nous-mêmes tant l'épreuve est rude.
Nous sommes de vaillants petits soldats ; nous tenons encore et encore. Alors nous avons bien le droit d'être fragiles aussi.
« Modifié: 07 juin 2017 à 20:21:46 par *Ephémère* »
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Hors ligne stephfab50

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #124 le: 15 décembre 2016 à 10:20:54 »
je t'envoie beaucoup de courage en cette triste journée.

Je suis retombée sur ton post après des recherches sur ceux qui ont perdu leurs conjoints dans les mêmes temps que moi. (26 mois) Comme toi il est parti d'une crise cardiaque. C 'est vrai que le temps fait son œuvre, mais les jours ne se ressemblent pas. Les larmes peuvent toujours arrivées sans prévenir. 
Je suis venue dans le jardin où tu reposes
Environnée par le silence
Le ciel tombait et le ciel se couvrait de roses,
Et j'ai eu mal de ton absence.

Je sens ta peau contre la mienne,
Je m'en souviens, je m'en souviens
Et je voudrais que tout revienne,
Ce serait bien,
Ce serait bien

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #125 le: 21 décembre 2016 à 20:00:31 »
Je reviens à nouveau après quelques semaines d'absence... Pour vous dire un immense merci d'abord. Merci à stephfab50 d'être passée dans ma petite grotte virtuelle, au lendemain du 8ème mois du départ de mon chéri... Merci à toi élia, pour tes mots et tes encouragements qui m'ont émue aux larmes. Merci à toi Ephémère de lutter pour toujours laisser transparaître une petite lueur, une petite étincelle dans tes écrits. Ces petites lueurs me réconfortent car elles me rappellent avec une infinie douceur mon amour et la philosophie qu'il s'évertuait à incarner: celle de toujours essayer d'allumer de petites chandelles plutôt que de maudire l'obscurité... Il me répétait souvent cette phrase qui raisonne si fort en moi aujourd'hui.

Pourtant, difficile de voir les chandelles en ce moment... Il me manque affreusement... D'un manque qui vient m'assaillir d'un coup. A m'en couper le souffle. Et qui m'isole parce qu'alors je ne peux pas parler, dire... être avec les autres. Je ne peux et ne veux rien. Il n'y a plus que lui. Et ça fait tellement mal et tellement de bien à la fois... c'est une souffrance que j'ai du mal à lâcher. Parce que j'aime qu'il occupe toute la place... bien que cette place devienne un gouffre lorsque celui qui l'occupe la sature de par son absence. Une photo de lui tellement nette... mais en négatif.

Je le cherche encore, je le cherche toujours. Je "nous" cherche constamment... Et peut être qu'un jour ce "nous" laissera à nouveau un peu plus de place à autre chose qu'à de la peine, qu'à des larmes. Je l'espère.. Pour l'instant j'accueille les larmes...

Je les accueille d'autant plus que lorsque je me suis inscrite sur ce forum il y a quelques mois, c'était en partie parce que j'avais peur: peur d'aller mieux, de l'oublier, de ne pas prendre la mesure de son départ.  J'avais beau être consciente d'être un terreau fertile pour ce type d'angoisses, cela ne les rendait pas moins menaçantes. Aujourd'hui, un peu plus de huit mois après son accident, je réalise pleinement le caractère illusoire de ces pensées... Je ne vais pas aller mieux si facilement. Je ne m'en sortirai pas d'un claquement de doigts. Et même s'il m'arrive encore d'avoir peur d'oublier des détails, des bribes de notre histoire, je sais bien désormais que l'essentiel de ce que nous avons partagé, je ne l'oublierai jamais. Jamais.

En me relisant, cet écart entre ce que je vis et ces peurs me saute aux yeux. M'agresse, même. Chaque jour, chaque seconde est une lutte pour ne pas m'écrouler. Chaque cellule, chaque parcelle de moi hurle silencieusement mon désir d'être auprès de lui. Du matin au soir. Du soir au matin. Et malgré tout, j'aurais peur d'aller mieux?

C'est tellement absurde. Tellement absurde... Comme si en plus de la souffrance, ou affaiblie par elle, je devenais une proie facile pour le non-sens, les idées erronées... pour la folie qui rode.

