Auteur Sujet: Mon amour est parti au mois d'avril  (Lu 123040 fois)

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Hors ligne Orfila

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #105 le: 14 octobre 2016 à 13:09:09 »
Pensée Ela.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #106 le: 15 octobre 2016 à 15:11:21 »
Mes chères amies du forum....
Je suis tellement touchée par vos paroles... Tellement... Je vous remercie du fond du cœur.... D'avoir pensé à moi, à nous en cette journée... Je ne m'attendais pas, à toutes ces marques de soutien. Je vous embrasse.
Ça n'a pas été une journée simple... Au contraire même. Probablement l'une des plus difficiles que j'ai traversée depuis son départ. C'est ainsi. J'aurais aimé pouvoir penser à lui, à nous, me recueillir dans la sérénité mais ça ne s'est pas passé comme ça. Comme pour tout dans la vie,  les regrets sont inutiles. En réalité, la journée d'hier était une nuit noire... et pourtant il y a eu quelques étoiles. De magnifiques étoiles. Alors c'est à elles que je tacherai de penser lorsque je me remémorerai tout ça.
En arrivant en ville hier matin, pour le tatouage, j'ai senti l'angoisse monter, m'envahir... Mes vieux démons qui ont choisi ce jour si douloureux, de par ce qu'il symbolise, pour m'attaquer à nouveau. Impitoyablement. J'ai commencé à être envahie par l'angoisse terrible d'associer le tatouage que je m'apprêtais à faire à une idée noire, déplaisante, dont je ne pourrais plus me défaire... Du coup, tout le reste de la matinée et une bonne partie de l'après midi, j'ai subi des vagues d'idées intrusives, obsédantes... Des idées noires qui tournaient dans ma tête comme un disque rayé... Bien sur, je sais comment ça marche, tout ça, ce bordel dans ma tête... C'est cette vieille histoire de l'"éléphant rose". Quand on dit à quelqu'un "ne pense pas à un éléphant rose, ne pense pas à un éléphant rose..." et que bien sur, il ne peut s'empêcher de penser à... un éléphant rose... Sauf que dans mon cas, pas de joyeux lutins, pas de fées, pas d'éléphants roses... Juste des idées noires, terribles...
Il me restait un peu de temps avant mon rendez vous, alors j'ai essayé de respirer, de me calmer... De faire face, comme j'ai appris à le faire... J'ai cherché, mentalement, la main, le soutien de mon amour dans cette épreuve... Et je crois qu'il était là, qu'il m'a entendue. J'ai eu l'impression d'entendre sa voix, qui tentait de me calmer, de m'apaiser, de me rassurer... Je suis allée prendre un café et un croissant, près du tatoueur, et me suis focalisée sur sa voix, sur ses paroles... Était ce vraiment lui, ou moi qui parlait pour lui? Je ne sais pas... Je ne peux et ne veux répondre à cette question... Mais je me suis sentie un peu mieux. Et j'ai décidé d'aller me faire tatouer, malgré tout. Malgré les angoisses, les idées noires.... Car une fois encore, plus que jamais,  je ne veux plus que ces peurs, ce trouble, me dictent ma vie et mes choix.
