Mes chères amies du forum....
Je suis tellement touchée par vos paroles... Tellement... Je vous remercie du fond du cœur.... D'avoir pensé à moi, à nous en cette journée... Je ne m'attendais pas, à toutes ces marques de soutien. Je vous embrasse.
Ça n'a pas été une journée simple... Au contraire même. Probablement l'une des plus difficiles que j'ai traversée depuis son départ. C'est ainsi. J'aurais aimé pouvoir penser à lui, à nous, me recueillir dans la sérénité mais ça ne s'est pas passé comme ça. Comme pour tout dans la vie, les regrets sont inutiles. En réalité, la journée d'hier était une nuit noire... et pourtant il y a eu quelques étoiles. De magnifiques étoiles. Alors c'est à elles que je tacherai de penser lorsque je me remémorerai tout ça.
En arrivant en ville hier matin, pour le tatouage, j'ai senti l'angoisse monter, m'envahir... Mes vieux démons qui ont choisi ce jour si douloureux, de par ce qu'il symbolise, pour m'attaquer à nouveau. Impitoyablement. J'ai commencé à être envahie par l'angoisse terrible d'associer le tatouage que je m'apprêtais à faire à une idée noire, déplaisante, dont je ne pourrais plus me défaire... Du coup, tout le reste de la matinée et une bonne partie de l'après midi, j'ai subi des vagues d'idées intrusives, obsédantes... Des idées noires qui tournaient dans ma tête comme un disque rayé... Bien sur, je sais comment ça marche, tout ça, ce bordel dans ma tête... C'est cette vieille histoire de l'"éléphant rose". Quand on dit à quelqu'un "ne pense pas à un éléphant rose, ne pense pas à un éléphant rose..." et que bien sur, il ne peut s'empêcher de penser à... un éléphant rose... Sauf que dans mon cas, pas de joyeux lutins, pas de fées, pas d'éléphants roses... Juste des idées noires, terribles...
Il me restait un peu de temps avant mon rendez vous, alors j'ai essayé de respirer, de me calmer... De faire face, comme j'ai appris à le faire... J'ai cherché, mentalement, la main, le soutien de mon amour dans cette épreuve... Et je crois qu'il était là, qu'il m'a entendue. J'ai eu l'impression d'entendre sa voix, qui tentait de me calmer, de m'apaiser, de me rassurer... Je suis allée prendre un café et un croissant, près du tatoueur, et me suis focalisée sur sa voix, sur ses paroles... Était ce vraiment lui, ou moi qui parlait pour lui? Je ne sais pas... Je ne peux et ne veux répondre à cette question... Mais je me suis sentie un peu mieux. Et j'ai décidé d'aller me faire tatouer, malgré tout. Malgré les angoisses, les idées noires.... Car une fois encore, plus que jamais, je ne veux plus que ces peurs, ce trouble, me dictent ma vie et mes choix.
Chez le tatoueur, ou plutôt la tatoueuse, j'ai eu droit à un peu de répit... Et surtout... à ce signe, que je prends comme une preuve de sa présence, de son soutien... nous étions juste toutes les deux, la tatoueuse et moi, dans son petit salon. Une petite entrée et deux alcôves avec des fauteuils et du matériel. Dans la plus grande de ces alcôves, un poster immense accroché au mur. La plus grande affiche de tout le salon... Celle du "Grand Budapest Hotel"... Le film que nous sommes allés voir ensemble mon chéri et moi, le soir où nous nous sommes rencontrés!!! J'ai beau y penser et y repenser... pour moi, ça ne peut pas être le fruit du hasard...
Puis la tatoueuse, adorable, m'a proposé un thé, m'a demandé quelle musique je voulais écouter pendant qu'elle me tatouerait... "Brassens? C'est vrai? Je l'adore!"... Sourires... Et oui... Brassens... J'ai l'impression qu'il vivait avec nous parfois, tant mon chéri l'adorait... Il connaissait toutes ses chansons, tous ses textes... Il les fredonnait, les jouait à la guitare... J'y avais droit dans le salon, dans la voiture... Au point d'en faire une overdose parfois! Et désormais, il est devenu comme un ami, un compagnon d'infortune dans les heures sombres...
Pour ma part, je n'ai pas eu trop mal... J'aurais presque souhaité ressentir davantage, ce symbole s'enraciner dans ma peau... Mais malgré tout, même si elle s'est faite moins violente que quelques heures auparavant, l'angoisse était toujours là, présente, tapie dans l'ombre... Et elle a le don de me couper de moi-même, de mes ressentis... Comme si je n'étais plus totalement dans mon corps... C'est peut être pour ça...
En sortant, j'ai eu du mal à regarder cette mouette, tatouée sur mon poignet... Les angoisses ont bien fait leur travail... Je me suis sentie mal, honteuse, coupable... sans véritable raison, comme toujours... J'ai décidé que je ne pouvais pas rentrer comme ça... alors je suis allée au cinéma, regarder "Captain Fantastic"... Car nous adorions aller au cinéma ensemble... et que la bande d'annonce de ce film, m'avait tellement fait penser à lui... Il était mon Captain Fantastic à moi... Extraordinaire, intègre, fantasque, unique... Je l'ai retrouvé, dans certaines scènes, certaines attitudes... Ça m'a fait du bien.
Puis je suis rentrée chez mes parents et je suis montée m'allonger dans ma chambre... Et là... Souffrance, souffrance, souffrance... J'ai pleuré, pleuré, pleuré... Cette impression horrible que le monde extérieur devient noir, sombre, toujours plus sombre... Comme s'il s'accordait avec l'ombre qui nous ronge à l'intérieur... L'impression de basculer dans une dimension cauchemardesque, à la "Silent Hill"... Heureusement, j'ai pu parler avec ma mère, qui sait... qui comprend... J'ai pu cracher toute cette souffrance, cette angoisse oppressante qui menaçait de m'étouffer...
Là, ça va mieux à nouveau... Alors je regarde la mouette sur mon poignet, et je suis heureuse qu'elle soit là, malgré tout. Je la trouve belle, et elle me rappelle pourquoi je l'ai choisie parmi d'autres symboles. Elle me rappelle que mon chéri est encore là à mes côtés, pour faire face, dans les moments les plus sombres... Que je ne suis pas toute seule.
Je vous embrasse.