Alors c'est peut-être celle là, ma petite chandelle du moment. J'embrasse la souffrance pour me soustraire à l'étreinte de la folie. Etre capable de dire vraiment à quel point j'ai mal que tu ne sois plus là mon amour. Infiniment. Et à quel point c'est dur de laisser une chance à cette chienne de vie qui t'a arraché à moi, à nous, comme ça, sans explications. A quel point demain me terrorise, en écho à cette absence d'envies que je ressens ou plutôt ne ressens pas...

Car tu le sais bien que j'avancerai malgré tout, sur cette longue route qui m'attend. Avec ou sans envies.... car même lorsque la tête déraille et que le cœur est en miettes, les pieds continuent de marcher, mus par je ne sais quelle force mystérieuse, quel impitoyable sens du devoir. J'ai tous ces jours sans toi, tant de jours sans toi à mes côtés qui m'attendent pour apprendre à marcher...

Alors je peux bien, m'asseoir encore un peu sur le bord de la route avec ma gueule morose... Parce qu'en cette fin d'année, j'ai bien le droit de le dire encore: que tu me manques si fort. Que j'ai le mal de toi. Que j'ai le mal de "nous" et de moi aussi. J'ai bien le droit de le dire encore: que je suis fatiguée. Épuisée même.  Que j'ai le cœur en miettes et la tête en vrac. Bien plus encore que ce que je m'avoue à moi-même parfois. Bien plus encore que ce que je laisse voir aux autres, eux qui s'inquiètent parfois déjà de ne pas me voir retrouver un travail, sortir avec mes amis, faire de grands périples sac au dos comme je faisais avant... Car non, ces "bonnes résolutions" qui pointent le bout de leur nez sur le calendrier et dans les discours et que certains aimeraient me voir prendre, ne sont pas encore à l'ordre du jour dans mon agenda...

Pour le moment, j'allume des petites bougies... que j'éteins souvent accidentellement, maladroitement... Mais j'en rallume d'autres, toujours. C'est ma petite résolution mon amour. Bien modeste mais tenace. D'allumer, de rallumer des petites bougies.

Je t'aime. Infinivrai.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #126 le: 21 décembre 2016 à 21:21:43 »
Bonsoir Ela,
C'est presque étrange tant tes lignes pourraient être miennes.
8ème mois pour toi, bien davantage pour moi.
Ce qui me permet d'écrire que oui, aussi incroyable que cela puisse paraître,  le temps arrondit la peine.
Cette  peine, je l'accueille encore    lorsqu'elle s'invite et vient me laver les yeux.
Mais elle se fait plus discrète, et les larmes sont plus rares.
Il arrive que la pluie sur les joues revienne. Ce n'est pas grave.
Elle fait partie de ma vie, et coule doucement.
Pluie fine, presque douce,  qui  n'a plus rien de ces torrents qui me dévastaient et me laissaient exsangue.
Non, juste une ondée que j'accepte.
Elle fait partie de ma vie.
De cette vie avec mon adoré  si bien installé au creux de mon cœur.

*Ephémère*

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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #127 le: 23 décembre 2016 à 21:58:54 »
Merci Ephémère, pour ces quelques mots....  Moi aussi, j'accueille, je cherche même, peut être trop parfois, cette pluie sur les joues... J'aime ces larmes. Elles sont un cadeau, un trésor... Une preuve que je ne suis pas morte à l'intérieur.... Ce qui me dévaste, c'est lorsque j'erre en moi-même et que je ne la trouve pas cette eau. Ou que j'ai peur de ne plus la trouver. Que la source soit tarie...
Une amie m'a questionné l'autre jour sur mes projets. Sur ce qui compte encore ou ne compte plus pour moi désormais. D'une façon un peu froide, maladroite. Elle s'en est aperçu et s'est excusé... Je ne lui en veux pas. Comme moi, je sais qu'elle lutte. Comme moi, c'était une gamine trop sensible, qui en grandissant a érigé des murs autour de sa sensibilité, de son humanité à coup de mental, d'analyses, de pragmatisme... murs qu'elle ne sait plus toujours très bien comment franchir... Je ne lui en veux pas, mais sa question m'a fait prendre conscience du gouffre que je ressens en présence des autres. De cette sensation d'être ailleurs. De cette autre dimension dans laquelle j'évolue... Une dimension hors du monde, de son rythme, de ses préoccupations, de sa dynamique...
En réalité, j'ai toujours ressenti ça... ou depuis longtemps en tous cas. Avant de connaitre mon amour, cette sensation était déjà bien présente en moi. Mais lui, mon amour, mon ange... avait su me rejoindre dans cette autre dimension. Ou plutôt, sans avoir besoin de mots, c'est comme si nos regards s'étaient croisés, à la fois dans le monde, et dans cet ailleurs. Aujourd'hui, je ne sais pas bien, à quoi me raccrocher. Avec lui, ensemble, nous étions comme deux cosmonautes, entre Terre et Lune, qui cherchions à renouer avec les lois de la gravité. A retrouver ensemble, un enracinement dans ce monde.
Aujourd'hui, ce qui me manque, c'est l'envie de prendre racine. De faire des choses concrètes. D'investir cette vie, ma vie. Parce que lui, plus que jamais, s'est envolé. Ailleurs.
Et moi, entre deux mondes, je flotte.... Je flotte... 