Chez le tatoueur, ou plutôt la tatoueuse, j'ai eu droit à un peu de répit... Et surtout... à ce signe, que je prends comme une preuve de sa présence, de son soutien... nous étions juste toutes les deux, la tatoueuse et moi, dans son petit salon. Une petite entrée et deux alcôves avec des fauteuils et du matériel. Dans la plus grande de ces alcôves, un poster immense accroché au mur. La plus grande affiche de tout le salon... Celle du "Grand Budapest Hotel"... Le film que nous sommes allés voir ensemble mon chéri et moi, le soir où nous nous sommes rencontrés!!! J'ai beau y penser et y repenser... pour moi, ça ne peut pas être le fruit du hasard...
Puis la tatoueuse, adorable, m'a proposé un thé, m'a demandé quelle musique je voulais écouter pendant qu'elle me tatouerait... "Brassens? C'est vrai? Je l'adore!"... Sourires... Et oui... Brassens... J'ai l'impression qu'il vivait avec nous parfois, tant mon chéri l'adorait... Il connaissait toutes ses chansons, tous ses textes... Il les fredonnait, les jouait à la guitare... J'y avais droit dans le salon, dans la voiture... Au point d'en faire une overdose parfois! Et désormais, il est devenu comme un ami, un compagnon d'infortune dans les heures sombres...
Pour ma part, je n'ai pas eu trop mal... J'aurais presque souhaité ressentir davantage, ce symbole s'enraciner dans ma peau... Mais malgré tout, même si elle s'est faite moins violente que quelques heures auparavant, l'angoisse était toujours là, présente, tapie dans l'ombre... Et elle a le don de me couper de moi-même, de mes ressentis... Comme si je n'étais plus totalement dans mon corps... C'est peut être pour ça...
En sortant, j'ai eu du mal à regarder cette mouette, tatouée sur mon poignet... Les angoisses ont bien fait leur travail... Je me suis sentie mal, honteuse, coupable... sans véritable raison, comme toujours... J'ai décidé que je ne pouvais pas rentrer comme ça... alors je suis allée au cinéma, regarder "Captain Fantastic"... Car nous adorions aller au cinéma ensemble... et que la bande d'annonce de ce film, m'avait tellement fait penser à lui... Il était mon Captain Fantastic à moi... Extraordinaire, intègre, fantasque, unique... Je l'ai retrouvé, dans certaines scènes, certaines attitudes... Ça m'a fait du bien.
Puis je suis rentrée chez mes parents et je suis montée m'allonger dans ma chambre... Et là... Souffrance, souffrance, souffrance... J'ai pleuré, pleuré, pleuré... Cette impression horrible que le monde extérieur devient noir, sombre, toujours plus sombre... Comme s'il s'accordait avec l'ombre qui nous ronge à l'intérieur... L'impression de basculer dans une dimension cauchemardesque, à la "Silent Hill"... Heureusement, j'ai pu parler avec ma mère, qui sait... qui comprend... J'ai pu cracher toute cette souffrance, cette angoisse oppressante qui menaçait de m'étouffer...
Là, ça va mieux à nouveau... Alors je regarde la mouette sur mon poignet, et je suis heureuse qu'elle soit là, malgré tout. Je la trouve belle, et elle me rappelle pourquoi je l'ai choisie parmi d'autres symboles. Elle me rappelle que mon chéri est encore là à mes côtés, pour faire face, dans les moments les plus sombres... Que je ne suis pas toute seule.
Je vous embrasse.