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #128 le: 24 décembre 2016 à 13:58:34 »
Ne pas penser à l'an dernier... ne pas penser à l'an dernier... Le répéter ne sert à rien. En vérité tout est là, tout est présent... Le petit sapin devant la fenêtre... Les décos bizarres qu'on y a suspendues parce qu'on n'avait rien pour le décorer... Des portes clés, des bouts de ficelle, des petits rien des petits tout....
La soirée chez A et P. Le fou rire a cause d'E qui n'a pas aimé son cadeau: ce livre qu'on lui avait pris au kiosque...
Ton rêve d'aller ensemble à la neige. Avec ta fille. Et puis juste nous deux, un peu, aussi... Ma main dans ta main. ta main dans ma main...
Où es tu? Est ce que tu m'entends te parler? Est ce qu'au moins, tu sais à quel point je t'aime? Est ce qu'au moins, tu sais à quel point je t'aime?

Hors ligne Pucinette

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #129 le: 24 décembre 2016 à 14:51:18 »
J'ai peur aussi qu'il ne sache pas à quel.point je l'aime. ...
Christophe... Mon amour pour toujours...

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #130 le: 24 décembre 2016 à 17:34:24 »
Bonsoir à toutes deux,
Votre amour éclaire chacun de vos mots.
Il dessine de magnifiques enluminures sur chacune  des lignes que vous tracez ici.
Alors comment votre  aimé qui a tant partagé avec vous aurait-il pu ignorer la force de vos sentiments ?
Je suis sure, absolument sure, que ceux que nous pleurons connaissaient la puissance de notre amour.
Et cette certitude est  un chagrin de moins dans le tourbillon des doutes et interrogations qui viennent parfois me tourmenter...
J'espère de tout cœur que vous parviendrez à vous rassurer à ce sujet.

Une pensée pour vous en cette fin d'après-midi un peu morose.
*Ephémère*

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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #131 le: 25 décembre 2016 à 21:04:05 »
Merci Ephémère, du fond du cœur... Je viens me mettre au chaud devant mon ordinateur... Je suis sortie dans la nuit, allumer quelques bougies dans le jardin... J'y ai aménagé un petit endroit, pour lui. J'y dépose des petits cadeaux, j'y ai planté quelques fleurs... Un petit lieu auquel je me raccroche moi qui suis si loin du lieu où reposent ses cendres.
Nous sommes le 25 au soir, et je reprends mon souffle... Car même en tachant de ne pas y prêter trop attention, ces deux jours et tout ce qu'ils symbolisent... c'est comme si l'énergie dont ils sont porteurs s'imposait sans qu'on puisse choisir ou non de lui ouvrir la porte... Le seul choix qui reste, c'est "comment" l'accueillir... Comme tout le reste.... J'espère que cette vague de Noël n'aura pas ravivé trop de cicatrices, provoqué de nouvelles égratignures dans les cœurs blessés.
Pour ma part, j'ai beaucoup pleuré hier. Mais j'ai réussi à ne pas m'en demander trop. A ne pas me retrouver au cœur d'une trop grande agitation, avec l'appui et la compréhension de mes parents, ce qui m'a permis de voir cette nouvelle vague passer sans trop de casse... Pour le moment du moins.
Cependant, une nouvelle douleur m'assaille depuis quelques jours (qui n'est pas du tout nouvelle en vérité, mais que j'identifie plus clairement depuis peu), c'est cette peur qu'il ne m'aime plus. Qu'il choisisse de me laisser tomber. Que de là où il est désormais, il me trouve insignifiante. Cette peur de le décevoir, de le rebuter. Qu'il continue sa route sans moi et que par manque de confiance en moi, je finisse par m'écrouler. Ça me fatigue tellement, toutes ces pensées... Toujours les mêmes angoisses (peur de décevoir, d'être mauvaise... qu'on m'abandonne) déclinées sous des milliers de formes...
Et ces pensées, elles sont tellement injustes au fond... Elles se nourrissent d'un manque de confiance en moi qui me pousse à manquer de confiance en lui. En l'amour qu'il me portait, qu'il me porte. Et ça me désole, de mettre du doute là où j'aimerais trouver du réconfort. Là où j'aimerais être forte pour lui aussi. Mais c'est justement de réconfort que j'ai besoin pour ne pas douter, et j'aimerais tant qu'il puisse m'en envoyer. Qu'il puisse me rassurer, me consoler. Un mot, un regard, je ne demanderais pas plus... mais il ne peut pas. Il ne peut plus... Et cette impossibilité jette tous mes manques, toutes mes failles, tous les morceaux manquants de mon puzzle incomplet en pleine lumière...
Je l'aime tellement, tellement fort. Et j'ai tant besoin de lui aussi.... Et je sais bien qu'au fond, ce sont deux vérités, mais deux choses totalement différentes. Et j'aimerais tellement que le fait d'avoir besoin de lui ne m'empêche pas de lui dire à quel point je l'aime...
Alors je lui dis sans cesse, d'entendre mes mots d'amour et de ne pas écouter le reste... Mais ce "reste": ces peurs, ces failles, ces défauts, ce qui est laid, cassé, abîmé... comment faire pour le porter seule désormais?
Alors mes angoisses, je les déverse un peu par-ci, un peu par-là... sans bien savoir si je les évacue où si en parlant d'elles je ne fais pas que les alimenter.
Alors pour ce soir, je vais arrêter. Arrêter de parler de tout ça. Et je vais continuer à lui dire "je t'aime" dans le secret de mon cœur. Comme je le fais chaque jour, à chaque heure...
Parce que ça, personne ne peut me l'enlever, même lui. Même pas toi mon amour. Je t'aime.

Hors ligne *Ephémère*

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #132 le: 25 décembre 2016 à 21:48:43 »
Bonsoir Ela.
Moi aussi, je suis bien au chaud au coin de la cheminée.
La vie dans les flammes qui dansent.
Solitude  choisie.
Tête à tête avec le chat plein de tendresse.
Souvenirs des Noëls d'enfance.
La pluie sur les joues.
Le thé parfumé ;  nuage de lait.

Ela, nul ne peut  voler ou effacer notre vécu.
Notre amour fut.
Partagé.
Nul ne peut le nier.
Cette certitude est notre force.
Cette force qui nous maintient debout.
Et nous permet d'avancer, doucement, certes, mais avancer tout de même sur ce chemin qui s'ouvre sous nos pas.
Tu as tant de peine, Ela.
Il faudrait tellement que  cesse  le tourment de ces interrogations et ces doutes qui te font saigner davantage.
Notre aimé n'est plus.
Nous ne pouvons le nier.
Mais ce n'est pas l'amour qui est mort.
Vous vous aimiez, Ela.
Ne l'oublie pas.
Cette certitude est ta force.
Je te souhaite une  nuit sereine.
Qu'elle t'offre le repos dont tu as besoin.