Hors ligne qiguan

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #107 le: 15 octobre 2016 à 18:14:33 »
chère Ela
ton récit montre que malgré tout tu as su être victorieuse (les démons n'ont pas gagné) et ce grâce à ce qui te sert à tenir ta perception de la présence du soutien de ton aimé, tes réceptions de messages-signes et tu as l'aide de ta maman aussi. Après cette grosse tempête je te souhaite des éclaircies pour reprendre ton souffle sur ton chemin personnel de deuil
je t'embrasse
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Orfila

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #108 le: 16 octobre 2016 à 09:32:09 »
Ela
Ta journée d hier extraordinaire.
Je suis touchée extrêmement d autant que tu es la.première à employer le mot "fantasque" que mon amoureux adorait au point de s en faire un pseudo....alors je te souris . Je te souris.....

Hors ligne Nora

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #109 le: 16 octobre 2016 à 10:30:41 »
Ela,

Merci de nous avoir fait partager cette journée, ce beau moment très émouvant . Cet acte du tatouage est très symbolique, et même si la journée a été difficile, il en restera un magnifique souvenir.

Je pense à toi

Nora

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #110 le: 16 octobre 2016 à 13:54:18 »
Merci à toutes <3.
Vos paroles sont comme de petits soleils sur ma route... Oui, Orfila. Fantasque, c'est un mot merveilleux. C'est toujours un des mots qui me vient en tête quand je cherche à décrire mon chéri. Fantasque... Un esprit libre, original, créatif... Un joyau brut, une perle... C'est un mot à son image. Fantastique... Ton amoureux devait l'être également pour choisir ce mot parmi tant d'autres... Je t'embrasse, vous embrasse.

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #111 le: 25 octobre 2016 à 17:03:15 »
"Mon chéri, je t'aime fort... Je pense à toi... Je ne t'oublie pas..."
Besoin de répéter ces mots, comme un mantra... C'est étrange... Je te sens proche et déjà si loin à la fois. Et dans cette distance, tant de paradoxes... Car je ressens, qu'elle est nécessaire, cette distance. C'est ma marge de manœuvre... Depuis deux jours, j'ai à nouveau ressenti qu'il m'était possible d'avoir des envies, de ressentir, des petits plaisirs, timides, modestes... L'envie, de ne pas me couper du monde, des autres.
Et puis, quand je n'y prends pas garde... cette inquiétude, qui peut enfler d'une seconde à l'autre... peur d'avancer. De te laisser derrière moi. D'oublier des sensations, des images, des détails de notre histoire... Cette difficulté, à s'autoriser à vivre encore... Cette difficulté à concevoir, à concéder qu'il reste de la beauté, de la bonté... des choses qui en valent la peine... dans ce monde que tes pieds ne foulent plus.
Parce que, même si je sais que tu n'étais pas parfait, tu es pour moi: unique, exceptionnel... un trésor. Mon trésor. Et c'est dur de ne pas se sentir "sale", "avili"... d'aimer une vie que ton départ a privé de sa superbe...
Et pourtant... c'est bien le chemin que tu aimerais me voir prendre, non? Celui d'apprendre à aimer la réalité telle qu'elle est et non telle que je voudrais qu'elle soit... J'aurais tant besoin que tu m'autorises, à vivre... Que tu m'y encourages... Car j'ai beau me répéter que c'est ce que tu voudrais, ce n'est pas ta voix, ce ne sont pas tes mots que j'entends... Et je souffre de ça aussi. Tellement. C'est un deuil qui se rajoute au deuil, celui de cet impossible au revoir... Celui de n'avoir pu te parler, ni échanger un dernier regard, avant que tu partes...
Je t'aime... "Tu danses dans mon cœur".

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #112 le: 27 octobre 2016 à 19:58:04 »
Mon amour est pour moi lumière et source de joie profonde. Son sourire rayonne dans mon cœur et ma mémoire, ses paroles apaisent en moi le vacarme.
Mon amour est un héros ordinaire, un philosophe roi. L’intégrité et la sagesse, n’ont toujours été que ses seules couronnes. De lui j’ai appris qu’il n’y a pas l’ordinaire d’un côté, l’extraordinaire de l’autre… Il y a le regard que l’on décide de poser sur les choses. Il n’y a pas les héros d’un côté, le commun des mortels de l’autre… Il y a les choix que l’on fait, les actes que l’on pose…
Mon amour est pour moi signe de la providence. Il a été placé sur ma route comme je l’ai été sur la sienne… Chaque instant de notre histoire est vecteur de la Grâce, témoin d’un sens profond qu’on devine, qui nous dépasse.
Mon amour est pour moi, un puit de confiance, une source de courage. Je ne peux plus le voir, mais c’est par lui, pour lui que je marche. J’aspire à faire de ma vie, le plus beau des hommages.
Mon amour est absent pour vos yeux qui ne voient pas, mais sachez qu’il est et sera toujours là… Dans mon cœur et tout près de moi.
Alors, par pitié, n’ayez jamais peur, de le rappeler à ma mémoire. Il ne l’a jamais quittée et ne la quittera jamais. N’ayez jamais peur, de prononcer son nom… c’est le plus beau de tous les noms. Celui de mon ange. Hanaël.