*Ephémère*

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Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #133 le: 26 décembre 2016 à 19:38:40 »
Encore une fois: merci de tout cœur Ephémère...  Tu m'as vraiment soutenue, et tes paroles continuent à le faire. sur ce terrible chemin. Je te lis et tes mots me touchent... Ils ravivent en moi une force, que j'ai en moi, que nous avons tous en nous, mais que je n'arrive plus toujours à trouver au milieu des décombres...
En ce moment, je le sais bien: je lutte pour ne pas devenir folle. Je sais bien que c'est ça. Je suis déjà passée par là et c'est bien de ça qu'il est question. Je sens quelque chose de cassé, de malsain, d'irrationnel... s'infiltrer, grossir en moi. Et le plus étrange c'est d'être capable de le voir, d'être lucide sur ce qui se passe en moi. Etre lucide et se sentir devenir folle. C'est tellement paradoxal, tellement étrange... Et ça prend de la place. Trop de place.
C'est dur de me souvenir qu'il m'a aimé ainsi, avec mes cassures, mes fêlures... mais aussi, quand j'arrive à me l'accorder: avec les armes que j'ai développées pour faire face. C'est dur d'accepter d'avancer avec ce que l'on est, d'admettre qu'il est vain de rêver à la page blanche, vierge de toute rature. C'est dur de ne pas tenter de fuir la réalité. D'accepter que ça ne résout rien. C'est dur de rester droit dans ses pompes et d'assumer. De ne pas fuir celui ou celle que l'on est et ce que l'on a vécu.
En ce moment, je l'avoue, j'ai tellement envie de me fuir, tellement peur parfois de ce qui se passe dans ma tête, tellement envie d'abandonner le gouvernail, de supplier quelqu'un d'autre de prendre les commandes de ma vie, de me dire quoi faire, comment faire... de le faire à ma place. J'aimerais abandonner ma vie parce que je ne me sens pas capable de la vivre, de guérir, d'aller mieux, d'aimer encore, de faire du temps qui m'est imparti quelque chose dont il pourrait être fier. J'aimerais abandonner ma vie parce que j'ai beau avancer au milieu des ronces en cherchant à faire de mon mieux, j'ai parfois l'impression qu'il n'y a rien à attendre, à espérer. J'aimerais abandonner ma vie parce que j'ai la sensation qu'il y a trop de ratures pour sauver le tableau. J'aimerais abandonner ma vie par peur de la gâcher... J'aimerais abandonner ma vie par excès de souffrance, de fatigue... par manque d'envies si ce n'est la tentation de la résignation...
Les mots sont forts, je sais, mais conformes à la dureté de ce que je ressens par moment... Car c'est bien tout ça qui me traverse, qui me ronge, que je traîne.
Mais j'ai aussi conscience que ces vieilles peurs archaïques ne me définissent pas. Je crois même qu'elles ne m'appartiennent pas. Elles sont comme des hologrammes menaçants qu'il me faut apprendre à apprivoiser pour réaliser à quels point ils sont factices...
Et pourtant: savoir ou supposer savoir est une chose, l'intégrer en est une autre.
Mon état d'esprit est tellement sombre, effrayant, glauque par moment...  Je le sens et le sais bien. J'ai peur de le confier, de le montrer pour ne pas contaminer, inquiéter les autres, mes proches.... Et parce que je crains qu'ils ne soient pas assez forts pour me démontrer que j'ai tort, mais qu'au contraire, ils alimentent mon mal être  en me renvoyant leur propre inquiétude et leur apitoiement.
Mais surtout, aussi bizarre que ça puisse paraître, j'aimerais tant que malgré tout, malgré tout ça... Les gens, mes proches, et surtout mon amour, de là où il est, se rendent compte qu'en profondeur, au delà de tout ça... il y a une part de moi, une part qui peut sembler minuscule mais bien coriace qui continue à espérer, qui ne demande qu'à espérer. A aimer la vie, à nourrir des choses positives.
Et ça ne change rien au fait qu'en ce moment tout me semble noir et que je ressens un énorme besoin de décrire, de parler de toutes ces souffrances, de tous ces trucs moches que j'affronte, que je vis, qui me hantent... simplement pour les désamorcer, pour me sentir moins seule. J'ai besoin de racler le fond du gouffre, de faire remonter tout ça, de l'exposer en pleine lumière. Mais j'ai tellement peur qu'à cause de cette attitude, on m'identifie comme étant pessimiste, démoralisante, voir flippante. Pas parce que je crains les critiques: pour le coup: en dehors de l'opinion de mon amour, je me fiche de ce que les autres peuvent penser. Mais parce qu'à force de lire en miroir dans les yeux des gens cette gêne, cette peur que la souffrance inspire, je me demande si je ne finirai pas par m'auto-convaincre qu'effectivement, je suis bel et bien cassée. Pour de bon.
J'ai tant besoin d'encouragements, de consolation, d'inspiration.... J'en trouve ici et j'en suis tellement reconnaissante, mais je ressens véritablement cette soif, insatiable. Je ne sais plus qui disait que "notre besoin de consolation est impossible à rassasier... Peut être... Sans doutes... J'ai toujours essayé de me sortir seule, autant que possible, des galères, des coups durs... pour ne pas vampiriser les autres en étanchant, malgré moi, ma soif à travers eux.
Mon chéri et moi, sans être rattachés à un dogme, nous croyions...  Notamment en la possibilité de se relier à quelque chose, à une source, une énergie bienveillante dans laquelle on peut puiser. Se ressourcer. J'ai déjà pu ressentir ça, trouver la paix, l'apaisement... dans la "prière", la méditation... Ces instants, cette sensation... peu importe le nom qu'on leur donne, me donne également la sensation d'être plus proche de mon amour. Et c'est bien tout ce à quoi j'aspire en ce moment... Et c'est bien ça, que je recherche de tout mon être, et qui m'échappe à force de trop essayer, de trop vouloir...
En cette fin d'année, je crois que j'arrive à un point où j'ai besoin d'une aide concrète. D'un tuteur. De quelqu'un, quelque chose pour m'aider à reprendre pied, me guider. Quelqu'un qui ne se laissera pas entamer, vampiriser par mes angoisses et mes manques... et qui ne cherchera pas non plus à abuser de mes faiblesses.
Je sais bien que le Père Noël n'existe pas. Mais si vous connaissez des outils, des choses qui vous ont aidées à ne pas perdre pied... Si vous connaissez un psychiatre ou psychothérapeute compétent (c'est à dire, selon moi: qui ne se contente pas de droguer ses patients) dans la région de Strasbourg ou ailleurs dans le Bas-Rhin: si vous avez entendu parler d'un cercle de parole, pour les personnes en deuil, pour les grands anxieux... J'ai tellement de casseroles que je n'ai que l'embarras du choix! ^^
J'ai déjà lu certains témoignages dans d'autres rubriques et reçu des messages, sur ce fil ou en privé qui m'ont beaucoup aidée. Une fois encore, je ne pourrai jamais assez remercier les personnes de ce forum...
Si je ne viens pas, écrire davantage, chez les uns et les autres... ne m'en tenez pas rigueur. J'espère un jour, en retrouver l'envie et le courage... Rester centrée sur soi ne résout rien, je le sais bien... C'est juste que parfois, on a tellement l'impression qu'on ne peut rien apporter, que ce n'est pas le moment... voir même qu'il vaut mieux qu'on ne dise rien parce qu'on n'est pas capable d'aider... qu'on va juste ajouter de la peine à la peine... ou sonner faux... être à côté, en décalage.... Et alors on s'autorise, de temps en temps, à ne pas faire le petit effort supplémentaire pour envoyer un gros coup de pied dans ses excuses, un peu égoïstes parfois...
Aujourd'hui, c'est comme ça. Demain sera un autre jour.
Quelque part entre le rire et les larmes, l'absurde et l'envie d'y croire, la rage et l'abattement, l'ici et l'ailleurs, les figues et les raisins... je vous embrasse.


 

Hors ligne souci

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #134 le: 26 décembre 2016 à 20:12:05 »

    Vingt mille lieues sous les mers ...

    Probablement c'est là que je vais passer quelque temps ...

    Fermer les écoutilles rentrer le périscope ...

    Faire de jolies bulles couleur de corail ... chut ...

    c'est calme, en bas, c'est moins tourmenté, le grand bleu ...

    Sain, malsain, tout est question d'équilibre
    et de besoins du moment ...
    dans le deuil nous passons d'un extrême à un autre,
    et la seule chose qui nous empêche de nous perdre complètement,   
    c'est de laisser "tout ça" arriver sans dégoût ...
    respecter toutes ces émotions en nous,
    aimer dans la tristesse,
    aimer dans le désespoir,
    aimer dans la colère,
    aimer pour pas asphyxier.
    Solidaire, M.