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #113 le: 28 octobre 2016 à 21:13:57 »
Il me manque tellement... tellement... tellement...
Mon cœur et chacune de mes cellules hurlent en silence... ce cri qui ne trouve plus son chemin jusqu'à mes lèvres...
Un hurlement ininterrompu, qui se mêle au silence assourdissant de son absence...
Un hurlement ininterrompu, qui recouvre chaque phrase que je prononce, chaque phrase que l'on m'adresse...
Un hurlement ininterrompu, qui m'épuise, que je ne peux ni ne veux interrompre, pourtant... au cas où il pourrait l'entendre.
Un hurlement ininterrompu, qui enfle, et bien souvent, ne trouve en réponse que son propre écho... qui résonne dans le vide, immense...
Un hurlement ininterrompu, qui part du plus profond... si profond qu'il ne fait plus, que quelques vagues, à la surface... Parfois...
Et une fois encore, je cherche ma place dans ce tableau... Morcelée, "népsyvrochosétique," entre le fond et la surface, le fond et la forme, le dedans et le dehors, l'ici, l'ailleurs, l'avant, le présent, l'après, l'à peu près, les certitudes, les doutes,  l'optimisme forcé, l'optimisme forcené, le désespoir, l'acceptation, l'observation, la foi, le feu, la faim, le manque, la fin...
Confusément votre.


Hors ligne Orfila

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #114 le: 29 octobre 2016 à 10:10:42 »
Je reçois ton cri
Ela

Crie toujours! Toujours

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #115 le: 09 novembre 2016 à 17:06:32 »
Perdue... Peut-être ai-je tort, de m'obstiner, à vouloir retenir, les couleurs qui s'envolent, qui désertent les souvenirs, les décors, les visages... pour les laisser, nus, froids et gris...
Peut-être ai-je tort, de chercher à rattraper, à maintenir, un peu de chaleur, quelques rayons de soleils...
Je ne trouve plus ma place. Je n'ai plus de place... Trop d'élan pour m'arrêter, pas assez pour sortir de la fange...
Je tente de sourire et me sens blessée, jugée, taxée d'hypocrite... Mais au fond, ce n'est pas la voix des autres qui me blesse. Ta voix à toi Federico, si tu passes par là, ou celle de qui que ce soit... Vraiment.  Ce ne sont pas tant vos voix que la mienne, qui répète et amplifie ces paroles, qui ne me sont d'ailleurs pas destinées: "Hypocrite! Naïve! Tu es insensible! Tu n'as plus le droit de vivre! Tu ne mérites pas d'être heureuse. Il est mort. Tu ne mérites pas d'être en vie, d'éprouver de la joie. Ta vie est une offense. Pour ceux qui sont partis et pour ceux qui sont restés et qui eux, connaissent le sens du mot 'aimer' puisqu'ils s'en servent pour creuser toujours plus profond. Si tu veux que quelqu'un continue à croire que tu aimes ton chéri, tu devrais creuser aussi. CREUSE! Hypocrite. Egoïste! Espère de merde!".... Je tente de ne pas écouter cette voix, qui murmure à mon oreille, du matin au soir... Je tente de me convaincre, que ce n'est pas la voix de mon amour. Qu'il y a une autre voix et une autre voie.... aussi... Mais voilà... Là, je n'y arrive plus...
Et quand je n'y arrive plus, je me vautre... Je m'étale... Je me roule dans la merde et c'est si bon de ne plus combattre... D'avoir touché le fond... Personne ne peux plus m'atteindre, me faire tomber, faire vaciller mon équilibre puisque je suis déjà parterre... Bien que là encore, d'autres essayeront de m'atteindre pour d'autres raisons: me mépriseront parce que je me laisse aller, parce que je suis négative et que l'échec fait peur...
Je suis lucide:  c'est dur à admettre, mais j'ai probablement heurté moi aussi. Mon témoignage a sans doutes menacé autant que je me suis sentie menacée parfois, sans doutes... Ce n'est pas ce que je voulais... Désolée...
Désolée, si j'ai blessé, parfois... Désolée, s'il y a des choses que je n'accepte pas, si je n'ai pas su me protéger suffisamment, si je ne réussis pas toujours, à ne pas prendre personnellement...
Pourtant, je crois que nous sommes tous, malgré nos différences, nos différents, et l'ampleur de la souffrance à laquelle nous sommes confrontés, capable de chaleur, de tendresse, d'indulgence....
J'ai trouvé ici des trésors d'affection, des petites lueurs qui m'ont beaucoup aidée à avancer... Qui m'aideront peut-être encore. Je voulais vous en remercier...
Mais pour l'instant, je crois que je vais prendre mes distances, car, comme vous tous, malgré certaines croyances, malgré la tentative de combattre pour conserver un certain optimisme, je suis à cran, à vif, écorchée par la vie... et je n'arrive plus pour le moment à retrouver ici l'indulgence, le non-jugement qui m'ont fait tant de bien ces derniers mois. Je souffre de cette sécheresse qui est en train de me dé-sécher également...
Sincèrement, je ne veux blesser personne par ces paroles. mais bien sur, je ne peux que vous faire confiance pour me croire. Je sais que presque toujours, c'est la souffrance qui parle à travers nous qui agresse... Nous sommes, au final, comme n'importe quel animal blessé: la douleur peut nous rendre agressif...
Je voulais tout de même écrire ces quelques mots, car je crois qu'il est important que chacun de nous reste attentif au fait que sur ce forum, nous sommes tous en souffrance et vulnérable, et que malgré la dimension virtuelle, l'intimité de ce qui est partagé nous rend tous un peu responsable les uns des autres.
Moi j'essayerai de revenir, quand j'aurai à nouveau un peu de force pour m'ouvrir, partager et surtout accueillir vos paroles avec un peu de recul et de bienveillance. Pour l'instant, je vais me retirer dans ma grotte à l'approche de l'hiver pour panser mes plaies tant bien que mal et me remettre un peu sur pied.
Je vous embrasse.

Hors ligne souci

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #116 le: 09 novembre 2016 à 18:54:50 »

   Bonne retraite d'hiver à toi, Ela ...
   Prends soin de toi, reprends pied comme tu le peux dans ton quotidien.
   Tendrement, Martine.

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #117 le: 09 novembre 2016 à 20:38:31 »
Merci Martine.
C'est pas la joie... Disons le franchement... Je me sens conne et vulnérable... D'un coup, comme ça... Je me suis assise sur ma dignité pour quémander, faire la manche... en espérant recueillir un peu de gentillesse, de compréhension...
J'ai honte. De cette attitude, cet emportement... De m'être autant mise à nu ici, sans mettre mes limites pour ensuite me déshabiller encore plus, jusqu'à m'écorcher en essayant de me justifier, de m'expliquer. Mais je n'effacerai pas, ces moments de faiblesse. Je vais les ravaler, comme j'ai ravalé tout le reste. Et assumer.
Mon besoin d'attention, d'affection, de gentillesse s'est réveillé violemment en moi et il est pareil à un trou noir, que personne ici ne peut combler. C'est à moi de résorber ça... Je ne veux pas vampiriser...
Je vous embrasse.

Hors ligne loma

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #118 le: 09 novembre 2016 à 20:50:37 »
Ela, ta force et ta lucidité m'impressionnent , le deuil est un combat à mort, qui nous épuise.
Cependant notre ennemi n'est pas un valeureux guerrier, mais un insaisissable serpent qui nous échappe, nous glisse entre les mains , et s'appelle culpabilité, honte, et porte notre propre nom. Nous avons tous besoin par moment de nous mettre en retrait, pour reprendre des forces.
Prends bien soin de toi, loma
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Hors ligne Ela

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Re : Mon amour est parti au mois d'avril
« Réponse #119 le: 14 novembre 2016 à 02:07:10 »
Merci Loma...
D'avoir mis l'accent sur mes efforts... Je tacherai d'assumer aussi, mon inconstance... qui me ramène ici ce soir... malgré tout... Car presque demain, déjà aujourd'hui... c'est le 14.... Sept mois qu'il est parti...
Je ne voulais pas... Cette fois ci... écrire... marquer... ancrer cette date. Mais je ne peux me résoudre à ne pas le faire. Et puis le 14, c'était aussi le jour de sa naissance... Alors je dépose ces quelques mots ici, comme une bougie au pied de l'arbre où reposent ses cendres...
Aujourd'hui, j'ai avancé... Oui, sans doutes... Parce que petit à petit, je prends la mesure de ce que signifie cette vie... Une succession d'instants, lumineux, terrifiants, apaisants, déchirants... sur lesquels nous n'avons pas de maîtrise... et dans tout ça, une petite marge de manœuvre... Une possibilité à la fois infime et infinie de ne pas lâcher le gouvernail. Même si parfois, c'est dur de se rappeler, où on se trouve dans ce tableau... Sur le bateau, dans la tornade, au fond de la mer ou carrément ailleurs.
Pendant sept mois... j'ai cheminé, avec cette sensation de tantôt m'approcher si près, tantôt m'éloigner de lui sans que je  puisse vraiment saisir... comment... pourquoi... et je pressens, qu'il me faudra apprivoiser... de nombreuses fois encore... l'inconstance de cette sensation.... "Rien n'est constant dans ce monde que l'inconstance"... Ces dictons, ces maximes bien pensantes... qui parfois, m'irritent au plus haute point... souvent parce que je ne peux qu'admettre l'implacable vérité dont elles sont porteuses...
J'avance et tremble un peu moins en tenant le gouvernail, et en même temps je ressens, toujours là,  plus que jamais du fait de sa constance, de son immuabilité, ce trou dans ma poitrine.... ou plutôt cette grosseur.... Un vide trop plein, un trop plein de vide... Ce manque de lui, cet impossible deuil... qui je le sais désormais, ne peut finir, me suivra toute ma vie... Ce qui me rassure et me désole à la fois... Paradoxe, dichotomie...
En général, ces deux scénarios, ces deux versions de moi-même, la confiance et le doute, la joie et la désolation cohabitent en moi. Depuis toujours sans doutes, mais je les perçois plus que jamais. Violemment, exposés en pleine lumière.
Si j'arrive un jour à les réconcilier, j'aurai sans doutes effectué un pas de plus...
Et puis, mon plus grand allié dans cette lutte est à la fois le plus grand absent... pourtant si présent...Mon chéri, mon Hanaël... Qui était, qui est... lui à qui le verbe "être" sied si bien, de par la façon qu'il a mené sa vie...
Car jamais, par contre, je ne me résoudrai à dire qu'il "n'est plus"... "Il n'est plus là" ou "il n'est plus visible" est déjà bien assez cruel... et c'est la seule vérité qui se soit révélée à moi, à mes yeux jusqu'à présent...
J'aimerais tant parler, vous parler de lui...  davantage... mieux... Mais comme je l'ai écrit à Eva Luna, c'est comme si certains mots... et les secrets qu'ils décrivent étaient partis se réfugier, quelque part, au fond de moi... dans une part tellement intime de moi-même qu'elle se cache à mes propres yeux... Cette sensation étrange, dont j'ai déjà parlé...
Et en y pensant... ça me donne un léger sourire et ça me rend triste... Infiniment triste... Le sourire, parce que tout est  là... Ce "nous", je sais qu'il est encore là... Parfois il ressort d'un coup et je souris... ou bien souvent encore, j'éclate en sanglot et puis il retourne se cacher... pour me préserver sans doutes... mais alors ça me rend triste, ça me rend tellement triste... que "nous" me rende triste...
Pluie fine sur le pont de mon bateau... J'attends l'arc en ciel... mon chéri aimerait ça...
Je vous embrasse.